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Mis à mal par les événements sanitaires, politiques, et climatiques, chacun sent bien que l’époque est à la transition, qu’elle soit sociale, environnementale ou digitale. La communication, elle, n’est pas en transition : elle a basculé. La communication étant devenue une pratique de l’espace public, nous sommes passés de l’image à la réputation. La communication sur la vaccination nous en présente une preuve éclatante. Les représentations sont basées sur le bonheur du lien retrouvé et les lieux de socialisation qui se dotent à nouveau d’un futur : un discours qui convainc ceux qui sont vaccinés. À l’inverse, les anti-vaccins ne le seront pas car le sujet est ailleurs pour eux : oui, ils veulent de la socialisation, oui ils veulent protéger les aînés mais ils se vivent cobayes, pensent que l’ARN messager est une technologie neuve, que l’on manque de recul, que l’on injecte des particules métalliques, que le vaccin ne protège pas contre les variants, etc. À leurs yeux, le vaccin a donc mauvaise réputation, ils n’ont pas confiance et on ne leur dirait pas la vérité.
« Réputation », « confiance », « vérité ». Ces trois mots révèlent quelque chose de fondamental aujourd’hui : le sentiment de n’être pas reconnu. Comment la reconnaissance est-elle devenue pour les générations nées de la technologie – et, à l’autre extrémité du spectre, ceux qui s’en sentent exclus – le sommet de la justice sociale ?
Pour la sociologue américaine Nancy Fraser (2004), « l’identité collective remplace les intérêts de classe comme lieu de mobilisation politique, et l’injustice fondamentale n’est plus uniquement l’exploitation, mais la domination culturelle »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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