1Il est difficile d’évaluer le nombre des musées, leur fréquentation ainsi que celle des grandes expositions, car la définition de ces catégories reste floue. Où commence et où se termine l’institution muséale ? En France, l’appellation n’étant pas déposée, il est bien difficile de distinguer les musées contrôlés par l’État ou par des fondations privées des initiatives de collectionneurs plus ou moins farfelues ou d’entreprises strictement mercantiles qui utilisent le mot « musée » comme un argument marketing. De la même façon, il est malaisé de mesurer le public, car, en dehors des entrées payantes, les visiteurs gratuits, les groupes scolaires ou les participants aux journées portes ouvertes ne sont pas toujours comptabilisés, alors qu’ils représentent 40 à 60 % du public. Cependant, toute précaution gardée, les statistiques s’accordent sur le fait que les musées ne connaissent pas de crise, leur nombre, leurs activités et leur public continue de croître de façon conséquente. Ainsi, la fréquentation des 1 212 musées de France (labellisés et contrôlés par l’État) a été évaluée à 55 millions de visiteurs pour 2009, soit une progression de 24 % en cinq ans, auxquels s’ajoutent le Centre Georges-Pompidou (5,5 millions), la Cité des Sciences (3 millions) et les 1 223 000 entrées aux expositions des Galeries nationales du Grand Palais, et bien d’autres encore qui ne relèvent pas des statistiques de la Direction des Musées de France (Mini chiffres-clés 2010, ministère de la Culture et de la Communication).
2Dans le reste du monde, s’il est difficile d’avoir des chiffres exacts, les sources disponibles indiquent toutes une progression significative. Ainsi, l’Association nationale des musées canadiens fédère 2 400 d’entre eux, accueillant 54 millions de visites par an, alors qu’elle ne comptait que 161 musées en 1951, tandis que l’édition 2011 de l’Office Museum Directory – le répertoire le plus complet des musées aux États-Unis – recense 13 000 établissements, soit 40 % de plus qu’il y a une dizaine d’années. La Chine n’est pas en reste, le Quotidien du peuple du 22 août 2011 annonce l’inauguration de trois nouveaux établissements : le Musée des Femmes et des Enfants de Chine, le Parc géologique mondial de Fangshan, le Musée du Feu de Chine, ce qui, pour Pékin seulement, porte officiellement leur nombre à 159.
3La fréquentation des grandes expositions blockbuster s’accroît également. Ainsi, l’exposition Monet au Grand Palais qui s’est terminée après trois jours non-stop a attiré 920 000 visiteurs en quatre mois, le même artiste n’avait fait que 500 000 entrées en 1980. Courbet, qui avait attiré 255 000 visiteurs au Grand Palais en 1977, a presque doublé la mise en 2007 avec 480 000 visiteurs. De même, note encore Michel Gerrin (Le Monde, 23 janv. 2011), une exposition plus difficile comme Mélancolie. Génie et folie en Occident a elle aussi connu un beau succès avec 330 000 visiteurs, alors que L’Âme au corps réalisée sur principe similaire en 1993 n’avait fait que 80 000 entrées. Toutes les grandes capitales du monde s’enorgueillissent d’organiser elles aussi de tels événements, jusqu’à être dépassées par l’ampleur des foules. Ainsi, pour son exposition dédiée à Léonard de Vinci (novembre 2011), la National Gallery a limité le nombre de visiteurs à 180 au lieu de 230 par demi-heure, afin de ne pas commettre l’erreur de l’exposition Gauguin à la Tate Modern présentée à l’automne 2010. La presse s’était alors fait l’écho de l’exaspération des visiteurs obligés de faire la queue devant chaque œuvre pour espérer l’entrevoir dans un brouhaha peu propice à leur réception (Artclair.com, 6 sept. 2011).
4P. R.
La fréquentation de grandes expositions en France
