CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1C’est à l’occasion de la journée organisée par Hermès que nous avons été sollicités, Éric Dacheux et moi-même, pour dialoguer autour de la communication scientifique et politique. La richesse des échanges entre un chercheur, spécialiste des sciences de la communication, et une chercheuse engagée, au travers de son rôle de directrice adjointe scientifique à l’Institut de l’écologie et de l’environnement du CNRS, dans différentes arènes politiques dédiées aux enjeux climatiques ou à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable, a permis d’interroger une pratique de communication scientifique, parfois aux allures politiques, voire de révéler une forme de pratique de la science publique. Ce texte doit alors être considéré comme un partage d’expérience, une contribution illustrative des réflexions menées en sciences de la communication d’abord et, plus largement, au dialogue sciences-société-décideurs, nécessaire pour répondre aux enjeux pour l’avenir de nos sociétés et de leur environnement.

Retour historique de la question environnementale et de sa prise en charge par les politiques internationales… et par les scientifiques

2L’ère industrielle du xixe siècle, puis des trente glorieuses, s’appuie sur le développement de la production agricole, de la pêche, l’exploitation massive des ressources minérales et naturelles, en réponse à la croissance démographique, à la hausse de la demande et au développement technologique, source de progrès. Ce développement généralisé participe à cette grande accélération (Steffen, Brodgate, Deutsch, Gaffney et Ludwig, 2015) favorisant le développement de richesses matérielles, inégalement réparti à l’intérieur et entre les pays. Il génère par ailleurs de nombreux impacts sur les milieux et les ressources, ce qui pose la question de la durabilité des modèles de développement. En effet, dès les années 1960, les effets des activités anthropiques et d’évènements majeurs comme l’érosion catastrophique des prairies du Middle West américain après leur transformation en terres à céréales (1960) ou les chocs pétroliers (1973, 1979) permettent une prise de conscience progressive de la non-durabilité des ressources reconnues essentielles pour le vivant et, par conséquent, l’urgence de protéger l’environnement. Cette prise de conscience se traduit notamment en France par la création, en 1971, du premier ministère chargé de l’Environnement.

Développement durable

3Dans ce contexte mondial, suite au rapport du Club de Rome visant une « croissance zéro » (1970) et lors de la première conférence internationale sur l’environnement, en 1972 à Stockholm, la notion « d’éco-développement » (Sachs, 1997) est proposée, ainsi que celle de « sustainable development ». Cette dernière sera reprise dans le rapport Brundtland en 1987 « Notre avenir à tous », avant d’être sacralisée lors de la conférence de Rio en 1992. Ce premier Sommet de la Terre met en avant un développement durable pour « satisfaire les besoins des générations présentes sans empêcher les générations futures de satisfaire les leurs » et l’appuie sur trois piliers – le social, l’économique et l’environnemental – dans la perspective de favoriser une économie viable, une société équitable et un environnement vivable. Cette déclaration internationale s’accompagne d’un Agenda pour le xxie siècle et porte au plus haut niveau politique les questions du climat, du vivant, de l’eau et des sols à travers notamment la création de trois conventions : la convention-cadre des Nations unies contre le changement climatique, la Convention sur la diversité biologique, la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.

Les scientifiques s’impliquent et lancent des alertes

4Ainsi, l’environnement fait l’objet d’une attention particulière et donne lieu à des programmes internationaux qui alertent sur l’état de la planète. Par exemple, à travers leurs rapports, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), créé en 1988 pour faire la synthèse des travaux scientifiques dans le domaine du climat, alertent sur le réchauffement de la planète, le trou dans la couche d’ozone, etc. Ces travaux ne laissent pas indifférents, même s’ils ne sont pas toujours suivis d’effets facilement identifiables. En 2007, le Giec reçoit le prix Nobel de la paix. La valeur symbolique de ce prix révèle une portée politique des travaux menés par les scientifiques. En effet, ce prix ne récompense pas un chercheur, ni une découverte majeure ou une œuvre, comme c’est le cas pour le Nobel de mathématique ou de littérature par exemple. En effet, il n’existe pas de Nobel de climatologie. Ce prix récompense un collectif d’experts scientifiques qui, à travers un travail de synthèse, alerte sur le devenir de l’humanité et son intime relation avec les transformations du système Terre et, plus précisément, sur les conséquences de l’évolution du climat sur la paix dans le monde. On assiste alors à une « première » reconnaissance du rôle des scientifiques pour alerter et éclairer les décideurs dans leurs décisions pour construire le monde de demain.

5Outre les enjeux climatiques et les conséquences sur les milieux, la question de l’impact des activités humaines sur la biodiversité est elle aussi prise en charge par les experts du Millenium Ecosystem Assessment (créé en 2001). Ils montrent les conséquences de l’érosion de la biodiversité sur le bien-être des sociétés. Cette expertise sur la biodiversité sera soutenue en 2005 par un mécanisme d’expertise scientifique sur la biodiversité (IMoSEB) qui favorisera la nécessaire création de l’IPBES (Intergovernemental Science Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) en 2008, alors inspirée du Giec. Les scientifiques impliqués dans ces différents programmes peuvent être considérés comme des lanceurs d’alerte à l’adresse des politiques qui doivent agir en faveur de l’environnement…

6Une des façons dont les États s’emparent de ces enjeux passe par l’élaboration et la signature de protocoles et accords internationaux concernant des domaines spécifiques comme le protocole de Montréal (1987) visant à réduire de moitié des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, l’accord de Kyoto sur le climat (1997) visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le protocole de Nagoya (2010) sur la biodiversité, l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, etc. Ce dernier accord met en évidence la nécessaire prise en considération de l’ensemble des enjeux environnementaux, économiques, sociaux et culturels des ressources, de leurs usages et des divers intérêts qu’elles suscitent.

Environnement et développement des sociétés

7Le sommet de Rio en 1992 avait privilégié l’association des questions environnementales et économiques. Dix ans après à Johannesburg, en 2002, l’accent est davantage mis sur la dimension sociale et, plus spécifiquement, sur l’accès aux services essentiels pour les plus pauvres (Barbault, Cornet, Jouzel, Mégie, Sachs et Weber, 2002). Ce sommet vient ainsi en appui aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et la lutte contre la pauvreté (2000-2015) dont les enjeux sont renforcés par une succession de crises environnementales – sécheresses, inondations, érosion de la biodiversité, déforestations, etc. – dans les années 2010. Cela interroge alors sur la prise en considération, par les politiques, des alertes lancées par les scientifiques pour anticiper ces crises… et leurs impacts à plus ou moins long terme sur les sociétés et l’environnement. Cela met également en évidence que la question de l’environnement ne peut être dissociée de celle du développement économique et social des territoires et des sociétés dans les pays du Nord comme dans les pays du Sud, comme cela a d’ailleurs été mis en évidence lors de la conférence de Rio+20 en 2012.

8Si les Objectifs du millénaire ont permis des progrès notables à l’échelle globale dans l’accès à l’éducation et à certains services essentiels, comme le montrent des rapports de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef ; cf. Unicef-OMS, 2013), au-delà des chiffres, probablement sous-estimés, des inégalités persistent et montrent que les avancées sont largement insuffisantes (Euzen, 2013). Ainsi, en septembre 2015, l’ensemble des États s’engage avec les Objectifs du développement durable (ODD) (2015-2030) [1] qui intègrent davantage les réalités environnementales aux besoins de développement. L’une des spécificités de cet Agenda 2030 est d’être universel, inclusif et de proposer un référentiel qui s’adresse non seulement aux États les moins avancés mais aussi à tous les autres, dits « développés ». Bien que les 17 objectifs et les 169 cibles associées ne soient pas contraignants, les indicateurs établis à l’échelle internationale, et déclinés au sein des États, ont pour objectif commun d’éradiquer la pauvreté, de préserver l’environnement, d’assurer la prospérité et la paix et de favoriser de nouveaux partenariats. L’un des enjeux pour les scientifiques est alors de transformer en questionnements de recherche cet agenda politique et de partager les connaissances acquises avec les décideurs, gestionnaires et politiques pour éclairer les décisions et proposer des solutions pour accélérer leur mise en œuvre.

9Un dialogue a ainsi pu être initié dans le cadre de la préparation de la feuille de route pour la France, présentée à l’occasion du quatrième anniversaire des ODD, en septembre 2019. Cette feuille de route décline des objectifs issus d’une élaboration collaborative associant l’ensemble des acteurs de la société civile. Il est intéressant de noter qu’une réelle place a été accordée aux scientifiques, identifiés comme un des acteurs parmi les autres représentants de la société. Cette reconnaissance est nouvelle au regard des Grenelle de l’environnement et autres Conférences environnementales qui, dans leur dispositif, ont impliqué l’ensemble des collèges de la société civile, outre le fait qu’il n’existait aucun collège pour représenter la recherche. C’est d’ailleurs notamment pour pallier ce manque, pour rendre accessibles les connaissances scientifiques dans le domaine du développement durable, pour proposer un regard critique et ouvrir un dialogue avec les acteurs politiques, que le CNRS a décidé de mobiliser plus de 190 scientifiques pour mettre en lumière, dans un ouvrage de 150 articles courts et vulgarisés, la complexité du système dans lequel nous vivons, la diversité des interactions entre les cycles de l’environnement, les spécificités des territoires et des activités humaines (Euzen, Eymard et Gaill, 2013). À peine publié, il a été présenté directement au ministre en charge de l’Environnement, à la veille de l’ouverture de la Conférence environnementale de septembre 2013.

Faire savoir les savoir-faire scientifiques

10La publication d’ouvrages scientifiques, au contenu vulgarisé pour être plus accessible à un public non spécialiste, est l’un des moyens de faire savoir les connaissances scientifiques hors de la sphère académique. De même, développer des collaborations avec des partenaires d’horizons variés pour nourrir les réflexions engagées par l’ensemble des acteurs autour de la question climatique par exemple (Euzen, Laville et Thiébault, 2017 ; Laville, Thiébault et Euzen, 2015), et co-organiser ensemble des évènements et tables rondes lors de conférences onusiennes, à l’occasion des différentes COP pour le climat entre autres, sont aussi des moyens de favoriser le dialogue sciences-société-décideurs.

11D’autres formes de communication scientifique passent par la contribution des chercheurs à des groupes d’experts tels que le Giec et l’IPBES ou encore, à l’échelle nationale, à des expertises scientifiques collectives comme celle sur l’eutrophisation (Pinay et al., 2017) par exemple. La participation des chercheurs à des conférences scientifiques et des manifestations grand public, à des interviews et des débats parfois médiatisés, montre leur volonté de mieux faire comprendre, de sensibiliser aux enjeux actuels et futurs, de proposer des solutions. Il s’agit alors de partager un savoir-faire unique encore trop souvent méconnu et de recréer du lien avec la société et les territoires.

À propos des savoir-faire

12La première mission du scientifique, quelle que soit sa discipline, est de produire de la connaissance pour comprendre des processus, phénomènes, dynamiques, interactions encore méconnus et pouvant varier selon les contextes physiques, chimiques, biologiques, sociaux ou encore environnementaux… à travers le temps et l’espace. C’est notamment grâce à l’observation, l’expérimentation, la modélisation que se développe cette recherche fondamentale qui nous permet de comprendre le monde dans lequel nous évoluons, d’élaborer des scénarios et de proposer des innovations.

13Pour comprendre la complexité des objets, des socio-écosystèmes et du monde qui nous entoure, favoriser des approches pluridisciplinaires et interdisciplinaires devient une nécessité de plus en plus intégrée par les chercheurs et leurs équipes. Pour autant, l’interdisciplinarité n’est pas évidente à mettre en œuvre compte tenu des cultures, des techniques, des méthodes et modes de raisonnement propres à chaque discipline et à chaque chercheur. Elle nécessite un engagement significatif de la part des chercheurs. Cela implique un temps d’apprentissage mutuel qui passe d’abord par l’écoute de l’Autre dans sa différence, ses exigences et ses contraintes. Cette démarche doit conduire vers une meilleure compréhension mutuelle, indispensable pour instaurer un réel dialogue et co-construire un mode d’agir pertinent pour répondre à un questionnement commun et partagé. C’est cette même démarche qui devra être développée pour une transdisciplinarité associant aux scientifiques des acteurs pour répondre à une question commune et construire ensemble de nouveaux savoirs.

14Quel que soit le mode de faire, c’est pour son indépendance, son objectivité et sa neutralité que le scientifique est reconnu et qu’on lui fait confiance. Celles-ci sont essentielles à maintenir et entretenir dans toutes formes de communication scientifique pour assurer sa crédibilité face à l’accélération de la circulation de tout type d’informations et de l’importance grandissante accordée aux opinions (IHEST, 2012).

15Faire savoir les savoir-faire scientifiques est une démarche nécessaire pour une plus grande compréhension de la complexité d’un système, d’un objet, d’un processus… inscrit dans un contexte spécifique, des dynamiques particulières et des échelles spatiales et temporelles multiples. Cette démarche vise à éclairer la décision tout en tenant compte des incertitudes scientifiques et des contextes. Elle se différencie de l’expertise qui s’éloigne parfois de faits scientifiques, de neutralité, de transparence, d’indépendance… dans le souci de répondre à des intentions spécifiques et non à l’intérêt général (Hatchuel, 2001) [2].

16Partager des connaissances via la communication scientifique nécessite parfois de les accompagner afin d’éviter tout risque d’instrumentalisation, de transformation (volontaire ou non), de décontextualisations, de détournement des données, de malveillance ou encore de retombées indirectes parfois non souhaitées. Ainsi, tout résultat ne peut pas nécessairement être communiqué au risque d’avoir des conséquences non maîtrisées sur des personnes, des filières, des institutions, des collectivités – et ce dans tous les domaines. Cela invite alors à s’interroger sur le choix des données, la manière de les partager et de les donner à voir : quand et à qui ?

Les scientifiques au cœur de la décision politique

17Selon leurs objets de recherche et leurs disciplines, les chercheurs sont plus ou moins directement concernés par les enjeux de sociétés et du devenir de la planète, mais tous y contribuent d’une manière ou d’une autre à travers leurs pratiques. Il s’agit en effet pour répondre aux enjeux actuels et avenirs (i) de poursuivre les recherches fondamentales, sans lesquelles nous ne pourrions comprendre les phénomènes actuels ; (ii) de valoriser les connaissances acquises et de voir dans quelles mesures elles répondent aux enjeux environnementaux et de sociétés notamment posés par les Objectifs de développement durable ; (iii) de faire émerger des questionnements aux interfaces des Objectifs de développement durable ; (iv) de développer les « sustainable sciences » pour mieux intégrer la complexité des systèmes et leurs interactions (voir le rapport du GSDR, 2019) ; (v) d’approfondir les connaissances disciplinaires et de s’engager dans des démarches pluri- voire interdisciplinaires pour mieux comprendre la complexité d’un système ; (vi) de co-construire des travaux de recherche avec d’autres acteurs, détenteurs de savoirs différents ; (vii) de s’appuyer sur les sciences participatives ; (vii) de transmettre ses connaissances et de former les générations futures, sous toutes les latitudes, pour construire le monde de demain ; (viii) de renforcer la communication scientifique pour renforcer son appropriation par les politiques.

18Comme nous l’avons vu à travers plusieurs exemples, conscients des enjeux pour la planète et les sociétés, depuis plusieurs dizaines d’années, de nombreux chercheurs alertent, agissent et participent à la diffusion des connaissances auprès de publics variés. Cependant, on peut s’interroger sur l’influence de la communication scientifique sur la décision politique, étant donné l’augmentation des émissions des gaz à effet de serre, l’augmentation des températures, la perte de biodiversité, l’exacerbation de phénomènes extrêmes mesurés, et de plus en plus vécus dans certaines régions de la planète, qui continuent à être confirmés dans les derniers rapports du Giec et de l’IPBES [3], qui sont par ailleurs chacun accompagnés d’un résumé à l’intention des décideurs.

19Il semble justement intéressant de reprendre l’exemple de la convention sur le climat pour montrer la prise en considération progressive de la voix des scientifiques dans la décision politique. L’exemple de l’accord de Paris sur le climat (2015) est emblématique à plusieurs égards. En effet, il mentionne à de nombreuses reprises et dès le préambule, paragraphe 4, qu’une « riposte efficace et progressive à la menace pressentie des changements climatiques […] doit se fonder sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles ». Reste cependant à préciser ce qui est attendu, la recherche n’étant pas une simple pourvoyeuse de données – la question des données soulevant quant à elles d’autres questions (collecte, production, stockage, suivi, analyse, etc.). Par ailleurs, l’objectif de réduire le réchauffement climatique à +2 oC s’inscrit dans la perspective plus globale de développement durable et est le fait d’un choix politique, aucun des scénarios du Giec ne précisant une limite à +2 oC et encore moins à +1,5 oC, décision politique ayant d’ailleurs fait l’objet de diverses réactions du côté des chercheurs. De plus, telle que présentée dans l’accord de Paris, la question du climat est désormais considérée en interaction avec d’autres dimensions environnementales comme la biodiversité, les océans, les forêts, etc., la dimension sociale via la prise en considération des minorités, des peuples autochtones, des populations les plus vulnérables et la dimension économique à travers différents types d’outils financiers les mieux adaptés. La demande formulée aux scientifiques de réaliser des rapports spéciaux spécifiques, ouvrant sur des approches plus globales associant les changements climatiques à la vulnérabilité de différents milieux, est l’expression de l’intérêt porté par les politiques aux résultats produits par le groupe d’experts scientifiques, le Giec, et leur prise en considération de l’importance des enjeux dans un contexte de changement global. Les scientifiques deviennent par là même des acteurs de la diplomatie scientifique. Outre les contributions au sein des instances de négociations internationales, le faire valoir des scientifiques se décline aussi à travers les projets internationaux, les échanges bilatéraux ou encore les mobilités internationales. La diplomatie scientifique ne pourrait-elle pas alors être envisagée au croisement de certaines formes de communication scientifique et de communication politique ?

20Pour conclure, la question de l’appropriation dans les politiques nationales de ces enjeux globaux reste posée et se cristallise à travers une grande diversité d’initiatives individuelles et collectives, des manifestations sociales à tous les niveaux de la société. Il s’agit alors de s’interroger sur les différentes formes de communication scientifique et d’en imaginer de nouvelles pour répondre à l’ampleur des enjeux pour demain. Cela permettrait aussi de mieux former les chercheurs dans leur pratique communicante qui peut prendre la forme d’un acte politique à travers l’engagement qui est le leur dans leur prise de parole sur un sujet d’intérêt commun. Cela nous conduit à nous interroger sur l’émergence d’une science publique, qui serait fondée sur l’association de la communication scientifique et de la communication politique et qui pourrait être l’expression d’interventions dans l’espace public au nom de l’intérêt général. Sous quelles formes cette science publique permettrait-elle d’accélérer le changement pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable et co-construire un avenir équitable, viable, soutenable et aimable ?

Notes

  • [1]
  • [2]
    Voir également dans le même ouvrage issu de rencontres de Cerisy l’article de Ténière-Buchot, 2001. Il distingue trois cas d’experts : les « vénaux », les « légaux » et les « domestiques ».
  • [3]
    Voir par exemple les rapports spéciaux du Giec sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5o C (SR15) (2018) ; sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire, et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres (SRCCL) (2019) ; sur l’océan, la cryosphère et les changements climatiques (SROCC) (2019) ; rapports de l’IPBES sur l’évaluation de la dégradation et restauration des sols (2018) ; sur l’évaluation régionale de la biodiversité et des services écosystémiques (2018).
Français

Les scientifiques jouent un rôle essentiel pour comprendre la complexité des dynamiques des sociétés et de leurs environnements dans un contexte de changement global. Transmettre les connaissances acquises et en produire de nouvelles pour éclairer les décideurs, gestionnaires, techniciens et autres acteurs de la société est l’un des enjeux pour un monde durable. Il s’agit par conséquent de s’interroger sur la façon dont les scientifiques communiquent et dont les politiques s’emparent des connaissances acquises et à venir à partir d’exemples liés aux questions climatiques et aux objectifs de développement durable.

  • communication scientifique
  • communication politique
  • développement durable
  • COP Climat

Références bibliographiques

  • Barbault R., Cornet, A., Jouzel, J., Mégie, G., Sachs, I. et Weber, J., Sommet mondial du développement durable, 2002, Quels enjeux ? Quelle contribution des scientifiques ?, Paris, ministère des Affaires étrangères/ADPF, 2002.
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  • En ligneEuzen A., Eymard, L. et Gaill, F. (dir.), Le Développement durable à découvert, Paris, CNRS éditions, 2013.
  • Euzen A., Laville, B. et Thiébault, S. (dir.), L’Adaptation au changement climatique. Une question de sociétés, Paris, CNRS éditions, 2017.
  • GSDR The Future is Now : Science for Achieving Sustainable Development, New York, Nations unies, 2019. En ligne sur : <sustainabledevelopment.un.org/gsdr2019>, page consultée le 15/10/2019.
  • Hatchuel A., « Agir public et conception collective : l’expertise comme processus démocratique », in Goux-Baudiment, F., Heurgon, E. et Landrieu, J., Expertise, débat public : vers une intelligence collective, La Tour d’Aigues, éditions de l’Aube, 2001, p. 15-38.
  • IHEST La Science et le débat public, Arles/Paris, Actes Sud/IHEST, 2012.
  • Laville B., Thiébault, S. et Euzen, A. (dir.), Quelles solutions face au changement climatique ?, Paris, CNRS éditions, 2015.
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  • Sachs I., L’Écodéveloppement, stratégie pour le xxie siècle, Paris, Syros, 1997.
  • En ligneSteffen W., Broadgate, W., Deutsch, L., Gaffney, O. et Ludwig, C., « The Trajectory of the Anthropocene : The Great Acceleration », The Anthropocene Review, 2015, p. 1-18. DOI : 10.1177/2053019614564785
  • Ténière-Buchot, P.-F., « La norme : de quel droit ? Pour qui ? Pour combien de temps ? », in Goux-Baudiment, F., Heurgon, E. et Landrieu, J., Expertise, débat public : vers une intelligence collective, La Tour d’Aigues, éditions de l’Aube, 2001, p. 223-228.
  • Unicef-OMS, Progress on Drinking Water and Sanitation, New York/Genève, Unicef/OMS, 2013. En ligne sur : <apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/81245/9789241505390_eng.pdf;jsessionid=CEB6B574FDBF96E704FD8D7097AEED25?sequence=1>, page consultée le 15/10/2019.
Agathe Euzen
Agathe Euzen, directrice de recherche au CNRS au LATTS, développe des travaux en anthropologie et sciences de l’environnement dans le domaine de l’eau et de l’environnement. En tant que directrice adjointe scientifique à l’Institut écologie et environnement du CNRS, elle est en charge du développement durable.
Mis en ligne sur Cairn.info le 28/11/2019
https://doi.org/10.3917/herm.085.0132
Pour citer cet article
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