« Crise des autorités » : combien de fois cette expression est-elle prononcée sur les plateaux télévisés, dans les discours politiques ou encore dans les conversations interpersonnelles ? L’époque serait à la défiance généralisée, à la remise en cause permanente de l’autorité, politique, journalistique, éducative et même parentale. La cause, ou tout du moins celle qui se trouve brandie de façon presque rhétorique et systématique, en serait les réseaux sociaux numériques – compris comme un tout globalisant et uniforme – et un système de circulation de la parole, horizontalisée, « des-expertisée » pourrait-on dire. Au cœur de ces préoccupations autour de la confiance mise en tension entre communication humaine dite directe et communication médiatisée par le dispositif technique, les pratiques informationnelles juvéniles et les besoins éducatifs qu’elles sous-tendent. Des pratiques qui font l’objet d’une stigmatisation forte, souvent décrites comme problématiques (Cordier, 2015 ; 2019) notamment en ce qu’elles questionnent les catégorisations et les prescriptions éducatives.
Le présent texte est porté par une conviction : la compréhension des modes de confiance est instructive pour le monde de l’éducation qui peut s’appuyer sur cette connaissance afin d’élaborer un discours et des pratiques peut-être plus en phase avec la réalité sociale des acteurs dont ils ont la charge. Au-delà des discours sociaux stigmatisant, voire fantasmant, une jeunesse soumise aux fake news et au conspirationnisme, quel sentiment de confiance est véritablement développé par les adolescent·es et jeunes adulte…