Article
Pas un jour ne se passe à Hong Kong sans que la question de la « confiance » – trust en anglais, xinren en mandarin ou seonjam (信任) en cantonais – ne soit posée. Cette confiance – ou plutôt son absence, son déficit, voire la méfiance et la défiance, c’est-à-dire la version répulsive de la confiance – est devenue une obsession. Elle s’étale à la Une des journaux chinois et anglais, fait l’objet de sondages spécifiques et est devenue la référence obligée de tout discours politique, qu’il vienne d’en haut ou d’en bas, de l’autorité établie ou de figures contestataires. Omniprésents, les heurs et malheurs de la confiance sont, à Hong Kong comme ailleurs – mais ici de façon peut-être plus aiguë qu’ailleurs –, symptomatiques d’une crise de la relation entre gouvernants et gouvernés, davantage encore depuis les grands mouvements de rue de 2014 et surtout 2019, lesquels s’étaient, au final, tous deux surtout cristallisés sur des enjeux de réformes démocratiques et une souffrance de la représentation.
Mais à Hong Kong, la dynamique de la relation entre gouvernants et gouvernés se trouve impactée par une autre dualité, celle du couple Hong Kong-Pékin, puisque le/la cheffe de l’exécutif de la Région administrative spéciale – Carrie Lam, depuis 2017 – ne doit son mandat qu’à la confiance que lui accordent les autorités centrales. Suite à une indiscrétion de micro, celle-ci avait reconnu, en août 2019, dans un rare moment de lucidité sans fard, que « la marge de manœuvre politique du chef de l’exécutif, lequel, malheureusement, doit servir deux maîtres, selon la constitution, à savoir le gouvernement de la République populaire de Chine et le peuple de Hong Kong, est très, très, très limité…
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

Veuillez patienter...