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Notre régime politique est une « démocratie libérale », ou une « république constitutionnelle », c’est-à-dire une association entre deux principes de gouvernement pouvant exister indépendamment l’un de l’autre : le principe d’un gouvernement limité par des lois et des droits constitutifs, et celui d’une participation populaire. Le premier donne lieu à un régime représentatif tandis que le second sous-tend un régime participatif. Or ces principes induisent des réponses différentes à la question de la confiance.
Le principe de limitation du pouvoir du prince n’est pas réservé au système démocratique. Il a par exemple été introduit dans certains systèmes monarchiques, appelés alors « monarchies constitutionnelles ». Or ce principe est la réponse à la défiance, si justifiée qu’elle semble naturelle, vis-à-vis d’inévitables abus de pouvoir de la part de ceux qui le possèdent. « Seul le pouvoir arrête le pouvoir », écrivait Montesquieu (XI, 4, 1999), entendant par là, comme de nombreux autres observateurs de la vie politique, qu’il existe une tendance inhérente aux individus qui disposent du pouvoir d’en abuser. Diviser les pouvoirs, intégrer les déclarations des droits de l’homme et du citoyen dans la Constitution du pays, établir l’indépendance de la justice constitutionnelle : voilà quelques-uns des moyens qui ont été conçus pour se passer de la confiance accordée aux personnes et la placer dans la force des lois. À la crainte du pouvoir succède alors l’autorité des lois.
L’appel à la confiance envers les gouvernants d’un pays libéral relève donc d’un relatif contresens lorsqu’il est adressé aux citoyens, comme c’est massivement le cas depuis la pandémie de Covid-19. En effet, que ceux-ci aient confiance ou pas, leur puissance d’influence sur la conduite des gouvernants reste très limitée, du moins entre deux échéances électorales…
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Aix-Marseille Université – Institut d’histoire de la philosophie
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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