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Pas de communication sans incommunication. Et réciproquement. Les deux sont indissociables, mais on parle peu de l’incommunication car elle est assimilée à l’échec. Si la communication est souvent dévalorisée, parce que difficile et identifiée à la manipulation, c’est encore pire pour l’incommunication ! Moins on en parle, mieux c’est.Mon hypothèse est exactement inverse. C’est l’incommunication qui est la condition de la communication, car elle permet de poursuivre les efforts après les difficultés et les échecs. Et plus il y a d’échanges, plus l’incommunication joue un rôle central. L’abondance d’information ne crée pas forcément plus de communication. C’est même souvent le contraire. « Informer n’est pas communiquer. » Cette situation intermédiaire repousse l’échec et valorise la négociation.
L’incommunication devient alors souvent la condition de la communication. C’est exactement ce qu’il se passe avec l’Europe. Tout nous sépare, les incompréhensions l’emportent largement, avec les mensonges, méfiance et autres contentieux. Et pourtant l’Europe ne cesse de se construire. L’incommunication devient paradoxalement la condition de la reprise du dialogue pour éviter l’acommunication, c’est-à-dire la rupture, comme on le voit avec l’Ukraine. L’incommunication signifie à la fois la réalité du désaccord, et une invitation à la négociation pour éviter l’échec et la guerre. Rôle stratégique largement sous-estimé.
Tel est le sens de ce numéro d’Hermès : « l’Europe, entre incommunications et guerre…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/10/2022

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