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Force est de constater l’omniprésence, jusqu’à la saturation et au non-sens, de l’appel à la confiance, présentée aujourd’hui comme solution miracle aux relations dégradées que nombre d’individus entretiendraient à l’égard des savoirs, des discours et des institutions. Les vertus prétendument publiques de la confiance seraient ainsi nécessaires, à plusieurs titres, au débat démocratique et à l’action politique : par exemple, pour pallier les risques d’une crise de la représentation ; pour entraîner l’adhésion et lutter contre le désintérêt pour la res publica, du moins, l’attitude désabusée face aux promesses trop souvent non tenues de programmes sans lendemain ou estimés déconnectés de la réalité quotidienne ; et pour stopper le discrédit systématique des élus, pris entre déconsidération personnelle et suspicion de principe. La confiance semble donc désormais siéger comme une modalité ordinaire de la gouvernance, aux côtés des leviers plus classiques que sont la répression, la peur, l’incitation positive et le sens de la responsabilité individuelle. Mais est-il possible de lui donner une telle place en politique et de lui attribuer une puissance comparable à ces derniers ?
De fait, leur efficacité tient respectivement à la crainte et à la sanction, à l’intérêt bien compris et à la conscience personnelle – autrement dit, à des modalités unilatérales, sans retour et d’ordre réactif. La confiance, pour sa part, relève d’un acte de communication engagé avec un autrui pleinement présent…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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