1C’était un de ces matins chauds de la saison des pluies à Dakar, où la journée commence enveloppée d’humidité. Nous, les cinq femmes du bureau, avions déjeuné autour du bureau de Marie, comme tous les matins à 8 heures. Après avoir lavé les assiettes sous le petit robinet de la cour, je suis entrée dans le bureau de Fatou, ma supérieure directe pendant mon stage. Elle faisait défiler son flux Facebook. « Regarde-le », me dit-elle en pointant son écran d’ordinateur, montrant l’image d’un jeune homme et d’une jeune femme. « Il y a plus LGBT que lui, tu ne crois pas ? Le HCR l’a réinstallé en tant que LGBT. Il est venu demander un statut ici, il a ensuite obtenu une situation stable au Canada et maintenant il a épousé une femme voilée ! Il a trompé le HCR, c’est sur Facebook. »
2Cette scène date de septembre 2017, lorsque je conduisais mon terrain de recherche [1] sur l’accès à l’asile à Dakar de jeunes hommes et femmes persécutées dans des pays voisins du Sénégal à cause de leur orientation sexuelle. Fatou est employée d’une organisation non gouvernementale (ONG) sénégalaise qui travaille en tant que partenaire de mise en œuvre du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) au Sénégal. Son bureau est l’un des premiers guichets du système de l’asile sénégalais pour les personnes demandant l’asile à Dakar. Son commentaire scandalisé à la vue d’une photo postée sur Facebook par un des demandeurs d’asile homosexuels gambiens entre-temps reconnu comme réfugié par le HCR et réinstallé au Canada, dénote que la pose romantique de ce dernier avec une amie voilée entre en conflit avec la représentation que se fait Fatou d’une personne reconnue réfugiée pour son appartenance à un groupe spécifique : celui des lesbiennes, gays, bisexuels transsexuels et intersexes (LGBTI) [2]. Le commentaire de Fatou met en exergue ce qui nous intéresse dans cette étude : quels stéréotypes jalonnent la trajectoire d’asile des aspirants à la catégorie de « réfugié LGBT » et quels usages ces derniers en font-ils ? Nous nous pencherons notamment sur les réseaux sociaux comme outils d’apprentissage pour jongler avec des stéréotypes multiples et souvent contradictoires.
3Comme le rappelle Brian Campbell dans un article paru en 2017, les sciences sociales ont tendance à considérer les stéréotypes comme des représentations fausses et souvent ethnocentriques que nous formulons à l’encontre d’« autres » culturels. C’est de ce postulat, qui trouve son origine chez Lippmann (2007 [1922]), que sont parties de nombreuses études sur le degré de teneur en vérité des stéréotypes (Oakes and Reynolds, 1997). À l’inverse, l’orientalisme d’Edward Said (1987) propose une approche axée sur le potentiel des stéréotypes, considérant ces derniers comme indicateurs essentiels de la production coloniale de savoir sur les populations colonisées. Une alternative à ces deux visions est apportée par une approche anthropologique interprétative. Comme l’explique Campbell (2017), il s’agit, dans la lignée de la thèse de Barth sur les frontières culturelles (1969), de voir les stéréotypes comme des essentialisations pragmatiques qui permettent l’établissement de frontières entre groupes et légitiment ainsi toutes sortes de pratiques, y compris de domination (Brown et Theodossopolous, 2004). Ce cadre permet de penser que les stéréotypes, en ce qu’ils sont une gestuelle rhétorique, peuvent être rejetés, réappropriés et remodelés (Herzfeld, 1982). Ce cadre analytique convient particulièrement à notre recherche qui, à la différence de la plupart des études portant sur l’expérience de personnes LGBTI face aux systèmes de l’asile dans les pays du Nord, suit des trajectoires d’asile dans un environnement où l’homosexualité est criminalisée, où, par conséquent, les stéréotypes de la population en dehors du système de l’asile doivent d’autant plus être pris en compte.
4Au cours des trois dernières décennies, le Sénégal est devenu une terre d’asile pour de nombreux déplacés fuyant leur pays d’origine. À Dakar, dix-neuf nationalités d’origine sont représentées parmi ceux et celles qui constituent aujourd’hui la population « relevant de la compétence » du Haut Commissariat aux réfugiés de l’Organisation des Nations unies (HCR, 2017). À cette diversité de nationalités d’origine correspondent des durées d’établissement au Sénégal très variables : de 28 ans pour les premières familles mauritaniennes expulsées en 1989 du côté sénégalais de la frontière (Fresia, 2009) à quelques mois dans le cas de jeunes hommes gambiens persécutés pour leur homosexualité [3].
5Concrètement, une personne qui souhaite demander l’asile au Sénégal doit se rendre au siège de la Commission nationale d’éligibilité à Dakar, dépendante du ministère des Affaires étrangères sénégalais. Une fois la demande d’asile déposée auprès de la Commission nationale d’éligibilité, un récépissé de demande d’asile sanctionne la démarche du requérant et officialise son entrée dans ce que l’on pourrait appeler le réseau de l’asile. Ici s’arrête le contact entre demandeurs d’asile et État sénégalais, bien que ce dernier reste théoriquement souverain en matière d’asile.
6Les autres étapes dépendent du HCR qui, par son financement d’ONG sénégalaises agissant comme partenaires, supervise de facto le réseau de l’asile. Afin d’assurer les objectifs fixés par son mandat, le HCR a développé au cours des années un large réseau de « partenaires de mise en œuvre » plus ou moins contractuels. Dakar, avec un quartier entier dédié aux sièges d’organisations internationales et d’ONG internationales comme locales, facilite non seulement la constitution de tels réseaux mais aussi la diffusion, entre les agents chargés de coopérer, de pratiques bureaucratiques régulant l’aide.
7L’accès aux guichets de ces organisations d’aide concentrés à Dakar rend la ville attractive pour les populations exilées au Sénégal. Les demandeurs d’asile et réfugiés que j’ai rencontrés à Dakar développent différentes stratégies d’établissement dans la ville, en fonction des demandes qu’ils souhaitent formuler et des acteurs du réseau de l’asile auxquels ils veulent les adresser. La fréquence à laquelle ils se rendent dans les bureaux des institutions définit leur choix d’établissement dans un quartier ou un autre, et rythme leur emploi du temps hebdomadaire.
La ville comme refuge
8Mais l’établissement de réfugiés et demandeurs d’asile en espace urbain est une situation à laquelle les « outils de protection » du système international de l’asile ne sont pas adaptés (le HCR n’a que tout récemment officiellement réhabilité la ville comme lieu d’installation légitime pour les personnes déplacées ; cf. Koizumi et Hoffstaedter, 2015). Les populations réfugiées en milieux urbains ne bénéficient pas d’assistance au logement ni d’aide alimentaire. La plupart des démarches auprès des organisations d’aide se soldent, au mieux, par l’obtention d’informations et non de financements. En rendant des visites régulières aux guichets de ces organisations, les bénéficiaires cherchent à se rappeler au bon souvenir des bureaucrates de l’humanitaire (Menetrier, 2017a). Ils espèrent ainsi augmenter leurs chances de se voir sélectionnés pour un potentiel programme d’assistance (comme les activités génératrices de revenus [AGR], contestées mais toujours à l’agenda de l’aide aux réfugiés [4]) et que leur dossier « avance » vers la prochaine étape visée dans le processus d’asile.
9Face à tant d’incertitude, les demandeurs d’asile et réfugiés ne peuvent pas orienter toute leur stratégie d’établissement dans la ville en fonction du système de l’asile. Le caractère cosmopolite de Dakar et son secteur de travail informel représentent d’autres facteurs d’attraction. Rejoignant le plus souvent des communautés de compatriotes venus s’installer à Dakar par d’autres biais que celui de l’asile, les demandeurs d’asile puisent dans des solidarités familiales, ethniques et parfois nationales pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Demandeurs d’asile homosexuels
10Pour une certaine population exilée à Dakar, cette stratégie de rapprochement familial ou communautaire s’avère particulièrement difficile. Penchons-nous sur le cas de jeunes demandeurs d’asile ayant fui leur pays d’origine suite à des persécutions liées à leur orientation sexuelle. Les premiers jeunes hommes et femmes sont arrivés en 2015 fuyant la Gambie de Yaya Jammeh, à l’époque très violent dans sa politique homophobe (Amnesty International, 2018). Ils viennent demander l’asile à Dakar, en espérant que le HCR les réinstalle dans un pays du Nord. Cette option est incertaine et le processus est long. Ils doivent donc en attendant vivre discrètement au Sénégal, où les « actes homosexuels » sont également criminalisés.
Les stéréotypes homophobes en circulation en Afrique
11Le recours est de plus en plus fréquent, depuis 2008, à l’article 219(3) du Code pénal (Camara, 2007). Hérité de la colonisation française, il condamne les « actes impudiques et contre nature avec un individu de même sexe » (La France, 2016). Les dénonciations populaires qui précèdent les arrestations reposent sur des stéréotypes en circulation dans plusieurs pays d’Afrique. Comme Achile Mbembé l’illustre graphiquement (2006), une version puissante de l’homosexuel dans l’imaginaire africain est celle du phallocrate ultime, la pénétration anale représentant la forme sublime de soumission. La peur des puissants se mêle à la peur des pouvoirs occultes, des sociétés secrètes (Awondo et al., 2013). Une autre version, plus souvent utilisée dans les discours homophobes au Sénégal, est l’image d’une population homosexuelle marginale, jeune, perdue, qui a succombé aux tentations d’une dégénérescence importée de l’Occident. Cette image se nourrit d’un appauvrissement des familles dans les villes africaines, affectant directement le statut des hommes comme pourvoyeurs de ressources (Mbembé, 2006, p. 3). Qu’ils s’inspirent de la première ou la seconde version, ces stéréotypes ont gagné en visibilité avec l’avènement de l’Internet mobile, surtout en ville où la connexion est plus rapide. Les scandales d’amants pris sur le fait sont relayés à la vitesse des clics sur les journaux en ligne, les vidéos de jeunes goor-jigen [5] déshabillés de force en pleine rue sont sur tous les murs Facebook et conversations WhatsApp (Menetrier, à paraître) [6].
Manier les stéréotypes pour accéder aux bons réseaux citadins
12À leur arrivée à Dakar, les jeunes Gambiens peuvent difficilement faire appel à leur famille – qui s’étend souvent entre la Gambie et le Sénégal – sachant que dans la plupart des cas ce sont des membres de leur famille qui les ont violemment chassés de la Gambie après avoir découvert leur homosexualité. Ils cherchent plutôt à brouiller les pistes dans leur nouvelle ville, dont ils espèrent qu’elle ne sera qu’un transit avant un lieu plus distant où la belle vie pourra enfin commencer (Mar, 2005, p. 361). Ceux qui n’ont pas coupé toute communication avec leur famille font alors passer le message, par connaissances interposées, qu’ils sont partis à Dakar avec l’opportunité d’un travail. Les Gambiens les plus avertis des stéréotypes en circulation prennent soin d’habiter chez une connaissance hétérosexuelle, mariée et pieuse, qui par association pourra « laver » leur réputation.
13Comme évoqué plus haut, les guichets de l’asile sont disséminés aux quatre coins de la ville, et très peu accessibles à celles et ceux qui ne connaîtraient ni leur emplacement, ni les horaires d’ouverture, ni les stéréotypes de leurs employés. Les jeunes venus de Gambie suite à la rumeur d’une réinstallation possible de « réfugiés LGBT » au départ de Dakar ne peuvent accéder à aucune de ces informations s’ils adaptent leur circulation urbaine – dans ce cas un isolement sédentaire chez une personne loin de tout soupçon d’homosexualité – essentiellement aux stéréotypes homophobes qui les ont poussés à fuir la Gambie.
14Le réseau sur lequel ils vont se reposer pour accéder au système de l’asile est alors celui de leurs amis queer [7]. Faute de pouvoir circuler dans la ville en affichant une orientation sexuelle et/ou une identité de genre non conformes, c’est par les réseaux sociaux que ce réseau s’établit, entre Dakar, Banjul, ainsi que les villes d’Amérique du Nord et d’Europe dans lesquelles les premiers Gambiens ont déjà été réinstallés. À leur arrivée à Dakar, les jeunes Gambiens font donc circuler la nouvelle de leur venue parmi leur réseau virtuel d’amis queer sénégalais ou gambiens résidant actuellement dans la capitale.
15Mais faire appel à des connaissances virtuelles implique d’avoir déjà créé et entretenu un profil sur cesdits réseaux. Les jeunes Gambiens et Gambiennes queer qui réussissent rapidement à s’intégrer dans un réseau d’« anciens » Gambiens et de Sénégalais sont ceux et celles qui manient le mieux les stéréotypes de la présentation virtuelle de soi. Dans un pays où être soupçonné d’homosexualité peut avoir des conséquences mortelles, entretenir un profil Facebook queer est – nous nous concentrerons ici sur l’exemple des garçons – un fin maniement de stéréotypes gays et hétérosexuels. Il s’agit d’être visible et attractif pour ceux qui connaissent les codes (de langage, d’habillement, de poses photographiques) tout en restant invisible (en remplaçant les prénoms d’amants par des prénoms de femmes, en s’affichant en photo avec des amies et en exagérant les poses masculines) pour les veilleurs autoproclamés des mœurs hétérosexuelles.
16Pour survivre à Dakar malgré l’absence d’aide directe des organisations du système de l’asile, les demandeurs d’asile homosexuels doivent trouver des sources de revenus. Nombre d’entre eux craignent les environnements très hétéronormés et masculins du travail informel journalier (à cause de leur apparence queer, de peur d’y être aperçus par des membres de leur famille). Certains des Gambiens – et Gambiennes – ont donc recours à la prostitution occasionnelle et au mbaran [8] avec des hommes. Les profils Facebook, mais aussi d’applications de rencontre [9], constituent une vitrine à travers laquelle une esthétique glamour homo-érotique, impossible à afficher dans les rues de Dakar, est mise en scène. En faisant circuler ces images ainsi que certaines informations sur leur statut et goût relationnels, les jeunes Gambiens que j’ai rencontrés réussissaient à se constituer un réseau de prétendants (pour la plupart sénégalais). Aller rendre visite à ces amants ou flirts aux quatre coins de la ville leur permet de circuler hors des appartements vétustes dans lesquels ils s’entassent. Ces escapades ne sont pas sans risque, mais elles sont accompagnées de l’espoir d’avantages matériel ou monétaire, à défaut d’idylle.
Manier les stéréotypes pour accéder à l’asile international
17Par leurs réseaux – virtuels – de connaissances dakaroises ou établies à Dakar, les nouveaux-venus trouvent donc un endroit où déposer leurs sacs, où passer la nuit et apprendre à manier les stéréotypes homophobes et homo-érotiques mais aussi un accès au savoir nécessaire pour entamer leur procédure d’asile.
18Faute de connaître les critères qui permettent à certains d’accéder à la réinstallation vers un pays du Nord, les demandeurs d’asile en transit à Dakar imaginent ces critères. Encore une fois, les réseaux sociaux constituent un outil essentiel pour apprendre à circuler entre les guichets de l’asile. Par Facebook et WhatsApp, les nouveaux-venus gardent contact avec ceux qui sont passés par là au cours de leur trajectoire d’asile et ont été sélectionnés pour une réinstallation vers un pays du Nord. Ils entendent leurs récits de réussite et leurs conseils, et ainsi se forment les stéréotypes sur les critères de réinstallation pour réfugiés LGBT et sur les attentes des agents de l’asile (en somme, des stéréotypes sur leurs stéréotypes).
19Au contraire de violences généralisées liées à un conflit politique ou à la persécution de tout un groupe ethnique, la persécution liée à l’orientation sexuelle n’est apparue dans les cours de justice qu’il y a environ deux décennies. Les juges des pays où les demandes d’asile sont faites interprètent celles-ci de façon inconsistante, ne sachant pas très bien comment interpréter le droit d’asile dans ces cas (Lawrance et Ruffer, 2015). De telles demandes d’asile, même si elles sont faites par des ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest dans lesquels des persécutions homophobes sont régulièrement documentées, impliquent qu’un tribunal apprécie l’orientation sexuelle d’une personne sur la base de ses expériences sexuelles et émotionnelles passées et présentes (Beneduce, 2015 ; Lawrance et Ruffer, 2015) et son besoin de protection sur la base de son récit et trajectoire de fuite (Berg et Millbank, 2009).
20La procédure de réinstallation du HCR est indépendante des procédures d’asile nationales puisqu’elle a lieu dans la région d’origine des demandeurs ou dans leur premier pays d’asile. Toutefois, et parce que la réinstallation d’un individu est finalement décidée par le pays du Nord qui l’acceptera, les agents du HCR cherchent également à définir l’orientation sexuelle puis le besoin de protection du demandeur d’asile. Les questions posées dans les entretiens de détermination de statut de réfugié (puis de réinstallation) que les « anciens », à présent au Canada, rapportent aux « nouveaux » demandeurs d’asile gambiens en transit à Dakar portent donc souvent sur des détails de leur vie quotidienne, avant la fuite (sur la cellule familiale notamment), ainsi que sur leur vie quotidienne actuelle. Les enquêteurs espérant déceler la « véracité » de l’orientation sexuelle du demandeur, pour ne pas être « trompés » par un individu qui s’avérerait être un hétérosexuel avec des désirs de voyage, comme le craignait Fatou dans la vignette d’ouverture.
21Or cette opposition entre homosexualité et hétérosexualité est un stéréotype qui ne prend que peu en compte l’histoire queer africaine. Nombreux sont les exemples précoloniaux à travers le continent de romances et sexualité non-binaires acceptées dans le quotidien social et parfois institutionnel (Muthien, 2013, p. 215-216). Une dichotomie entre hétérosexualité et homosexualité émane en grande partie de conceptions américano-européennes de la sexualité comme marqueur fondamental de l’identité (Foucault, 1976). En Afrique, cette dichotomie a été érigée en lois coloniales criminalisant l’homosexualité (Awondo et al., 2013). Ces lois sont restées en place post-indépendance alors qu’elles ont été abrogées dans les anciennes puissances coloniales. Aujourd’hui elles nourrissent le stéréotype d’un continent africain intrinsèquement homophobe et de continents européen et nord-américain intrinsèquement tolérants (Ibid.).
22Dans le milieu des demandeurs d’asile homosexuels gambiens, les agents de l’asile sont imaginés comme des bureaucrates omniscients qui ont le pouvoir d’enquêter aussi bien sur le passé que sur le quotidien des requérants dans les moindres détails. Les demandeurs doivent alors élaborer des stratégies narratives pour prouver leur homosexualité (Morgan, 2006) ou leur lesbianisme (Lewis, 2013 ; Bennett et Thomas, 2013 ; Jordan et Morrissey, 2013) et ont bien compris l’importance de l’authenticité et de la preuve (Berg et Millibank, 2009) dans la classification du mérite pratiquée par ces bureaucrates de l’humanitaire (Glasman, 2017).
Notes
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[1]
Rendu possible grâce au soutien matériel du Max Planck Institute for Social Anthropology.
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[2]
Fatou s’en tient à l’acronyme LGBT.
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[3]
Il n’existe pas encore de travail académique sur ce sujet, qui faisait pourtant l’objet d’une couverture médiatique importante du temps où Jammeh était au pouvoir en Gambie.
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[4]
Cf. Menetrier, 2017b.
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[5]
Terme wolof traduisible par « homme-femme » qui, au Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, a muté d’une figure traditionnelle respectée au genre fluide à une insulte se référant aux hommes homosexuels. Voir Broqua, 2017.
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[6]
Sur ce sujet, lire la fiction de Mohamed Mbougar Sarr (2018).
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[7]
Queer est ici une appellation étique que j’utilise pour désigner des personnes dont l’identité de genre et/ou l’orientation sexuelle sont considérées comme déviantes par leur entourage. Les autres terminologies utilisées telles que « Goor-jigen », « homosexuel », « homosexuelle », « LGBT » sont les appellations émiques des divers acteurs à qui je donne la parole ici.
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[8]
Mbaran est un terme wolof qui se réfère à des relations amoureuses et/ou sexuelles entretenues traditionnellement par des jeunes femmes avec des hommes plus âgés (voir Fouquet, 2011), en anglais on pourrait l’assimiler à la figure du sugar daddy.
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[9]
Dont je préfère taire le nom pour ne pas attirer l’attention sur leur utilisation au Sénégal.