Un processus de publicisation de la défiance extrême s’est manifesté dans l’espace médiatique réunionnais (traditionnel et numérique), dès l’apparition de la crise sanitaire de la Covid-19, vis-à-vis des autorités qui en avaient la charge. Campagne de presse, mises en cause de responsables de ces organisations publiques, circulation d’un discours hostile, voire haineux, sur les réseaux socionumériques (RSN) en furent constitutifs.
Une telle situation permet de s’intéresser aux logiques communicationnelles de divers acteurs impliqués dans cet épisode de vives controverses : personnels soignants, responsables de la gouvernance de l’information des autorités (agence régionale de santé [ARS], préfecture), producteurs d’information (journalistes, internautes, associations d’usagers, etc.), élus locaux.
Nous proposons des éléments de compréhension de ces réactions qui s’expriment et circulent, en convergence, dans une diffusion « d’infomédiation sociale de l’actualité » (Rieder et Smyrnaios, 2012) sur les différents supports médiatiques, tout en les contextualisant et en les « [re]socialisant » (Ouakrat et Mésangeau, 2016). Nous observons ensuite les contre-feux, en matière de stratégies de communication, déployés par les administrations d’État cibles de la controverse socio-scientifique.
La confiance est une « production sociale » reliée aux valeurs de « vérité » ou de « véracité » (Quéré, 2018, p. 1). En s’attachant à ses différents aspects communicationnels, il s’agit d’aborder empiriquement la question de la perception de la confiance et de l’attente des administrés d’un point de vue situé – contexte socio-historique dans lequel subsistent des traces de « colonialité » (Escobar et Restrepo, 2010 ; Bance…