1L’évaluation des activités menées dans les entités de recherche (unités, équipes, fédérations, etc.) est actuellement conduite par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres). Nous rappelons très brièvement ses principes et sa démarche qui sont détaillés sur son site (<www.aeres-evaluation.fr>), en particulier dans le document intitulé « référentiel de l’Aeres ».
2Cette évaluation se base sur une auto-évaluation réalisée par l’entité qui présente son bilan et sa stratégie future et sur une évaluation externe effectuée par un comité de pairs ; elle se caractérise par :
- une évaluation qualitative conduite de façon collégiale par les pairs ;
- une évaluation qui, au moyen de critères explicites, prend en compte la pluralité des missions, la diversité de la recherche et le cas échéant la complexité de sa dimension interdisciplinaire ;
- une évaluation qui, pour chacun des critères, s’appuie sur des faits observables et en apprécie la valeur.
3Ce rapport s’adresse d’abord à l’entité : il est destiné à l’aider à prendre à bon escient, et en accord avec ses tutelles, des initiatives utiles et bénéfiques en matière de politique scientifique, d’organisation interne ou de stratégie à moyen et long terme. Il a aussi pour objectif d’informer les acteurs extérieurs à l’entité de recherche évaluée qui sont en situation de prendre à son égard des décisions de pilotage ou de financement Enfin, ce rapport d’évaluation est publié par l’Aeres sur son site et contribue à l’information de tous ceux (candidats à des thèses, à des concours de recrutement, chercheurs extérieurs, etc.) qui souhaitent connaître les résultats de l’évaluation de cette entité.
4Six critères [1] prennent en compte la diversité des entités de recherche, de leurs missions et de leurs productions ; chacun résume les aspects que l’évaluateur doit apprécier : des données factuelles – activités et résultats – peuvent être observées et permettent à l’évaluation de se fonder sur des éléments de preuve. L’importance de chaque critère est variable, elle dépend de la nature de l’entité de recherche évaluée et des utilisateurs de cette évaluation : par exemple, les deux premiers critères qui portent sur la production scientifique et le rayonnement sont particulièrement importants pour une équipe de recherche, l’évaluation de la gouvernance ou l’implication dans la formation peuvent être les critères observés par les tutelles locales en particulier si l’entité est une grosse unité.
5La qualité d’une activité, d’une production ou d’un résultat ne peut se réduire à des éléments quantitatifs ; elle doit être inférée de faits observables, y compris de données quantitatives, au prix d’un travail d’analyse, de discussion et d’interprétation prenant en compte la visée évaluative et le contexte. De plus, les entités de recherche, du fait de leur diversité, n’ont pas vocation à réaliser uniformément les diverses activités auxquelles se rapportent ces critères d’évaluation qui sont susceptibles d’être modulés en fonction de l’identité de ces entités, de leurs missions et de leurs objets de recherche. Aussi, l’appréciation qualitative des données factuelles est fortement liée au domaine disciplinaire.
6Les experts, appartenant eux-mêmes au(x) champ(s) disciplinaire(s) des entités de recherche qu’ils évaluent, se doivent d’adapter ce langage commun et de lui donner l’inflexion qui convient à leur domaine afin qu’il soit reconnu et compris par leur communauté.
7Les critères d’évaluation retenus par l’Aeres s’appliquent non seulement aux entités de recherche, mais ont vocation à être utilisés pour les composantes de ces entités (équipes internes, thèmes) afin de parvenir à une cartographie de l’entité de recherche qui rende compte de la réalité de son paysage scientifique.
8Actuellement, une note est attribuée pour chaque critère d’évaluation, considérant que c’était un instrument de pilotage utile aux différents utilisateurs de ces évaluations.
9Une attention particulière a été portée sur l’évaluation des entités interdisciplinaires. L’interdisciplinarité, qui permet d’aborder des objets d’étude originaux selon des méthodes innovantes, a souffert d’être évaluée selon la logique et avec les méthodes que l’on utilise pour les recherches disciplinaires. Consciente de ce fait, l’Aeres a engagé depuis deux ans un processus de réflexion sur l’amélioration des pratiques de l’évaluation de la pluri- puis de l’interdisciplinarité.
10Le terme d’interdisciplinarité recouvre diverses formes d’intégration des connaissances associées à des disciplines, des spécialités, des technologies, des fronts de recherche variés ; cela amène à distinguer entre les différents modes d’interaction des disciplines n’ayant pas le même degré d’intégration (pluridisciplinarité, interdisciplinarité, transdisciplinarité) en prenant en compte des éléments épistémologiques : la proximité des cadres de pensée, des paradigmes et des concepts, la nature des données recueillies, des instruments d’observation et de mesure qu’utilisent ces disciplines.
11Cette réflexion menée par l’Aeres a conduit à un certain nombre d’actions. Celles-ci concernent d’abord son organisation interne avec le recrutement de délégués scientifiques interdisciplinaires et la mise en place de listes d’experts interdisciplinaires. Elles concernent aussi la prise en compte pour chaque critère de faits observables permettant d’identifier les activités interdisciplinaires. Elles concernent enfin la possibilité pour une entité de se déclarer comme interdisciplinaire dans le dossier d’évaluation qu’elle remet à l’Aeres.
12Cette dernière information permet une adaptation du processus d’évaluation de l’entité à l’interdisciplinarité avec en particulier la mise en place d’un comité réunissant des experts sensibilisés à l’interdisciplinarité et composé conjointement avec les différents secteurs disciplinaires concernés.
Note
-
[1]
Production et qualité scientifiques, Rayonnement et attractivité académiques, Interactions avec l’environnement social, économique et culturel, Organisation et vie de l’entité de recherche, Implication dans la formation par la recherche, Stratégie et projet à cinq ans.