CAIRN.INFO : Matières à réflexion
linkThis article is available in English on Cairn International

1Dans son introduction au colloque de Cerisy-la-Salle consacré au « Stéréotype », Pierre Barbéris déclarait, à propos de ce « quelque chose » qui est toujours impliqué par le langage même : « Stéréo, cliché, formule, phrase toute faite, scie, rengaine : il faudra peut-être distinguer et différencier » (1994, p. 9) – et d’abord définir, ajouterons-nous. Mais définira-t-on ce quelque chose, sans cesse en mouvement, dans sa singularité réelle ou supposée, ou bien en liaison avec les termes et expressions auxquels il est communément apparenté : préjugé, idée reçue, lieu commun, poncif, opinion toute faite, convention, convenu ? Autre question : appréhendé avec sa nombreuse famille ou sans famille, le stéréotype a fait l’objet de critiques qui ont trouvé à s’inscrire dans différents cadres disciplinaires, des lettres aux sciences humaines et sociales ; l’un d’entre eux – linguistique, psychologie sociale, sociologie – doit-il être privilégié ? Quel que soit le lieu où il est repéré, qu’il s’agisse d’un milieu social ou de la « chose littéraire », on s’est longtemps appliqué à le dénoncer, à le débusquer, à le traquer ; on en reconnaît aujourd’hui – encore assez inégalement – les aspects positifs. Du stéréotype il existe, en effet, des versions différentes, une pléiade de variantes, de sensibles variations dans l’interprétation qu’on en a donnée. Du point de vue de la communication, c’est la transversalité même de ce mélange d’image, de concept et de croyance qu’il convient essentiellement de prendre en compte.

Stéréotype et opinion publique

2Illustré par « livre stéréotype », l’adjectif « stéréotype » fait son apparition comme substantif masculin dans le Dictionnaire universel de la langue française de Boiste, où il est défini (édition de 1835, revue par C. Nodier) : « Type, forme solide ». Un siècle plus tard, Walter Lippmann – futur collaborateur du New York Herald Tribune (1932-1966) et grand défenseur du libéralisme – l’introduit dans son étude de l’opinion publique : Public opinion (1922). « Stéréotype » donne son titre à la troisième partie de ce livre dont le premier chapitre renferme le fameux passage : « We are told about the world before we see it. We imagine most things before we experiment them. And those preconceptions […] govern deeply whole process of perception ». Le deuxième chapitre, « Stereotype as Defense », en précise la nature et la fonction : « Its hallmark is that it precedes the use of reason ; is a form of perception, imposes a certain character on the data of our senses before the data reach the intelligence […] It stamps itself upon the evidence in the very act of securing the evidence ». Tout au long de ces développements, précédés de considérations sur « The world outside and the pictures in our heads », et qui s’achèvent sur la détection du stéréotype (chap. 5), W. Lippmann attribue à ce dernier quatre caractères qu’il illustre au moyen d’exemples empruntés à la vie politique de son temps : l’excessive simplification, la fréquente inexactitude, l’acquisition de seconde main et non l’expérience directe, la résistance au changement.

3Aux États-Unis, l’analyse du stéréotype a donné lieu à des études comportant des vérifications expérimentales – dont celle de D. Katz et K. Braly, Racial Stereotypes of One Hundred College Students (1933) est souvent citée comme pionnière ; elle a été suivie de Racial Prejudice and Racial Stereotypes (1935) des mêmes auteurs, puis d’une autre de D. Katz et H. Cantril en 1940 sur les attitudes devant le fascisme et le communisme. Parmi ces études, celle de R. Stagner (1940) qui analyse précisément le phénomène de stéréotypie est à signaler. La différenciation de l’in-group et de l’out-group, et des sentiments qui s’y rattachent, y occupe une place importante ; elle est reprise du grand livre sur la tradition, les coutumes et les mœurs de G.W. Sumner (Folkways, 1906) qui, le premier, l’a formalisée et forgé le concept d’« ethnocentrisme ». En France, ces différents travaux ont été intégrés dans la thèse de J. Stoetzel, Théorie des opinions (1943), où les « images dans notre tête » sont longuement commentées. Celui qui venait de fonder l’Ifop (en 1938) y souligne la puissance des stéréotypes : ils sont la signification elle-même, la valeur rendue sensible, de l’immédiatement communicable – « l’essence de l’opinion publique » (Ibid., p. 199). Suscitant une impression d’universalité des normes reconnues par le corps social, les formules stéréotypées sont en parfaite concordance avec le consensus général qu’est l’opinion publique ; elles ne souffrent pas d’être discutées. De nature plus affective que rationnelle, le stéréotype appelle deux réactions possibles : soit l’adhésion totale, soit le rejet en bloc.

4La distinction de l’opinion privée et de l’opinion publique est centrale chez Stoetzel, de même que ce qui relève de la personne d’une part, de la société de l’autre. « Les stéréotypes, écrit-il (Ibid., p. 200), nous renvoient au socius. La pensée des opinions doit être cherchée dans des attitudes profondes. » La conjonction de ces registres – sociologique et psychologique – était au même moment entreprise : de 1942 date le lancement d’un programme d’études sur les préjugés (Studies in Prejudices) et sur les origines de l’antisémitisme. Il était porté par l’Institut für Sozialforschung, transféré de Francfort aux États-Unis, et confié à une équipe de chercheurs comprenant notamment, côté allemand, outre M. Horkheimer et Th. Adorno, B. Bettelheim, E. Frenkel-Brunswick, M Jahoda, M. Janowitz, D.J. Levinson, L. Löwenthal, et côté américain P. Lazarsfeld. On sait ce qui résulta de l’enquête conduite auprès d’une population de 2 000 personnes : la mise en évidence, chez une fraction des sujets interrogés, d’une pensée stéréotypée et rigide. Ces conclusions furent exposées dans The Authoritarian Personality (Th. Adorno et al., 1950). Dans son cours professé en 1950-1951, « Les relations avec autrui chez l’enfant », M. Merleau-Ponty (1997, t.1, p. 152) s’est référé aux « recherches curieuses » de Mme Frenkel-Brunswick sur l’intolérance de l’ambiguïté. Ce qu’il en retient et reproduit sur la « rigidité psychologique » comme formation réactionnelle, l’échec du passage de l’ambivalence à l’ambiguïté, la résistance au remaniement de montages antérieurs, la propension à la dichotomisation – idéalisation du milieu familial, diabolisation du monde extérieur – concerne essentiellement le fonctionnement de la pensée stéréotypée.

5Dix ans plus tard, M. Jahoda examinait, dans le droit fil de la perspective ouverte par La Personnalité autoritaire, « La formation psychologique du préjugé racial ». Dans sa contribution au volume intitulé Le Racisme devant la science réalisé sous l’égide de l’Unesco en 1960, elle pose que l’hostilité raciale procède de « mobiles psychologiques ». De ces généralisations abusives et jugements préconçus (qui) « risquent de se figer en stéréotypes rigides, imperméables à la réalité, même au contact des faits », elle se propose de donner une interprétation psychanalytique. Pour elle, les stéréotypes concernant les Noirs et les Juifs trouvent leur origine dans des conflits névrotiques ; ils sont à rapporter à l’incertitude quant à l’identité du Moi, à un sentiment d’insécurité, aux vicissitudes des relations parentales. « Incarné dans un type particulier de personnalité : l’autoritaire », le préjugé racial est déclaré « inévitable ». On connaît la conclusion de ce texte devenu pour longtemps une référence classique dans les sciences sociales : « Le besoin psychologique qui est à l’origine de l’hostilité raciale est effectivement universel et subsistera en nous pour tout l’avenir possible. Il y a même lieu de croire que la tendance moderne à la suppression des castes et à la démocratisation de la vie publique aggrave chez l’individu le conflit relatif à l’identité personnelle » (Jahoda, 1965).

L’objet d’étude de la psychologie sociale

6On relèvera le rapport de quasi-équivalence précédemment instauré entre le préjugé et le stéréotype. Une distinction est cependant esquissée en psychologie sociale, par exemple par D. Krech et R.S. Crutchfield (1948 ; tr. fr., 1952). Dans le chapitre traitant des croyances et des attitudes, les « superstitions, illusions, préjugés, stéréotypes » sont donnés à voir comme des comportements de la pensée imperméable à la logique. Jugement prématuré, le préjugé est dans le processus cognitif ce qui fait considérer les êtres et les choses sous un jour favorable ou défavorable. Le stéréotype quant à lui manifeste la tendance d’une croyance donnée, d’une part à se généraliser dans une société, d’autre part à « se simplifier à l’extrême dans son contenu » au point de ne plus correspondre aux faits objectifs (1952, p. 224-226). On notera aussi que l’interrogation sur les stéréotypes a croisé de bonne heure celle suscitée par le racisme ; c’est dans les stéréotypes raciaux qu’elle a d’emblée trouvé son domaine d’investigation privilégié ; l’ouvrage collectif Les Français et le racisme (1965), où P.H. Maucorps différencie nettement stéréotype et préjugé, le montre bien. Est-il question de la notion de rôle en psychologie sociale ? A.-M. Rocheblave-Spenlé (1962) convoque (p. 188-189, p. 289, p. 324) les stéréotypes raciaux qui lui sont attachés. Ces derniers n’ont pourtant pas seuls mobilisés l’attention. En témoignent des travaux, tombés dans l’oubli, sur les stéréotypes nationaux (Gadoffre, 1951), professionnels (Cambon et Léon, 1963), les stéréotypes des rôles masculins et féminins qu’A.-M. Rocheblave-Spenlé (1964) s’est employée à identifier.

7Au cours des trois décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, le cadre d’analyse de ce qui est alors globalement tenu pour une croyance partagée associée au concept dévoyé de classification est bien en place. Aux États-Unis, il doit en grande partie la solidité de son assise théorique aux travaux de B. Bettelheim et de M. Janowitz (1950). Il la doit plus encore aux études que renferme The Nature of Prejudice (1954, éd. abrégée, 1958) de G.W. Allport, sur les relations intercommunautaires, la discrimination, le stéréotype. Sans doute des remarques critiques ont-elles été déjà faites par S.E. Asch (Social Psychology, 1952), qui ouvrent la voie à un réexamen : le stéréotype généralise et simplifie, certes, mais généralisation et simplification ne sont-elles pas les conditions de la cognition ? Ne joue-t-il pas aussi un rôle positif dans la perception ? Ne permet-il pas l’anticipation des réactions dans les échanges publics et privés ? Le stéréotype n’en reste pas moins chargé d’attributs négatifs. L’article que lui consacre J. Harding dans l’Encyclopaedia of Social Sciences en 1968 le confirme : ce sont les caractéristiques énumérées par Lippmann qui sont intégralement reprises. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que Tessa Perkins (1979) s’emploiera à démontrer que les stéréotypes « are not always negative, not always false, not rigid or unchanging ».

8En France, ce nouvel objet d’étude a tardé à s’acculturer, notamment dans le principal domaine des sciences sociales qu’est la sociologie. Pour A. Cuvillier (Manuel de sociologie, 1e éd., 1950), le stéréotype fait partie de ces idées, croyances, souvenirs communs, des façons de se représenter l’univers, et plus particulièrement le monde humain, « qui s’interposent comme un prisme entre l’homme et sa vision des choses et des êtres » (t.1, p. 209). L’importance des « images dans notre tête » est soulignée – l’étude scientifique des opinions l’a mise en évidence –, tout comme la richesse de l’apport de la sociologie américaine sur cette question. Fait remarquable, Cuvillier range son propos –dont Lippmann et Stoetzel lui fournissent toute la matière – sous l’intitulé « Représentations collectives ». En bon durkheimien, il rappelle l’importance dans « la vie sociale tout entière des actes traditionnels, des rites, des coutumes, etc., qui sont, eux aussi, des stéréotypes, des gestes, en quelque sorte, clichés » (p. 210). Le premier dictionnaire de sociologie paru en France, en 1961, traduction du Dicionario de Sociologia (1950) d’Emilio Willems, définit identiquement le stéréotype : « Représentation collective, généralement prise sous son expression verbale et constituée par l’image simplifiée d’individus, d’institutions ou de groupes » (p. 239).

9Comme tel, c’est-à-dire représentation sociale, le stéréotype a trouvé dans la psychologie sociale sa discipline d’élection. Il n’apparaît, non plus que « représentation collective », ni dans la table ni dans l’index des principaux dictionnaires de sociologie. Durkheim (1898) s’est pourtant fortement intéressé à ces « productions mentales et sociales ». On peut dire que, publié dans les Cahiers internationaux de sociologie, l’article de R. Avigdor (1953) sur la genèse des stéréotypes fait figure d’exception. Absente de la première édition (1968-1973) de l’Encyclopaedia Universalis, l’entrée « Stéréotypes sociaux » est créée en 1985. Un long article, signé X. Roze, examine en détail cette forme d’expression qu’est le stéréotype : en opposant, suivant Maucorps, sa rigidité, son caractère pétrifié, son refus de toute critique, à la plasticité du préjugé ouvert à la contestation ; en le rapportant, à l’instar de J. Gabel, à la « fausse conscience » ; en l’analysant successivement, comme l’ont fait Adorno et son équipe, sur le plan de la psychologie individuelle, du groupe et de la société globale. Cette grille de lecture n’est pas obsolète. Elle s’applique à toutes sortes de situations, anciennes ou récentes, comme celles présentées dans la trentième livraison de la revue Hermès, « Stéréotypes dans les relations Nord-Sud » (sous la dir. de G. Boëtsch et C. Villain-Gandossi, 2001).

10Les deux dernières décennies du xxe siècle ont été marquées par un réexamen de ce phénomène de répétition, phénomène jusqu’alors frappé au coin d’une certaine pathologie. En psychologie sociale, le stéréotype a été intégré dans la théorie des représentations sociales élaborée par S. Moscovici. Avec D. Jodelet (1989), il prend place parmi ces produits et mécanismes mentaux propres à la pensée de sens commun. Conjointement pris en compte, processus et contenus sont analysés aux différents niveaux, modes et supports de la communication. Il est ainsi, par exemple, précisé que « Dans le cas où intervient la communication médiatique, les effets recherchés sur l’audience vont contribuer de manière différentielle à l’édification des conduites : la diffusion induisant des opinions, la propagation des attitudes et la propagande des stéréotypes » (Jodelet, 2006, p. 1004). Une autre orientation a été tracée par J.-P. Leyens et V. Yzerbyt (1996), à partir de la psychologie expérimentale. En privilégiant la dimension psychosociale du concept de catégorisation, ils ont mis en lumière le rapport existant entre stéréotypes sociaux et cognition sociale. Dans les études littéraires, la linguistique, et singulièrement la sémiologie, la réévaluation du stéréotype a été plus nette encore. On doit à R. Amossy d’en avoir, la première, rendu compte (1989), et surtout, d’y avoir, seule (1991) ou en collaboration (1982 ; 1985 ; 1997) substantiellement contribué.

Le décri d’une constellation sémantique

11S’il est vrai, comme le soutient pertinemment R. Amossy (1989), que le stéréotype « se trouve au centre d’une constellation qui relie l’idée reçue, la doxa ou l’énoncé doxique, le lieu commun au sens moderne du terme et l’idéologie » (p. 36), on est conduit à s’interroger sur les principaux termes qui gravitent autour du stéréotype. Pourquoi ont-ils été dépréciés et ce qu’ils désignent discrédité ? Comment en est-on venu à leur reconnaître une positivité, et, finalement, à « normaliser » le rôle du stéréotype dans la sphère de la communication ? Le préjugé, communément regardé comme lui étant le plus proche, est une opinion hâtive, préconçue, positive ou négative que l’on se fait sur quelqu’un ou quelque chose ; il est souvent imposé par le milieu, l’époque, l’éducation. Tel quel, c’est-à-dire établi sur des bases sommaires d’appréciation, il reste dans sa trivialité assimilé à un jugement infondé. Le stéréotype, lui, a un statut « scientifique » reconnu dans les sciences humaines et sociales, en littérature aussi où il prend place dans l’héritage rhétorique du lieu commun. Il est dès l’origine revêtu des signes de la scientificité, issu qu’il est d’une technique de reproduction dans l’imprimerie. Le synonyme qu’en donne le Trésor de la langue française (TLF) est le cliché, reproduction à l’identique – et non le préjugé. P. Larousse, dans son Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, note que l’emploi du mot « cliché », « sorti de l’atelier typographique […] est admis dans le domaine des lettres » (art. « Cliché », vol. 4, 1868). L’Encyclopédie Berthelot (vol. 11, 1899) renvoie cependant toujours « Stéréotypie (tech) » à « Clichage (Gravure et typographie) », en ignorant le sens figuré. On notera que l’Encyclopædia Britannica, en 1966 (vol. 21), l’ignore encore et ne retient que « Stereotyping » : technique « in printing ».

12De même que le TLF, le dictionnaire des Procédés littéraires de B. Dupriez (1984) attribue au cliché, « idée ou expression trop souvent utilisée », un sens analogue à celui qu’a stéréotype, syntagme figé. Ce terme désigne à la fois la banalité de l’expression et celle de l’idée, la banalité de l’idée étant le plus souvent appelée lieu commun, « ce qui est un sens élargi de ce synonyme de topique » (p. 117-119). L’un et l’autre de ces deux vocables appartiennent au vocabulaire de la rhétorique. Catégories formelles de l’argumentation, les lieux sont dits communs lorsqu’ils s’appliquent aux différents genres de discours, par opposition à ceux qui sont propres à chacun d’eux. Ces topiques, repris d’Aristote par la rhétorique latine, ont acquis une nouvelle fonction au Moyen Âge, en devenant le dénominateur commun de la littérature, dénominateur décliné en clichés étendus à tous les domaines de la vie. Les variations ont été infinies autour de ces modèles acceptés de pensée et d’expression. Elles ont été au xixe siècle frappées de discrédit, parce que l’on ne voyait plus en elles que la banalité de propos ressassés. Une offensive a alors été déclenchée contre la doxa englobant opinions et modèles admis comme normaux, les lieux communs, stéréotypes et idées reçues qui s’agrègent dans le discours doxique.

13Le nom de cette constellation, qui intègre aussi la poncivité – « ce qui est fait de lieux communs », de poncifs (TLF) – est Rhétorique. Parmi les antiques bâtiments de celle-ci, « la topique, écrit E.R. Curtius (1956), constitue le magasin ; on y trouve les idées les plus générales, celles que l’on pouvait utiliser dans tous les discours ». La mise en question des lieux communs, la critique de la méthode des lieux – les loci argumentorum – le rejet de tout formalisme, ont été suivis, dans l’Europe classique, d’une recomposition du champ de la connaissance. L’usage de ces « ornements » du discours est devenu le signe d’une ignorance de la science. Critique de la copia, éloge de la simplicité analytique, nouvelle conception de la vérité, de la vraisemblance, de la probabilité ont cumulé leurs effets : l’art (oratoire) l’a cédé à la « nature », « la stratégie de la persuasion (a) fait place à une stratégie de la connaissance » (G. Declerq, 1999). Au xviiie siècle, la rhétorique apparaît à Rousseau « chose très superflue ». À la condition d’être réformée, elle est conçue par d’Alembert comme science de la communication des idées. Déjà, Locke la voulait philosophique, érudite, dégagée de l’art oratoire. Il était en tout cas entendu que la puissance de la pensée devait primer l’élégance de la parole.

14A. Compagnon (1999) a parfaitement démêlé ce qui est en jeu dans l’éclipse de la culture rhétorique, particulièrement sensible à la fin du xixe siècle : littéraire, élitiste, privilégiant la notion de goût chère à l’honnête homme, elle est en rupture avec la culture scientifique, démocratique, ordonnée à un accroissement des connaissances qui doit être à l’avantage de toute la collectivité. Elle fait figure de survivance de l’Ancien Régime. Avec elle perdure cette fâcheuse habitude d’être indifférent à la vérité des choses – que l’on ne se donne pas la peine d’examiner – pour seulement admirer leur beauté. On s’emploiera donc à affranchir de la rhétorique ce qui est encore enseigné sous le nom d’« humanités ». Dans L’évolution pédagogique en France (posth., 1938), E. Durkheim a enregistré ce changement. Mais ce sont d’abord les hérauts du romantisme qui ont sonné la charge et récusé ce que charrie la rhétorique : les idées toutes faites, les expressions convenues, la platitude des lieux communs, toute une matière usée et rebattue. Le refus de la banalité, le culte de l’originalité, la recherche du rare sont contemporains de ce rejet.

De la dépréciation à la revalorisation

15Trois auteurs sont classiquement appelés à témoigner à charge contre les idées reçues, les clichés, les lieux communs : G. Flaubert (Dictionnaire des idées reçues, posth., 1881), R. de Gourmont (Esthétique de la langue française, 1899 ; La culture des idées, 1900), L. Bloy (L’exégèse des lieux communs, 1902-1913). Leur critique trouve son prolongement dans celle qu’en a ironiquement faite A. Breton dans le Manifeste du surréalisme (1924) et, plus tard, avec la résolution prise par N. Sarraute de débarrasser l’écriture de « sa gangue d’idées préconçues et d’images toutes faites » (L’ère du soupçon, 1956). Le stéréotype, en ce qui le concerne, n’a pas bonne réputation. En histoire et historiographie, H.-I. Marrou estime que, « manié sans précaution », l’Idealtypus conceptualisé par M. Weber tend à n’être plus qu’« un stéréotype, un préjugé, l’idée toute faite qui s’interpose entre l’esprit et le réel » (1962, p. 164-165). Des paroles répétées de façon mécanique lui donnent, en psychopathologie, son contenu. En stylistique, il est défini comme une unité insécable réemployée avec une fréquence anormale. Mais c’est en « sémiologie littéraire » que le stéréotype est le plus fortement stigmatisé : « c’est le mot répété, hors de toute magie, de tout enthousiasme, comme s’il était naturel […] : mot sans-gêne qui prétend à la consistance et ignore sa propre insistance » (R. Barthes, Le Plaisir du texte, 1973, p. 69).

16La dénonciation par R. Barthes de la « grégarité de la répétition » se fait plus vive encore dans sa Leçon inaugurale au Collège de France le 7 janvier 1977 : « Le signe est suiviste, grégaire ; en chaque signe dort ce monstre : un stéréotype : je ne puis jamais parler qu’en ramassant ce qui traîne dans la langue » (1978, p. 15). De ce texte, on a retenu l’hostilité au « discours qui prend », la nécessité de sauver la littérature de la parole grégaire, la célébration des « expédients verbaux » et des « utopies de langage » dont l’invention commence avec Mallarmé. On n’oubliera pas la tâche que son auteur a primitivement assignée à la sémiologie : il est, en effet, encore question du stéréotype à l’occasion de cette évocation plus avant dans la Leçon. Cette science des signes lui semblait pouvoir activer la critique sociale : « Il s’agissait en somme, écrit-il (p. 32), de comprendre (ou de décrire) comment une société produit des stéréotypes, c’est-à-dire des combles d’artifices, qu’elle consomme ensuite comme des sens innés, c’est-à-dire des combles de nature ». Sartre, Brecht et Saussure pouvaient, d’après lui, « se rejoindre dans ce projet ». Cette critique savante est, somme toute, congruente avec la représentation stéréotypée du stéréotype – au mieux naïf et simpliste, au pire néfaste et nocif – que l’on se forme communément. Mais elle n’était pas exclusive d’un autre regard porté sur un phénomène « digne d’intérêt, écrit F. de Chalonge (2002), par la place qu’il occupe dans la sphère du sens commun ». Support de formations idéologiques, socialement instituant, polarisant les discours, le stéréotype, poursuit-elle, joue un rôle important dans la production du sens partagé. En fait, sa réévaluation est indissociable de la reconnaissance de la dimension topologique du langage. C’est ce qu’A. Compagnon a montré dans les pages qu’il a consacrées à « La réhabilitation de la rhétorique » (1999).

17Quelques jalons peuvent être posés dans ce procès en révision. En 1941 paraissait l’édition définitive des Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres. J. Paulhan s’y élève contre ceux qui, depuis les romantiques jusqu’aux surréalistes, ont l’obsession de l’originalité, la haine du verbalisme, des lieux communs, des clichés, et pour hantise la pure transparence de la pensée. En publiant en 1913 Les Hain-Tenys merinas (1913), poèmes populaires malgaches en prise sur de vieux proverbes, il avait montré que les formules les plus usées sont susceptibles de renaître avec une nouvelle fraîcheur. En 1958, C. Perelman et L. Obrechts-Tyteca publiaient les deux volumes de leur Traité de l’argumentation – surtitré La Nouvelle rhétorique. Il y est question (t. 1, § 40) de la forme du discours et singulièrement (p. 222-223) du cliché. La « formule clichée », pourchassée depuis le romantisme dans notre culture avide d’originalité, permet d’entrer « en communion » avec l’auditoire. « Le cliché est à la fois fond et forme. C’est un objet d’accord qui s’exprime régulièrement d’une certaine manière, une formule stéréotypée qui se répète ». On ajoutera, avec B. Dupriez (1984, p. 118), que le cliché permet d’étoffer la pensée, ce qui explique sa prolifération dans la parole publique. Aussi bien est-il pertinemment qualifié, dans le TLF, de « supersigne qui joue un grand rôle dans la communication » : il est aussi commode à utiliser par l’émetteur que facile à comprendre par le récepteur. Avec M. McLuhan, il cesse d’être réduit à un phénomène d’usure sémantique. From Cliché to Archetype (1970) montre qu’une fois l’attention attirée sur lui, un cliché ordinaire retrouve un regain d’énergie par réactivation de sa signification ancienne, et que, « resensibilisé », « revitalisé », « revigoré », il se présente à la conscience sous forme d’archétype : « Marshall McLuhan ou la réversibilité positive du cliché » (Rieusset-Lemarié, 1994).

18Réexaminées, les catégories rhétoriques qui auront, en définitive, bien survécu à leur proscription ont été finalement réhabilitées. Cette opération ne s’est pas limitée à la littérature : nombreux sont les travaux, observe M. Fumaroli, qui montrent que « la description par la rhétorique classique de figures de pensée n’est pas réservée aux seuls textes littéraires : elle rend compte de la manière de parler et de connaître commune et naturelle à tous les hommes » (1999, p. 1286). Ladite opération a pris place dans un Rhetorical turn au cours duquel ce qu’A. Compagnon appelle une « rhétoricité » générale a succédé à une rhétorique instituée. Il faut redire ici la part que C. Perelman y a prise, sur fond de mise en question de la rationalité cartésienne et de l’objectivité « scientifique ». En fait, la plupart des choses à propos desquelles on délibère sont contingentes, probables, plausibles et les démonstrations fondées sur des prémisses classées et bien identifiées sont souvent impossibles (Compagon, 1999, p. 1278). Le regain de faveur dont la rhétorique a bénéficié doit également être mis en relation avec les modernes théories de la lecture qui ont fait voir le rôle essentiel joué par les phénomènes de stéréotypie. Leur réévaluation est effectivement issue d’une réflexion sur la lecture informée par l’esthétique de la réception (Dufays, 1994). On notera, avec A. Boissinot (2002), que dans la topologie renouvelant l’étude du lieu commun, « commun » est désormais entendu comme renvoyant à une représentation commune à l’émetteur et au récepteur.

Sous le signe de la communication

19On connaît les antiphrases de Baudelaire sur les poncifs et lieux communs : « Créer un poncif, c’est le génie. Je dois créer un poncif » (Fusées, Pléiade, O.C. I, p. 662). « Grand style (rien de plus beau que le lieu commun) » (Hygiène, p. 670). Rendant compte de Madame Bovary, il fait du « lieu commun » « le lieu de rencontre de la foule, le rendez-vous public de l’éloquence » (O.C. II, p. 79). Au Salon de 1859, alors qu’il pensait faire une promenade dans « une forêt d’originalités », il ne rencontre que « platitudes » et « niaiseries léchées » : « on ne s’étonnera pas, commente-t-il, que la banalité dans la peinture ait engendré le lieu commun dans l’écrivain. D’ailleurs vous n’y perdez rien, car existe-t-il […] quelque chose de plus charmant, de plus fertile et d’une nature plus positivement excitante que le lieu commun » (O.C. II, p. 609). Sur celui-ci, sur les poncifs, sur ce qu’Alphonse Daudet appelait des « dessus de pendule », nombreux sont ceux qui se sont acharnés au xixe siècle. F. Brunetière a été le seul à oser donner une « Théorie du lieu commun » (1881). La publication du Dictionnaire des lieux communs de L. Rigaud (Ollendorf, 1881) lui en a fourni l’occasion. Après l’apologie de « ces phrases, périphrases, métaphores ou aphorismes tout faits, stéréotypés pour ainsi dire […] dont tout le monde peut jouir, mais dont personne cependant n’a le droit de revendiquer la propriété », il passe à celle de la banalité, pour affirmer que l’on n’a ni à railler ni à mépriser le lieu commun. « Ne se pourrait-il pas qu’il fût la substance même de l’art de parler et d’écrire », mieux : la condition même de l’invention en littérature. Inventer en ce domaine, c’est renouveler le lieu commun et se l’approprier. « La grande originalité, ce n’est pas de tirer quelque chose de sa propre substance, mais bien de mettre aux choses communes sa propre marque individuelle » (1881, p. 456).

20Condamnation, célébration : ces réactions antinomiques invitent à faire retour sur l’« objet » principalement en cause : le stéréotype. Pour les uns c’est un schème connu d’avance, mais toujours variable dans sa formulation – ce qui le distingue du cliché entendu comme figure de style usé. Pour d’autres, le stéréotype, comme produit fini ou soumis à de nouvelles élaborations importe moins que le fonctionnement de la pensée stéréotypée qui l’engendre. Telles études le singulariseront en mettant l’accent sur ses trois caractères : descriptif, normatif, prescriptif ; telles autres en l’appréhendant dans une optique particulière, notamment sociologique, sémiologique, idéologique. Selon R. Amossy, s’efforçant de spécifier chacune de ces appellations mal contrôlées – présupposition, idée reçue, lieu commun, stéréotype –, il convient d’opposer « l’idée reçue, qui participe du doxique, au présupposé et au lieu commun qui n’en relèvent pas directement. Le stéréotype qui est nécessairement prélevé sur la doxa d’époque s’apparente, de ce point de vue, à l’idée reçue » (1994, p. 53).

21En sciences sociales, le stéréotype serait un « concept fort », intégré, comme tous les concepts, à un système de sélection, de cognition et d’organisation. Stigmatisé, il est néanmoins nécessaire à la vie sociale comme à toute entreprise de cognition ; péjorativement connoté, il reste toujours présent et actif. Plusieurs ouvrages l’ont vérifié, notamment dans les domaines du genre (Gaborit, 2003), des régulations sociales (Grandière et Molin, 2004), de la discrimination (Légal et Delouvée, 2008). Dans les études littéraires, où il est beaucoup moins étudié que le cliché, le stéréotype surgit « au point précis où la rhétorique s’articule à l’idéologie ». L’analyse de textes, écrit encore R. Amossy, montre que stéréotypes et clichés s’avèrent irremplaçables. Ainsi, « le stéréotype comme idée reçue et vérité accréditée sous-tend l’esthétique du vraisemblable dont relève le grand roman réaliste du xixe siècle » (1989, p. 42). « Il participe au tissage des œuvres modernes qui retravaillent à la fois le discours social et les modèles littéraires » (Ibid.). Toute représentation ou conceptualisation relevant, d’une façon ou d’une autre, d’une schématisation et de modes convenus de découpage, il semble, conclut-elle, que « sans stéréotype on ne puisse ni parler, ni communiquer, ni engager une interaction sociale quelconque, ni même penser » (Ibid., p. 43).

22C’est bien, au total, sous le signe de la communication qu’il faut ranger ces différents « produits » de l’esprit. Dans la critique radicale faite par R. de Gourmont du cliché en littérature, on a surtout été attentif à son ouverture : « cliché représente la matérialité de la phrase ; lieu commun, plutôt la banalité de l’idée » (1899, p. 302) et aux nombreux échantillons qui font l’objet de sa rude condamnation. On l’a moins été à sa conclusion qui intéresse la communication sociale : « Tout mot a pour envers une idée générale, ou du moins généralisée. Quand nous parlons, nous ne pouvons être compris que si nos paroles sont admises non comme les représentantes de ce que nous disons, mais de ce que les autres croient que nous disons ; nous n’échangeons que des reflets […] Proscrit de la littérature, le cliché a son emploi légitime dans tout le reste ; c’est dire que son domaine est à peu près universel » (p. 337-38). A. Gide, dans Attendu que notera en 1943 : « on ne s’entend que sur des lieux communs. Sans terrain banal, la société n’est plus possible » (cité par Boissinot, 2002, p. 332) ; il soulignait combien sont importantes, dans une société donnée, les représentations partagées.

23On l’a souvent remarqué : le bannissement, depuis le xixe siècle, des formules usées, des clichés, des stéréotypes est lui-même devenu un lieu commun. Ainsi, « le stéréotype existe essentiellement par sa récusation » (Barbéris, 1994). Son rejet n’est pas le fait de la masse : « Tout le monde y consent et tout le monde le consomme. » Sa dénonciation provient de consciences individuelles qui le visent à la fois comme contenu et mode de transmission. Il suscite des contre-stéréotypes. Mais le contre-stéréotype devient à son tour stéréotype, l’anti-rituel se ritualise. Nettoyé de ses locutions convenues, le discours social accueille de nouveaux aphorismes que gagne et gangrène la « stéréotypification ». On dira simplement, à propos de ce changement, que les anciens stéréotypes étaient plus solides et que les nouveaux sont généralement moins assurés. Rompant avec la protestation vertueuse, la bonne conscience et la « belle âme », P. Barbéris posait aussi cette question intempestive : « Ne s’acharne-t-on pas sur les stéréotypes des autres dans la crainte des siens propres ? ». Pour finir, il confessait ironiquement avoir appris « depuis quelque temps que les anti-stéréos, ça finit toujours par nourrir les conversations en ville pour néo-bouffons » (p. 228).

linkThis article is available in English on Cairn International
Français

Où ranger le stéréotype ? Et quel statut lui assigner ? Procédé de reproduction en usage dans l’imprimerie, le stéréotype est couramment entendu comme opinion toute faite mécaniquement répétée. La psychologie sociale, la sociologie, la linguistique en donnent des versions sensiblement différentes. Assorti de nombreux synonymes, au premier rang desquels figure le cliché, le stéréotype présente une série de variantes toutes placées sous le signe de la convention. Les interprétations qu’on en a données font voir des variations qui vont du rejet de tout ce qu’engendre la pensée stéréotypée à la reconnaissance d’une certaine positivité.

Mots-clés

  • stéréotype
  • psychologie sociale
  • cliché

Références bibliographiques

  • Adorno, T. (dir), Études sur la personnalité autoritaire, extrait de Adorno, T. et al., The Authoritarian Personality [1950], Paris, Allia, 2007.
  • Allport, G.W., The Nature of Prejudice, Reading, Addison-Wesley, 1954.
  • En ligneAmossy, R., « La notion de stéréotype dans la réflexion contemporaine », Littérature, n° 73, 1989, p. 29-46.
  • Amossy, R., Les Idées reçues : sémiologie du stéréotype, Paris, Nathan, 1991.
  • Amossy, R. et Rosen, E., Les Discours du cliché, Paris, Sedes, 1982.
  • Amossy, R. et Perrin-Naffakh, A.-M., Les Clichés de style en français moderne, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1985.
  • Amossy, R. et Herschberg-Pierrot, A., Stéréotypes et clichés. Langue, discours, société, Paris, Nathan, 1997 (rééd. A. Colin, 2005).
  • Aron, P., Saint-Jacques, D. et Viala, A., Le Dictionnaire du littéraire, Paris, Presses universitaires de France, 2002.
  • En ligneAsch, S.E., Social Psychology, Englewood Cliffs, Prentice-Hall, 1952.
  • Avigdor, R., « Étude expérimentale de la genèse des stéréotypes », Cahiers Internationaux de sociologie, n° 14, 1953, p. 152-168.
  • En ligneBarbéris, P., « Introduction », in Goulet, A. (dir.), Le Stéréotype, crise et transformations, Caen, Presses universitaires de Caen, 1994, p. 9-13.
  • Barthes, R., Le Plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973.
  • Barthes, R., La Leçon, Paris, Seuil, 1978.
  • Baudelaire, C., Œuvres Complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2 vol. 1975-1976.
  • Boissinot, A., « Lieu commun », in Aron, P. et al. (dir.), Le Dictionnaire du littéraire, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 331-332.
  • Bettelheim, B. et Janowitz, M., The Dynamics of Prejudice, New York, Harper and Brothers, 1950.
  • Brunetière, F., « Théorie du lieu commun », Revue des Deux Mondes, 15 juil. 1881, p. 451-462.
  • Cambon, J. et Léon, A., « Stéréotypes et conscience objective du métier chez les préadolescents », Bulletin de l’Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle, vol. 19, n° 3, 1963, p. 147-163.
  • Chalonge, F. de, « Stéréotype », in Aron, P. et al. (dir.), Le Dictionnaire du littéraire, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 565-566.
  • Compagnon, A., « La rhétorique à la fin du xixe siècle », in Fumaroli, M. (dir), Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 1215-1260
  • En ligneCompagnon, A., « La réhabilitation de la rhétorique au xxe siècle », in Fumaroli, M. (dir), Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 1261-1282.
  • Curtius, E.R., La Littérature européenne et le Moyen Âge [1948], Paris, Presses universitaires de France, 1956 [rééd. Pocket, 1991].
  • Cuvillier, A., Manuel de sociologie, t.1, Paris, Presses universitaires de France, 1950.
  • En ligneDeclercq, G., « La rhétorique classique », in Fumaroli, M. (dir), Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 629-706.
  • Devinant, A., « Stéréotype », Encyclopédie philosophique universelle, II, Les notions philosophiques, vol.2, Paris, Presses universitaires de France, 1990, p. 2456-2457.
  • Dufays, J.-L., Stéréotype et lecture – Essai sur la réception littéraire, Liège, Mardaga, 1994.
  • Dupriez, B., Les Procédés littéraires (Dictionnaire), Paris, Union générale d’éditions, 1984 (rééd., 2003).
  • Durkheim, E., « Représentations individuelles et représentations collectives » (1898), in Durkheim, E., Sociologie et philosophie, Paris, Alcan, 1924.
  • Fumaroli, M., « Postface », in Fumaroli, M. (dir), Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 1283-1296.
  • Gabel, J., La Fausse Conscience, Paris, Presses universitaires de France, 1962.
  • Gaborit, P., Les Stéréotypes de genre : identités, rôles sociaux et politiques publiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
  • Gadoffre, G., « Images nationales françaises et stéréotypes nationaux », Bulletin internationale des sciences sociales, n° 3, 1951, p. 622-630.
  • Gourmont, R. de, « Le cliché », Esthétique de la langue française, Paris, Mercure de France, p. 301-338.
  • En ligneGrandière, M. et Molib, M., Le Stéréotype, outil de régulations sociales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
  • Harding, J., « Stereotypes », International Encyclopaedia of Social Science, New York, The McMillan/The Free Press, 1968, vol. 15, p. 259-262.
  • Hermès, « Stéréotypes dans les relations Nord-Sud », dossier coordonné par G. Boëtsch et C. Villain-Gandossi, n° 30, 2001.
  • Jahoda, M., « Relations raciales et santé mentale », in Le Racisme devant la science (1960), Paris, Unesco/Gallimard, 1965, p. 493-532.
  • En ligneJodelet, D. (dir.), Les Représentations sociales (1989), Paris, Presses universitaires de France, 2003.
  • Jodelet, D., « Représentations sociales », in Mesure, S. et Savidan, P. (dir.), Le Dictionnaire des sciences humaines, Paris, Presses universitaires de France, 2006, p. 1003-1005.
  • En ligneKatz, D. et Braly, K., « Racial Stereotypes of One Hundred College Students », Journal of Abnormal and social Psychology, n° 28, 1933, p. 280-290.
  • En ligneKatz, D. et Cantril, H., « Analysis of Attitudes Toward Fascism and Communism », Journal of Abnormal and social Psychology, n° 35, 1940, p. 354-366.
  • Krech, D. et Crutchfield, R.S., Théories et problèmes de la psychologie sociale [1948], t.1, Paris, Presses universitaires de France, 1952.
  • Légal, J.-B. et Delouvée, S., Stéréotypes, préjugés et discrimination, Paris, Dunod, 2008.
  • Leyens, J.-P. et Yzerbyt, V. et Shadron, G., Stéréotypes et cognition sociale, Liège, Mardaga, 1999.
  • Lippmann, W., Public Opinion, New York, MacMillan, 1922 (rééd. Free Press, 1965).
  • McLuhan, M., Du cliché à l’archétype : la foire du sens [1970], Montréal/Paris, HMH/Mame, 1973.
  • Marrou, H.I., De la connaissance historique, Paris, Seuil, 1954 (4e éd. revue et augmentée, 1962).
  • Maucorps, P.-H., Memmi, A. et Held, J.-F., Les Français et le racisme, Paris, Payot, 1965.
  • Merleau-Ponty, M., Les Relations avec autrui chez l’enfant, Paris, CDU, 1951, repris in Parcours 1935-1951, Paris, Verdier, 1997, p. 147-229.
  • Paulhan, J., Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les Lettres, Paris, Gallimard, 1941.
  • Perelman, C. et Olbrechts-Tyteca, L., La Nouvelle rhétorique. Traité de l’argumentation, Paris, Presses universitaires de France, 1958, 2 vol.
  • Perkins, T.E., « Rethinking Stereotypes », in Barrett, M., Corrigan, P., Kuhn, A. et Wolff, J. (dir.), Ideology and Cultural Production, New York, Croom Helm, 1979, p. 135-159.
  • En ligneRieusset-Lemarié, I., « Stéréotype et reproduction de langage sans sujet », in Goulet, A. (dir.), Le Stéréotype, crise et transformations, Caen, Presses universitaires de Caen, 1994, p. 15-34.
  • Rocheblave-Spenle, A.-M., La Notion de rôle en psychologie sociale, Paris, Presses universitaires de France, 1962.
  • Rocheblave-Spenle, A.-M., Les Rôles masculins et féminins (Les stéréotypes, la famille, les états intersexuels), Paris, Presses universitaires de France, 1964.
  • Roze, X., « Stéréotypes sociaux » (1985), Encyclopaedia Universalis, éd. 2002, vol. 21, p. 614-616.
  • En ligneStagner, R., « The Cross-out Techniques as a Method in Public Opinion Analysis », Journal of Social Psychology, n° 11, 1940, p. 79-90.
  • Stoetzel, J., Théorie des opinions, Paris, Presses universitaires de France, 1943 (rééd. L’Harmattan, 2006).
  • Sumner, G.W., Folkways, Boston, Ginn and Co, 1906.
  • Willems, E., Dictionnaire de sociologie [1960], Paris, Marcel Rivière, 1965.
Bernard Valade
Bernard Valade, est professeur émérite à la Sorbonne (université Paris Descartes) et rédacteur en chef de la revue Hermès.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 29/05/2019
https://doi.org/10.3917/herm.083.0035
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour CNRS Éditions © CNRS Éditions. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...