La révolte syrienne éclate en 2011 et se transforme en une guerre civile qui oppose les révoltés au régime de Bachar el-Assad. Malgré le bain de sang en Syrie, la diplomatie russe accorde un soutien indéfectible au régime d’Assad pour des raisons stratégiques. Certes, son comportement lui a permis de cumuler des gains géopolitiques, mais la Russie ne pouvait pas rester indifférente à la médiatisation de son rôle en Syrie et donc à l’opinion étrangère, notamment arabe.
L’objectif de ce texte est d’analyser comment la presse d’opinion arabophone médiatise le rôle de la Russie en Syrie depuis 2011 et plus précisément comment les analystes et chroniqueurs arabophones participent à la controverse médiatique relative à ce rôle. Les différentes alliances politiques des médias justifient-elles d’évoquer une multiplicité de constructions médiatiques issues toutes d’un seul et même fait qui est le rôle de la Russie en Syrie ?
Pour traiter ces questions, nous avons examiné un échantillon d’éditoriaux, de chroniques et de tribunes d’opinion, publiés dans deux quotidiens arabophones ayant deux tendances politiques contradictoires : 1) al-Akhbar, caractérisé par son affinité avec l’Iran, le Hezbollah libanais et le régime d’Assad, c’est-à-dire les alliés de la Russie ; 2) Asharq al-Awsat, aligné sur la politique saoudienne, défavorable au régime syrien et à la politique russe. Ces deux quotidiens idéologiquement orientés assument une double fonction en diffusant des regards opposés : 1) participer à la guerre d’information à propos de la Syrie entre les acteurs régionaux ; 2) renforcer les idées et attitudes préexistantes auprès des lecteurs idéologiquement orientés…