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Fondée en 1985, récompensée par le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit du Parlement européen en 2005, Reporters sans frontières continue toujours aujourd’hui son combat pour la liberté de la presse. Christophe Deloire retrace l’évolution de sa stratégie d’action, qui, face à l’impunité grandissante des régimes autoritaires, s’empare désormais du droit et du dialogue direct avec le pouvoir. Loin de l’image d’Épinal du journaliste citoyen, le secrétaire général de RSF rappelle que ce sont les devoirs, avant les droits, qui font l’essence de ce métier.Michael Oustinoff : Quels sont les problèmes auxquels une ONG comme Reporters sans frontières est confrontée en termes de communication ?Christophe Deloire : La théorie du changement de RSF a longtemps été : « plus on crie fort, plus on suscite une couverture médiatique, notamment par les médias influents, plus on obtient un effet bénéfique ». C’est la croyance en la parole performative, ce qu’on appelle la stratégie du naming and shaming, dénoncer et faire honte (Felstiner et al., 1991). Si je vous fais honte, vous allez céder à la fin, vous, régime dictatorial ou autoritaire, et, peut-être, vous libérerez telle personne ou, en tout cas, vous prendrez une décision positive. Cela, c’était et c’est encore largement le paradigme principal des ONG de défense des droits de l’homme, depuis qu’elles existent, notamment depuis la création d’Amnesty International au début des années 1970 à Londres. RSF s’est beaucoup illustrée avec cette stratégie, avec un savoir-faire en matière d’actions spectaculaires, de campagnes parfois provocatrices, de déclarations fortes…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022

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