CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Lorsqu’on pense à la Francophonie, on évoque les personnes qui l’ont inspirée et bâtie. D’Onésime Reclus, géographe français, qui inventa le terme « francophonie » vers 1880, à Léopold Sédar Senghor, Habib Bourgiba et Hamani Diori qui en furent les pères fondateurs (Ndao, 2008), il est un nom qui apparaît, celui de Jean-Marc Léger.

2Diplômé en droit, en sciences sociales et en histoire, Jean-Marc Léger entreprend une carrière de journaliste dès l’âge de 24 ans au quotidien québécois La Presse, puis au Devoir.

3Son combat francophone, il l’exprimera d’abord au sein d’associations professionnelles telle que l’Union canadienne des journalistes, dont il occupera les fonctions de secrétaire général de 1955 à 1959, puis, de 1959 à 1961, de président. De 1960 à 1962, il présidera l’Association internationale des journalistes de langue française.

4C’est en 1961 qu’il sera, lui qui n’était pas universitaire, à l’initiative de la création de l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) aujourd’hui Agence universitaire de la Francophonie (AUF), première grande organisation non gouvernementale d’institutions de langue française. Il en occupera le poste de secrétaire général jusqu’en 1978. Cette association d’universités, née au moment des décolonisations, a été fondée à Montréal par cent cinquante universitaires du monde francophone qui ont répondu à l’appel de Jean-Marc Léger.

5À la fin des années 1960, les pays ayant le français en partage décident de créer une Francophonie inter-gouvernementale. Jean-Marc Léger en sera l’instigateur en construisant et en animant l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) qui deviendra par la suite l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). C’est en effet à Niamey, le 20 mars 1970, que les représentants de vingt et-un États et gouvernements signèrent une Convention portant création de cette nouvelle organisation intergouvernementale fondée autour du partage d’une langue commune ? le français ?, chargée de promouvoir et de diffuser les cultures de ses membres et d’intensifier la coopération culturelle et technique entre eux.

6En mai 2010, au musée des Beaux-Arts de Montréal, à l’occasion des quarante ans de l’OIF, les membres de sa famille, ses anciens collègues et ses amis étaient réunis autour de lui et l’entendaient, certains pour la dernière fois, transmettre un message d’espoir pour une Francophonie moderne, partageant des valeurs de paix, de solidarité et de promotion de la diversité culturelle. Jean-Marc Léger nous a laissé un héritage inestimable, celui qu’un honnête homme lègue à son siècle. Il a écrit plusieurs ouvrages majeurs (Léger, 1958 ; 1987 ; 1989) qui prouvent son engagement.

7Un film d’hommage retraçant sa carrière lui est consacré [1], ainsi qu’un prix [2].

Notes

Références bibliographiques

  • Alioune Ndao, P., La Francophonie des Pères fondateurs, Paris, Karthala, AUF, coll. « Collection Tropiques », 2008.
  • Léger, J.-M., Afrique française, Afrique nouvelle, Ottawa, Le Cercle du Livre de France Ltée, 1958.
  • Léger, J.-M., La Francophonie, grand dessein, grande ambiguïté, Paris, Nathan, 1987.
  • Léger, J.-M., Vers l’indépendance ? Le pays à portée de main, Montréal, Leméac, 1989.
Didier Oillo
Agence universitaire de la Francophonie
Didier Oillo est enseignant-chercheur, directeur de l’Innovation pédagogique et de l’économie de la connaissance à l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Il est également chargé de mission à l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC).
Courriel : <didier.oillo@auf.org>.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2013
https://doi.org/10.3917/herm.060.0263
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