CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Quand ils s’essaient à proposer une définition de l’expression think tank, les chercheurs achoppent sur les spécificités nationales en matière de statut des associations, de tradition philanthropique, de culture de l’expertise, d’organisation et de financement de l’enseignement supérieur et de fonctionnement du système politique. Tim Hames et James Feasey ont eux aussi proposé une définition peu discriminante : « institutions de recherche en politiques publiques à caractère non lucratif et jouissant d’une autonomie substantielle », tout en concédant qu’elle « était peu révélatrice quant au caractère et à la nature de ces entités » (Hames et Feasey, 1994, p. 216). On est tenté d’ironiser sur la métrologie appropriée pour évaluer un niveau de « substantialité » en terme d’autonomie organisationnelle… Une autre définition subjective très peu discriminante décrit les think tanks comme des organisations « revendiquant une autonomie et une influence sur les politiques publiques grâce à de la recherche » (Kelstrup, 2016). Cette définition omet sciemment de préciser si l’autonomie procède de subventions, ou de modalités précises de financement par des fonds privés ou publics. Elle s’abstient également d’évoquer les méthodes de travail des personnes qui analysent les politiques publiques et produisent des recommandations, méthodes qui seraient pourtant susceptibles de participer à l’autonomie des think tanks. Des lobbys, des ONG pratiquant le plaidoyer, des clubs et des groupes politiques répondent aux critères de cette définition axée sur l’identité subjective que chaque organisation entend se voir reconnaître…

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Certains lobbys, ONG, clubs et groupes politiques se rapprochent des critères d’une définition peu discriminante des think tanks axée sur l’identité subjective que s’assigne chaque organisation. Les stratégies d’influence politique ainsi que le répertoire de la participation des think tanks et des ONG militantes aux processus décisionnels se sont infiniment enrichis et professionnalisés, ce qui a encore contribué au brouillage entre catégories d’acteurs. Les stratégies d’influence politique des think tanks seraient aussi entravées par l’indéfinition de leur raison d’être, entre expertise, vulgarisation, communication stratégique au service d’intérêts sectoriels et plaidoyer militant teinté d’idéologies ou de sympathies partisanes.

  • think tank
  • influence politique
  • expertise
  • idéologie
  • communication politique
Lucile Desmoulins
Lucile Desmoulins est maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Gustave Eiffel et membre du laboratoire Dispositifs d’information et de communication à l’ère numérique (Dicen-IDF). Ses axes de recherche visent à penser au sein des SIC l’articulation entre communications organisationnelle et stratégique. Elle étudie les stratégies d’influence en politique ainsi que la fabrique des identités et de l’autorité à l’ère numérique.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022
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