CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Les données massives ou big data font l’objet d’une forte attention des médias, de la recherche et des entreprises. Les big data seraient notamment l’occasion d’un renouvellement épistémologique sans précédent (Bell et al., 2009), lequel ouvrirait la voie à des manières nouvelles de connaître le monde et de l’organiser. Chaque secteur d’activité serait touché.
Le journalisme n’échappe pas à cette règle d’autant que la montée en puissance de la thématique des big data dans l’espace public est concomitante de l’émergence de pratiques nouvelles connues sous le nom de data journalisme. Les big data promettent la révélation de vérités jusqu’alors insaisissables. Le data journalisme en fait de même. Grâce à des procédés nouveaux de data visualisation, il ambitionne de donner à voir ce qui jusqu’ici échappait au regard acéré du journaliste.
Pourtant, promoteurs des big data et du data journalisme semblent mobiliser des représentations épistémologiques irréconciliables. Quand les premiers font du critère d’efficacité une preuve en dernier recours, le data journaliste s’impose un ensemble de règles qui l’astreignent à une démarche empirique des plus classiques. Data journalisme et « science des big data », s’ils proposent de saisir le réel à travers les données, ne sauraient donc être confondus. Le chercheur en journalisme se doit de les distinguer pour mieux identifier ce qui fait la spécificité du journalisme de données.
Nous nous proposons ici d’interroger ces représentations épistémologiques irréconciliables en explorant les discours d’accompagnement de leurs premiers promoteurs…

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Souvent associés parce que procédant d’un même mouvement d’intégration des données dans les pratiques de production de l’information, les « sciences des big data » et le data journalisme relèvent pourtant de démarches épistémologiques difficilement conciliables. Si les corrélations sans cause sont, pour certains, l’apanage des big data et de leurs données incommensurables, le data journalisme préfère les données standardisées pour justifier la prétention à la vérité de ses énoncés. De ce point de vue, la donnée est souvent retraitée, confrontée au terrain pour devenir signifiante. Elle ne parle pas d’elle-même comme l’attestent les grandes enquêtes qui ont jalonné les premiers pas du data journalisme.

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  • data journalisme
  • objectivité
  • données brutes
  • épistémologie du journalisme
Alexandre Joux
Alexandre Joux, Aix Marseille Univ, Université de Toulon, IMSIC, Marseille, France, est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, chercheur à l’IMSIC et directeur de l’École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM). Ses recherches portent sur l’économie de l’information et des industries culturelles, en particulier dans les contextes de convergence et d’internationalisation, et sur les évolutions du journalisme dans son rapport aux environnements médiatiques et numériques.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021
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