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Depuis son retour dans les Alpes françaises au début des années 1990, le loup est l’objet de multiples controverses publiques au sein desquelles se jouent, dans différents espaces et temporalités, les rapports à l’altérité et à la vérité entre les acteurs sociaux. Exprimant un conflit entre différentes rationalités et conceptions du monde social (Badouard et Mabi, 2015), ces controverses constituent des « épreuves » (Lemieux, 2007) participant à créer de la confiance, de la défiance ou de la méfiance entre ces mêmes acteurs, eux-mêmes constitutifs de conflits rythmant la controverse sur le temps long. Elles se sont en effet tissées autour d’incertitudes sur les comportements des loups et ceux des animaux domestiques cibles de la prédation, sur les mesures de protection des troupeaux, sur les pratiques des différents acteurs partageant les espaces pastoraux. Leur émergence et leur déploiement ont engendré une remise en question de ce qui était jusqu’alors considéré comme « vrai » ou « faux » concernant la faune sauvage, le pastoralisme, la chasse, les paysages, la biodiversité, etc., au sein et entre des cercles d’acteurs. Or, est considéré comme « vrai » ce qui le devient en circulant socialement et en étant accepté comme tel par les publics dans leur pluralité, aux prises avec les jeux et stratégies d’acteurs : distinguer ce qui relève du « vrai » et du « faux » participe donc à construire les contours de la controverse, son cadrage et les politiques publiques associées (Bodin et Chambru, 2019)…
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Auteurs
Université Grenoble Alpes, CNRS, Sciences Po Grenoble, Pacte
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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