CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1On se rappelle le mot de Frédéric Martel (2010) : « Français, pour exister, parlez English ! », qui avait créé au passage une vive polémique [1]. Pour provocante que soit cette formule, elle n’en était pas moins représentative d’un point de vue largement partagé à l’époque et qui est loin d’avoir disparu : n’entend-on pas dire, à longueur de temps, que l’anglais est la langue de la mondialisation ? Pour d’aucuns, son importance est telle qu’en négliger la connaissance nous condamnerait irrémédiablement à revenir à l’âge de pierre.

2On va même jusqu’à prétendre que la seule langue que l’on doive utiliser pour la communication internationale serait l’anglais, baptisée pour le coup de planétaire (Global English). Que le « Globish » – c’est une invention, rappelons-le, franco-française ! (Nerrière, 2004) – soit l’alpha et l’oméga de l’humanité, il n’y a qu’un pas : la soi-disant malédiction de Babel est à leurs yeux abolie par l’inexorable extension de cette lingua franca des temps modernes, la première à être véritablement universelle à l’échelle du globe.

3Mieux encore : elle serait non seulement la meilleure des langues dans le meilleur des mondes possibles, mais également la plus démocratique (Van Parijs, 2011). En effet, seule une élite serait en mesure de maîtriser convenablement plusieurs langues. L’anglais, en revanche, en raison de son extension même, serait la seule accessible au plus grand nombre. Toute autre alternative serait de nature élitiste, et irait à l’encontre de la démocratie.

4Ce point de vue est à ce point répandu, sur le mode de l’évidence, que l’on ne se rend pas compte que celui-ci est depuis une bonne vingtaine d’années de plus en plus remis en question au sein même du monde anglophone, à commencer par des institutions aussi prestigieuses que le British Council ou la British Academy.

5La raison en est simple. Dans le monde multipolaire d’aujourd’hui, l’anglais est, certes, une langue « hypercentrale » (Calvet, 1999) dont on ne saurait nier l’importance, mais il ne saurait suffire : à l’heure de la mondialisation, l’option monolingue du tout-anglais n’est pas une solution, mais une impasse (Oustinoff, 2011). C’est ce que démontre la montée en puissance des langues romanes, sur lesquelles on se concentrera dans un premier temps, tout en élargissant ensuite la perspective aux autres car, dans le monde contemporain, on ne saurait plus penser les phénomènes isolément les uns des autres.

Le monde anglophone contre le tout-anglais

6Si Flaubert était encore de ce monde, nul doute qu’il aurait ajouté dans son dictionnaire des idées reçues une entrée consacrée au « tout-anglais ». Son emprise est telle sur les esprits qu’on a du mal à concevoir un monde dépourvu de cette panacée universelle. Ce monde existe pourtant : il suffit pour cela de franchir la Manche.

7On rappellera, tout d’abord, que l’on peut dater le moment où les Britanniques ont commencé à mettre en doute le modèle du tout-anglais : la fin des années 1990. C’est en effet à cette période que sont apparues les premières études démontrant que l’évolution du monde n’allait pas dans la direction – comme on le croyait jusqu’alors – du recours à une langue unique pour les échanges internationaux, mais bien à plusieurs. Le « village planétaire » cher à McLuhan (1964) semblait en voie de rebabélisation accélérée, et non le contraire. C’est exactement ce que soutenait David Graddol (1997) dans une étude faite à la demande du British Council, intitulée The Future of English ? The Popularity of the English Language in the 21st Century, prenant à contrepied toutes les idées reçues qui prévalaient en la matière.

8Écrite en anglais, l’étude était destinée en premier lieu aux anglophones. On en retiendra trois points saillants. Tout d’abord, le fait que l’anglais soit la première langue à devenir véritablement planétaire, loin de renforcer le tout-anglais, en réalité lui portait un coup mortel. Les premières victimes collatérales de cette extension spectaculaire étaient les locuteurs natifs de cette langue. En effet, ceux-ci, vivant en quelque sorte d’une rente de situation, se retrouvaient en concurrence avec un monde massivement (au moins) bilingue, puisque l’anglais venait s’ajouter aux autres langues maternelles. Du coup, les anglophones « natifs », en général monolingues en raison de l’inutilité supposée d’apprendre des langues étrangères, se retrouvaient en réalité en situation de handicap par rapport à un monde de plus en plus plurilingue. Ensuite, en raison du développement économique accéléré de pays à travers la planète (Amérique latine, Afrique, Asie) souvent en plein essor démographique, l’anglais se retrouverait concurrencé par des langues comme le hindi, l’espagnol ou l’arabe. Plus généralement, notamment en ce qui concerne les médias (émissions de télévision, cinéma, Internet, etc.), ce n’est pas dans une langue étrangère que ceux-ci peuvent espérer toucher le plus grand nombre, mais bien dans leur propre langue. Enfin, en raison de l’importance accordée à l’anglais dans le domaine économique, cette langue pourrait en venir à être ressentie comme hégémonique et finalement susciter un mouvement de rejet au profit d’autres langues : « Ces tendances rendent possible un “scénario catastrophe”, dans lequel le monde entier se retourne contre l’anglais, en associant cette langue à l’industrialisation, la destruction des cultures, l’atteinte aux droits de l’homme fondamentaux, l’impérialisme de la culture-monde, comme à l’accroissement des inégalités sociales [2] » (Ibid.). On est loin de l’« impérialisme cool » auquel Frédéric Martel (2010) propose de dire « oui ».

9On aurait pu croire que cette étude allant à l’encontre des idées reçues de l’époque ferait long feu. Il n’en a rien été. Les études ultérieures sont allées dans le même sens, en forçant même le trait. C’est le cas du rapport de la British Academy intitulé Language Matters (2009) : « En raison de la multiplication des travaux réalisés en collaboration, ainsi que de l’importance considérable des fonds leur étant aujourd’hui consacrés par les agences aussi bien nationales qu’internationales, un manque de connaissances en matière de langues inflige un handicap certain aux chercheurs dans de nombreux secteurs du système universitaire britannique, ce qui contribue à affaiblir la compétitivité du système dans son ensemble [3]. » (British Academy, 2009) Le tout-anglais représente désormais un handicap dans tous les domaines, qu’il s’agit de pallier de toute urgence, car c’est la compétitivité du Royaume-Uni tout entier qui est menacée. Un second rapport venait enfoncer le clou. Il était intitulé Language matters more and more (2011), autrement dit : « Les langues, ça compte de plus en plus ». On ne saurait être plus clair.

Les interfaces des langues romanes avec la langue « hypercentrale »

10Tout ce qui précède ne fait qu’illustrer ce que Louis-Jean Calvet appelle le « paradoxe de la langue dominante » : « En d’autres termes, la caricature du système actuel mènerait dans un premier temps, en son centre, à un autisme scientifique ou culturel, à une désinformation et à une uniformité qui dans un second temps pourraient générer un appauvrissement du centre au profit d’un des pôles de la périphérie » (Calvet, 2007). Il n’est donc pas surprenant de voir des études prenant position contre le tout-anglais un peu partout dans le monde anglophone, que ce soit en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou ailleurs.

11En effet, si l’on cherche à définir à grands traits ce qui distingue la tradition anglo-saxonne, celle-ci s’oppose depuis le xviiie siècle au rationalisme de Malebranche, Leibniz ou Spinoza inspiré de Descartes, en s’appuyant sur l’empirisme développé par Locke et Hume. Voilà le socle de son fameux « pragmatisme ». On ne s’étonnera donc pas si les études que l’on vient d’évoquer ne dérogent pas à la règle. C’est le cas, notamment, de celle réalisée par le British Council intitulée Languages for the Future. Which Languages the UK Needs Most and Why (2010). D’entrée de jeu, le tout-anglais est rejeté comme une option obsolète : l’avenir est au multilinguisme. Les dix langues les plus importantes pour l’avenir du Royaume-Uni sont : 1) l’espagnol, 2) l’arabe, 3) le français, 4) le chinois, 5) l’allemand, 6) le portugais, 7) l’italien, 8) le russe, 9) le turc, 10) le japonais. Autrement dit, sur ces dix langues, on ne compte pas moins de quatre langues latines (espagnol, français, portugais et italien), deux d’entre elles figurant dans les trois premières (espagnol et français). Inutile d’avoir la médaille Fields pour évaluer l’importance des langues romanes : isolément, certaines viennent en tête, mais comptent néanmoins pour un. En les regroupant en raison de l’intercompréhension qui les unifie, on passe à 40 % du total. Qui dit mieux ?

12Par ailleurs, les langues ne sont en réalité jamais isolées les unes des autres sur le « terrain », pas plus que la France le serait des pays qui l’entourent ou de ceux avec qui elle a des relations de par le monde. On se contentera d’en donner deux exemples, tout à fait parlants à cet égard. Le premier est celui de l’interface entre l’anglais et l’espagnol, le deuxième de l’anglais et du français.

13En ce qui concerne la première, on citera l’étude réalisée conjointement par le British Council et l’Instituto Cervantes – en version bilingue – intitulé Word for Word : the Social, Economic and Political Impact of Spanish and English/Palabra por palabra : el impacto social, económico y político del español y del inglés (2011). On y apprend, entre autres choses, que l’avenir de l’espagnol… se joue aux États-Unis : en effet, la communauté hispanique y est devenue, en termes économiques, la première puissance hispanophone au monde [4]. C’est dans ce pays que l’on trouve l’interface espagnol/anglais la plus importante et à l’extérieur, à sa frontière avec le Mexique d’abord, ensuite avec le reste de l’Amérique latine, le Brésil étant inclus dans l’étude, du fait de l’intercompréhension romane. L’interface anglais/espagnol joue donc un rôle de premier plan aujourd’hui, alors que l’espagnol est considéré lui aussi comme une « langue planétaire » (Ibid.) au même titre que l’anglais. Le poids conjugué de ces deux langues est donc impressionnant, d’où l’intérêt des anglophones à se mettre à l’espagnol, et inversement.

14La deuxième interface, anglais/français, que l’on mentionnera est celle que l’on trouve en Afrique occidentale autour plus particulièrement du Nigeria : « Géant anglophone de l’Afrique, tant par sa population (177 millions d’habitants, soit plus de la moitié de celle de toute l’Afrique occidentale), que par son poids économique, le Nigeria a un intérêt stratégique à développer l’apprentissage du français, afin de renforcer son autorité sur une sous-région majoritairement francophone. » (Attali, 2014) Là encore, on est aux antipodes du tout-anglais : plutôt que d’attendre que les pays qui l’entourent se mettent à communiquer en anglais, il est bien plus logique pour le Nigeria d’aller dans le sens inverse, car il s’agit pour lui d’un « intérêt stratégique » alors qu’il constitue pourtant la plus grande puissance démographique et économique de la région.

15Ce qui est vrai de ces deux interfaces entre anglais et langues romanes l’est, par récurrence, tout autant des autres.

La nouvelle donne linguistique d’un monde multipolaire

16Qu’est-ce qui peut bien expliquer un tel renversement de perspective ? Alors que dans les années 1980 le tout-anglais semblait une solution qui s’imposait d’elle-même un peu partout dans le monde, dès la fin des années 1990 elle apparaissait de plus en plus comme une impasse ? La réponse est simple : cette période charnière correspond à la montée en puissance de ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation, qui a vu notamment l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). À cet égard, l’exemple d’Internet est tout à fait frappant : au début de l’apparition de la « Toile », l’anglais représentait 80 % des contenus, voire davantage. Voilà qui faisait dire que la langue de l’Internet, c’était l’anglais.

17En l’espace d’une dizaine d’années seulement, cette part est descendue en dessous de la barre des 30 %(Oustinoff, 2012). C’est également ce dont prend acte le British Council dans Languages for the future (2010) : l’anglais vient bien en tête, mais avec 27 %, talonné de près par le chinois (26 %) ; viennent ensuite l’espagnol (8 %), le japonais (5 %), le portugais (4 %), l’arabe, l’allemand, le français et le russe avec 3 %, le coréen (2 %) et les autres langues (18 %). C’est pourquoi on s’écrie aujourd’hui, en anglais dans le texte : « English is no longer the language of the web » (Zuckerman, 2013) – « L’anglais n’est plus la langue de la Toile ».

18C’est là un symptôme spectaculaire, mais qui n’est que l’expression d’une problématique à la fois plus profonde et plus ancienne. L’importance des langues, souvent méconnue, n’est pas un phénomène récent, notamment dans le domaine de l’économie. En effet, on s’aperçoit que la langue dans laquelle les transactions s’effectuent est loin d’être une considération contingente. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Cuando dos países hablan el mismo idioma, las exportaciones bilaterales aumentan un 186 % en comparación con otros dos socios comerciales [5]. » (British Council/Instituto Cervantes, 2011) Utiliser une langue tierce, comme l’anglais avec des non-anglophones, constitue donc bel et bien un handicap en comparaison. Mais il y a un autre phénomène à considérer : « compartir el inglés como lengua oficial aumenta un 144 % los flujos comerciales entre dos países, mientras que hablar español lo hace en un 389 % [6]. » (Ibid.) Autrement dit, pour les relations commerciales bilatérales entre pays anglophones et pays hispanophones, il y a un différentiel qui est en défaveur de l’anglais : contrairement à une idée reçue, c’est l’espagnol – langue romane – qu’il faut alors préférer dans un rapport de plus du double (l’étude, rappelons-le, a été réalisée en collaboration avec le British Council).

19Mais, plus encore que ce qui vient d’être abordé jusqu’ici, le phénomène déterminant à prendre en compte est celui de ce que certains n’hésitent pas à qualifier de « basculement du monde » où l’Occident – États-Unis en tête (n’oublions pas qu’ils ont perdu leur triple A lors de la crise financière de 2008, dont ils ont été l’épicentre) – est confronté à la montée en puissance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et de la « Chindiafrique » (Boillot et al., 2013). Nous vivons désormais dans un monde « post-américain » pour reprendre le titre de l’ouvrage de Fareed Zakaria The Post American World and the Rise of the Rest (2008). Non que selon lui les États-Unis soient en déclin, mais il faut que l’hyperpuissance américaine s’habitue au fait de vivre dans un monde multipolaire : qu’il soit également de plus en plus multilingue n’en est donc qu’un des manifestations certes les plus spectaculaires, mais nullement imprévisibles. Si l’anglais est devenu « planétaire » (Global English), c’est en raison de la domination géopolitique exercée d’abord par l’Empire britannique à partir du xixe siècle et relayée ensuite par les États-Unis à partir de la Seconde Guerre mondiale : à la nouvelle donne internationale correspond dès lors une nouvelle donne linguistique à son image, c’est-à-dire multipolaire et en l’occurrence multilingue.

20La montée en puissance des langues romanes est à inscrire dans cette logique plus vaste d’un monde devenu multipolaire alors que des pays, autrefois en proie au sous développement, en sont sortis ou en sortent, et notamment en Amérique (le Brésil depuis peu estime avoir rejoint les pays du « premier monde ») ou en Afrique latine, ce qui explique l’essor des « trois espaces linguistiques » (francophonie, hispanophonie, lusophonie). Cela n’empêche pas pour autant une langue comme l’italien – au nombre de locuteurs nettement plus réduit – d’être classée par le British Council comme une des dix langues (septième rang, devant le russe, le turc et le japonais) les plus importantes pour le Royaume-Uni, en raison du fait que l’Italie est la quatrième puissance européenne. À cela il faut ajouter des synergies qui sont susceptibles de se produire entre langues romanes : la proximité du portugais par rapport à l’espagnol explique sans doute l’essor que connaît cette langue dans des pays lusophones tels que le Brésil, l’Angola, le Mozambique et le Timor oriental, permettant ainsi à l’espagnol d’atteindre, lui aussi, une dimension planétaire (British Council/Instituto Cervantes, 2011). Est-ce à dire que l’anglais est en déclin ? Pas plus que les États-Unis ou la Grande-Bretagne, voire le monde anglophone dans son ensemble (qui compte des pays comme l’Inde ou le Nigeria). Sauf événement imprévisible, l’anglais demeurera, et sans doute pour longtemps, une langue « centrale » sinon « hypercentrale ».

21Ce qui apparaît, par contre, comme une solution obsolète, c’est le tout-anglais, ce qui est tout autre chose. Persister à le promouvoir, c’est avoir non une modernité d’avance, mais une modernité de retard. Les langues romanes, elles, ont manifestement le vent en poupe, avec leur vivier d’un milliard de locuteurs. Encore faut-il pour cela développer l’intercompréhension qui les relie, sans laquelle elles restent isolées les unes des autres, et les interfaces qui sont envisageables avec d’autres langues, notamment avec l’anglophonie : c’est déjà le cas aux États-Unis, qui deviendra la première nation hispanophone en 2050, en dépassant la population du Mexique [7].

Notes

  • [1]
    À Frédéric Martel s’étaient opposés, point par point, Claude Hagège et François Taillandier. Voir leurs réponses : « Langue française : la polémique », Le Point, 8 août 2010. En ligne sur : <www.lepoint.fr/societe/langue-francaise-la-polemique-08-08-2010-1223162_23.php>, consulté le 23/06/2016.
  • [2]
    « These trends suggest a “nightmare scenario” in which the world turns against the English language, associating it with industrialisation, the destruction of cultures, infringement of basic human rights, global culture imperialism and widening social inequality. » (notre traduction)
  • [3]
    « With the increasing development in collaborative work, and the large sums of money attached to such work by national and international agencies, lack of language skills inflicts a real handicap on scholars in many parts of the British university system, and therefore weakens the competitive capacity of the system itself. » (notre traduction)
  • [4]
    En 2015, la communauté hispanique (53 millions de locuteurs) est devenue la deuxième nation hispanophone après le Mexique (121 millions d’habitants), en passant devant l’Espagne (46 millions).
  • [5]
    « Quand deux pays parlent la même langue, les exportations bilatérales augmentent de 186 % par rapport aux autres partenaires commerciaux. » (notre traduction)
  • [6]
    « Partager l’anglais comme langue officielle accroît de 144 % les flux commerciaux entre deux pays, alors que parler l’espagnol constitue un accroissement de 389 %. » (notre traduction)
  • [7]
    On estime en effet qu’en 2050, elle dépassera le Mexique, en atteignant le nombre de 128 millions de locuteurs.
Français

Contrairement à une idée reçue, le tout-anglais n’est plus une solution d’avenir mais bien une solution dépassée, si tant est qu’elle ait jamais pu en être une. Dans un monde interconnecté et multipolaire, l’heure est au plurilinguisme et non à la communication par l’intermédiaire d’une lingua franca unique, fût-elle « planétaire » comme le soi-disant Global English. C’est justement ce contre quoi le monde anglophone s’insurge actuellement, en voyant tout l’intérêt de développer de nouvelles interfaces, notamment avec les langues romanes, à l’heure où celles-ci se voient accorder une puissance géopolitique croissante qui s’appuie sur un vivier d’un milliard de locuteurs à travers le monde.

Mots-clés

  • tout-anglais
  • communication et mondialisation
  • langues romanes
  • langues et géopolitique

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Michaël Oustinoff
Michaël Oustinoff est professeur de traductologie à l’université Nice Sophia Antipolis et chercheur associé à l’ISCC/CNRS. Il a notamment coordonné le n° 58 d’Hermès (« Les langues de bois », avec Joanna Nowicki, 2011), et est l’auteur de La Traduction (Puf, coll. « Que sais-je ? », 2003, 5e éd. 2015) et de Traduire et communiquer à l’heure de la mondialisation (CNRS éditions, 2011).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 23/09/2016
https://doi.org/10.3917/herm.075.0079
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