CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Le processus de mondialisation suit aujourd’hui deux lignes directrices distinctes : le flux commercial-financier et le flux éthique-communicatif. Ceci conduit à l’émergence d’un mouvement à deux têtes, à la fois centripète et centrifuge, donnant naissance à de nouveaux acteurs politiques : d’une part, les supra-étatiques, tels que les unions régionales de type économique et administratif, répondant à des poussées centralisatrices et globalisantes, et, d’autre part, les transnationaux, comme les organisations non gouvernementales, les forums internationaux ou les associations de producteurs et de consommateurs, se référant à des contextes communautaires et locaux, découlant d’impulsions autonomistes et particularistes.
Associée à un moment historique où l’on ne peut plus définir les États comme des territoires entourés par des frontières sûres et gouvernés par un centre unique, l’action de ces organismes et de ces associations revêt un poids juridique prépondérant, parce que ces entités développent des mouvements et des initiatives par rapport auxquels vont être évaluées la crédibilité internationale et même la légalité du comportement des États. En particulier, en tant qu’organisations bénévoles privées ayant comme objectif principal la solidarité internationale envers des personnes ou des communautés fragiles, souffrantes et/ou démunies de moyens, les ONG s’efforcent constamment d’obtenir que l’action des institutions étatiques soit jugée sur la balance des principes éthiques et des besoins symbolico-identitaires plutôt que sur la base des intérêts matériels et des valeurs monétaires (Fitoussi, 2018)…

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L’action des ONG revêt un poids juridique prépondérant. Ces organismes développent des mouvements et des initiatives par rapport auxquels vont être évaluées la crédibilité internationale et même la légalité du comportement de tout gouvernement. En effet, elles paraissent à même de se fixer comme des ligues de dissentiment dont le but est, d’une part, d’enfermer dans la sphère de la potestas le pouvoir des États d’élaborer et d’appliquer des normes contraignantes ; et, d’autre part, de déplacer la sphère de l’auctoritas, ce qui en légitime l’action, sur les individus particuliers. Grâce à leur engagement, le postulat de la protection des êtres humains finit par parvenir à enjamber les frontières de la souveraineté nationale, à s’imposer aux États et à leur prescrire des obligations incontournables.

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  • principes éthiques
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  • légitimité
  • droits humains
Carlo Grassi
Carlo Grassi enseigne la sociologie de la culture et de la communication à l’université IUAV de Venise en Italie. Parmi ses publications les plus récentes se trouvent La faculté de juger. Sociologie de l’action normative, Kimé, Paris, 2022 et La macchina e il caso. Sociologia del dispositivo fotografico, Postmedia, Milan, 2020. Il a collaboré avec nombreuses revues scientifiques internationales.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022
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