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Il vous est sans doute déjà arrivé de croiser, en ville, de petits groupes de trois à six personnes revêtues d’imperméables en guise d’uniforme et arborant une couleur unique : rouge pour AIDES, bleue pour Action contre la faim, vert pour WWF, orange pour Care ou encore jaune pour Amnesty International. Ce sont des recruteurs de donateurs. Ils arpentent les trottoirs à la recherche de personnes susceptibles de faire un don pour l’ONG qu’ils représentent. Leurs méthodes d’approche s’apparentent aux techniques de vente et si vous accordez un don (le plus souvent sous la forme d’un virement permanent, modique mais mensuel), vous pensez avoir fait une bonne action, alors que ce sont eux qui ont fait une bonne vente. Vous croyez qu’ils vous ont abordés car vous avez l’air bienveillant, mais ce sont en fait vos caractéristiques (telles que le regard, l’âge et la démarche) qui les ont conduits à estimer leur pourcentage de réussite d’une conclusion de vente.
Face aux sorties des métros ou des gares, ils vous repèrent instantanément si vous n’êtes « pas tout à fait dans le flux ». En quelques secondes, ils vous assignent une catégorie : « vieux », « costard-cravate » ou encore « ingénieur ». Ils adaptent leur approche et anticipent vos réactions en fonction de ces assignations. Une fois l’interpellation faite, sous la forme de grands sourires et de battement des bras, les recruteurs de donateurs prononcent les mots qu’il faut pour leur permettre d’aller droit à l’estimation de votre capacité financière et de votre inclination à donner…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022

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