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Brigitte Chapelain : Que pensez-vous de la campagne électorale, en tant que journaliste ?Jean-Luc Hees : D’abord, je suis citoyen, je vote. Je ne peux pas vous dire que je suis très enthousiaste à propos de ce que je vois, ou de ce que j’entends, ces temps-ci. Mais ma frustration est surtout d’ordre journalistique. J’exerce cette coupable activité depuis plus d’un demi-siècle. On remarque souvent que « les vieux curés deviennent intégristes ». C’est assez vrai, en tout cas en ce qui me concerne. Je n’ai pas choisi ce métier pour devenir riche et célèbre, mais surtout parce que je voulais rendre service. Ce métier est formidable, essentiel à notre survie démocratique, et je voulais être utile. Aujourd’hui, j’ai des doutes. Je trouve que règne dans nos rangs une paresse intellectuelle, un laisser-aller mental et même moral. C’est une constatation qui me perturbe beaucoup. D’ailleurs, aucun de mes amis ne veut regarder la télévision ou écouter la radio en ma compagnie. Ils me disent que je perds patience. Certaines pratiques m’énervent beaucoup, c’est vrai. Laisser Éric Zemmour bavasser stupidement sur l’histoire de France, par exemple, ou sur l’histoire du monde qu’à l’évidence il ne connaît pas, et dans la foulée lui reconnaître sur un plateau de télé la qualité d’historien, quelle paresse ! Quel mépris pour toutes celles et tous ceux qui ont étudié l’histoire ! La complaisance médiatique ou, encore une fois, la paresse culturelle ne servent en aucun cas le débat démocratique.
Je connais assez bien, je crois, la politique américaine pour avoir travaillé une dizaine d’années comme correspondant aux États-Unis…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022

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