CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Au sens strict du terme, la confiance renvoie à l’idée qu’on peut se fier à quelqu’un ou à quelque chose. Le verbe confier (du latin confidere : cum, « avec » et fidere « fier ») signifie en effet qu’on remet quelque chose de précieux à quelqu’un en se fiant à lui. L’étymologie du mot montre par ailleurs les liens étroits entre confiance, foi, fidélité, confidence, crédit et croyance. D’où la conception classique selon laquelle il y aurait des personnes de confiance capables de tenir leurs engagements, d’être honnêtes et intègres, et dont on n’aurait donc pas à se méfier. Cette conception de la confiance se retrouve aussi lorsque certains philosophes s’interrogent sur la nature des promesses et sur leur rôle dans la société. C’est ainsi que Hume (1999), analysant la confiance que met en jeu une promesse acceptée ou un contrat, explique qu’être loyal et honorer ses promesses est une obligation morale : celui qui promet se lie à l’avance et s’engage à répondre de ses actions dans le futur ; en promettant, il accepte implicitement qu’on lui demande des comptes plus tard sur la manière dont il aura réalisé sa promesse. En disant « je promets », pour Hume, non seulement j’invite autrui à me faire confiance, mais je l’invite aussi à ruiner ma réputation si je manque à ce que j’ai promis.
Mais peut-on utiliser ce cadre conceptuel lorsqu’on s’interroge sur la nature et la place qu’occupe aujourd’hui la confiance ? Qui est désormais capable de respecter la parole donnée ou une promesse …

Français

Faire confiance à une personne implique toujours une certaine forme de dépendance à son égard. Mais c’est une chose de faire confiance à quelqu’un que l’on connaît depuis longtemps, c’en est une autre de s’abandonner à la bienveillance d’un inconnu. Ce n’est toutefois qu’à partir du moment où l’on parie sur une personne que celle-ci peut se sentir investie du devoir de se montrer digne de la confiance reçue. La confiance n’est donc pas la conséquence a posteriori de la fidélité. Elle est, au contraire, sa condition.

  • confiance
  • connaissance
  • dépendance
  • fidélité
  • pari
  • trahison
  • vulnérabilité
Michela Marzano
Professeur de philosophie à l’université de Paris, Michela Marzano est auteur de nombreux ouvrages dont Je consens donc je suis (PUF, 2006), Philosophie du corps (PUF, 2007), Le contrat de défiance (Grasset, 2010), Légère comme un papillon (Grasset, 2012), Tout ce que je sais de l’amour (Stock, 2014), Papa, maman, le genre et moi (Albin Michel, 2016), L’amour qui me reste (Grasset, 2018).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021
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