CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Au Maroc, les technologies d’information et de communication (TIC) ont investi toutes les sphères de la vie courante. Selon les statistiques publiées par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) dans son rapport 2015 (ANRT, 2015), le taux de pénétration de l’Internet au Maroc a atteint 42,75 % de la population fin 2015, avec une augmentation significative depuis les cinq dernières années ; 54,8 % des ménages au Maroc sont équipés en ordinateurs/tablette. Le monde de l’éducation et de la formation ne fait pas exception puisque depuis plus d’une décennie, des mesures institutionnelles ont été décidées et mises en place afin de généraliser les outils du numérique dans l’enseignement/apprentissage des disciplines. On note une forte volonté institutionnelle pour intégrer les TIC mais malgré les grands investissements dans le secteur (budget important alloué à l’équipement, à la formation, aux campagnes de sensibilisation), les résultats des rapports d’évaluation montrent que le degré d’intégration est très faible par rapport aux attentes et aux objectifs de la stratégie nationale. D’où la nécessité de jeter les bases d’une réflexion au sujet des process liés à l’intégration des TIC dans la sphère scolaire et sur les facteurs qui peuvent impacter cette intégration.

Contexte et cadre théorique

2Il est clair que les TIC jouent un rôle primordial pour le développement économique du Maroc. À cet égard, de nombreuses initiatives ont été mises en place durant cette dernière décennie pour faire du Maroc un pays attractif et performant en termes d’infrastructures datacom et d’environnements d’affaires IT (plan Maroc Numeric 2013, plan Maroc Digital 2020, etc.). Les premiers impacts de ces plans stratégiques sont patents en ce qui concerne la place de l’Internet dans les foyers marocains. Alors que, nous l’avons vu, le taux de pénétration de l’Internet au Maroc était estimé à 42,75 % fin 2015, il était de 1,34 % seulement dix ans auparavant. C’est dire tous les efforts consentis autour du numérique.

3Dans ce contexte, l’école marocaine n’a pas été en reste puisque l’objectif premier est de former des citoyens à même de s’intégrer facilement dans la société. Mais au-delà de ces préoccupations sociétales, c’est l’action pédagogique qui est interpellée. Qu’apporte l’intégration des TIC à l’enseignement/apprentissage des disciplines ? Cette mutation de la société vers le numérique amène inéluctablement chaque enseignant à s’interroger sur ses propres pratiques d’enseignement et sur les nouveaux processus d’apprentissage des élèves. Quelle que soit l’orientation adoptée, cette évolution dans la réflexion et la conception de l’enseignement devra inévitablement être liée aux innovations technologiques et pédagogiques à l’heure où, au niveau international, une large place est faite aux formations hybrides, aux apprentissages nomades, à l’utilisation des outils du Web 2.0 et aux réseaux sociaux dans l’apprentissage et la formation. L’intérêt porté à l’intégration du numérique dans l’enseignement/apprentissage au Maroc est récent en comparaison avec la réflexion menée en France alors même que l’histoire de la didactique a toujours évolué en parallèle avec celle des technologies éducatives. Au Maroc, de nombreuses équipes de recherche ont vu le jour autour de cette question du numérique à l’école ou à l’université. Devant le phénomène de massification, des orientations ministérielles préconisent la conception et la mise en place de formations hybrides, des projets nationaux autour des formations à distance se montent, etc. L’intérêt que nous portons à cette question du numérique à l’école est notamment conduit par le postulat selon lequel les TIC permettent de développer l’apprentissage collaboratif qui se situe dans une pédagogie dite « constructiviste ». Il « doit se dérouler dans un contexte social où le partage, la confrontation et la négociation amènent les apprenants à construire leurs connaissances et à dégager une compréhension commune de la réalité tout en respectant les variantes individuelles » (Tomlinson et Henderson, 1995).

4Se situant dans une approche socio-constructiviste de l’apprentissage selon la conception vygotskienne, l’intégration des TIC dans le système éducatif permet l’action d’« apprendre à apprendre » (partager avec l’apprenant une réflexion et une action, d’ordre personnel et méthodologique, pour l’aider dans ses stratégies d’appropriation des connaissances). On se situe dans une logique de l’accompagnement de l’apprenant vers une nouvelle posture de co-construction du savoir.

5Les TIC contribuent à l’efficacité de l’apprentissage et offrent ainsi une certaine « innovation » à la fois technique et pédagogique (Charlier, Deschryver et Peraya, 2006).

6Ces environnements informatiques facilitent l’apprentissage par le biais d’une médiation sociale (relation d’aide, d’assistance et de guidage), sensorimotrice (qui porte sur les comportements, les gestuels induits par l’instrument), praxéologique (qui porte sur les conditions de réalisation de l’action) et réflexive (qui porte sur le sujet lui-même) (Ibid.).

7Force est de constater que l’intégration des TIC dans le système éducatif bouleverse sans aucun doute le rapport enseignant/enseignés. Qu’on le veuille ou non, ces outils techniques envahissent le terrain. Perrenoud (1998) va jusqu’à affirmer que « l’école ne peut ignorer les technologies sous peine de se voir discréditée ». D’autres chercheurs estiment que « l’intégration des TICE [technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement] n’aurait d’ailleurs d’intérêt que dans la mesure où elles permettent d’améliorer la pédagogie en permettant à l’apprenant d’établir un meilleur rapport au savoir » (Karsenti, 2001), tout en mettant en garde le fait qu’il y a toujours un risque de se focaliser exclusivement sur l’outil technologique au détriment de la démarche d’apprentissage.

8L’intégration des TIC dans le système éducatif apporte des évolutions dans les pratiques. Il est donc important de s’interroger sur les apports des TIC en milieu scolaire et d’essayer d’analyser leurs limites.

9En général, les TIC offrent de nouvelles possibilités et encouragent l’innovation. Parmi les avantages possibles, elles offrent une multitude et une variété de supports (texte, image, son, vidéo) et de ressources. Elles permettent une autonomisation dans le travail grâce à des formations ou des auto-formations ouvertes ou des auto-apprentissages « libres » mais elles permettent également l’apprentissage collaboratif et le développement de compétences technologiques qui sont très demandées à l’ère du numérique et de la société du savoir. Le caractère rassurant et dynamique de l’outil multimédia stimule la motivation des apprenants sans contraintes spatio-temporelles. L’enseignant joue le rôle de guide, de facilitateur et ne constitue nullement l’unique source du savoir.

La stratégie d’intégration des TIC à l’école marocaine : état des lieux

Le programme Génie (2005-2016)

10Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres a lancé dès 2005 un programme de généralisation et d’intégration des technologies d’information et de la communication dans le système d’éducation et de formation intitulé Génie (GENéralisation des technologies de l’Information et de communication dans l’Enseignement). Initialement, il s’agissait de faire bénéficier sur trois ans quelque 6 millions d’élèves et 230 000 enseignants de l’équipement de 8 604 établissements en salle multimédia. Ce programme a connu une évolution en trois grandes phases : Génie1 (de 2005 à 2008), Génie2 (de 2009 à 2013) et Génie3 (de 2013 à 2016).

11Le programme ayant enregistré un retard dans sa phase de lancement (Génie1), une première évaluation du processus a permis à la Direction du programme de développer un cadre de référence à travers un plan d’action stratégique permettant de réorienter les actions et de proposer une nouvelle feuille de route (Génie2) en adéquation avec le programme d’urgence de la réforme de l’enseignement. La place des enseignants, des administratifs et des Académies régionales de l’éducation et de la formation (Aref) a été élargie, permettant ainsi une plus forte implication de ces acteurs. À travers le programme Génie, les établissements ont été équipés de salles connectées à Internet et installées en réseau (axe Infrastructure et équipement), les enseignants et cadres administratifs ont été formés au numérique (axe Formation). Des équipes de travail se sont concentrées sur la conception de contenus pédagogiques numériques adaptés aux programmes scolaires marocains (axe Conception de ressources numériques) qui, dans un souci de communication et de sensibilisation, ont été mutualisés dans le réseau (axe Développement des usages). Le programme est également évalué tout au long de son déploiement à travers l’évaluation des indicateurs spécifiques.

12Le programme Génie est l’un des programmes structurels importants au Maroc puisque, au-delà de l’aspect équipements, c’est la formation au numérique de tous les acteurs du système éducatif marocain qui constitue l’essentiel des actions. Il faut noter qu’avant le début du déploiement du programme, les enseignements en informatique n’étaient pas obligatoires dans les établissements scolaires. Le programme Génie a fait de l’informatique une discipline à part entière.

La vision stratégique de la réforme 2015-2030

13Aujourd’hui, l’école marocaine continue à être interrogée sur sa capacité à relever les défis sociétaux actuels. Une réflexion profonde a mobilisé les différents acteurs de l’enseignement et de la formation professionnelle en vue de proposer une nouvelle vision traçant une nouvelle voie de l’éducation. La réflexion menée au sein du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a donné naissance à un document présenté le 20 mai 2015 intitulé la Vision stratégique de la réforme 2015-2030 (CSEFRS, 2015) dans lequel a été réaffirmée l’importance de conduire des politiques et stratégies intégrant pleinement les technologies de l’information et de la communication à travers notamment :

  • l’équipement des établissements scolaires, universitaires et de formation en technologies éducatives, en salles multimédia et en équipement audiovisuel ;
  • la connexion au réseau internet ;
  • l’équipement des bibliothèques scolaires et les structures universitaires d’encadrement et de recherche, en ressources numériques ;
  • l’intégration des TIC dans la gestion, l’accès aux données et le partage entre les différents acteurs concernés ;
  • la promotion de la qualité des apprentissages ;
  • l’utilisation des logiciels et des ressources numériques interactives dans l’ensemble du processus pédagogique en ciblant l’auto-apprentissage, la recherche et la diversification des sources d’apprentissage ;
  • la numérisation progressive des manuels et autres supports scolaires ;
  • les actions de formations des acteurs pédagogiques.

Évaluations des dispositifs

Méthodologie

14Dans notre étude, nous avons opté pour une démarche d’analyse qualitative en partant des points de vue des acteurs clés afin de diagnostiquer les pratiques et mettre en évidence les difficultés, les attentes et les différents besoins en formation. La collecte d’informations s’est faite principalement par le biais d’entretiens semi-structurés, d’entretiens de groupes, d’enquête par questionnaires et aussi avec la réalisation d’une analyse exhaustive des documents existants en relation avec le sujet. Cette méthodologie nous a permis de mieux appréhender la complexité de l’intégration des TIC dans le système éducatif marocain. À travers ce travail, nous avons cherché des réponses aux questions qui se posent, en réalisant deux études de cas dans deux établissements de l’enseignement secondaire qualifiant (lycée) au nord du Maroc : le lycée Hassan II et le lycée Jaber Ibn Hayyan. Le choix s’est porté sur ces deux établissements puisqu’ils accueillent un effectif représentatif de lycéens en termes de niveaux et de filières d’études : littéraires, scientifiques et techniques. 1 877 élèves du lycée Hassan II et 1 417 élèves du lycée Jaber Ibn Hayyan ont répondu aux enquêtes et entretiens. Les deux lycées accueillent des élèves provenant de milieux socioéconomiques différents.

15À la lumière de notre travail d’observation, nous avons voulu mesurer le degré d’intégration des TIC dans les établissements ciblés, les problèmes existants, et ainsi proposer des solutions et stratégies pour une véritable intégration des TIC.

16L’échantillon retenu pour l’étude d’évaluation se composait de 50 répondants : les directeurs des deux établissements, des superviseurs, des techniciens et responsables de maintenance et un échantillon de lycéens, tous choisis en se basant sur des critères de représentativité des deux sexes, des spécialités, des matières et des niveaux.

Évaluation des dispositifs et retours sur expériences

17À partir du travail de collecte des données mené dans cette étude (entretiens, enquêtes, observations), plusieurs constats s’imposent.

18Lorsqu’ils sont utilisés correctement, les TIC peuvent encourager de nombreuses possibilités :

  • pour les enseignants : faciliter les tâches, favoriser l’accès à l’information, encourager l’innovation et le perfectionnement professionnel permettant l’accès à des informations importantes et mises à jour.
  • pour les lycéens : motiver et capter leur attention, aider à trouver énormément d’informations en peu de temps, promouvoir l’apprentissage des compétences technologiques, améliorer la mémorisation de l’information.
  • pour le processus d’enseignement et d’apprentissage : améliorer les conditions d’apprentissage, stimuler l’apprentissage, permettre une meilleure compréhension des réalités, améliorer la consolidation et la mémorisation de l’information, offrir de nouvelles possibilités pédagogiques.

19En ce qui concerne les obstacles d’intégration, ils peuvent être d’ordre humain, matériel ou organisationnel. Le manque de matériel, de formation, les problèmes de communication ou de gestion peuvent impacter négativement l’intégration des TIC.

20Pour la grande majorité des répondants, le facteur humain reste l’élément clé dans la réussite de l’intégration des TIC dans le système éducatif. Dans le système scolaire et dans le domaine de la formation en général, les opinions des enseignants alternent entre la méfiance et la fascination devant les outils technologiques. D’ailleurs, le succès des projets d’introduction des TIC dans la formation n’est plus fonction de la puissance des technologies, mais plutôt de la capacité des enseignants à exploiter leur potentiel afin de changer et d’améliorer l’efficience du processus d’apprentissage.

21Nous soulignerons ici la primauté de la question de la motivation des enseignants. Si l’enseignant n’a pas de conviction pour utiliser les TIC, personne ne peut le forcer. En effet, l’introduction des TIC ne peut se faire sans les enseignants ; ce qui implique un investissement non négligeable de leur part. Notons que la motivation des enseignants peut être vue comme source de la motivation des apprenants. D’autre part, la forme que prend l’utilisation de l’outil plateforme varie selon plusieurs paramètres et notamment les usages, les habiletés et les compétences propres à la compétence numérique des enseignants et la représentation qu’ils ont du rôle du numérique dans l’apprentissage. Comme le constate Thierry Karsenti (2001) suite à plusieurs études sur une large cohorte d’enseignants : « Les TIC peuvent, dans certains contextes et processus spécifiques, rehausser le professionnalisme des enseignants, […] favoriser l’émergence de pédagogies de type socioconstructiviste ». Par conséquent, nous pouvons dire que la personnalité et la volonté de l’enseignant sont l’un des principaux facteurs de l’intégration des TIC dans la pratique pédagogique.

22Sur le plan pratique, la maîtrise des compétences en informatique a été largement soulevée car elle demande beaucoup de temps et beaucoup d’investissement pour les enseignants. La conception des activités en ligne pose divers problèmes liés à la constitution d’équipes de travail, au partage des tâches, à la reconnaissance du travail de chacun, aux modes d’évaluation, etc. Ainsi leur manque de motivation explique clairement leur résistance au changement. Dans ce sens, « […] si les enseignants ne sont pas formés à ces technologies, dans bien des cas, ils risquent tout simplement de perpétuer les méthodes traditionnelles d’enseignement en utilisant un nouveau médium » (Lebrun, 2004). Autrement dit, il paraît urgent d’impliquer les enseignants dans le processus d’intégration des TICE car : « L’importance [de l’information] du support technique et du soutien pédagogique aux enseignants est une priorité pour que les technologies catalysent réellement un renouveau pédagogique. Sans cela, les nouvelles technologies permettront au mieux de reproduire les anciennes pédagogies » (Ibid.).

23De nombreuses propositions ont été faites pour améliorer la situation. D’une part, il faut disposer du matériel nécessaire, des ressources numériques pour toutes les disciplines, assurer des formations personnalisées selon les besoins et niveaux aux cadres pédagogiques et administratifs, adapter et atténuer le volume horaire des matières enseignées, diminuer le nombre d’élèves dans une classe et finalement assurer le soutien et un suivi continu des enseignants.

24Il a été également recommandé d’encourager les enseignants à utiliser les TIC dans leurs pratiques de classe et de formaliser leur intégration et leur utilisation dans l’enseignement à travers des lois, des notes ministérielles et des évaluations.

Perspectives et conclusion

25La réussite de ce nouveau mode d’enseignement/ apprentissage impose aux enseignants une bonne utilisation et intégration des différents outils technologiques, d’où l’importance de la formation initiale et continue des enseignants à ces outils technologiques. En plus des compétences didactiques, disciplinaires et relationnelles de l’enseignant, la compétence numérique doit porter l’attention des centres de formation des enseignants.

26L’intégration des TIC doit être appréhendée dans une perspective systémique où l’école a une place importante aux côtés des autres intervenants du système. Aussi, des conditions pédagogiques (nombre de tuteurs suffisant ; formation des enseignants, etc.) et institutionnelles (aspect technique, d’installation et de maintenance, de suivi) doivent impérativement être remplies pour que l’intégration des TIC puisse être profitable. Les responsables des établissements devraient donc être capables d’apporter des changements structurels et d’oser les mener à bout dans un processus d’accompagnement et d’évaluation du dispositif.

27Il semble que l’axe relatif au développement des usages doit être considéré comme prioritaire, car il permet l’ancrage et l’intégration véritable du numérique après avoir équipé, formé et mis du contenu dans les établissements scolaires.

28Il est aussi intéressant d’évaluer les compétences numériques des bacheliers dans un contexte d’enseignement/apprentissage à l’entrée à l’université. Une autre manière d’évaluer l’efficience ou non du programme Génie car, en marge de tout discours technophile ou technophobe, des interrogations sont actuellement formulées par rapport à l’efficacité de l’usage du numérique dans l’enseignement par ceux qui accueillent cette génération de collégiens et de lycéens marocains initiés aux pratiques d’apprentissage du et par le numérique. À la lumière des évaluations du programme Génie, les acteurs de l’enseignement supérieur s’interrogent eux aussi sur l’intérêt et l’efficacité de l’intégration des TIC dans l’acte pédagogique. En effet, vu l’emploi exponentiel des technologies et leur évolution, on ne s’interroge plus sur l’hypothèse de leur insertion dans les cursus de formation, mais sur les conditions, les approches et les stratégies qui peuvent optimiser une intégration efficace. Plusieurs pratiques rénovatrices et créatives voient le jour, à tous les niveaux du système éducatif au Maroc. Cependant, la flexibilité actuelle des formations, l’usage des TIC par une génération qualifiée de « native du numérique », constitue-t-il systématiquement une évolution de l’enseignement vers un apprentissage efficace ? L’utilisation intensive des mobiles et de l’Internet dépasse chez les jeunes et moins jeunes un simple effet de mode ou de confort. L’usage que fait cette génération des réseaux sociaux, du clavardage, des textos, des e-mails, etc. traduit une façon différente de communiquer. Mais le transfert de « l’usage privé » à « l’usage professionnel » n’étant pas systématique, qu’en est-il d’enseigner et d’apprendre ?

29L’intégration des TIC dans le système éducatif marocain est une réalité complexe. En s’engageant dans l’intégration du numérique à l’école et la transformation des modes d’accès à l’information, les pratiques pédagogiques classiques sont bousculées et les certitudes didactiques établies sont secouées. Cette intégration dans tout le système éducatif marocain (primaire, secondaire et supérieur) prendra du temps car « si l’école a pour mission de mieux préparer les futurs citoyens aux défis de la société de demain, elle se doit de favoriser une intégration en profondeur, quotidienne et régulière, des technologies de l’information et de la communication pour mettre à profit les possibilités nouvelles, invitantes, prometteuses et diversifiées des TIC en éducation » (Karsenti, Peraya et Viens, 2002).

Français

La présente contribution porte sur l’intégration du numérique à l’école marocaine et plus particulièrement dans l’enseignement secondaire. Nous y présentons le programme GENIE (GENéralisation des Technologies de l’Information et de Communication dans l’Enseignement) mis en place à l’échelle nationale par le Ministère de tutelle de 2005 à 2016.
Initialement, ce programme a été mis en place afin de renouveler les pratiques pédagogiques en généralisant l’accès des enseignants et des apprenants aux Technologies d’Information et de Communication. Dix ans après le lancement du programme GENIE, nous présentons ici une évaluation réalisée auprès d’un large public de lycéens et de professeurs relevant de différents champs disciplinaires afin de mettre en exergue les principaux apports du programme GENIE mais surtout les difficultés et obstacles rencontrés par les principaux acteurs.

Mots-clés

  • TIC
  • système éducatif marocain
  • programme Génie
  • numérique

Références bibliographiques

    • ANRT, Rapport annuel 2015, Rabat, 2015. En ligne sur : <www.anrt.ma/sites/default/files/rapportannuel/rapport_annuel_anrt_2015_vf.pdf>, consulté le 26/06/2017.
    • En ligneCharlier, B., Deschryver, N. et Peraya, D., « Apprendre en présence et à distance. Une définition des dispositifs hybrides », Distance et savoirs, vol. 4, n° 4, 2006, p. 469-496.
    • Karsenti, T., « Pédagogies et nouvelles technologies : former des enseignants pour le nouveau millénaire », Actes du ixe sommet de la Francophonie, colloque Éthique et nouvelles technologies, l’appropriation des savoirs en question, Beyrouth, 24-28 sept. 2001.
    • En ligneKarsenti, T., Peraya, D. et Viens, J., « Bilan et prospectives de la recherche sur la formation des maîtres à l’intégration pédagogique des TIC », Revue des sciences de l’éducation, vol. 28, n° 2, 2002, p. 459-470.
    • En ligneLebrun, M., « La formation des enseignants universitaires aux TIC : allier pédagogie et innovation », Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, n° 1, 2004, p. 11-21.
    • Perrenoud, P., « Se servir des technologies nouvelles. Voyage autour des compétences 8 », Éducateur, n° 3, 6 mars 1998, p. 20-27.
    • CSEFRS (Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique), Vision stratégique de la réforme 2015-2030. Pour une école de l’équité, de la qualité et de la promotion, Rabat, CSEFRS, 2015. En ligne sur : <www.csefrs.ma/pdf/Vision_VF_Fr.pdf>, consulté le 25/06/2017.
    • En ligneTomlinson, H. et Henderson, W., « Computer Supported Collaborative Learning in Schools : a Distributed Approach », British Journal of Educational Technology, vol. 26, n° 2, 1995, p. 131-140.
Amel Nejjari
Amel Nejjari est enseignante-chercheure à l’université Abdelmalek Essaâdi – École nationale des sciences appliquées de Tétouan (Maroc). Coordinatrice académique du projet Erasmus+ e-VAL, elle est membre permanente de l’équipe de recherches SIGL (Système d’Information et Génie Logiciel – responsable de l’axe e-learning). Ses publications portent sur l’intégration des TICE dans l’enseignement/apprentissage des langues.
Imane Bakkali
Imane Bakkali est chef du Centre régional du système d’information à l’Académie régionale de l’éducation et de la formation, région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et coordinatrice régionale du programme GENIE.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 27/09/2017
https://doi.org/10.3917/herm.078.0055
Pour citer cet article
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