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Anne Lehmans : Quelle est votre définition de la confiance ?Pierre Hurmic : Dans l’étymologie de « confiance », on entend cum et fidere, cette idée que l’on peut se fier à quelqu’un. Pour la transposer sur le terrain politique, je dirais que la démocratie ne peut que reposer sur la confiance, et même une double confiance : confiance dans les institutions, ce qui est de moins en moins acquis, et surtout confiance dans les hommes et les femmes politiques qui sont censés les incarner, dans le personnel politique, ce qui a tendance à s’éroder.Anne Lehmans : Vous êtes vous-même avocat. Dans votre expérience de la justice, la confiance est-elle une question pertinente ?Pierre Hurmic : Je peux l’affirmer avec quelques années d’expérience : cette confiance en la justice s’est beaucoup érodée ces derniers temps, avec une rupture de plus en plus importante du lien de confiance entre les citoyens et l’appareil judiciaire. L’une des raisons en est la paupérisation de la justice. L’institution judiciaire (la justice du quotidien, pas seulement la justice pénale) a été, ces dernières années, terriblement malmenée. Il y a quelques années, on pouvait obtenir un jugement en trois mois, en six mois ; désormais, il faut deux ans. De plus en plus de gens rechignent à intenter des procès – ce qui est une façon de réguler les flux de la part de nos gouvernants, en se disant qu’il y aura moins de procès et que cela coûtera moins cher. Et il y a des instances nouvelles, de médiation, de conciliation, qui viennent s’intercaler, ce qui contribue à édulcorer le lien que les citoyens sont censés avoir avec la justice de leur pays…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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