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Hermès : Quelle serait votre définition de la confiance ?François Dubet : La confiance, c’est la capacité d’anticiper les conduites des autres en faisant l’hypothèse d’une réciprocité. Par exemple, en voiture, je fais l’hypothèse que les autres conducteurs respecteront les feux et que je ferai de même. Je fais l’hypothèse que l’enseignant voudra m’instruire et je m’adapterai à sa conduite parce que j’ai confiance ; je fais l’hypothèse que le médecin voudra me soigner, j’adopterai donc le rôle du malade, etc.
La confiance est la molécule élémentaire de la vie sociale. Je ne sais qui disait : « en enfer il n’y a que des lois ; au paradis il n’y en aura pas parce que la confiance suffira à régler les relations ». Voilà une définition basique de la confiance, mais qui est revenue à la mode, parce qu’on s’est rendu compte qu’elle était une vertu civique, facilitant la vie politique, mais aussi une vertu économique, ce que les sociologues anglo-saxons nomment le capital social. Au fond, cela facilite les interactions, les échanges. Si vous avez plus confiance dans les autres, il est plus facile de vivre dans une société où vous laissez la porte ouverte parce que vous avez confiance en vos voisins que dans une société où vous vous barricadez chez vous.
Il y a aussi la dimension très spécifique de la confiance dans les institutions, qui est une forme de confiance aveugle. Je fais l’hypothèse que le médecin est compétent, que le pilote est compétent, que l’homme politique est vertueux, que le scientifique dit la vérité…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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