CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Confiance et communication vont de pair : l’un sans l’autre et le vide ou l’anxiété prennent le dessus et le monde périclite. Ce constat est la résultante d’un vécu qui ressemble plus à une mort lente d’un pays. Mon pays. Le Liban. Une terre rongée par le doute, la méfiance et l’appréhension, dus à une incommunication endémique qui ne cesse d’élargir le fossé entre les citoyens et l’État comme entre les communautés religieuses. Depuis que le dialogue est rompu entre les composantes sociales du pays et que l’échange pluriculturel et plurireligieux s’est transformé en suspicion, la confiance n’est plus et la nation s’estompe. Car « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours », comme le dit Renan, et qui dit plébiscite dit confiance et ancrage. Or le citoyen libanais a perdu tous ses repères et cherche éperdument un nouvel ancrage, dans une autre terre qui lui offre ce dont il a le plus besoin : la confiance en un avenir.
Il est vrai que le terme de « confiance » est relatif et difficile à cerner dans un monde où la notion d’intérêt prime à l’échelle de l’individu et des nations au point de devenir un précepte existentiel ; mais faire confiance se transforme en utopie quand on vit dans un pays où les citoyens ne croient plus en rien, même pas en leurs dieux, qui pourtant réussissent à les diviser. Et comment faire confiance aux dieux, ou en ceux qui les représentent, quand toutes les catastrophes du monde vous tombent sur la tête en même temps et qu’on se rend compte que personne n’est là pour vous aider à porter, ou même supporter votre croix – celle d’être libanais …

Joseph Moukarzel
Joseph R. Moukarzel est docteur en SIC, architecte et journaliste, éditeur de l’hebdomadaire politique satirique libanais ad dabbour, ancien doyen de la faculté d’Information et de communication à l’université Antonine, fondateur du Centre de recherche euro-méditerranéen en arts et communication, et président du Réseau transméditerranéen de la recherche en communication ; il a été successivement chef du département d’architecture et du département de journalisme et communication à l’Usek. Au-delà de l’approche académique, il est député suppléant et collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale française. Ses spécialisations l’ont amené à s’intéresser au rapport entre l’architecture et la communication, thème sur lequel portent ses recherches actuelles, en plus de ses terrains d’observation concernant la diversité et la médiation socio-culturelles, la géopolitique moyen-orientale, l’image de l’autre et les facteurs identitaires.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021
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