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Gilles Rouet et Yohann Turbet Delof : Au sein de l’Union européenne, l’espace Schengen consacre, depuis 1995, la libre circulation des personnes, avec le libre franchissement des frontières, et concerne désormais 22 des 27 États membres et 4 États associés. Pour autant, tous les citoyens concernés n’investissent pas de la même manière l’espace ainsi ouvert.Antoine Grassin : En effet, cette remarque prend tout son sens dans les zones frontalières, qui n’ont rien de marginal car, selon des estimations de la Commission européenne, 30 % des citoyens européens y vivent. On oublie souvent de prendre en compte les histoires et les droits nationaux pour faire la construction européenne. Ça ne facilite pas la compréhension ; d’un côté et de l’autre de la frontière, les institutions, les systèmes politiques, les références, etc. ne sont pas les mêmes. Le transfrontalier, justement, est un espace organisé ou vécu comme continu – on parle de « bassins de vie » – qui peut contribuer à orienter ou faire évoluer la façon de vivre l’espace Schengen dans son ensemble. Finalement, je crois que l’attention que l’on porte à cette question peut changer l’image de l’Europe pour le citoyen. Si on insiste sur cette notion de bassin de vie, c’est justement que l’on se concentre sur ce qui va faciliter la vie du citoyen. Le transfrontalier peut permettre d’intégrer la continuité entre les différents espaces. On le considère souvent comme quelque chose de confus, qui complique, alors que c’est pour moi quelque chose qui simplifie, car il nous aide à dépasser le vieux schéma de la frontière…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/10/2022

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