Article
La confiance peut être appréhendée comme une anticipation positive sur le comportement d’un tiers ; à ce titre, elle est depuis longtemps une énigme déterminante des relations internationales (Lebow, 2013 ; Haukkala et al., 2018). Elle est intimement mêlée à leur histoire, tout en entretenant avec elles une sorte d’étrange incompatibilité. L’interaction constante entre les deux est évidente : la confiance est liée à l’altérité dont les relations internationales sont une incarnation majeure ; elle est solidaire de l’idée de coexistence qui est une évidente finalité du jeu international ; elle est la condition nécessaire à toute coopération qui est au centre même de la raison internationale. Pourtant, la confiance n’est jamais accomplie dans un tel monde qui reste marqué de souveraineté, d’intérêts nationaux concurrents, de puissance et de ruse. Aussi la retrouve-t-on de manière fort ambiguë au sein même des grands débats théoriques propres à la discipline. Pour les réalistes, l’inévitable défaut de confiance entre États explique l’état d’anarchie chronique du système international, la menace permanente de guerre et surtout le classique dilemme de sécurité qui est à la base du jeu interétatique traditionnel : chacun s’arme pour se protéger, enclenchant chez le concurrent un sentiment de menace qui le conduit inévitablement à s’armer à son tour (Herz, 1950). Les libéraux plaideront apparemment l’inverse, mais pour parvenir pratiquement au même résultat : la raison conduit les États à coopérer, mais cette initiative est perpétuellement fragilisée par le soupçon que l’autre en profite pour maximiser ses propres intérêts (Lebow, 2013)…
Plan
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2021

Veuillez patienter...