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Confiance et communication vont de pair : l’un sans l’autre et le vide ou l’anxiété prennent le dessus et le monde périclite. Ce constat est la résultante d’un vécu qui ressemble plus à une mort lente d’un pays. Mon pays. Le Liban. Une terre rongée par le doute, la méfiance et l’appréhension, dus à une incommunication endémique qui ne cesse d’élargir le fossé entre les citoyens et l’État comme entre les communautés religieuses. Depuis que le dialogue est rompu entre les composantes sociales du pays et que l’échange pluriculturel et plurireligieux s’est transformé en suspicion, la confiance n’est plus et la nation s’estompe. Car « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours », comme le dit Renan, et qui dit plébiscite dit confiance et ancrage. Or le citoyen libanais a perdu tous ses repères et cherche éperdument un nouvel ancrage, dans une autre terre qui lui offre ce dont il a le plus besoin : la confiance en un avenir.
Il est vrai que le terme de « confiance » est relatif et difficile à cerner dans un monde où la notion d’intérêt prime à l’échelle de l’individu et des nations au point de devenir un précepte existentiel ; mais faire confiance se transforme en utopie quand on vit dans un pays où les citoyens ne croient plus en rien, même pas en leurs dieux, qui pourtant réussissent à les diviser. Et comment faire confiance aux dieux, ou en ceux qui les représentent, quand toutes les catastrophes du monde vous tombent sur la tête en même temps et qu’on se rend compte que personne n’est là pour vous aider à porter, ou même supporter votre croix – celle d’être libanais …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

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