CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Après la guerre, les Pères fondateurs ont voulu construire une Europe unie pour éviter une nouvelle tragédie. La construction européenne a été entreprise au nom du « Plus jamais ça ! », avant toute autre considération, pour garantir la paix entre Européens. Ce qui a été à l’origine de la création de ce vaste ensemble « uni dans la diversité », c’est une leçon d’histoire tirée après le plus grand désastre qu’a connu le continent européen à l’époque moderne. Le projet a tenu ses promesses à cet égard, car les Européens réunis au sein de l’Union ne se sont en effet pas fait la guerre.

2Lorsque le deuxième système totalitaire est tombé en Europe, la voix des anciens dissidents aux convictions européennes affirmées est devenue enfin audible pour réclamer non pas un « élargissement de l’Europe » mais un « retour à l’Europe », c’est-à-dire ce pour quoi ils avaient œuvré des années auparavant – la « réunification européenne », avec une grande ambition pour l’Europe dans le monde :

3

Aujourd’hui, toute la planète est peuplée par une seule civilisation technicienne. Or, ses racines culturelles ou idéologiques trouvent leur source en Europe […] Je ne pense pas que l’Europe en formation puisse chercher et retrouver son essence autrement qu’en repensant sa conduite, c’est-à-dire en reprenant les rênes de cette civilisation dont elle a précipité la chute pendant des siècles. […] L’Europe doit se rappeler la forme qu’elle avait épousée à l’origine de sa tradition culturelle, c’est-à-dire l’idée de la responsabilité du monde.
(Havel, 1999)

4Cette « réunification européenne » s’est partiellement réalisée, non sans controverses, sur un certain nombre de dossiers, mais elle est loin d’être vraie dans les mentalités et reste un sujet problématique pour une partie importante d’électeurs européens.

5L’Union européenne (UE) est à l’origine une œuvre occidentale. Les habitants de l’Autre Europe, malgré l’existence d’une pensée européenne tout aussi élaborée, vivaient dans un état de schizophrénie imposée : « géographiquement au centre, politiquement à l’Est et culturellement à l’Ouest [1] ». Elle est aujourd’hui composée de trois Europes, pour reprendre le titre de l’essai de Jeno Szucs (1985). L’auteur de ce texte important montrait les différences de ce qu’il appelait « l’européanité » entre trois parties de l’Europe : Europe occidentale, du Centre-Est et de l’Est – différences résultant de l’histoire qui a donné un degré de liberté moindre à la réalisation du rêve européen commun aux peuples qui l’habitent. En résumé, il défendait l’existence d’une européanité commune, mais de moins en moins parfaitement réalisée lorsqu’on se déplace vers la partie orientale du continent à cause des contraintes venues de l’extérieur et parfois de l’intérieur. Szucs définit dans son texte les critères d’européanité qu’il n’est pas inintéressant de comparer avec ce qu’on appelle aujourd’hui « les acquis communautaires » pour se rendre compte d’un aspect assez visionnaire de sa théorie.

Des débats-pièges qui empêchent une véritable communication

6Depuis un quart de siècle, en effet, pour de nombreux Européens, ce qui était « un Occident kidnappé » est redevenu l’« Europe familière [2] » (1964). Et pourtant, l’incommunication des expériences provoque des malentendus majeurs et l’ambiance n’est pas aujourd’hui aux heureuses retrouvailles européennes, mais plutôt aux reproches et à la suspicion dans les relations réciproques. Si les débats sont difficiles c’est, nous semble-t-il, non seulement parce que les problèmes réels existent mais aussi à cause de l’incommunication due aux notions utilisées. Elles n’ont pas le même sens dans différentes parties de l’Europe et, sans un effort bienveillant d’empathie intellectuelle et d’écoute qui se refuse à un jugement hâtif, il ne sera pas possible de s’entendre. Aussi nous proposons-nous de passer en revue un certain nombre de ces « débats-pièges » sur les questions européennes qui empêchent trop souvent l’existence d’une communication véritable. Nous observons fréquemment qu’avant même qu’une discussion s’engage, ces termes ne sont jamais précisés. Or, ils induisent en erreur les interlocuteurs non avertis au lieu de les rapprocher en renforçant la plupart du temps les visions particulières.

La question de l’identité

7Commençons par quelques termes-pivots, dont le plus important nous paraît le « patriotisme constitutionnel », car il exprime une doctrine qui s’est imposée dans l’Europe d’après guerre – dont l’ambition première, nous l’avons rappelé, était la paix. Un consensus s’est dégagé chez les démocrates européens pour dire qu’il valait mieux éviter les débats sur l’identité nationale ou l’identité culturelle et s’efforcer de forger une nouvelle identité, une identité citoyenne susceptible de provoquer moins de controverses. Les deux précédentes sont de fait devenues suspectes après les débordements dont elles ont fait l’objet dans les années 1930, et il était de bon ton de s’en méfier. En tirant les conclusions de cette ambiance, les auteurs de la construction européenne ont longtemps cru aux vertus du lien rationnel, formel, supposé remplacer et éliminer les méfaits des nationalismes considérés par beaucoup comme principaux responsables des totalitarismes qui ont failli anéantir l’Europe. Ce patriotisme nouveau valorisait le lien citoyen et la loi, mettant en veilleuse l’attachement traditionnel au sol, à la tradition, à la langue, à la religion, à la communauté nationale. Par conséquent, l’identité nationale est devenue pendant des années un sujet absent du débat public, presque tabou dans la partie occidentale de l’Europe.

8Dans la partie soviétisée de l’Europe, au contraire, l’identité nationale, mise à mal par l’idéologie internationaliste du système communiste, n’a cessé d’être défendue dans les cercles de l’opposition démocratique pro-européens, comme élément indispensable de la sauvegarde de la culture européenne en danger. La citoyenneté seule, accompagnée d’un patriotisme rationalisé sans liens chauds – fondés sur une tradition vivante, sur l’appartenance à une communauté de valeurs intériorisées, consciente de mœurs et de mode de vie partagés, avec une langue, une religion, des coutumes, des lieux et des symboles auxquels on tient comme siens, car familiers – ne pouvait pas être convaincante.

9Avec l’arrivée des Européens de « l’Autre Europe », pour lesquels l’identité nationale et l’identité culturelle n’étaient pas des tabous mais des évidences jalousement sauvegardées, en dépit de l’internationalisme communiste, le retour d’une rhétorique proche de celle de la construction des identités nationales du xixe siècle [3] en a surpris plus d’un en Occident. Or, force est de constater qu’elle est omniprésente aujourd’hui, avec la crise du projet européen. Les européanistes convaincus sentent tous qu’il faut renforcer la conscience européenne [4] et réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour qu’un lien autre que formel puisse convaincre les Européens de rester ensemble au sein de l’Union. Peut-être le concept de « patriotisme constitutionnel » a-t-il fait son temps malgré ses mérites et devrait être repensé à l’heure actuelle ?

10La réaction de Julia Kristeva à la sortie du Royaume-Uni de l’Europe est significative à cet égard :

11

La question est de repenser l’identité européenne et je pense que la première chose que fait apparaître ce référendum c’est la nécessité de ne pas dénigrer les identités nationales. Je pense qu’on a trop vite fait, en France, à partir de notre version de l’universalisme, de considérer que l’identité nationale est un archaïsme dangereux. Je pense que l’identité nationale est un antidépresseur qu’il faut prendre au sérieux car il ne faut pas le pousser à l’extrême comme tous les antidépresseurs il peut devenir maniaque et conduire à la guerre contre les autres et à l’intégrisme religieux, mais c’est une dimension absolument nécessaire de l’identité personnelle et des identités collectives. Mais l’Europe, parmi les autres cultures qui se partagent la globalisation, est une tradition culturelle unique par rapport aux autres car chez nous une philosophie s’est créée pour laquelle l’identité n’est pas un culte mais une interrogation. Une mise en question. Toute cette dimension de la culture européenne est extrêmement importante : problématiser les identités. Et ça nous n’arrivons pas encore à le faire parce que nous, les intellectuels et les politiques et les intervenants autour de l’identité européenne et de la politique européenne, avons oublié la dimension culturelle [5].

12Dominique Schnapper, qui a pourtant toujours insisté dans ses travaux sur la « communauté des citoyens », modère aujourd’hui son propos (Schnapper, 2016) :

13

Il faut en effet penser l’avenir de l’Europe non pas seulement en termes d’organisations, mais en termes d’institutions, au sens large que les sociologues donnent à ce terme, c’est-à-dire les croyances et les pratiques instituées par la collectivité. Ce sont ces croyances et ces pratiques qui garantissent l’effectivité de la liberté politique qui est au cœur de l’idée républicaine et de la démocratie.
La démocratie que porte chaque nation européenne n’est pas parfaite, mais c’est la société la plus humaine que nous ayons connue dans l’histoire. Il faut se référer aux expériences historiques. La manière tragique dont les espoirs utopiques et les rêves de créer l’homme nouveau et une société idéale ont sombré dans l’horreur au cours du xxe siècle devrait nous empêcher, une fois pour toutes, de céder aux mirages de rêves de pureté et de perfection qui aboutissent, l’histoire l’a montré, aux totalitarismes.

14Et plus loin :

15

Il faut en effet souligner que le respect des institutions, s’il est une condition nécessaire à la pratique démocratique, ne peut être concrètement fondé sur la seule idée abstraite de l’État de droit ou sur ce que Jürgen Habermas appelle « le patriotisme constitutionnel ». Les citoyens sont des sujets de droit mais ils ne sont pas seulement des sujets de droit, ils sont des individus historiques, avec leurs mémoires, leurs fidélités, leurs passions et leurs aspirations.
(Ibid.)

16Nous constatons que tout le monde s’accorde aujourd’hui pour donner plus de place à la culture, à l’identité nationale et à l’expérience historique liée à la mémoire et à l’oubli qui forment une communauté. Les choses se compliquent lorsqu’on évoque le lien chaud, qui est nourri des passions, et qui est à l’origine de l’attachement – là, le consensus n’est plus aussi évident, on ne se comprend pas. Car dans la partie occidentale de l’Europe, en inculquant le lien citoyen on a en même temps discrédité tout attachement traditionnel, toute évocation de l’identité culturelle particulière, en laissant croire à certains que ce type de discours relevait des mouvements d’extrême droite, xénophobes, nationalistes, rétrogrades, non démocratiques et anti-européens. La discussion sur le sentiment d’enracinement, dans une configuration européenne, sur la nouvelle vision du patrimoine, qui ne se réduit pas à la conservation mais qui consiste « à faire du nouveau avec de l’ancien », le débat sur la transmission de la tradition vivante n’a lieu qu’entre spécialistes.

17Par ailleurs, la culture a été le terrain favori de l’instrumentalisation par les idéologies, et la méfiance vis-à-vis de ces phénomènes persiste à beaucoup d’endroits. La reconquête du droit à son propre récit, librement rédigé sur sa propre tradition et la possibilité d’exprimer sa propre perception de sa culture fait partie du combat démocratique de plusieurs communautés au sein de l’Europe réunie. Le droit de revendiquer l’enracinement en fait partie car les déplacements forcés des personnes, des destructions des monuments, des lieux de mémoires ont marqué les esprits (Snyder, 2012). Le désir d’une continuité de l’histoire personnelle et collective retrouvée, d’une narration sans trous ni pages blanches fait partie de ce qui est désormais associé aux droits de l’homme (Hermès, 2008).

Le rapport à la langue

18La deuxième source d’incommunication est le regard différent sur la langue qui, pour les Européens qui ont subi la propagande longue, a perdu son lien avec le réel. Les écrivains, comme Mrozek se sont rendu compte du danger que cela représente pour la liberté de penser. Car imaginer que l’on peut tout dire impunément est le propre de l’idéologie (Boudon, 1986). Dans la partie occidentale de l’Europe, la revendication de la recherche de la vérité est vite associée aujourd’hui au dogmatisme ou au discours moralisant. Des textes, qui mériteraient une traduction en français, comme celui du philosophe polonais Leszek Kolakowski Pochwala niekonsekwencji (2002 ; en fr., « Éloge de l’inconséquence »), ont montré les limites du relativisme qui mène à l’immoralité et non pas à la tolérance ou à la nuance subtile que les sophistes contemporains prétendent générer. Cette perception différente de la problématique du lien entre la langue et la liberté de pensée est tout à fait révélatrice des incommunications intra-européennes. Rares sont ceux qui peuvent en parler en connaissance de cause, ayant connu à la fois la captivité et la complexité de l’exercice du pouvoir. C’est le cas du dissident-président tchèque Vaclav Havel qui, en découvrant l’Occident, s’est intéressé justement à la langue en mettant en garde contre ce qu’il appelait la novlangue du monde actuel :

19

La Novlangue du monde actuel a-t-elle déjà si bien remplacé le langage humain naturel, au point que deux personnes ne peuvent plus se faire part même de l’expérience la plus simple ? […]. Il me semble que tous – que nous vivions à l’Ouest ou à l’Est – nous avons une tâche fondamentale à remplir, une tâche dont tout le reste découlerait. Cette tâche consiste à faire front à l’automatisme irrationnel du pouvoir anonyme, impersonnel et inhumain des idéologies, des systèmes, des appareils, des bureaucraties, des langues artificielles et des slogans politiques ; à résister à chaque pas et partout, avec vigilance, prudence et attention, mais aussi avec un engagement total ; à nous défendre des pressions complexes et aliénantes qu’exerce ce pouvoir – qu’elles prennent la forme de la communication, de la publicité, de la répression, de la technique ou d’un langage vidé de son sens.
(Havel, 1989)

20Le contexte d’aujourd’hui est autre. Nous ne sommes pas dans l’ambiance des années 1980, où l’on débattait de la sortie du communisme et de la réunification européenne avec une certaine dose d’angélisme. La question qui préoccupe de nombreuses personnes aujourd’hui est la suivante : que faire face à la résurgence du langage de la haine ? Les controverses sur le politiquement correct comme consubstantiel à la démocratie ou au contraire comme source d’affaiblissement de celle-ci montrent que nous ne nous comprenons pas bien en la matière. Pour les Européens de l’ancien bloc de l’Est qui avaient subi pendant un demi-siècle « la pensée captive » en la combattant notamment par la parole, ce n’est pas un sujet relevant des conventions mais un sujet existentiel. Wladyslaw Bartoszewski, membre de Żegota [6] et ensuite ministre des Affaires étrangères de Pologne après la chute du régime communiste, défendant l’ancienne règle de la bienséance qui force les personnes qui cohabitent sur un territoire à la respecter pour vivre ensemble, a écrit un petit essai intitulé Warto byc przyzwoitym (« Cela vaut la peine d’être un homme droit ») valorisant l’honnêteté dans les rapports humains. À l’occasion de la disparition récente de son auteur, ce texte a été largement rappelé dans son pays, même s’il détonne presque par ce qui peut être vu comme un idéalisme d’une autre époque.

21Des livres entiers [7] ont été écrits sur la manipulation des esprits, de la pensée et de la langue de l’autre côté du mur par des auteurs qui ont réfléchi sur ce sujet tout en subissant le phénomène sur lequel ils travaillaient. L’incommunication sur ce sujet est à nos yeux une des problématiques majeures, à côté de celle qui concerne l’identité et la nécessité du lien chaud qui ne relève pas forcément du nationalisme.

22Les incommunications européennes ne viennent pas seulement des défauts des formes de communication. Elles ont leurs sources aussi dans les attitudes mutuelles, bien plus profondes mais qui peuvent être modifiées si on y prête attention. L’histoire a séparé les Européens pendant la guerre froide, ce qui fait qu’ils ignorent leurs expériences mutuelles ou que les récits sur ces expériences sont peu partagés. Une autre source de malentendus vient du fait que ceux qui les racontent sont trop souvent réduits au rôle ambigu de témoins à qui on enlève souvent la légitimité scientifique. Les récits de ceux qui ont la légitimité scientifique manquent souvent d’épaisseur [8]. D’autre part, une forme de condescendance occidentale est observable vis-à-vis des malheurs de l’Europe soviétisée, comme si elle n’était pas capable d’être co-créatrice du récit commun sur l’Europe et en Europe. Or, les penseurs de l’Autre Europe (essayistes, philosophes, poètes, écrivains, sociologues) ont fourni des textes et des concepts fort intéressants mais insuffisamment divulgués et traduits pour des raisons évidentes de non-circulation des idées. Ces voix inaudibles (Nowicki, 2015) mériteraient d’être davantage connues pour augmenter l’empathie intellectuelle mutuelle et engendrer le vrai dialogue, au sens que lui donne le philosophe de la communication Francis Jacques, c’est-à-dire la recherche désintéressée de la vérité qui n’appartient à aucun interlocuteur.

Réconciliation et pardon

23Une autre incommunication majeure vient du fait que nous avons réduit le dialogue européen, toute la communication, à la négociation. Or, ce sont les intérêts qui se négocient, pas les valeurs. Les valeurs se partagent. Et pour qu’elles se partagent, il faut parvenir à la réconciliation et au pardon des torts. L’Europe s’est construite sur le socle d’un certain nombre de valeurs : la démocratie, les droits de l’homme et la clémence, c’est-à-dire en droit le rejet de la peine de mort et en culture la réflexion sur le pardon et la réconciliation – ce qui la différencie d’autres espaces. Il faudrait que cette caractéristique soit visible dans l’enseignement et entre dans la conscience des Européens. Or, ce qui frappe, c’est qu’à cet égard on parle en Europe principalement des sujets « occidentaux », en les donnant pour exemple, comme c’est le cas de la réconciliation franco-allemande, très importante et très respectable. Mais pourquoi n’évoque-t-on jamais par exemple les efforts du milieu de Kultura avec Jerzy Giedroyc et sa doctrine ULB (et R) [9] qui a modifié le regard de nombreux Polonais sur la question des confins perdus, ce qui a affaibli la nostalgie dans sa tonalité néfaste et a permis une autre vision des rapports avec les voisins de l’Est (l’Ukraine, la Lituanie, la Biélorusse, sans parler de la Russie) ?

24Le nom de Jerzy Giedroyc est peu connu en France alors qu’il a créé son institut à Maisons-Laffitte, où il vécut un demi-siècle et l’influence de sa doctrine sur la politique étrangère de la Pologne après la chute du Mur ne fait aucun doute dans les milieux avertis en Europe. Bronislaw Geremek le soulignait avec insistance à une époque. Fort heureusement, restent les archives de Kultura, d’une valeur inestimable pour les générations à venir. Elles ont été promues au rang de patrimoine immatériel de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Dans le document du Registre de la mémoire du monde, nous lisons en effet :

25

Les Archives de l’Institut littéraire représentent la documentation complète des activités de l’Institut littéraire entre 1946 et 2000. Il s’agit d’une collection unique décrivant les activités d’une institution d’émigration sans équivalent qui, grâce à la vision intellectuelle et politique défendue plusieurs décennies durant par ces fondateurs et dirigeants, a joué un rôle vital lors des événements historiques majeurs du xxe siècle, la victoire pacifique sur la dictature communiste et sur la division du monde en deux blocs politiques antagonistes.
L’Institut a fortement contribué à l’heureux dénouement de la transformation qui s’est produite en 1989-1990 en posant des fondements intellectuels et politiques qui, grâce au dialogue des élites, ont rendu possible la réconciliation entre les nations de l’Est et de l’Europe centrale et orientale. L’Institut mérite également d’être distingué pour avoir permis aux intellectuels de cette partie de l’Europe de prendre part à de riches échanges intellectuels au niveau international pendant une période de blocus et de censure de l’information qui a duré jusqu’à la fin des années 1980. [10]

26L’importance de la lettre des évêques polonais adressée aux évêques allemands en 1965 – qui a scandalisé par sa formulation à l’époque, car ils demandaient pardon et ils pardonnaient ceux qu’on jugeait à Nuremberg – est reconnue. Cette démarche a été fondamentale du point de vue européen car elle a permis de contrer l’anti-germanisme agressif inscrit dans la lutte idéologique du régime communiste et d’envisager une cohabitation européenne sur la base d’un véritable partenariat, ce que l’Allemagne et la Pologne sont devenues aujourd’hui sur de nombreux plans.

27Le troisième exemple qu’il faudrait évoquer bien entendu, où la réconciliation et le pardon sont essentiels, c’est la lustration [11], tentative de règlement de comptes pacifique entre ceux qu’on juge comme responsables des exactions lors de la période communiste et les sociétés dans lesquelles ils vivaient. Sujet délicat, dont la réussite ne peut être satisfaisante, comme ont été complexes tous les règlements de conflits internes dans les pays européens après les périodes de dictatures.

28Il est sans doute trop tôt pour en faire un débat européen. Le roman en rend compte de manière tout à fait intéressante – tel Revu et corrigé de Peter Esterhazy (2005) pour la Hongrie, Rouja Lazarova pour la Bulgarie (Mausolée, 2009 ; Le Muscle de silence, 2015) et bien entendu La Fin de l’homme rouge de la Biélorusse Svetlana Alexejevitch (2013).

29Ces quelques exemples montrent que Dominique Wolton (2012) avait raison quand il affirmait que l’Europe anciennement de l’Est allait demander ses comptes :

30

Les pays de l’Europe de l’Est pourraient bientôt se tourner vers nous nous demander quelques comptes. Non seulement pendant quarante ans nous n’avons pas fait grand-chose pour les aider, mais quand nous les avons retrouvés, ce fut largement pour voler au secours de leurs victoires et trouver, une fois l’euphorie des retrouvailles passées, ces pays légèrement décevants… […] Pour qui voyage un peu à l’Est aujourd’hui, il n’est pas difficile d’entrevoir la solitude dans laquelle se trouvent des pays. Solitude d’autant plus paradoxale que les facilités de circulation, l’explosion de la communication et l’essor du tourisme pourraient au contraire créer des conditions d’une certaine intercompréhension. Ces pays ont le sentiment de ne rien pouvoir nous apporter et surtout d’avoir à se taire. L’indifférence est grande à l’égard des peuples pourtant si tragiquement liés à notre histoire puisqu’ils nous ont en partie permis de vivre quarante ans en paix, d’une paix chèrement payée par eux.

31En effet, l’Europe anciennement de l’Est demande depuis un certain temps à être entendue. Pas assez prise en considération dans un débat commun, même si invitée dans la maison commune, elle a été europhile pendant plusieurs années et aujourd’hui elle exprime sa frustration de manière difficilement audible en Occident, y compris dans les pays aux traditions pro-occidentales fortes (le gouvernement PIS en Pologne, Orbán en Hongrie). Cela ne peut qu’aggraver les incommunications. Il est certain que l’histoire de l’Europe ne peut être racontée aux Européens par la seule voix occidentale. Le mur est tombé il y a 25 ans et le récit devrait être désormais croisé. Pour que les incommunications dont nous avons montré certaines manifestations puissent être peu à peu surmontées, il faut veiller à l’émergence d’une conscience européenne commune. Certaines initiatives voient le jour actuellement [12] notamment celle inspirée par les idées de Paul Ricœur (1992), qui propose la narration croisée fondée sur la traduction et le pardon :

32

Traduction […] est la seule manière de manifester l’universalité du langage dans la dispersion des langues. La narration croisée […] est la seule manière d’ouvrir la mémoire des uns sur celle des autres ; le pardon […] est la seule manière de briser la dette et l’oubli et ainsi de lever les obstacles à l’exercice de la justice et de la reconnaissance.

33C’est l’enseignement qui devrait être le vecteur fondamental de la formation de cette conscience, comme c’était le cas pour la formation de la conscience nationale en Europe à une autre époque. Or, l’éducation reste pour l’instant un domaine national. Le programme Erasmus est important, mais insuffisant pour permettre aux étudiants de vivre intellectuellement l’Europe. Ce qu’on oublie aussi, ce sont les professeurs – nous ne sommes pas nombreux à avoir vécu cette aventure très enthousiasmante de pratiquer la confrontation de traditions intellectuelles, des habitudes de pensées, de manières de transmettre le savoir dans différents pays. Les « doubles masters » le permettent, les doctorats en cotutelle également, mais il faudrait faire beaucoup plus pour rendre l’Europe plus familière à davantage de personnes. Quelques exemples de réussites existent, mais l’expérience est loin d’être généralisée.

34Le roman et la cinématographie, tout comme l’enseignement, sont d’autres vecteurs importants, à côté du tourisme intelligent (dont nous parlons dans ce numéro à travers l’exemple des itinéraires européens) pour surmonter les incommunications profondes qui empêchent les Européens de se comprendre. En effet, là où les sociologues ou les politistes ont du mal à analyser la réalité qui leur échappe, les romanciers peuvent parfois la saisir [13]. C’est une question qui intéresse un nombre grandissant de ceux qui s’intéressent à la question des transferts culturels, à la démarche comparative et qui pensent que la littérature peut ouvrir des horizons inattendus. Même si rares sont encore les vrais romans européens, ils existent, comme celui intitulé Mon Europe écrit simultanément par un Polonais et un Ukrainien et qui illustre une façon singulière d’envisager les confins européens qui se regardent par rapport au centre (Andrukhovych et Stasiuk, 2004). Car le risque d’une autre incommunication européenne est celui qui résulte de l’imaginaire des frontières – visibles et invisibles.

35Bien des frontières séparent les esprits pour que la compréhension fonctionne. Faut-il pour autant abolir toutes les frontières pour que l’incommunication cesse ? Nous ne le pensons pas. Le système internationaliste imaginait qu’on pouvait vivre dans un monde sans racines. C’est bien entendu absurde et contraire aux besoins les plus élémentaires de l’homme. Simone Weil (1949) l’avait bien vu.

36Dans un petit ouvrage paru récemment et intitulé Fraternité, Frans Timmermans (2016) réfléchit précisément sur cette question :

37

[…] Une frontière est une chose belle et précieuse, en ce qu’elle offre un repère sans exclure celui qui se trouve au-delà d’elle. […] Celui qui est à tous égards sans frontières, finira aussi par être sans frein et amoral, pour ne pas dire immoral. Ainsi les lois sont-elles les normes opposables qui découlent de nos valeurs. Les lois posent les frontières, les conventions sociales posent les frontières, notre bon sens pose des frontières.
Les frontières sont là précisément pour faciliter et renforcer l’échange et la compréhension mutuelle, sans effacer pour autant les différences utiles entre les divers groupes humains.

38Il montre bien la différence entre les murs et les frontières. En effet, ce qui fait cette différence principalement, ce sont les motivations – l’ouverture à l’Autre ou la peur de l’Autre. Lorsqu’on réfléchit sur les incommunications, il ne faut pas sous-estimer le rôle de la peur dans les relations internationales et l’instrumentalisation de l’angoisse. Après les Terres de sang, Timothy Snyder a publié Terre noire (2016), une mise en garde contre le risque d’un autre génocide, après l’Holocauste. Livre noir en effet. Interrogé sur l’avenir de l’Europe, l’historien américain, spécialiste de l’Europe du Centre-Est a répondu :

39

Je ne souhaite pas aux Européens que la leçon soit trop sévère, mais la leçon viendra. Vous ne savez pas vous-mêmes ce que vous êtes en train de perdre. C’est la politique de Poutine qui fait mal, qui visiblement depuis trois ans considère l’Europe comme ennemie et veut la détruire. On le voit lors de la guerre en Ukraine, on le voit à travers le financement par Poutine des mouvements antieuropéens et les partis anti-européens, nationalistes et populistes. Poutine ne combat pas l’Ukraine en Ukraine, il combat l’Europe. [14]

Le rapport à la Russie

40Le rapport à la Russie est en fait un autre sujet d’incommunication en Europe. Les expériences sont trop différentes – les uns pensent que la suspicion à l’égard de Poutine est une obsession post-soviétique, les autres considèrent que la grande culture russe justifie une politique impériale, d’autres encore développent la théorie d’un moindre mal ou la nécessité d’une realpolitik. Une voix commune européenne n’existe pas à cet égard, ce qui affaiblit l’Europe. L’interprétation des deux totalitarismes qui ont touché l’Europe ne fait pas consensus. Tout le monde ne traite pas les crimes de Hitler et de Staline comme « les aspects différents du même phénomène [15] », comme le fait l’historien américain. Les controverses profondes persistent dans l’interprétation de l’histoire récente de l’Europe, le rôle des Soviétiques, des Américains, le jugement porté sur la période de la guerre froide, sur la dissidence, la sortie du communisme et la transformation démocratique et un grand nombre d’autres sujets.

41Il nous semble que le dialogue raisonnable en Europe commencera seulement lorsque les versions différentes, parfois opposées de l’histoire mais pas absolument inconciliables pourront enfin être racontées à différents endroits de l’Europe. Il manque en effet, dans l’enseignement des jeunes Européens, une perspective européenne. Dans la recherche académique dont le reflet se voit dans les publications, le récit comparé Est/Ouest commence à être disponible, comme dans les travaux de T. Snyder que nous avons évoqués (voir également Snyder, 2004) ou du spécialiste britannique de l’Europe Norman Davies [16]. Les historiens issus d’Europe centrale comme Krzysztof Pomian (1990) ou Karol Modzelewski (2006) ont consacré plusieurs œuvres, tout comme les philosophes s’intéressant depuis longtemps à la pensée européenne comme Chantal Delsol et Jean-François Mattei dans L’Identité de l’Europe (2010) ou encore des littéraires qui incarnent l’Autre Francophonie comme Predrag Matvejevitch (2005), pour ne citer que ces quelques exemples d’auteurs qui ont réfléchi dans une perspective européenne comparée.

42La situation actuelle n’est pas facile – les incommunications sont nombreuses et leurs sources complexes. Il faut espérer que nous autres Européens, face aux menaces qui sont sérieuses, parviendrons à surmonter nos incompréhensions pour que L’Appel aux Européens de Stefan Zweig (2014), dont certaines idées sont d’une inquiétante actualité, ne sonne pas comme un avertissement…

Notes

  • [1]
    Pour reprendre la désormais célèbre formule de Milan Kundera tirée de son essai « Un Occident kidnappé » (1983) et devenu une sorte de plaidoyer pour le retour de l’Europe centrale dans la géopolitique mondiale.
  • [2]
    Titre de l’essai de Czeslaw Milosz dans lequel l’auteur voulait « rendre l’Europe de l’Est familière au lecteur occidental ». Nous connaissons l’histoire de cette traduction/trahison qui en a fait, pour les lecteurs francophones, « Une autre Europe »…
  • [3]
    Nous faisons allusion à l’ouvrage de Thiesse, 1999, qui montre l’effort des élites européennes au xixe siècle pour renforcer le sentiment d’appartenance à une nation.
  • [4]
    Pour reprendre l’heureux titre du collectif dirigé par Arjakovsky, 2016.
  • [5]
    Julia Kristeva, La Matinale de France Culture, 24 juin 2016.
  • [6]
    Nom de code de la Commission d’aide aux juifs (pl. Rada Pomocy Żydom), une organisation clandestine de la résistance polonaise qui opérait en Pologne durant l’occupation allemande (1942-1945). L’action de Żegota a permis de cacher environ 100 000 juifs, dont de nombreux enfants.
  • [7]
    Notamment les travaux majeurs de Glowinski, 1990, comme de Wat, 2000 ou de Milosz, 1953. Signalons un numéro entier de la revue Hermès (2010), intitulé « Les langues de bois », qui comporte par ailleurs une bibliographie assez complète sur ce sujet important.
  • [8]
    Nous avons consacré à ce sujet une contribution au volume sur le roman européen. Voir Nowicki, 2016.
  • [9]
    La doctrine ULB et R – Ukraine, Lituanie, Biélorussie (et Russie) – de Jerzy Giedroyc consistait à renoncer à Lvov, Vilnus – symboles de l’ancienne présence polonaise sur ces territoires pour créer de nouveaux rapports avec ces voisins devenus un jour eux aussi indépendants.
  • [10]
    Texte tiré d’un document du Registre de l’Unesco que le directeur de l’Institut M. Wojciech Sikora a mis à notre disposition. En septembre 2014 a été inauguré le site <www.kulturaparyska.com>, qui depuis peu est accessible aux lecteurs autres que polonophones.
  • [11]
    Sur ce sujet, il est intéressant de lire Timothy Garton Ash, chercheur britannique, spécialiste de l’Europe centrale, qui a essayé de comparer les différentes lois dans les pays post-soviétiques et d’en tirer quelques conclusions provisoires. Son essai The File. A personal History (1998) retrace par ailleurs l’histoire du contrôle policier dont il a fait l’objet en tant que chercheur occidental dans un pays de l’Est, et les difficultés d’accès à son propre dossier en Grande-Bretagne.
  • [12]
    Comme par exemple celle d’Antoine Arjakovsky, qui a abouti à la publication de L’Histoire de la conscience européenne (2016).
  • [13]
    Nous traitons largement de cette problématique dans Nowicki et Radut-Gaghi, 2017.
  • [14]
    Entretien d’Adam Michnik avec Timothy Snyder, Gazeta Wyborcza, 14-15 mai 2016.
  • [15]
    Allusion à la formule de Snyder, citée par Adam Michnik dans l’entretien ci dessus.
  • [16]
    Voir Davies, 2006 et Davies, 1996, avec une introduction montrant une historiographie de l’Est européen très influencée par la soviétologie.
Français

La construction européenne a été entreprise à la suite du désastre d’une guerre fratricide et au nom du « Plus jamais ça ! » pour garantir la paix entre Européens. Lorsque le deuxième système totalitaire est tombé en Europe, la voix des anciens dissidents aux convictions européennes affirmées est devenue enfin audible pour réclamer non pas un « élargissement » de l’Europe mais un « retour à l’Europe », c’est-à-dire une « réunification » européenne. Ce projet n’est que partiellement réalisé aujourd’hui, avec une Europe où certain nombre de malentendus et d’incompréhensions persistent. Cet article tente de les analyser tout en montrant les réflexions de penseurs qui pourraient aider à les surmonter.

Mots-clés

  • malentendus
  • réconciliation
  • pardon
  • conscience européenne

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Joanna Nowicki
Joanna Nowicki est professeur des universités à l’université de Cergy Pontoise et à Sciences Po Saint Germain-en-Laye. Membre du laboratoire LDI (UMR 7187, CNRS), elle est impliquée depuis sa création dans les travaux de l’ISCC et fait partie du bureau de la revue Hermès. Ses publications portent sur la communication Est/Ouest, l’imaginaire collectif européen, la circulation des idées en Europe et l’Autre Francophonie. Dernières parutions : contribution à Histoire de la conscience européenne (Antoine Arjakovsky (dir), éd. Salvator, 2016) ; Rêve d’Europe (avec Luciana Radut-Gaghi, éditions Honoré Champion, 2017).
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 26/05/2017
https://doi.org/10.3917/herm.077.0027
Pour citer cet article
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