1La vie de Bernard Pingaud a pris fin le mardi 25 février 2020 à Collias, dans le Gard où il résidait depuis presque trente ans. L’écrivain âgé de quatre-vingt-seize ans part en laissant une œuvre riche, comprenant douze romans, parmi lesquels L’Amour triste (1950), La Voix de son maître (1973) et Adieu Kafka (1989), des recueils de nouvelles, Tu n’es plus là (1998), de récits et de fragments, L’Imparfait (1973), Écrire jour et nuit (2000), plusieurs essais théoriques et critiques, notamment les deux volumes d’Inventaire (1965 et 1979), ainsi que des textes de statut autobiographique, dont Une Tâche sans fin, ses mémoires (2009). Il laisse aussi l’exemple d’un engagement fort en faveur du livre et de la culture, dont l’action aura connu deux moments de particulière intensité, en Mai 1968 avec la participation à la création de l’Union des écrivains, puis comme président de la Commission de réflexion sur la politique du livre et de la lecture, ayant abouti au rapport dit « Pingaud-Barreau » qui accompagne la loi Lang sur le prix unique du livre en 1981. Ces deux dimensions de la vie de Bernard Pingaud, celle de l’écrivain et celle de l’intellectuel militant, ne sont pas séparées : elles s’inscrivent dans une remarquable réflexion sur les relations entre l’écriture et le monde et, partant, sur le statut de l’écrivain.
Un romancier précoce passant « de droite à gauche »
2Bernard Pingaud est né à Paris en 1923 dans un milieu bourgeois. À l’instar d’un grand-père et d’un oncle maternels tous deux historiens, mais à la différence du père industriel passé par une formation commerciale, il entre à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. C’est également pendant la guerre qu’il se lance dans l’écriture d’un roman qui paraîtra en 1946, Mon Beau Navire, ouvrage qui reflète encore les tiraillements d’une jeunesse tentée par un fascisme esthétisant [1]. Sur ces années et leurs errements, Bernard Pingaud est revenu à plusieurs reprises, avec probité, dans des textes autobiographiques [2].
3Plusieurs événements contribuent à son dessillement sur le vichysme et à son virage « de droite à gauche » au sortir de la guerre, parmi lesquels le témoignage bouleversant de Jean Baillou, secrétaire de l’ENS rescapé de Buchenwald [3], puis la rencontre avec Brice Parrain [4] qui l’aide à se départir des pièges de « l’illusion lyrique ». Un certain sens du poids des mots et de la responsabilité de l’écrivain ne le quittera plus.
4Cette maturation politique est déjà bien avancée quand Bernard Pingaud, jeune encore, accède à la notoriété : son second roman, L’Amour triste, après avoir été pressenti gagnant, rate de peu le Prix Goncourt en 1950. Cette découverte malencontreuse des caprices de la vie littéraire marquera l’homme. N’en commence pas moins véritablement une longue trajectoire de romancier et de critique [5], menée en parallèle d’une carrière de secrétaire des débats à l’Assemblée nationale [6].
Le « Manifeste des 121 » et les « années Sartre »
5Si les années 1950 sont celles, pour Bernard Pingaud, d’une vigilance politique accrue, le premier acte fort est sans doute la signature du « Manifeste des 121 » ; le fonctionnaire à l’Assemblée nationale est sanctionné. Bernard Pingaud, qui s’est rapproché de Sartre, entre au comité de direction des Temps modernes en 1960 ; il y restera dix années [7]. Dans ces circonstances, il s’éloigne logiquement de son éditeur d’origine, Roland Lautenbach, fondateur des éditions de La Table Ronde marquées à droite, chez lequel il vient de publier son troisième roman, Le Prisonnier (1958). C’est un ouvrage à la veine « hypothétique », portant l’analyse psychologique jusqu’au vertige métaphysique. Bernard Pingaud a fait paraître l’année précédente un bel essai sur Madame de La Fayette [8] et la naissance du roman d’analyse, tradition dans laquelle il s’était d’abord inscrit, tout en la poussant progressivement à ses limites.
6Ce sont des années intellectuellement riches, aux intérêts divers, qui voient Bernard Pingaud mûrir un certain nombre d’idées-forces. Homme de revues, il participe à la création de L’Arc [9] en 1958, rejoint par Catherine Clément en 1967 [10]. Il se passionne pour le cinéma et rencontre Resnais – cinéaste auquel sera consacré un numéro de L’Arc – autour d’un projet de film qui ne se fera pas. Il écrit dans la revue Preuves à l’invitation de Jean Bloch-Michel. Devenu une figure qui compte sur la scène littéraire, il dirige le dictionnaire des Écrivains français d’aujourd’hui (1960) [11]. C’est à cette occasion qu’il noue une relation d’amitié avec André Frénaud, qui donnera lieu à un livre d’entretiens [12]. Après la mort de l’ami, Bernard Pingaud se chargera du travail éditorial des Gloses à la sorcière (1995) [13]. Ils auront tous deux participé à la Comes [14], expérience qui, par la rencontre des écrivains du bloc de l’Est dans le contexte de la guerre froide, aura permis à Bernard Pingaud de prendre une conscience plus aiguë de la situation spécifique de l’écrivain dans les sociétés libérales, où par contraste la plus grande liberté d’expression peut donner le sentiment d’un moindre poids politique de la parole de l’écrivain.
7D’une inspiration d’abord « néo-classique » selon les termes de Maurice Nadeau [15], l’écriture de Bernard Pingaud évolue vers des formes plus originales ; il montre lui-même une précoce attention au Nouveau Roman dont il devient, pour reprendre ses mots, une sorte de « commentateur officieux ». Se sachant d’un tempérament de « médiateur [16] », il ne cesse de s’interroger sur la littérature de son temps, cherchant à faire dialoguer des thèses apparemment adverses : « Une bonne partie de mon activité intellectuelle a continué, dans les années soixante, à discuter les questions théoriques que soulevait le groupe du Nouveau Roman et à les confronter avec les thèses de Qu’est-ce que la littérature [de Sartre] [17] ? ». Cette réflexion débouche sur la solution subjective d’un « partage des tâches » qui ne sera plus remise en question : le plan de l’écriture et celui de l’action militante ne se confondent pas. Bernard Pinaud se démarque ainsi de la conception sartrienne de l’engagement qui distingue prose et poésie et accorde à la première un rôle de dévoilement de la réalité ; mais il ne peut pas non plus se satisfaire de la seule internalisation de la responsabilité politique dans l’écriture. Bernard Pingaud n’en démordra plus : dans l’œuvre littéraire exigeante, le plan des « significations », renvoyant à la réalité, transitif, et celui du « sens », immanent au texte même, autotélique comme on l’a dit parfois, s’articulent comme le font praxis et structure, pour reprendre les termes des débats de l’époque, au moment de la montée en puissance du paradigme structuraliste [18].
8On comprend pourquoi, à la faveur de cette recherche de synthèse, et sensible à l’apport des sciences humaines, Bernard Pingaud prend immédiatement, non sans quelques nuances, le parti de Barthes contre Picard à l’occasion de ce qu’on a appelé la « querelle de la Nouvelle Critique » en 1965 [19] ; et pourquoi il émet toutefois, en 1968, certaines réserves à l’égard des évolutions politiques du textualisme de Tel Quel, en s’interrogeant sur le statut et les limites de l’analogie entre révolution littéraire et révolution politique [20].
De l’Union des écrivains au rapport dit « Pingaud-Barreau »
9Dans le sillage de Mai 1968, Bernard Pingaud cofonde l’Union des écrivains, avec notamment Jean-Pierre Faye et Michel Butor [21] ; le nom était inspiré de l’Union des écrivains tchèques, Bernard Pingaud ayant noué une amitié avec l’historien Karel Bartošek qu’il fréquente pendant le Printemps de Prague. Dans une telle conjoncture, sa réflexion se double d’un tour plus sociologique. Il est rare que les théoriciens de la littérature, à l’époque de la « mort de l’auteur [22] », se soucient publiquement du statut socio-économique de l’écrivain ; c’est le cas de Bernard Pingaud, qui avec Roger Bordier et d’autres, ne rechigne pas à aborder la question avec pragmatisme. La protection sociale de l’écrivain et la prise en compte de l’ensemble de ses revenus sont à l’ordre du jour, thématique qui fera son chemin jusqu’à ce que la loi évolue en 1975 [23]. Face à l’alternative entre « écrivain travailleur » et écrivain propriétaire, Pingaud défend le premier modèle : la réalité concrète du métier d’écrivain telle qu’elle a évolué, avec des activités paralittéraires de plus en plus prégnantes, lui semble l’imposer [24].
10Certes, « on n’écrit pas pour se montrer ; on écrit pour disparaître » : la formule, qui conclut un de ses plus beaux essais, « Ω [25] » (1976), dit bien que l’écriture relève pour Bernard Pingaud d’un ordre tout à fait spécifique ; à cet égard, il y a bien dans l’écriture au sens fort un mouvement d’impersonnalisation qu’on pourrait dire blanchotien. Mais c’est justement parce que l’écrivain est aussi un « auteur », c’est-à-dire une figure publique qui peut jouer de surcroît plusieurs rôles dans le champ littéraire, en particulier ceux de critique et d’éditeur, qu’il était urgent, selon Bernard Pingaud, de considérer son statut social et plus précisément la responsabilité induite par la paradoxale « fonction de sa non-fonction [26] ». Sur le rôle de l’intellectuel, Bernard Pingaud exprime un désaccord avec Sartre en 1970 [27] quant à la possibilité concrète de la « suppression » de « l’intellectuel classique » par lui-même que Sartre appelle de ses vœux, tout en reconnaissant la contradiction que Sartre pointe entre le maintien de la prééminence de l’intellectuel, d’une part, et l’avènement d’une société sans classes d’inspiration marxiste, d’autre part.
11Ces années 1970 sont marquées par une fréquentation de la psychanalyse, dont témoigne déjà le bref roman La Scène primitive (1966) et qu’illustre plus encore La Voix de son maître (1973), ouvrage qui aborde les relations difficiles avec la figure du père. C’est une œuvre qualifiée par l’auteur de « roman analytique », à savoir « celui qui se situe d’emblée dans le registre du fantasme, mais sans jamais le dire : on est dans le fantasme, donc on ne le voit pas [28] ». La psychanalyse a permis à Bernard Pingaud d’approfondir sa compréhension de ce qu’il faut entendre par le « sens » d’un texte, qui ne se réduit pas à la somme de ses significations : il relève du désir de l’écrivain, autrement dit de la pression exercée par sa fantasmatique. Avec André Green et Jean Bellemin-Noël, il est l’un des premiers à faire usage du syntagme d’« inconscient du texte [29] », expression qui connaîtra une belle fortune dans la critique littéraire d’inspiration psychanalytique.
12Ce sont également des années politiques, que Bernard Pingaud nomme dans ses mémoires les « années Mitterrand », avec le secrétariat de la « section socialiste des écrivains » à partir de 1973, suivi de l’animation du secrétariat national à l’Action culturelle (SNAC) au parti socialiste auprès de Dominique Taddei, où il poursuit sa réflexion sur ce que devrait être une « action culturelle » de gauche, « visant à rendre les citoyens actifs et à faire de l’action culturelle un champ privilégié de l’expérience autogestionnaire [30] ». Il élabore avec Claude Manceron le livre de la campagne de 1974 de Mitterrand [31]. Dans cette perspective, il participe aux activités du groupe de réflexion L’Atelier [32], à la revue Faire, ainsi qu’à la section socialiste du Ve arrondissement-Val-de-Grâce. À la fin de la décennie, Bernard Pingaud s’est rapproché du courant rocardien et se fera plume pour Rocard en 1978. Il tire un premier bilan de ces années de militantisme comme « écrivain public » dans des chroniques hebdomadaires au Matin reprises en volume [33]. C’est dans ce contexte qu’intervient la réflexion sur le prix unique du livre qui aboutira, après l’élection de Mitterrand, à la loi Lang, telle que l’accompagne le rapport dit « Pingaud-Barreau ».
Le départ en Égypte et le retour en France
13Rupture dans la vie de Bernard Pingaud, il y aura le départ que l’écrivain évoque dans de belles pages de ses mémoires : de 1983 à 1987, il est conseiller culturel auprès de l’ambassade de France au Caire. À côté de ses missions nouvelles qu’il prend très au sérieux, il continue à réfléchir à Adieu Kafka qui sera publié en 1989, roman complexe et virtuose qui témoigne du rôle décisif joué par cette figure dans sa trajectoire d’écrivain, à partir des années 1950. C’est un texte qui est parfois mal compris à sa parution : on y voit un exercice de style, un simple pastiche ; c’est en réalité une méditation profonde sur l’héritage impossible de l’écrivain praguois, figure d’écrivain absolu.
14De retour en France, la réacclimatation n’est pas tâche aisée. Mais rapidement, Bernard Pingaud est à nouveau sollicité : le désormais spécialiste de la politique du livre rédige, à la demande de Jean Gattégno, directeur du Livre, un nouveau rapport sur le développement de la lecture, « Le droit de lire » (mai 1989). C’est également l’époque où l’expérience acquise donne à Bernard Pingaud l’occasion d’occuper plusieurs présidences dans le secteur culturel, à commencer par celle de la Maison des écrivains et de la littérature à Paris de 1990 à 1993.
15À un rythme régulier, Bernard Pingaud continue à publier. Ses œuvres se font plus sombres. Il connaît le malheur de perdre deux de ses trois fils, frappés par la maladie [34]. Le roman Bartoldi le comédien (1996) s’interroge sur les pouvoirs et limites de la création. Au nom du frère (2002), roman du deuil, prolonge à sa manière ce propos. Bernard Pingaud publie également des nouvelles, Tu n’es plus là (1998), et des carnets, Écrire, jour et nuit (2000), lesquels attestent d’une vie tout entière traversée par une vigilance à l’égard du monde et tendue vers le noyau énigmatique de l’écriture. Plus récemment, La Bonne Aventure. Essai sur la « vraie vie », le « romanesque » et le roman (2007) soulève comme l’indique son sous-titre la question du « romanesque », notion peu abordée par la théorie littéraire, dans laquelle se rejouent les oppositions dialectiques qui parcourent l’histoire du roman, entre l’attrait qu’il cherche à exercer et la justification sociale qu’il se doit de conquérir. Ici encore, les deux faces de l’écriture sont mises en dialogue étroit : le monde social d’un côté, la subjectivité désirante de l’autre. Cet essai est suivi par deux brefs romans de la vieillesse, graves et « comme éclairés du dedans », L’Horloge de verre (2011) puis Vous (2015), au beau titre en forme d’adresse, dernier publié du vivant de l’auteur. Piété filiale (2018), enfin, reprend plusieurs textes autobiographiques déjà parus et, pour certains, épuisés, laissant apparaître thèmes et motifs dans leur insistance au fil des décennies, en particulier le déchirement de l’enfant pris dans un conflit de loyauté, au moment de la séparation de ses parents.
16Lorsque la mort est venue trouver l’écrivain dans son grand âge, à Collias où il disait apprendre à vivre, loin de l’agitation parisienne, celui-ci n’était pas quitte de sa « tâche sans fin [35] » : ce processus de subjectivation auquel participe la culture, pourvu qu’elle soit prise au sérieux. Bernard Pingaud n’a eu de cesse de le penser et de le mettre en pratique. Pour lui-même, dans la solitude de l’écriture qu’il concevait comme relevant toujours à la fois de la découverte de l’inédit et de la reconnaissance de ce qui est déjà là, à savoir la chose, l’objet perdu comme le disent les psychanalystes. Et pour les autres, à travers son activité militante en faveur d’une politique culturelle digne de ce nom – c’était le sens de son engagement. Jusqu’à ses derniers jours, Bernard Pingaud écrivait.
Notes
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[1]
Lui fait écho la création en 1941, avec Christian Bouche-Villeneuve, le futur Chris Marker, d’une éphémère revue intitulée La Revue française – Cahiers de la Table Ronde.
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[2]
Une première fois dès 1965, dans la préface d’Inventaire, recueil de textes critiques et théoriques paru chez Gallimard en collection « Blanche ».
-
[3]
Voir Une Tâche sans fin (1940-2008). Mémoires, Paris, Seuil, 2009 (désormais abrégé en TSF), p. 33.
-
[4]
Le lien perdurera, en témoignent les Entretiens avec Bernard Pingaud, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1966.
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[5]
Au début, surtout à L’Express et aux Lettres nouvelles, revue fondée par Maurice Nadeau, à laquelle Bernard Pingaud participe activement.
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[6]
Commencée en 1946, elle dure vingt-sept ans. L’idée lui en avait été suggérée par celui qui deviendrait un ami, Jean Pouillon.
-
[7]
Il quittera la revue en même temps que Pontalis. Fidèle au lien noué avec Nadeau, il contribue régulièrement à La Quinzaine littéraire dont il devient membre du comité de rédaction après avoir quitté Les Temps modernes.
-
[8]
Mme de la Fayette, Paris, Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1959 (rééd. 1997).
-
[9]
Revue dont certains numéros, qui ont marqué la vie intellectuelle française, ont été récemment republiés par le collectif Inculte.
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[10]
Lien d’amitié que Bernard Pingaud évoque (TSF, p. 147) et dont Catherine Clément parle aussi dans ses propres mémoires, voir Mémoire (2009), Paris, Flammarion, coll. « Champs biographie », 2010, notamment la section consacrée à Bernard Pingaud, p. 180-185.
-
[11]
Projet à l’initiative de François Nourissier ; voir TSF, p. 109.
-
[12]
André Frénaud, Notre Inhabileté fatale, Entretiens avec Bernard Pingaud, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1979.
-
[13]
André Frénaud, Gloses à la sorcière, texte établi et présenté par Bernard Pingaud, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1995.
- [14]
-
[15]
Maurice Nadeau, Le Roman français depuis la guerre, Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1963, p. 147.
-
[16]
Voir TSF, p. 12.
-
[17]
TSF, p. 136.
-
[18]
Voir également TSF, p. 141 : « Autrement dit encore : il est vrai, comme le soutient Sartre, que le roman porte témoignage sur un réel dont l’écrivain ne saurait se désolidariser, mais il est vrai aussi, comme l’affirme la littérature nouvelle, que pour être reçu et “efficace”, ce témoignage doit prendre la forme d’un objet autonome, l’œuvre, qui ne relève que d’elle-même. » Pour de plus amples développements, voir Les Anneaux de manège, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1992, qui recueillent plusieurs de ses essais les plus marquants de cette période et L’Occupation des oisifs, Paris, Classiques Garnier, 2013, sous-titré Précis de littérature, qui synthétise soixante années de réflexion sur la littérature.
-
[19]
Le Monde du 5 novembre 1965.
-
[20]
Tribune reprise dans L’Occupation des Oisifs, op. cit., p. 237, initialement parue dans La Quinzaine littéraire, n° 42, 1er jan. 1968. Voir également Philippe Forest, Histoire de Tel Quel, Paris, Seuil, coll. « Fiction & Cie », 1995, p. 317-318.
-
[21]
Sur ce point, et notamment l’occupation de l’Hôtel de Massa, siège de la SGDL, voir TSF, la partie consacrée à « Mai 68 » ; voir également l’ouvrage de Boris Gobille, Le Mai 68 des écrivains. Crise politique et avant-gardes littéraires, Paris, CNRS éditions, 2018.
-
[22]
Roland Barthes, « La mort de l’auteur » (Manteia, n° 5, 4e trimestre 1968 ; publié d’abord en anglais sous le titre « The death of the author », Aspen Magazine, n° 5-6, automne-hiver 1967, repris dans Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, 1984), Œuvres Complètes, Paris, Seuil, 2002, t. III, p. 40-46.
-
[23]
Voir TSF, p. 251-256.
-
[24]
Pour une contextualisation de ce point, voir l’article de Gisèle Sapiro et Boris Gobille, « Propriétaires ou travailleurs intellectuels ? Les écrivains français en quête d’un statut », Le Mouvement Social, n° 214, 2006, p. 113-139.
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[25]
« Ω », article publié une première fois en 1976, dans La Nouvelle Revue de psychanalyse, n° 14, repris dans le recueil Inventaire II, Comme un chemin en automne publié par Gallimard en 1979, puis à nouveau dans Les Anneaux du manège. Écriture et littérature, op. cit, 1992.
-
[26]
C’est toute la troisième partie de Comme un chemin en automne qu’il faut consulter pour suivre pas à pas la réflexion politique de Bernard Pingaud.
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[27]
Voir TSF, p. 235-237. Les trois textes, celui de Sartre, interview parue dans L’Idiot International, celui de Pingaud et celui de Dionys Mascolo parus dans La Quinzaine littéraire, ont été repris par Éric Losfeld sous le titre Du rôle de l’intellectuel dans le mouvement révolutionnaire, Paris, Le terrain vague, coll. « Le désordre », 1971.
-
[28]
TSF, p. 227. On trouve également cette déclaration dans « Le roman “analytique” » (p. 5-16), Revue française de psychanalyse, tome XXXVIII, jan.-fév. 1974, p. 6, repris dans Inventaire II. Comme un chemin en automne, op. cit., p. 57.
-
[29]
Voir André Green, « Le double et l’absent », initialement paru dans Critique, n° 312, 1973, repris dans La Déliaison. Psychanalyse, anthropologie et littérature, Paris, Hachette littérature, coll. « Pluriel », 1998. Ce texte est dédié à Bernard Pingaud. Il est, comme le note Jean Bellemin-Noël dans Psychanalyse et littérature, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2002, p. 211, le premier où André Green a recours au syntagme d’« inconscient du texte ».
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[30]
Bernard Pingaud, Comme un chemin en automne, op. cit., p. 330 ; article initialement paru dans Le Monde en juillet 1976, coécrit avec Dominique Taddei.
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[31]
Claude Manceron et Bernard Pingaud, François Mitterrand, l’homme, les idées, Paris, Flammarion, 1974.
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[32]
Avec entre autres Jérôme Clément, Bernard Faivre-d’Arcier, Pierre Gaudibert, Baptiste Marrey et Catherine Tasca.
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[33]
Ces chroniques publiées de décembre 1978 à février 1979 sont reprises dans Inventaire II, Comme un chemin en automne, op. cit., p. 372-396.
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[34]
Je ne me serais pas permis de l’évoquer si Bernard Pingaud n’en avait pas lui-même parlé dans ses mémoires.
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[35]
L’expression qui donne son titre aux mémoires de Bernard Pingaud est empruntée à Donald W. Winnicott, Jeu et réalité. L’espace potential, Paris, Gallimard, 1975 (réédité en coll. « Folio », 2004), p. 24. Voir à ce propos Comme un chemin en automne, op. cit., p. 333-344.