1De tels sujets (les murs et les frontières) ont fait couler beaucoup d’encre (et de sang !) et il est hors de question de ne fournir ici qu’une froide liste de titres. Nous préférons indiquer un choix commenté, nécessairement partiel et partial.
2Commençons par la frontière. C’est dans la célèbre collection « Géographie humaine », dirigée par Pierre Deffontaines, que paraît la Géographie des frontières de Jacques Ancel (Paris, Gallimard, 1938), avec une préface d’André Siegfried. Ce dernier salue l’ouvrage, mais fait part de son sentiment ; pour lui le terme de frontière a toujours été évocateur. Il précise ainsi sa pensée :
Je pars des côtes atlantiques, me dirigeant vers l’Est : où rencontrerai-je la première impression d’Orient ? De Paris je descends vers la Méditerranée : où prendrai-je contact avec le pays, le climat méditerranéen ? Même question, infiniment diversifiée, dans le domaine de la géographie de l’opinion publique. Dans telle zone, la montagne est réactionnaire et la plaine extrémiste : où passe-t-on politiquement de l’une à l’autre ? Pour le savoir, les indices les plus divers sont à examiner, comportant chacun le dessin plus ou moins net d’une frontière. Ici l’on passera d’un régime de propriété à un autre, là d’une religion à une autre, là encore d’une zone de végétation à une autre. Il sera intéressant d’observer les zones où prévaut tel vent, et leurs limites, ou bien le domaine de tel accent. Il ne faudra du reste pas ignorer que, dans nombre de cas, telle frontière politique ou administrative, résultat éventuel des circonstances historiques, peut devenir elle-même génératrice de transformations sociales qui se moulent dans son cadre.
4L’ouvrage de Jacques Ancel est construit en trois parties – « États amorphes », « Frontières plastiques » et « Frontières mouvantes » – dans lesquelles il présente de nombreuses situations (la balkanisation, les « marches », les traités, les frontières dites « naturelles », etc.). Il critique le géographe allemand Friedrich Ratzel (1844-1904), auteur de Politische Geographie (Munich/Leipzig, Oldenbourg, 1897), à qui il reproche de s’être figé dans « sa théorie de “l’Espace occupé”, du Raum », au point où il « n’envisage guère la vie de la frontière qu’en fonction d’un double mouvement, le heurt de deux peuples : conquête ou compromis. » « La guerre, selon le géographe allemand, c’est promener la frontière sur le terrain d’autrui », tout un programme… Pour lui, en revanche, la frontière est « plastique », c’est-à-dire changeante et relative : à peine exprimée, elle se modifie, selon les rapports de force, mais aussi le rayonnement d’une nation, sa personnalité ; d’où la dernière phrase : « Il n’y a pas de problèmes de frontières. Il n’est que des problèmes de nations. » Je précise que Jacques Ancel est le premier à offrir un cours de « géopolitique » dans l’Université française et qu’il publie une courte introduction à cette discipline (Géopolitique, Paris, Librairie Delagrave, 1936), dans laquelle, il rappelle que le mot Geopolitik est inventé par le Suédois Kjellén dont les ouvrages Die Grossmächte und die Weltkrise (Berlin, Teubner, 1921) et Der Staat als Lebenform (Berlin, Vowinckel, 1924) vont nourrir la pensée allemande, héritée de Ratzel et ainsi formuler la théorie de « l’espace vital ». Dans ce vif texte, il esquisse déjà sa conception de la frontière perpétuellement « fabriquée ».
5S’il existe une frontière qui n’a cessé d’avancer au rythme de la conquête de l’Ouest, c’est celle des États-Unis au cours du xixe siècle. Comment alors ne pas se reporter au livre majeur de Frederick J. Turner, La Frontière dans l’histoire des États-Unis (traduit de l’anglais par Annie Rambert, préface de René Rémond, Paris, Presses universitaires de France, 1963) ? Frederick J. Turner (1861-1932) expose son analyse au cours d’une réunion de l’Association d’histoire américaine à Chicago le 12 juillet 1893, où il reprend son travail d’étudiant publié dans The Aegis (publication des étudiants de l’université du Wisconsin) du 4 novembre 1892. Cet ouvrage publié aux États-Unis en 1922 rassemble plusieurs écrits ou conférences et donne une cohérence à l’idée de départ : la frontière des États-Unis est une frontière de peuplement. Elle évolue au fur et à mesure que la carte se précise avec l’installation de nouveaux colons et la cohabitation forcée et guère pacifique avec les natifs. À un moment donné, cette frontière mobile, conquérante, se superpose au rivage du Pacifique ; l’Amérique est entièrement découverte, peuplée, chaque lieu porte un nom, les villes s’édifient et rayonnent ; la frontière n’est plus utile, l’Est et l’Ouest sont joignables par le câble mais aussi par le chemin de fer et, plus tard, par des autoroutes. Son histoire des frontières américaines se révèle être une histoire de la constitution des États-Unis, de son peuplement, de ses mouvements migratoires :
Et si la frontière des marchands, observe-t-il, réduisit progressivement le pouvoir des Indiens en les faisant dépendre des blancs, elle leur donna aussi, en leur fournissant des armes, les moyens de résister à la frontière des fermiers. La colonisation française se plaça sous le signe de la frontière commerciale ; la colonisation anglaise sous celui de la frontière agricole.
7L’auteur remarque également que cette frontière « mouvante » influe sur le caractère des Américains. En particulier l’intellectuel qui :
doit à la frontière ses traits les plus marquants : de la vigueur jointe à de la curiosité et à de la clairvoyance ; une tournure d’esprit pratique et inventive, prompte à trouver des expédients ; une parfaite maîtrise des choses matérielles impliquant une certaine négligence à l’égard des choses artistiques, mais permettant d’obtenir de grands résultats ; une énergie inlassable ; un individualisme foncier au service du bien et du mal, et avec cela la vivacité et l’exubérance que donne la liberté.
9Les onze autres textes s’attardent sur « La baie du Massachusetts », « Le Middle West », « L’apport de l’Ouest à la démocratie américaine », l’« Idéal pionnier et université d’État » ou encore les « Forces sociales dans l’histoire des États-Unis ». Le ton général du volume magnifie l’émerveillement : oui, se dit l’auteur, quelle chance nos ancêtres ont eu de construire leur pays. Ne faisant confiance qu’à eux-mêmes, ils ont pu inventer une démocratie populaire dans laquelle « le dévouement au bien commun est une distinction plus haute que le simple succès dans la lutte économique. » Il rappelle l’importance des obligations revendiquées entre chaque pionnier et des « bienfaits de l’entraide des voisins ». À cette aune-là, on peut s’interroger sur la fidélité des Américains aux principes fondateurs…
10Avec son Éloge des frontières (Paris, Gallimard, 2010), Régis Debray explique, un rien souverainiste, qu’on ne peut pas se passer si facilement de ce qui, à l’instar de la peau, nous enveloppe, nous protège, nous isole tout en nous faisant éprouver le dehors. « Qu’il soit utile, admet-il, de mettre le monde en réseau ne signifie pas que l’on puisse habiter ce réseau comme un monde. Impossible de faire d’un lieu de passage un lieu de séjour, faute de vis-à-vis. Pas d’anti – en face. Comment se poser sans s’opposer ? » Il constate des situations paradoxales : là, la suppression des limites et ici, la multiplication des portails et des codes. « La frontière, observe-t-il, a cette vertu, qui n’est pas seulement esthétique, de “charmer la route”, en mettant un milieu plus ou moins anodin sous tension. » Il n’hésite pas à fustiger le « sans-frontiérisme » qui, à ses yeux, exprime à la fois un économisme (celui du marché global), un technicisme (le même outil partout), un absolutisme (celui qui veut imposer partout ce qui n’a de sens que là) et un impérialisme (chaque assemblage d’États vise à être mondial). Il réclame, mi-sérieux mi-provocateur, non seulement un « droit à la frontière », mais un « devoir ». En fait, on l’aura compris, il prêche pour un bon usage des délimitations… sans vraiment nous convaincre !
11Et le mur ? On peut commencer par Le Mur. Un itinéraire architectural, d’Évelyne Péré-Christin (Paris, éditions Alternatives, 2001). Puis aborder, sans se piquer, l’Histoire politique du barbelé d’Olivier Razac (nouvelle édition, Paris, coll. « Champs essais », Flammarion, 2009), qui raconte l’épopée des clôtures depuis l’invention par un fermier de l’Illinois, Joseph F. Gliden, du fil de fer barbelé. Depuis, la Terre entière le connaît, au point d’en dérouler des kilomètres. Qu’on se souvienne de sa présence autour des camps de la mort nazis et dorénavant des camps de réfugiés, sans oublier les casernes, prisons et même certaines villas… Qui dit « mur » dit « muraille » : parmi une littérature imposante, lire La Fortification. Histoire et dictionnaire, par Pierre Sailhan (Paris, Tallandier, 1991), Sur les traces des enceintes de Paris : Promenades au long des murs disparus, par Renaud Gagneux et Denis Prouvost (Paris, Parigramme, 2004) et Les Fortifications de Paris. De l’hygiénisme à l’urbanisme, 1880-1919, par Marie Charvet (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005).
12Vous êtes alors prêt à explorer les Ghettos de riches. Tour du monde des enclaves résidentielles sécurisées (sous la direction de Thierry Paquot, Paris, Perrin, 2009). Pour pénétrer dans une gated community, les guides sont de plus en plus nombreux, plus complets et mieux informés. Néanmoins, les premiers ouvrages traitant de cette question demeurent des références. Aussi peut-on lire le passionnant ouvrage de Mike Davis, City of quartz. Los Angeles, capitale du futur (1990 ; traduction française : Paris, La Découverte, 1997) et aussi The Ecology of Fear (New York, Metropolitan Books, 1998, dont le chapitre 7 a été traduit sous le titre, Au-delà de Blade Runner. Los Angeles et l’imagination du désastre, Paris, Allia, 2006). Les travaux de Peter Marcuse méritent le détour : « The Enclave, the Citadel and the Ghetto : What Has Changed in the Post-fordist US City » (Urban Affairs Review, vol. 33, n° 2, 1997, p. 228-264), « The Ghetto of Exclusion and the Fortified Enclave : New Patterns in the United States » (American Behavioral Scientist, vol. 41, n° 3, 1997, p. 311-326) et « Walls of Fear and Walls of Support » (in Nan Ellin (dir.), Architecture of Fear, Princeton, Princeton Architectural Press, 1997, p. 101-114). Le meilleur ouvrage historico-juridique est Privatopia. Homeowner Associations and the Rise of Residential Private Government de Evan McKenzie (New Haven, Yale University Press, 1994), qui continue, depuis, à suivre de près ces « enclaves sécurisées » dans de nombreux articles (« Reinventing Common Interest Developments : Reflections on a Policy Role for the Judiciary », John Marshall Law Review, vol. 31, n° 2, 1998, p. 397-427, « Common Interest Housing in the Communities of Tomorrow », Housing Policy Debate, vol. 14, n° 1-2, 2003, p. 203-234, « Constructing the Pomerium in Las Vegas : A Case Study of Emerging Trends in American Gated Communities », Housing Studies, vol. 20, n° 2, 2005, p. 187-203). D’autres ouvrages sont à lire : Fortress America : Gated Communities in the United States, d’Edward J. Blakely et Marie G. Snyder (Washington DC, Brookings Institution Press, 1997) et City of Walls. Crime, Segregation, and Citizenship in São Paulo, de Teresa P. R. Caldeira (Berkeley, University of California Press, 2000), Behind the Gates. Life, Security, and the Pursuit of Happiness in Fortress America, par Setha Low (New York, Routledge, 2003) et Private Cities. Global and Local Perspectives, sous la direction de Georg Glasze, Christopher J. Webster et Klaus Frantz (Londres/New York, Routledge, 2006). Ces derniers ouvrages font l’objet d’une discussion dans « Gated Communities and Spatial Inequality » par Elena Vesselinov, Matthew Cazessus et William Falk (Journal of Urban Affairs, vol. 29, n° 2, 2007, p. 109-127). Une réflexion qui combine aussi bien les murs en construction entre États que la psychanalyse nous est proposée par Wendy Brown, Murs. Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique (2010 ; traduction française : Paris, Les Prairies ordinaires, 2009).
13En matière d’architecture non anxiogène et d’urbanisme pacifié, le livre d’Oscar Newman est recommandé, Defensible Space. Crime Prevention Through Urban Design (New York, Collier Books, 1972) ainsi que celui de Paul Landauer, L’Architecte, la ville et la sécurité (Paris, Presses universitaires de France, 2009). Ces lectures sont à compléter par les Cahiers du programme d’expérimentation édités par le PUCA (plan Urbanisme, Construction, Architecture), sous le titre Qualité et sûreté des espaces urbains (trois parus en 2011), qui présentent de manière très didactique divers cas.
14Pour les « villes privées » en langue française, nous disposons de l’excellent travail de Stéphane Degoutin, Prisonniers volontaires du rêve américain, originalement illustré (préface de Thierry Paquot, Paris, éditions de La Villette, 2006), Quand la ville se ferme. Quartiers résidentiels sécurisés, sous la direction de Guénola Capron (Paris, Bréal, 2006), Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en Amérique du Nord, par Gérald Billard, Jacques Chevalier et François Madoré (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005) et d’une enquête dans trois sites (Gressy et Coubron dans la banlieue parisienne et le Grand Large à Meyzieu, près de Lyon), La Vie périurbaine face à la menace des gated communities, par Éric Charmes (préface de Jean Rémy, Paris, L’Harmattan, 2005). On lira également la riche livraison d’Esprit (« La ville à trois vitesses : gentrification, relégation, périurbanisation », sous la direction de Jacques Donzelot, mars-avril 2004), avec deux importants articles de Jacques Donzelot (« La ville à trois vitesses : relégation, périurbanisation, gentrification », p. 14-39) et de Marie-Christine Jaillet (« L’espace périurbain : un univers pour les classes moyennes », p. 40-62). Une vaste étude a été réalisée par Gérald Billard, Jacques Chevalier, François Madoré et Fanny Vuaillat, Quartiers sécurisés, un nouveau défi pour la ville ? (Paris, Les Carnets de l’info, 2011). Résultat de deux ans d’enquête (analyse de 200 programmes immobiliers dans 11 sites en France métropolitaine et d’outre-mer, 63 entretiens avec des promoteurs, des élus et des responsables de l’urbanisme et aussi des résidants), ce livre tord le cou à plusieurs idées reçues – et tout d’abord, celle selon laquelle le phénomène d’enclaves résidentielles sécurisées (ce qu’on nomme les gated communities aux États-Unis) ne concernerait que marginalement la France. Or si ce type de logement est récent (une dizaine d’années), il tend à se généraliser au point qu’en 2007, 125 des 374 « aires urbaines » françaises affichaient au moins un programme « fermé » (généralement par un mur, une clôture, une grille, un portail, et plus rarement avec une entrée gardée par des vigiles l’œil fixé sur l’écran du réseau interne de vidéosurveillance). Les auteurs montrent aussi que leurs localisations ne se concentrent pas exclusivement dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais aussi en Île-de-France, à Lyon, Toulouse (où ils sont proposés par le promoteur Monné-Decroix, créé en 1979, leader sur ce marché), Dijon, Strasbourg, Montpellier, Nîmes, Nantes, Rennes, Lille, etc. En province, 60 % des programmes sont en centre-ville et non pas sur le front rural. Partout on retrouve les deux grands types de logements, en collectif ou en individuel, mais souvent avec un parc et fréquemment une piscine. Si l’argument sécuritaire demeure essentiel pour les promoteurs, les résidants ne sont pas, quant à eux, aussi obsédés par la barrière : ce qu’ils recherchent avant tout est la qualité des services dans un cadre paysager et tranquille (tranquille pour leurs enfants et aussi pour leurs voitures !). Du reste, plusieurs opérations visitées par les auteurs n’étaient pas strictement « étanches »… Ce sujet n’est plus tabou, et il sera intéressant de recommencer l’enquête dans dix ans pour mesurer les éventuelles évolutions. Deux remarques : l’architecture aurait pu faire l’objet d’un traitement plus approfondi et les liens à la ville, au quartier ou à la nature environnante ne sont pas assez étudiés (en particulier dans le cas des ensembles installés en ville : constituent-ils une discontinuité dans le déroulé urbain, une coupure avec le réseau viaire, une rupture avec le rez-de-chaussée local ?).
15Plusieurs revues ont consacré un dossier à cette thématique : « Métropoles d’Amérique latine : de l’espace public aux espaces privés » (Cahiers des Amériques Latines, n° 35, 2000 ; voir en particulier l’article de Guy Thuillier, « Les quartiers enclos à Buenos Aires : quand la ville devient country », p. 41-56) ; « Enclaves ou la ville privatisée » (Les Cahiers de La Cambre-Architecture, n° 1, 2002, sous la direction de Patrick Burniat et Jean-Louis Genard) ; « Nuevas formas de polarizacion y exclusion social del espacio : las urbanizaciones enclaustradas y su tendancia hacia la ciudad privatizada en America y Europa » (Ciudad y Territorio, n° 133-134, 2002) ; « Privatisation of Urban Spaces in Contemporary European Cities » (Belgeo, n° 1, 2003 ; voir en particulier l’article de Christian Dessouroux, « La diversité des processus de privatisation de l’espace public dans les villes européennes », p. 21-47) ; « Complexes résidentiels gardés en Europe », Geographica Helvetica, n° 4, 2003 ; « Gated Communities » (Housing Studies, vol. 20, n° 2, 2005) et « Individualisme et production de l’urbain » (Les Annales de la recherche urbaine, n° 102, 2007). On lira également, dans la revue Études foncières, « L’essor planétaire des espaces résidentiels sécurisés », par Georg Glasze (n° 101, janvier-février 2003) et « Les villes fermées ou l’impuissance du droit », par Patrick Le Louarn (n° 105, septembre-octobre 2003). Le romancier albanais Gazmend Kapllani, réfugié en Grèce, nous propose son Petit journal de bord des frontières, traduit en français chez Intervalles en 2012. Un régal d’observations et de notations cocasses.
16Il aurait fallu également évoquer les frontières entre les disciplines (mais un prochain numéro d’Hermès traitera des relations entre disciplines et de l’indispensable transdisciplinarité) et aussi le « moi-peau », concept que le psychanalyste Didier Anzieu (1923-1999) élabore dans un article de 1974 et théorise dans un ouvrage éponyme (Paris, Dunod, 1985) qui, à la suite de Winnicott et d’autres, repère les « frontières » corporelles et psychiques que découvre le bébé dès sa naissance. Mais là, c’est un autre dossier qu’il faudrait constituer avec d’autres compétences à convier…
17Il en est de même avec la clôture, le portail, la barrière : d’innombrables livres techniques expliquent comment s’y prendre et des catalogues sont disponibles pour choisir le plus beau porche qui valorisera votre belle demeure… Dans son délicieux petit ouvrage, très bien documenté, Le Jardin d’agrément (Paris, éditions de Montsouris, coll. « Rustica », second tirage en 1952), Jean Feildel consacre plusieurs pages aux portillons, palissades, lisses en ciment, treillages carrés, treillages losangés, dalles de schiste, clayonnages, balustrades, couronnements de murs (aux chaperons différents…), sans oublier le dallage qui convient le mieux au modèle retenu… La Maison de banlieue et de l’architecture (Athis-Mons) consacre un riche Cahier à ces démarcations, plus ou moins paysagères, « Le clos et l’ouvert. Clôtures de banlieue en Essonne » (n° 15, 2009).
18Enfin, comment ne pas conclure avec le romancier portugais Miguel Torga qui, lors d’une conférence devant des étudiants portugais au Brésil en 1954, eut cette heureuse formule : « L’universel, c’est le local moins les murs » ?