Les définitions de la « complexité » ou des « systèmes complexes » sont nombreuses, et les travaux relevant de ce domaine – aussi bien en cybernétique, physique, biologie, informatique qu’en sociologie – concernent aussi bien des recherches modélisatrices qu’empiriques (Schweber et Wächter, 2000). Dans le numéro 60 de la revue Hermès, Bertin et al. (2011) proposent de définir les sciences de la complexité non pas par leurs objets d’étude mais par la manière d’interroger ces objets, ce qui permet de définir les contours de ces sciences sans les soumettre à une définition préalable de « la » complexité. Dans leur définition de ce qu’est une approche complexe, ils n’associent ainsi pas la complexité à l’objet mais au regard de l’observateur sur cet objet et ils proposent de décliner les recherches en complexité en trois types de programmes : 1. Les études portant sur des systèmes précis à l’intérieur d’une discipline ou au croisement de plusieurs disciplines, 2. Les études théoriques transversales sur les caractéristiques génériques de certaines classes de systèmes, et 3. Les travaux réflexifs dans lesquels les sciences de la complexité questionnent leurs fondements et leurs méthodologies. Notre proposition s’inscrit dans le troisième groupe de travaux. Nous postulons qu’une approche complexe est nécessaire pour mieux comprendre les processus cognitifs, car elle tente d’intégrer et de dépasser les dichotomies sur lesquelles leur étude s’appuie le plus souvent. Nous soutenons également l’idée qu’une telle approche doit prendre en compte la dimension expérientielle de l’acte de connaître, à la fois comme « étant d’où l’on part et ce à quoi tout doit se lier en retour » (Varela, 2017, p…