CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1L’histoire archiviste nous expose tout le temps à « naître avec les cheveux gris », comme disait Nietzsche qui empruntait la formule à Hésiode. Appliquée aux sciences et aux techniques, elle menace d’étouffer le dynamisme des découvertes et des innovations sous une prétendue rationalité continûment à l’œuvre. Les institutions du savoir auraient en ce cas la vertu de border un devenir que seuls les ignorants ou les amateurs placeraient sous le signe de l’enthousiasme ou du chaos créateur. L’histoire positiviste des sciences a longtemps prévalu au sein des universités et des organismes de recherches, au point de suggérer que les connaissances obéiraient à des mécanismes qui les préformeraient et les dérouleraient selon une logique sans surprise. En ce début de xxie siècle, la loi des trois états d’Auguste Comte ne convainc plus grand monde, mais la classification des sciences qu’elle justifiait demeure bizarrement comme un modèle pour les cursus et les académies. Les textes qui composent cette première partie réhabilitent le bricolage dont résulte en réalité tout ce qui vit, y compris l’existence scientifique. Ils suggèrent la part d’irrationnel, de hasard, d’intuition, de génie, que les disciplines entendent refouler mais qui ressurgit dès lors qu’on prend le risque d’affronter l’inédit, en bravant les frontières qui l’occultent.

Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2014
https://doi.org/10.4267/2042/51865
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