Les médias en Europe s’intéressent moins actuellement au Brexit. Il est devenu une réalité, de plus en plus dédramatisée. Cette situation résulte d’un assez long processus commencé formellement il y a six ans, avec le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne par le gouvernement britannique, le 29 mars 2017, après les résultats du référendum du 26 juin 2016 (Antoine, 2020 ; Drevet, 2021). Les citoyens anglais et gallois ont alors fait pencher la balance de l’opinion britannique vers un départ du Royaume-Uni de l’Union européenne. Ensuite, jusqu’à la crise sanitaire du Covid-19, le Brexit a été au centre des espaces médiatiques au sein de tous les États membres. Ce processus inédit a été très souvent considéré comme le révélateur d’un malaise profond dans la construction européenne, voire le signe annonciateur d’un délitement de cette confédération originale, alors qu’il est possible de l’envisager comme une perspective spécifique au Royaume-Uni, anticipable dès que l’intégration européenne a dépassé le cadre de l’économique, c’est-à-dire, finalement, dès le début : un très bon exemple d’incommunication par rapport au projet lui-même.
Pendant quelque temps, dans le contexte des négociations compliquées préparant le divorce, ont été évoquées d’autres velléités de rupture, un possible Polexit (pour la Pologne), voire un Frexit (pour la France), une thématique développée en particulier par des partis politiques nationalistes et/ou souverainistes, souvent qualifiés de populistes, y compris dans le cadre des élections au Parlement européen de 2019. Les résultats du référendum de 2016 ont été analysés ; chercheurs et journalistes ont cherché à comprendre comment l’opinion publique britannique avait pu choisir le « Leave » (voir par exemple Bailoni, 2017 ; Henkel, 2019 ; Fieldhous…