CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Demandée par la complexité des problèmes à traiter, exigée par les bailleurs internationaux et renforcée par la création de filières pédagogiques spécialisées, la professionnalisation touche toutes les grandes ONG internationales. Dès lors, ce que nous avions décrit pour les seules ONG humanitaires, il y a plus de 20 ans (Dacheux, 1998), se généralise à l’ensemble des secteurs (environnement, droits humains, solidarité internationale, etc.) : une contradiction entre la fin (prendre soin du monde) et les moyens (recours à des techniques de communication pensées pour tirer profit du monde). Pour le dire autrement, les professionnels de la communication, souvent recrutés dans les écoles de commerce, utilisent, en interne, les techniques de management pour animer la vie de l’organisation et recourent, en externe, principalement au marketing (recherche de fonds) ou au lobbying (plaidoyer) pour faire connaître et reconnaître leurs actions. Ces approches sont très coûteuses et déstabilisent un peu plus l’identité malmenée de ces organisations, qui se retrouvent prises entre le marteau de la mondialisation économique et l’enclume de l’instrumentalisation étatique. Pourtant, en délaissant cette approche gestionnaire de la communication, il est possible de renforcer les capacités d’agir de ces organisations de la société civile. Comment ? C’est l’objet de ce texte qui se développera en deux parties : montrer que ce que l’on nomme les ONG, et que nous préférons nommer les Organisations de mouvements sociaux, sont des actrices politiques œuvrant à l’émancipation démocratique et non des entreprises spécialisées gérant des problèmes sociaux (I)…

Français

La communication des ONG est de plus en plus orientée vers une approche marketing pour la recherche de don et une approche lobbyiste (qualifiée de plaidoyer) pour la communication avec les élus. Ces approches persuasives sont d’une efficacité douteuse et de plus en plus coûteuse. Elles s’inscrivent, de plus, dans une appréhension gestionnaire de la communication qui affaiblit la démocratie. Il s’agit donc de repenser la communication des ONG à partir du modèle de l’incommunication, et de revenir à une communication qui, dans l’espace public, cherche à développer et non à restreindre la capacité de libre interprétation du récepteur à travers une dimension agonistique pleinement assumée.

  • incommunication
  • ONG
  • démocratie
  • délibération
Éric Dacheux
Éric Dacheux est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Clermont-Auvergne. Il a fondé en 2009 le laboratoire Communication et solidarité (EA4647), dont il est responsable de l’axe « communication, innovation sociale et économie sociale et solidaire (ESS) ». Il est membre du réseau interuniversitaire des chercheurs en ESS (RIUESS).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/06/2022
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