CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Travailler sur les risques, qu’ils soient naturels, technologiques ou de tout autre nature, c’est obligatoirement se confronter à la question de la confiance. En effet, gérer un risque c’est d’abord prendre des mesures pour le prévenir et en diminuer l’enjeu et la probabilité, ensuite agir au mieux et au plus vite quand il se concrétise, et enfin travailler à en réparer les dommages. Toutes ces actions ne sont réellement efficaces que si ceux qui les entreprennent – le plus souvent les pouvoirs publics – bénéficient de la confiance de ceux qui en sont les destinataires. Par exemple, l’actuelle crise de la pandémie de la Covid-19 a une fois de plus démontré l’importance du crédit dont doivent bénéficier les acteurs de la gestion du risque pour que leur communication soit entendue et leurs directives suivies d’effets. Le bon respect des gestes barrière, celui du confinement dans ses différents types et stades et la réponse à l’invitation à se faire vacciner sont en grande partie tributaires de la confiance accordée au gouvernement et au Conseil scientifique qui alimente ses décisions.
Dans cet article nous n’allons pas nous intéresser aux risques sanitaires comme ceux liés à la pandémie de Covid-19, mais plutôt nous centrer sur ceux, naturels et technologiques, à forte dimension territoriale. Sont catégorisés ainsi tous les risques qui mettent en danger des individus du seul fait de leur présence sur un territoire, le plus souvent parce qu’ils y résident. C’est le cas pour les riverains de sites industriels dangereux, pour les habitants de communes soumises régulièrement à des débordements de cours d’eau ou à des submersions marines, ainsi que pour tous ceux qui vivent à proximité immédiate d’une source de danger quelconque…

Français

L’article commence par questionner le concept de confiance et, à l’instar de Niklas Luhmann, défend l’idée que le principal rôle de celle-ci est de réduire la complexité des événements et situations auxquels l’individu est confronté. Puis l’interrogation se porte sur les facteurs qui influencent le plus le niveau de confiance des habitants envers les gestionnaires de risques territoriaux. Les recherches auxquelles l’auteur a participé sur la question des risques de submersion marine et ceux liés à la présence d’usines Seveso permettent de dégager trois principaux facteurs. D’abord, les habitants des territoires subissant ces risques font de préférence confiance aux individus et institutions qui sont géographiquement et institutionnellement les plus proches d’eux. Ensuite, ce sont les compétences estimées des gestionnaires qui font l’importance du crédit accordé. Le troisième critère est quant à lui d’ordre éthique. C’est l’entité qui ne peut être soupçonnée de poursuivre un autre but que leur sécurité – la rentabilité économique, par exemple – qui inspire le plus confiance aux habitants. Ainsi, pour que l’information donnée par le pouvoir politique et les autres gestionnaires des risques soit estimée crédible, il faut qu’ils soient vus comme dotés de ces trois qualités.

  • confiance
  • risques territoriaux
  • communication
  • proximité
  • compétences
  • probité
Hervé Flanquart
Hervé Flanquart est sociologue, professeur en urbanisme et aménagement à Université du Littoral Côte d’Opale, laboratoire Territoires, Villes, Aménagement & Société. Son travail porte principalement sur la question de la perception des risques, qu’ils soient technologiques, naturels ou sanitaires. Sur ce sujet, il a publié Des risques et des hommes, en 2016, aux Presses universitaires de France.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Il vous reste à lire 91 % de cet article.
Acheter cet article 3,00€ 7 pages, format électronique
(html et pdf)
add_shopping_cart Ajouter au panier
Autres options
Membre d'une institution ? business Authentifiez-vous
Déjà abonné(e) à cette revue ? done Activez votre accès
Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour CNRS Éditions © CNRS Éditions. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...