CAIRN.INFO : Matières à réflexion
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1L’Europe est aujourd’hui fragilisée. Elle était perçue comme une entité solide associée à la démocratie, aux droits de l’homme, à la paix et à la réunification du continent. Dans les débats actuels, le terme d’Europe est ambivalent : tantôt il fait référence à la culture ou à la civilisation européenne, tantôt à une institution internationale appelée par certains courants « fausse Europe » face à « l’Europe en laquelle nous croyons » (Bénéton, Brague et Delsol, 2019), accusée d’être trop orientée vers la seule logique de marché ou, au contraire, trop bureaucratique, procédurale et pas assez efficace. L’Europe institutionnelle est aujourd’hui en tout cas obligée de repenser son fonctionnement pour ne pas compromettre son projet essentiel – la paix et la prospérité.

2Cette précarisation du concept même de l’Europe et de l’européanité fait contraste avec l’ambiance des années qui ont suivi la chute du mur de Berlin. La fin des régimes communistes, dans la partie centre-est européenne, tout comme c’était le cas de l’Europe occidentale après la guerre, associait l’Europe à une aspiration, un rêve, une utopie devenue projet (Nowicki et Radut-Gaghi, 2016). Fiers de « revenir en Europe », soulagés après un demi-siècle de relégation hors Europe, les habitants de Budapest, Prague ou Varsovie se sont sentis enfin chez eux. Les écrits des philosophes de « l’Autre Europe », tels que Barbara Skarga, Leszek Kolakowski ou Jan Patocka et bien d’autres européistes convaincus, l’illustrent bien.

3Rappelons le fond de l’argumentation de ce milieu. Tout d’abord la certitude que l’Europe a deux poumons et que les retrouvailles européennes relèvent de la réunification du continent et non pas de l’élargissement d’un projet occidental. Ensuite, l’affirmation que la civilisation européenne est à l’origine d’une maison commune habitée par les personnes partageant les mêmes valeurs fondamentales. Le retour à l’Europe des pays anciennement soumis à la domination soviétique était donc vécu comme le retour à la normalité après un demi-siècle de violation d’identité européenne. L’ouvrage du Hongrois Jeno Sucz, Les trois Europes (1983), parlant des « critères d’européanité », montre la ressemblance de ceux-ci avec ce que l’Union européenne (UE) a appelé « les acquis communautaires »

4Du côté occidental, le cri de Kundera dans son essai « Un Occident kidnappé » a eu un certain retentissement dans les milieux intellectuels, qui a su manifester une forme d’ouverture à l’égard de « l’Europe cadette » (Kloczowski, 2003) et s’intéresser à elle. Ces arguments étaient une synthèse de l’argumentation dissidente antisoviétique. Ils ont sans doute contribué au discrédit définitif du système soviétique auprès des intellectuels français épris de la morsure hégélienne[1].

5Les années 1980-2000 étaient une période bénie pour l’Europe, qui fêtait ses retrouvailles avec l’« Autre Europe ». On ne voyait pas encore à quel point cette façade optimiste cachait de nombreux non-dits, des sous-entendus qui ont conduit fatalement à l’incommunication. Ce qu’on a appelé « l’élargissement de l’Europe » était une décision politique de l’UE qui résultait du soulagement et de la joie sincère lors de la chute du mur de Berlin signifiant la fin de la partition de l’Europe, mais également d’un sentiment d’obligation morale à l’égard de ceux qui avaient enduré la nuit du stalinisme et un long combat pour sortir d’une dictature qui s’est transformé ensuite (à l’exception de la Roumanie et de l’Albanie) en « communisme aux dents cassées », sans véritable idéologie mais sans véritable liberté non plus. La présence des ex-pays de l’Est au sein de l’UE était une évidence pour les uns, une contrainte morale pour les autres mais, dans une ambiance de bienveillance mutuelle affichée, la redécouverte des deux Europes longtemps séparées a pu se faire jusqu’à un certain point. Les publications de cette période en témoignent [2].

6Hélas, cette atmosphère n’a pas duré. Les incommunications européennes (Hermès, 2017) – les sujets tabous, les pages blanches de l’histoire, de curieuses incuriosités nourries de stéréotypes intellectuels, parfois de mauvaise foi ou d’ignorance – ont vite surgi à la surface pour s’exprimer sous des formes d’hostilité ouverte ou à peine dissimulée. Les rancunes et le règlement de comptes ont apparu dans les débats et ont contribué à l’émergence de l’euroscepticisme qui est en train de gagner du terrain.

Différents visages du populisme

7Le débat actuel sur la crise de la démocratie s’accompagne d’une discussion sur le phénomène de populisme qui est, pour les uns, la source des problèmes et, pour les autres, une réponse à cette crise.

8En effet, différentes analyses du populisme, parfois antagonistes, sont visibles. Il y a ceux qui parlent d’une situation pathologique de la démocratie, d’un anti-pluralisme dans une démocratie représentative qui conduit à l’affaiblissement de celle-ci. D’autres pensent qu’on est avant tout face au phénomène de démagogie qui, loin d’être nouveau, est amplifié par l’usage des nouvelles technologies et peut menacer un État de droit. Il a recours à un discours et s’appuie sur des méthodes qui menacent le fonctionnement de celui-ci. D’autre part, il y a ceux qui voient dans l’usage du mot populisme avant tout une injure à l’égard des adversaires politiques, qui sert à les discréditer.

9Bertrand Badie (Badie et Vidal, 2019), adepte de la première vision, analyse le populisme comme une pathologie de la démocratie, une situation de défiance à l’égard des institutions plutôt qu’une politique ou une doctrine. Le populisme ainsi décrit voit son ennemi dans les élites en place, considérées comme responsables d’une situation d’humiliation, des incertitudes économiques et de la non-protection contre des menaces extérieures. Il peut aussi viser l’étranger, le migrant, l’immigré.

10Pour ceux qui voient dans le populisme avant tout un discours démagogique[3] qui se sert de méthodes manipulatoires, le populisme n’est pas considéré non plus comme une idéologie mais avant tout comme une attitude qui consiste à se réclamer du « peuple » mythique, de ses aspirations profondes, de sa défense contre les torts qui lui sont faits. Ce peuple mythifié est perçu comme seul élément authentique de la société, capable de remédier à la corruption ambiante. Comme toute manipulation, ce discours joue sur les émotions et fait amalgame entre les faits et l’interprétation des faits. Il dramatise également les difficultés et se situe comme sauveur dans une situation dangereuse.

11Ce n’est pas l’angle d’attaque de l’analyse du populisme de Chantal Delsol (2015), qui met ce mot entre guillemets pour signifier sa distance critique à l’égard de l’usage courant de terme. De son point de vue, c’est un courant d’opinion frappé d’ostracisme – on l’utilise comme une injure. Elle met au cœur de son analyse l’enracinement des peuples opposé à l’émancipation des élites mondialisées. Pour l’auteur de cette conception du populisme, il est « le sobriquet par lequel les démocraties perverties dissimulent vertueusement leur mépris pour le pluralisme » (Ibid.).

12Problématique remarquée également par Jan Werner Muller (2019), qui voit le populisme avant tout comme un anti-pluralisme, à côté de la prétention à la représentation exclusive d’un peuple, d’une essentialisation de la communauté nationale et d’une moralisation d’un conflit politique. Le populisme analysé ainsi veut éliminer les pouvoirs intermédiaires, jugés comme corrompus et inutiles.

13Ce survol rapide de différentes visions du populisme fait apparaître une très grande différence dans les interprétations de ce phénomène : pathologie de la démocratie, anti-pluralisme, une attitude démagogique qui utilise des méthodes contradictoires avec les règles d’un État de droit, injure à l’égard de ces adversaires. Nous sommes face à un phénomène complexe et multiforme, qui revêt des formes variées selon les pays. Par conséquent, il n’est pas aisé de l’analyser de manière générale. Selon les cultures politiques et des traditions culturelles variées, sans parler des expériences particulières auxquelles il peut renvoyer, il peut avoir un visage différent et s’expliquer autrement. Tout le monde s’accorde toutefois sur quelques constats : ce n’est pas une idéologie (car le populisme peut être de droite comme de gauche), et c’est un phénomène important qu’il faut essayer de comprendre, notamment dans le contexte européen pour ceux qui s’intéressent à l’avenir de l’Europe en crise. Ce qui est certain, c’est que ce n’est plus une affaire de spécialistes et du monde politique, mais un sujet qui intéresse des citoyens européens qui font des manifestations, qui signent des déclarations et des pétitions – en bref, qui se font entendre.

14En effet, les dernières élections européennes ont montré le retour de l’Europe politique. Les sujets importants, longtemps effacés, sont désormais discutés – l’identité de l’Europe, les mythes et les symboles considérés enfin comme non négligeables, les différences de perceptions et de représentations dans l’interprétation de l’histoire de l’Europe, le sens du patriotisme local et européen, l’enracinement, la cohabitation avec l’Autre, le sens du multiculturalisme européen.

15Au sein de ces nombreux débats, deux concepts me paraissent particulièrement révélateurs et signifiants pour comprendre l’atmosphère intellectuelle de notre époque dans le contexte européen : la question de l’enracinement et celle de l’émancipation. C’est le sens de l’affrontement entre David Amiel, auteur avec Ismaël Emelien d’un livre manifeste, Le Progrès ne tombe pas du ciel (2019) et de Paul-François Schira, auteur de l’essai La Demeure des hommes. Pour une politique de l’enracinement (2019) [4].

L’émancipation contre l’enracinement

16Dans cette controverse, il est intéressant de remarquer que différentes cultures européennes n’ont pas la même manière de découper le monde pour en parler. Certaines s’intéressent plutôt à la dialectique du particulier et de l’universel, d’autres insistent davantage sur celle du familier et de l’étranger. Et cette manière de se voir au milieu des autres n’est pas sans conséquence pour la réflexion sur ce qu’est la communauté. La première vision est plus abstraite, faisant appel aux convictions et aux valeurs communes ; la deuxième renvoie aux affects et à la recherche d’un bien-être qui résulte de l’harmonie des comportements, des convictions et des esthétiques. Tant qu’elles restent pacifiques, ces postures différentes ne posent problème à personne – on peut préférer se retrouver ensemble parce qu’on a les mêmes habitudes de vie en société ou parce qu’on apprécie les mêmes textes déclarant une vision commune de celle-ci.

17Radicalisés, ces postures peuvent, l’une comme l’autre, devenir agressives. Au lieu d’être un simple constat des singularités collectives, le particulier peut en montrer des traits exclusivement spécifiques, inaccessible à l’Autre ; au lieu de montrer un horizon commun, un idéal atteignable, l’universel peut devenir totalement abstrait, désincarné dans l’expression de son ouverture pouvant contenir l’humanité entière, et de ce fait utopique. Le familier, qui exprime le sentiment rassurant d’être entouré de ce qu’on connaît, peut devenir « un entre-soi » fermé à tout ce qui est différent ou simplement extérieur à cet univers rassurant.

18Oui, l’entre-soi est ambivalent. Il n’est pas exactement l’expression de l’enracinement cher à Simone Weil (1949, p. 61) :

19

L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.

20La confusion entre ces deux concepts est visible dans certains courants populistes. L’enracinement est convoqué là où en réalité il s’agit davantage de la défense d’un entre-soi. Tandis qu’il paraît normal de se sentir mieux dans un environnement qui nous est familier, où on retrouve les racines communes avec les personnes qui constituent notre entourage, choisir exclusivement un entourage qui nous ressemble, un univers rassurant, par l’exclusion de toute différence, ne relève pas de la même attitude. L’enracinement ne vient pas exclusivement de la naissance mais aussi de l’interaction avec d’autres personnes dans un lieu et un milieu, ou d’un projet commun.

21Cette question est fondamentale pour comprendre les courants conservateurs européens – leur attachement légitime à la tradition, au patrimoine et à la transmission les pousse parfois à cautionner les visions franchement populistes qui utilisent le terme d’enracinement tout à fait essentiel pour se sentir européen, en le confondant avec un entre-soi devenu parfois mesquin car fermé aux autres et aux changements.

Sclérose de la conciliation

22L’expression vient de l’actuel président du Conseil européen Donald Tusk. Pour cette personnalité européenne issue de l’Europe du centre-est, c’est une des clés importantes pour comprendre la crise de l’Europe institutionnelle.

23Il rappelle tout naturellement le préambule de la Constitution polonaise de 1997, négociée durement et toujours en vigueur. Pour Tusk, ce texte pourrait être un modèle du genre pour l’Europe en crise :

24

[…] Nous, la nation polonaise – tous les citoyens de la République,
Autant ceux qui croient en Dieu,
Source de la vérité, de la justice, de la bonté et de la beauté,
Que ceux qui ne partagent pas cette foi
Et qui puisent ces valeurs universelles dans d’autres sources,
[…]
Conscients de la responsabilité devant Dieu ou devant notre propre conscience,
Instituons la Constitution de la République de Pologne
En tant que droit fondamental de l’État [5]

25C’est précisément cet esprit de conciliation qui a été à l’origine de l’élaboration de ce document, durement négocié avec des personnes qui n’avaient pas du tout la même vision du passé ni du présent mais qui partageaient peut-être une volonté commune d’imaginer un avenir moins désastreux que les expériences récentes vécues. Le débat européen d’aujourd’hui a oublié cette vertu en idéologisant les termes d’échanges ou en ostracisant l’adversaire. D’où l’émergence de courants populistes et une difficulté de parvenir à des positions communes.

Cosmopolitisme, l’âme nationale, universalisme

26La présence remarquée dans plusieurs pays européens de courants qui mettent au cœur de leur argumentation la nation et sa souveraineté a favorisé un débat qui n’est pas nouveau mais qui a sa spécificité contemporaine, à savoir la question du degré acceptable d’emprunts aux modèles étrangers pour ne pas disparaître en tant que culture/civilisation spécifique. C’est une question débattue depuis des siècles dans l’Autre Europe, qui a connu l’expérience d’être incorporée dans les empires européens et voisins de l’Europe et qui a gardé une nostalgie pour les petites patries avec un patriotisme local fort. Aujourd’hui, cette problématique surgit en France, en Angleterre, en Italie et à nouveau en Hongrie et en Pologne.

27Un des aspects intéressants de cette discussion est le concept du cosmopolite et de ses rapports avec la patrie qui permet de concilier le particulier et l’universel, le familier et l’étranger [6]. Produit de la pensée occidentale rationnelle, le cosmopolitisme en tant que tradition s’est particulièrement longtemps maintenu à Byzance, héritière de la culture grecque mais plurinationale et ouverte. C’est le cas de l’Europe centrale, particulièrement sensible au risque de perte de « l’âme nationale » sous l’effet de la confrontation avec l’Autre. Ces cultures, menacées par les aléas de l’histoire, violentées dans la continuité de leurs évolutions, ont développé un imaginaire qui marie les deux besoins – celui d’enracinement culturel et celui d’ouverture. Le cosmopolitisme centre-européen, tel que nous l’avons décrit [7], c’est-à-dire davantage une pratique qu’une doctrine partagée, est sans doute à la fois une réponse à un destin difficile et une manière active d’afficher son ambition : celle de prendre sur soi une part du souci de l’humanité, ce qui est pour l’européaniste Patocka la seule voie de grandeur. Dans le contexte actuel, cette sensibilité politique est mise à mal par les courants national-populiste, mais elle est régulièrement convoquée dans les discours de l’opposition.

28Ce qui fera dire à Jan Nepomuk Neruda : « Je suis un cosmopolite par ma conviction la plus sacrée, mais un Tchèque cosmopolite. » (Michel, 1991, p. 197) Les intellectuels polonais exilés en France après la Seconde Guerre mondiale ont proposé le terme de « cosmopolonais » pour désigner les personnes capables d’unir le respect de « l’âme nationale » et l’ouverture aux autres, deux sensibilités qui ne sont pas contradictoires à leurs yeux.

29La philosophe Barbara Skarga (1973, p. 303) a réussi à donner une formulation à ce dont nous parlons ici et que je qualifierais de cosmopolitisme ouvert :

30

Le cosmopolitisme n’est pas une idée née des sentiments pathologiques qui habillent en plumes multicolores ce qui est étranger. L’étranger le concerne autant que le familier, tout simplement il considère l’humanité comme plus importante que la nation.

31C’est une forme d’universalisme non pas abstrait et déclaratif mais respectant l’attachement de chacun à ce qui lui est cher car familier, le mettant en garde contre l’enfermement qui résulte du bien-être rassurant d’être parmi les siens.

32En conclusion, on peut peut-être risquer dans cette période de turbulences européennes l’espoir qu’une autre modernité ou post-modernité européenne est possible. Elle pourrait être fondée sur ces trois points défaillants aujourd’hui :

  • Enracinement dans la culture européenne commune et pas dans un entre-soi national (parfois confondus par certains conservateurs européens) ;
  • L’esprit retrouvé de la conciliation et non la pratique d’un consensus mou (souvent préféré par certaines gauches conformistes) ;
  • Un cosmopolitisme ouvert qui respecte l’âme nationale et non un universalisme abstrait issu de la mondialisation.

33Certains observateurs extérieurs à l’Europe mais nourris de convictions européennes, tel l’historien Timothy Snyder, nous mettent en garde. Son dernier ouvrage intitulé : La route vers une non-liberté (The Road to unfreedom, Russia, Europe, America) pointe cette menace de perdre la valeur fondamentale des Européens – la liberté – et de se retrouver dans un tout autre système de valeurs.

Notes

  • [1]
    Expression forgée par Milosz (1953) pour parler de l’adhésion d’un certain milieu intellectuel au marxisme.
  • [2]
    Cf. Patočka, 1981 ; 1991 ; Havel, 1989 ; 1994 ; Matvejević, 1993 ; Konrad, 1987 ; Bibo, 1993 ; Szűcs, 1983 ; Miłosz, 1953 ; 1964 ; 1954 ; Tischner, 1983.
  • [3]
    Comme le fait par exemple, en analysant la situation polonaise, Jolanta Kurska, présidente de la Fondation Geremek à Varsovie.
  • [4]
    Débat qui a opposé ces deux penseurs dans l’émission de France Culture, « Répliques », le 15 juin 2019.
  • [5]
    Constitution de la République de Pologne, Varsovie, Sejm, 1997.
  • [6]
    Peter Coulmas (1995) en a proposé un panorama historique.
  • [7]
    Nous avons développé cette réflexion sur la spécificité du cosmopolitisme centre-est européen dans une communication prononcée au 5e Congrès européen organisé en 2000 par l’université de Pampelune.
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Français

L’Europe est aujourd’hui fragilisée en tant que concept et en tant qu’institution internationale. L’émergence des courants populistes interroge. Dans cette période de turbulences européennes, ce texte risque l’espoir qu’une autre modernité (ou post-modernité) européenne est possible. Elle pourrait être fondée sur ces trois points défaillants aujourd’hui : enracinement dans la culture européenne commune et pas dans un entre-soi national ; esprit de conciliation retrouvé à la place d’un consensus mou ; un cosmopolitisme ouvert qui respecte l’âme nationale à la place de l’universalisme abstrait issu de la mondialisation.

  • Europe fragilisée
  • populismes
  • une autre modernité européenne

Références bibliographiques

  • Amiel D. et Emelien, I., Le Progrès ne tombe pas du ciel, Paris, Fayard, 2019.
  • Badie B. et Vidal, D., Le Retour des populismes, Paris, La Découverte, 2019.
  • Bénéton, P., Brague, R. et Delsol, C., La Déclaration de Paris, Paris, Cerf, 2019.
  • Bibo I., Misère des petits États d’Europe de l’Est, Paris, Albin Michel, 1993.
  • Coulmas P., Les Citoyens du monde, histoire du cosmopolitisme, Paris, Albin Michel, 1995.
  • Delsol C., Populisme : les demeurés de l’histoire, Paris, éditions du Rocher, 2015.
  • Havel V., Essais politiques, Paris, Calmann-Levy, 1994.
  • Havel V., Le Pouvoir des sans pouvoir, Paris, Calmann-Levy, 1989.
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  • Matvejević, P., Épistolaire de l’Autre Europe, Paris, Fayard, 1993.
  • Michel B., « Les continuités culturelles de l’Europe centrale », in Beauprêtre, G. (dir.), L’Europe centrale, réalité, mythe, enjeu, xviiie-xxe siècles, Varsovie, Centre de civilisation française, 1991.
  • Miłosz, C., La Pensée captive, Paris, Gallimard, 1953.
  • Miłosz, C., La Prise du pouvoir, Paris, Gallimard, 1954.
  • Miłosz, C., Une Autre Europe, Paris, Gallimard, 1964.
  • Muller J.-W., Qu’est-ce que le populisme, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2019.
  • Nowicki J. et Radut-Gaghi, L. (dir.), Rêve d’Europe, Paris, Honoré Champion, 2016.
  • Patočka, J., Essais hérétiques, Paris, Verdier, 1981.
  • Patočka, J., L’Idée de l’Europe en Bohème, Grenoble, Jérôme Millon, 1991.
  • Schira P.-F., La Demeure des hommes. Pour une politique de l’enracinement, Paris, Tallandier, 2019.
  • Skarga B., « Czy pozytywizm byl kierunkiem antynarodowym » (Le positivisme était-il un mouvement anti-national ?), in Swojskosc i cudzoziemszczyzna w dziejach kultury polskiej (Familier et étranger dans l’histoire de la culture polonaise), Varsovie, PWN, 1973.
  • Szűcs, J., Les Trois Europes, Paris, L’Harmattan, 1983.
  • Tischner J., L’Éthique de solidarité, Limoges, Librairie Adolphe Ardant et Critérion, 1983.
  • Weil S., L’Enracinement, Paris, Gallimard, 1949.
Joanna Nowicki
Joanna Nowicki est professeur des universités à l’université de Cergy Pontoise, où elle est vice-présidente déléguée RI Europe médiane et directrice du master d’ingénierie éditoriale et communication (IEC). Membre du Laboratoire LT2DI (Lexiques, textes, discours, dictionnaires) et de la rédaction en chef de la revue Hermès, ses travaux et ses publications portent sur la communication Est/Ouest, l’imaginaire collectif européen, la circulation des idées en Europe et l’Autre Francophonie. Dernières parutions : Rêve d’Europe (avec L. Radut-Gaghi, éditions Honoré Champion, 2017), « Les incommunications européennes » (Hermès, no 77, coordination avec G. Rouet et L. Radut-Gaghi), À quoi sert la littérature (avec Axel Boursier ; Cerf, 2018), La vie de l’esprit en Europe centrale et orientale depuis 1945, dictionnaire encyclopédique (dir. C. Delsol et J. Nowicki, sous presse, Robert Laffont, coll. « Bouquins »).
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 28/11/2019
https://doi.org/10.3917/herm.085.0155
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