La cohérence et l’homogénéité d’une identité territoriale ne semblent pouvoir être que des facilitateurs à l’union, la conscience d’une identité partagée et la possibilité d’une communication fluide au sein d’un même territoire engendrant une capacité à mieux travailler ensemble, à fédérer ses actions et visions pour s’unir dans une alliance plus forte. Observer l’Amérique latine, territoire que tout amène à s’unir, fait battre en brèche ce présupposé et interroge sur les conditions identitaires et communicationnelles à l’union.
À l’ouest de l’Atlantique, nous sommes en présence de territoires assez délimités. La définition géographique de l’Amérique du Sud est claire, celle de l’Amérique latine légèrement moins, mais la frontière entre le Mexique et les États-Unis est tout de même plus nette que celle entre l’Europe et l’Asie. Elle devient évidente lorsqu’elle intègre le prisme culturel, puisque cette zone se caractérise par une quasi-unité linguistique, avec deux aires dominantes et aux racines communes qui leur permettent, souvent, de se comprendre. L’aire lusophone, principalement au Brésil, représente plus d’un tiers du territoire et près d’un tiers de la population ; l’hispanophone concerne la quasi-totalité des autres pays et relie sans interruption la Terre de Feu à la frontière états-unienne, en englobant les Caraïbes. Au total, on peut parler d’une population de plus de 650 millions d’habitants, comparable donc à celle de l’Europe, unie par un territoire, deux langues, une foi commune, le christianism…