La presse écrite numérique, entre innovation et renouveau
1Dans le milieu des années 1990, le secteur de la presse écrite s’est vu attribuer par certains de ses acteurs la mission de s’approprier Internet pour développer un journalisme multimédia, renouveler la démocratie et proposer une nouvelle économie (De Laubier, 1998). Depuis lors, des études et des recherches, notamment en sciences de l’information et de la communication, ont démontré que le secteur a certes connu des transformations mais peut-être pas celles attendues initialement :
2– Les possibilités multimédia d’Internet, devant enrichir le mode de traitement de l’information, ont davantage conduit à l’arrangement de formats traditionnels avec intégration de vidéos dans des articles écrits (Dagiral et Parasie, 2010) qu’à de nouveaux formats tels que les webdocumentaires, peu nombreux, mais qui proposent des modes de production de sens diversifiés : documentarisant, fictionnalisant et/ou ludicisant (Rueda, 2016).
3– Les spécialistes auto-proclamés d’un domaine (Le Cam, 2010), aux frontières entre pratique amateur et pratique professionnelle (Flichy, 2010), ont remis sur le devant de la scène les points de vue personnels (Cardon, 2010), remettant en cause le monopole journalistique d’observation des faits, leur sélection, leur diffusion et leur interprétation (Tétu, 2008).
4– Si la réduction des coûts de reproduction et de diffusion est un atout économique pour la presse en ligne, sa dépendance accrue à la publicité et aux abonnements n’assure pas sa rentabilité (Charon et Le Floch, 2011), avec pour conséquence que les groupes de communication pluri-médias rompent de plus en plus avec la presse quotidienne (Charon, 2009).
5Cet article ne propose pas de réfléchir à la manière dont Internet – et plus particulièrement le Web – a participé à la remédiation entre événement/information/journaliste/lectorat et à la reconfiguration socio-économique du secteur de la presse écrite en France, puisque ce travail a été déjà largement balisé par les auteurs précités. Nous voudrions utiliser le cas de la presse écrite quotidienne en ligne pour démontrer qu’une innovation technologique prend place dans la société lorsque des producteurs, dans une démarche que l’on pourrait assimiler à une approche sémiotique (Jeanneret, 2007), arrivent à offrir des activités ayant du sens pour des usagers tout en établissant des modèles économiques viables sur le court terme ou le long terme. Dit autrement, le binôme usages et modèles d’affaire est indissociable du design d’un dispositif d’information. Pour ce faire, nous appuierons nos argumentations sur des exemples venant essentiellement de la presse écrite quotidienne française pour une raison de cohérence de corpus – mais nous aurions pu citer des exemples issus de la presse hebdomadaire ou mensuelle. Nous exploiterons également des travaux de recherche auxquels nous avons pu participer, portant sur l’information sportive sur Internet ou la personnalisation de l’information et déjà valorisés dans quelques articles ou conférences (Collet et Papa, 2007 et 2013 ; Collet, 2011).
Design d’activités infocommunicationnelle dans les sites de presse écrite sur Internet
6Quatre aspects saillants nous semblent sémiotiquement signifiants dans les sites de presse écrite quotidienne en ligne : la mise en forme des pages écran, les activités des lecteurs, leurs productions verbales et la « starisation » des journalistes. Les dispositifs numériques comportent, par ailleurs, d’autres traits saillants comme son architecture ou l’articulation sons/textes/images (Collet et Paquienséguy, 2015) mais ces derniers sont moins signifiants dans la construction de la place et du rôle du lecteur dans les dispositifs en ligne de presse écrite. Ils ne sont donc pas traités dans le cadre de cet article.
Prégnance de la forme liée au papier
7En se connectant sur un site web de presse écrite (lemonde.fr, liberation.fr, lefigaro.fr, etc.), un internaute pourra remarquer l’aspect visuel de la mise en forme de la page d’accueil. Celle-ci repose sur les grands principes de la presse écrite sur support papier : des colonnes pour exposer un maximum d’informations et des codes typographiques et graphiques (taille des caractères, présence de photographies ou illustrations) pour mettre en avant certaines informations par rapport à d’autres, et ainsi les hiérarchiser (Mouillaud et Tétu, 1989). Il est alors possible de parler de filiation et de continuité visuelle avec les structures normatives de la tradition papier, prouvant bien la nécessité de séparer le dispositif de sa couche sémiotique (Jeanneret, 2007). D’ailleurs, tout nouvel acteur de la presse écrite en ligne portera une attention particulière à respecter ces éléments de mise en forme, comme cela a été le cas pour des pure player du Web : le huffingtonpost.fr, slate.fr, mediapart.fr, etc.
Prégnance de la personnalisation
8Ensuite, les lecteurs pourront remarquer que les productions journalistiques sont essentiellement textuelles. Il existe bien des productions multimédia, comme les webdocumentaires, mais ceux-ci sont rares. Seul lemonde.fr leur consacre une rubrique entière. Les lecteurs peuvent mener plusieurs types d’activités info-communicationnelles, qui ne se limitent pas à lire, écouter ou regarder des contenus informationnels. Ils peuvent, en plus de tout cela :
- promouvoir ces contenus en votant pour le meilleur article, le signaler sur Facebook ou tweeter ou le recommander à un ami via l’envoi d’un e-mail. Il suffit d’appuyer sur un bouton iconique pour ouvrir une boîte de dialogue et ensuite agir. Ainsi, l’internaute ne quitte pas la page qu’il est en train de lire et peut continuer à naviguer sur le site ;
- répondre à des sondages, dont les résultats sont visibles uniquement si on y participe. Cela permet de retenir l’internaute et l’amener à lire une nouvelle page où sera exposée de la publicité ;
- contacter le journaliste, via l’adresse électronique rendue publique, autorisant, du moins virtuellement, un échange en retour de la part du lecteur. De la sorte, le lecteur peut moins ressentir le rapport inégalitaire qu’il entretient avec son journal ;
- construire des accès personnalisés à l’information, que ce soit par le biais d’abonnements, généralement payants, pour accéder à des archives ou le paramétrage d’une page personnelle d’information. Généralement, il faut fournir des informations sur soi-même, ce qui permet ensuite un traitement personnalisé des informations et des messages publicitaires ;
- commenter l’information en mettant en ligne ses réactions sur les articles proposés, suite logique du courrier des lecteurs.
9Si l’ensemble de ces fonctionnalités offre aux éditeurs la possibilité de donner corps, dans leurs discours d’autopromotion, au thème du renouveau de la démocratie, les quatre premières fonctions développent surtout la réalisation d’une stratégie marketing de captation de l’attention des lecteurs et de colonisation de leurs réseaux relationnels. La dernière fonction cherche à valoriser un nouveau genre : l’expérience humaine verbalisée dans un espace public, où les avis personnels des lecteurs ont le droit de cité. Ils peuvent critiquer l’article et le positionnement du journaliste, donner leur interprétation des faits en fonction de leurs propres savoirs et cadres interprétatifs.
Prégnance de la subjectivité
10Une analyse des commentaires des internautes sur différents types de sites web (presse écrite, forums de discussion, etc.), menée dans le cadre d’une recherche maintenant ancienne (Collet et Papa, 2007), montrait que :
- l’énonciation à la première personne du singulier était déjà largement répandue quel que soit le dispositif d’information et de communication et le contenu de l’échange. La plupart du temps, le commentateur n’est ni témoin ni individu extérieur au contenu transmis mais bien au centre du discours. Les échanges sont souvent inexistants entre l’auteur de site personnel et ses lecteurs potentiels : ou du moins les échanges, s’ils existent, ne sont pas toujours publicisés sur le site (ils peuvent exister en dehors du site grâce aux adresses électroniques des interlocuteurs). Dès lors, les discours contribuent au mieux à esquisser un horizon sublimé du monde. Il est en effet possible de supposer que les valeurs proposées, étant interprétables par tout un chacun, renvoient à des pratiques en gestation ou en définition ou, dit autrement, que le « Je » ne rencontre pas mais cohabite avec le « Tu ». La fonction de ces échanges, dans ce cadre précis, semble être de produire les significations imaginaires sociales du lectorat.
- les discours reposent très peu sur l’organisation d’arguments et privilégient les affirmations catégoriques. Pour se faire convaincant, ils empruntent aux codes de l’échange interpersonnel qu’ils mettent en scène en réintroduisant fictivement la dimension vécue. L’absence de réels échanges entre interlocuteurs peut donc expliquer en partie la pauvreté syntaxique des contributions, soit que les affirmations se suivent sans articulations logiques soit qu’elles sont catégoriques. C’est au fond la « vérité » de l’individu qui s’exprime.
11Ces caractéristiques discursives vont à contre-courant de l’histoire des entreprises de presse qui, nées au milieu du xixe siècle, ont su établir une position dominante dans l’espace public de discussion se constituant à cette époque entre la sphère d’État et la sphère privée (Cardon, 2010). Et ces entreprises, en devenant des gate keepers, ont surtout restreint l’accès à l’espace public en mettant en scène l’objectivité de l’information en éliminant les marques d’énonciation trop fortes. Or, le retour de la subjectivité autorise une reconfiguration économique du secteur en permettant l’arrivée de nouveaux acteurs, en brouillant les frontières entre professionnels de l’information et amateurs.
Prégnance et starification des journalistes
12Une des répliques pour les éditeurs de presse pour relégitimer les journalistes par rapport aux Pro Am a consisté à les stariser, ce qui passe notamment par le développement de blogs. Les blogs ne mettent pas en avant l’information mais celui qui la produit. Le journaliste devient de plus en plus animateur de communauté, « facilitateur » d’échanges, créateur de liens, et l’offre éditoriale intègre la nécessité de susciter l’adhésion à une identité commune (communauté d’intérêts, de pensée, etc.) en encourageant un sentiment d’appartenance communautaire. Le site lemonde.fr n’hésite pas à les mettre en avant sur sa page d’accueil, en se contenant de préciser « post de blog » pour les différencier des autres contenus.
13Mais la logique du star system n’aboutit pas à la mise en place d’une stratégie économique purement éditoriale, bien qu’en partie présente dans la presse écrite sur support papier à travers la logique du double marché : vente de la production sur support papier aux lecteurs et vente du lectorat aux annonceurs.
Reconfiguration du modèle d’affaire
14Si le modèle économique de la presse en ligne n’est pas encore stabilisé, il est néanmoins possible de dégager trois tendances fortes.
Logique d’actualisation régulière de l’information
15La fréquence de mise à jour de l’information est très variable selon les sites, traitée de manière identique à l’intérieur de la page et du site : dans l’axe de la verticalité (espace de la page) et/ou de la profondeur (espace du site/arborescence). Plus on descend dans l’axe vertical de la page ou dans les niveaux d’arborescence, moins l’information est récente. C’est ainsi que se gère formellement et structurellement le passage de l’information de flux à l’information de stock (dont le point d’arrivée est « l’archive »).
16Ceci est aussi un indicateur du caractère gratuit de l’accès de l’information, qui amène à attirer plusieurs fois par jour le même lecteur pour multiplier les recettes publicitaires.
17À cela, il faut ajouter des rendez-vous réguliers proposés aux internautes-lecteurs : participer à des sondages journaliers ou pouvoir « chatter » avec un invité de la rédaction.
Logique temporelle de monétisation de l’information
18Une logique s’est progressivement imposée : une articulation entre un accès gratuit à l’information du jour et un accès payant aux archives et/ou dossiers est en train de se mettre en place. Ce modèle ressemble à celui de la chaîne de télévision payante Canal plus qui, dès son lancement, proposait de 19h15 à 20h30 des émissions non cryptées. Des émissions dites en clair ont leur importance car elles constituent une vitrine de la chaîne, destinée aux non-abonnés que l’on cherche à convaincre. Dans le même temps, ces créneaux diffusent des messages publicitaires interdits pendant les diffusions cryptées. Pour la presse écrite, la stratégie est identique : l’accès gratuit doit permettre de faire connaître les services payants et doit être financé en partie ou en totalité par la publicité.
19Nous pouvons également voir dans cette articulation, une stratégie de multivalorisation d’une même information via l’instauration d’un cycle de vie : l’information du jour est d’abord accessible gratuitement sur le site mais également en push dans les newsletters ou systèmes d’alerte. Elle peut ensuite être revendue à un partenaire comme les city guides, portails, etc. Enfin, au bout de quelque temps, elle peut intégrer les archives et venir alimenter des monographies de personnalités ou d’institutions.
Processus de rationalisation
20Cette multivalorisation passe également par la diffusion sur les multiples écrans numériques.
21Elle est effective à travers la chaîne de production d’un article sur Internet qui, saisi en numérique pour son impression papier, peut ensuite être démultiplié dans différentes offres. Elle est en cours d’implantation pour les autres supports de diffusion à travers l’usage de nouveaux langages de programmation qui rendent possibles – sans qu’il soit nécessaire de multiplier le nombre de pages – la séparation du contenu de sa mise en forme, et l’adaptation de la mise en forme du contenu à son support de visualisation. Le même site peut ainsi être consultable à partir de n’importe quel support grâce à des architextes qui font le travail (Souchier, Jeanneret et Le Marec, 2003).
Le rôle des nouveaux entrants dans le renouvellement de la presse écrite sur Internet
22Ces nouvelles activités info-communicationnelles et ces modèles d’affaire auraient-ils été possibles sans qu’Internet soit l’occasion pour des pure player de proposer de nouvelles fonctionnalités et de nouvelles médiations entre l’information et ses consommateurs ? Rien n’est moins sûr car ces acteurs, n’ayant pas le poids des habitudes et traditions professionnelles à supporter, ont pu développer des fonctionnalités, produits et services nouveaux. En d’autres termes, ils ont pu designer au sein de dispositifs en ligne de nouvelles relations entre informations, lecteurs et journalistes et ouvrir la voie vers de nouveaux modèles d’affaire.
23Afin d’échapper à toute détermination technologique, et plutôt que de s’attacher à une approche en fonction des dispositifs techniques (blog, forum, réseau social, etc.), nous proposons de classer les différents acteurs selon le type de médiations proposées.
Des médiations organisées pour augmenter la participation
24Ainsi avons-nous les dispositifs d’information alternative plus ou moins éditorialisés sur blogger.com ou n’importe quel dispositif de blog, où des particuliers peuvent commenter l’actualité, des experts peuvent proposer des dossiers thématiques. Ces dispositifs sont ouverts. D’autres sont plus fermés comme indymedia.org, qui permettait la modération a priori des productions publiées. Dans le domaine de l’information généraliste de presse écrite, on peut également citer le démarrage du site bondyblog.fr en novembre 2005, qui s’est depuis professionnalisé mais qui a commencé avec une cinquantaine de rédacteurs citoyens issus de banlieue et en tant qu’ensemblier d’expérience.
25Ainsi donc, au sein de ces dispositifs, la figure du « journaliste citoyen » est mise en avant dans les discours de promotion, les modalités de publication et les signatures des articles.
26Mais nous avons également des ensembliers d’expérience, centrés sur une pratique, proposant le partage d’une expérience vécue. Par exemple, dans le domaine du sport de montagne, le site camptocamp.org permet de s’informer sur les pratiques de sport en haute montagne et vient concurrencer les magazines spécialisés en alpinisme. Ici, la médiation prend corps dans les relations entre lecteurs/producteurs d’information.
Des médiations organisées pour produire de la valeur marchande
27Les portails d’entrée sur le Web proposent des fils d’actualité produits par l’AFP, Reuters, pour retenir le plus possible les internautes au sein de leurs pages pour augmenter les ressources publicitaires. C’est le cas en France de l’opérateur Orange, dont le site portail permet de mieux qualifier les adresses IP de ses abonnés. Mais c’est également valable pour facebook.com et twitter.com, qui ne vivent pas uniquement des contenus produits par les internautes mais permettent de faire circuler des liens vers des contenus journalistiques. Est ainsi mise en avant la possibilité pour l’usager de se construire sa propre page d’accès à l’information. Si pour les usagers de l’information, l’enjeu apparent est d’introduire de la rationalité dans la consommation d’informations, pour les annonceurs, l’enjeu est de personnaliser les messages publicitaires.
28Enfin, des organisateurs d’événement utilisent le Web pour informer en temps réel sur le déroulement de l’évènement. Par exemple, dans le domaine du sport, les fédérations et instances internationales publiques ou les organisations privées permettent de suivre en direct les scores, les classements, les temps, etc. Ce trait est maintenant saillant pour les organisateurs de grands évènements et pas uniquement sportifs comme les jeux olympiques ou les coupes du monde de football : salons mondiaux, évènements politiques utilisent également des sites web pour communiquer auprès de leurs cibles… L’idée portée par ces acteurs est de mettre en contact le lecteur avec l’événement en se passant de la médiation journalistique, comme si ces informations ne répondaient à aucune logique éditoriale et aucun enjeu de communication.
29Les recherches, notamment en sciences de l’information et de la communication, qui ont porté sur l’arrivée de nouveaux acteurs de la presse et leurs apports, les transformations dans les métiers du journalisme, notamment vis-à-vis de la place grandissante du lecteur dans le dispositif journalistique, et la transformation des modèles économiques permettent de comprendre que le Web n’est pas forcément synonyme de nouvelle économie et de renouveau de la démocratie pour le secteur de la presse écrite.
30Au-delà de ce constat largement connu et partagé, le point de vue développé ici est que le succès d’une innovation technologique ne consiste pas seulement à fixer un cadre d’utilisation et un cadre d’usage (Flichy, 1995) mais à mettre en signe des activités et des contenus, qui ont un sens socio-économique viable : médiation sociale et modèle d’affaires viables. C’est cette capacité de « designer » des formes et des activités nouvelles pour les usagers, monétisables, qui nous semble centrale dans le processus d’appropriation d’une innovation technologique par des acteurs économiques. Cette perspective permet de se rendre compte, par exemple, que les acteurs traditionnels d’un secteur éprouvent des difficultés à présenter de nouveaux produits/services à cause de leurs habitudes prises alors que les acteurs entrant sur le marché, sans tradition, ont plus de liberté pour proposer des fonctionnalités et des contenus nouveaux.
31Mais cette relative liberté ne signifie pas qu’il n’y ait pas au bout du compte un formatage des modes de production – et c’est ce qui a cours avec les architextes numériques (Souchier, Jeanneret et Le Marec, 2003) de gestion de contenus. Et si l’innovation remet en cause des habitudes de penser et d’agir, son appropriation sociale conduit à en créer de nouvelles. Ainsi, en proposant des contenus subjectifs assumés et des dispositifs de mise en relation, les réseaux sociaux offrent des possibilités de regroupements collectifs, reposant la plupart du temps sur des critères d’âge, de genre, de goûts de consommation ou d’opinions politiques, et tendant à devenir d’importants hypomnématon mais peut-être, également, de formidables dispositifs de contrôle et de perte d’individuation (Stiegler, 2006).