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Anne Lehmans : Quelle est votre définition de la confiance ?Laurent Berger : C’est la possibilité de penser, agir, débattre, exprimer un point de vue, compter sur d’autres, reconnaître la légitimité de l’autre, sans que cela puisse nuire. C’est un fondement de la démocratie, de pouvoir agir et interagir les uns avec les autres. La défiance et l’indifférence ne peuvent pas durablement structurer les rapports humains, qui conditionnent le fonctionnement de la démocratie. Je crois vraiment que la confiance, c’est la possibilité de se sentir suffisamment à l’aise pour pouvoir dire ce qu’on pense, s’exprimer, compter sur de la réciprocité. La confiance se construit par la loyauté et l’honnêteté dans les relations individuelles. On peut avoir totalement confiance en quelqu’un avec qui on ne partage pas les mêmes points de vue. La confiance se construit par des régulations individuelles et collectives. Elle ne se décrète pas, elle se gagne.
Nous faisons face aujourd’hui à de profondes transformations, écologiques, numériques, sociales. Dans ce cadre, la confiance est une question clé. Si l’on n’a plus confiance en l’avenir, c’est l’individualisme qui prime et on ne va pas loin. La confiance, c’est la capacité à imaginer, se projeter, en comptant les uns sur les autres pour le faire, sans forcément être d’accord avec eux. La transition écologique offre un bon exemple : ceux qui n’ont plus confiance disent que « tout est foutu », ce qui est un frein à l’action ; d’autres disent que, pour aller plus vite, il faut des mesures autoritaires, ne pas faire confiance aux hommes et aux femmes pour faire des choix…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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