CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Dans un article de 2018 intitulé « Dans la tête des créatifs », les chercheurs en psychologie sociale et communication P. Bernard, D. Courbet et S. Halimi-Falkowicz recommandent à des associations les deux pratiques communicationnelles suivantes :
« Nous conseillons aux producteurs de CAD [communication d’appel aux dons], qui préfèrent ne pas différencier les messages en fonction du type de récepteur, de construire des messages le moins complexes possibles. »
« Nous recommandons aux producteurs de CAD [communication d’appel aux dons] de chercher à générer des émotions négatives en présentant une situation dramatique et crédible (e.g., des enfants souffrant de malnutrition), de proposer une solution efficace pour y remédier (e.g., distributions d’aliments équilibrés aux enfants) et d’apporter aux récepteurs les moyens d’agir sans effort (e.g., faciliter le don d’argent en indiquant de manière concrète comment procéder). »
Pourtant, une étude menée dans le cadre d’une recherche doctorale (Garlot, 2022) montre, au contraire, que ces deux pratiques sont profondément rejetées par les publics d’associations de solidarité internationale (ASI). Ce texte revient donc d’abord sur les principaux résultats de l’étude de réception que j’ai menée, pour ensuite les confronter aux travaux des chercheurs cités ci-dessus. Enfin, je m’arrêterai sur deux divergences mises en lumière par cette confrontation : l’une scientifique, l’autre éthique.
L’étude menée s’appuie sur des entretiens avec les directions communication de neuf ASI : trois de développement, trois d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité…

Français

Cet article propose de confronter des pratiques communicationnelles d’associations de solidarité internationale (ASI), encouragées par des chercheurs (Bernard et al., 2018), aux points de vue des publics, étudiés lors d’enquêtes en réception (Garlot, 2020 ; 2022). D’une part, ce texte met en évidence un net décalage entre norme professionnelle et perception par les publics. D’autre part, il montre que les préconisations faites par des chercheurs aux ASI (2018), tant dans l’objectif poursuivi (persuader de faire un don) que dans les moyens mis en œuvre (simplification et émotions négatives) sont perçues et rejetées par les publics. La mise en relation de ces deux études (2018 et 2020) permet de mettre en évidence des divergences scientifiques et éthiques.

  • réception
  • persuasion
  • association
  • solidarité internationale
  • communication politique
Florine Garlot
Florine Garlot est docteure en sciences de l’information et de la communication et a publié l’ouvrage Panser les solidarités internationales, (re)penser la communication solidaire en 2022 aux éditions l’Harmattan, à la suite d’une recherche-action en lien avec son parcours professionnel au sein d’associations de solidarité internationale. Elle poursuit ses recherches en milieu associatif en tant que salariée d’un réseau d’éducation populaire et chercheuse associée à l’université Clermont-Auvergne, laboratoire Communication et Sociétés.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022
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