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La confiance est un beau sentiment. Sans elle, la vie serait proprement invivable. Les nourrissons en sont la preuve vivante. Dans son Principe de responsabilité, Hans Jonas (2013) voyait en eux l’évidence indubitable qui fonde la responsabilité naturelle incombant à tout être humain confronté à la vulnérabilité du vivant. Un beau sentiment, donc, que cette confiance appelée par le fait brut de naître, sans l’avoir demandé. Le petit de l’homme accorde naturellement sa confiance, cela ne se discute pas. Il grandira en apprenant la déception, hélas ! Il découvrira ce que les philosophes nomment l’altérité, soit, en d’autres termes, le mal, la liberté de mentir et de résister – c’est-à-dire la défiance. L’axiome de Machiavel lui deviendra accessible : pour s’en tirer avec les hommes, il faut commencer par les considérer comme radicalement mauvais. Finie la responsabilité naturelle à observer à l’endroit de l’enfant devenu adulte ; reste à lui substituer une responsabilité contractuelle. La confiance n’est désormais plus de mise, et il faudra travailler pour s’entendre avec les autres. Communiquer, peut-être…
Il est en effet banal d’affirmer que la communication suppose la confrontation à un autre dont les attentes et les exigences vous défient peu ou prou. Moins banal d’en conclure que là où règne la confiance, il n’est pas besoin de communiquer, puisqu’on est d’emblée dans le bien-entendu, dans l’acquis, dans l’abandon de soi à l’autre perçu comme un alter ego. Les mots trahiraient ce qui s’établit sans intermédiaires…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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