1La Méthode d’Edgar Morin est un exemple de recherche transdisciplinaire qui n’a jamais abandonné son projet originaire : une anthropologie complexe. La démarche de l’auteur amène à parcourir les champs de la physique, de la biologie, de la sociologie, de la politique, de l’épistémologie, de l’histoire, etc., pour tenter une ébauche de définition de l’être humain. Dans la perspective transdisciplinaire qui préside à sa recherche, on peut trouver tout au long de son importante production des références au rapport masculin/féminin et homme/ femme. Le présent texte parcourt un certain nombre d’ouvrages dans lesquels Edgar Morin traite la question de ce rapport soit du point de vue de la sociologie, comme dans « La crise féminine » (Morin, 1975), soit de celui de la biologie, tantôt dans la perspective de la théorie de l’évolution et de la génétique, tantôt à partir d’une réflexion sur le rôle du cerveau hypercomplexe d’homo sapiens (La Méthode, t. 3, 1986 et t. 5, 2001). L’innovation épistémologique constitue le fondement permanent de la réflexion de cet auteur. À cet égard, les notions de dialogique et de boucle récursive sont les instruments fondamentaux de l’analyse morinienne du masculin et du féminin.
Féminisme et complexité morinienne
2Depuis le siècle dernier, le féminisme théorique a fourni d’intéressantes contributions aussi bien épistémologiques que méthodologiques à de très nombreuses disciplines – histoire, psychologie, biologie, anthropologie, sociologie, etc. De telles contributions, selon moi, sont proches et vont de pair avec l’approche interactive de la pensée complexe morinienne. Il y a plusieurs années déjà, j’avançai que la pensée féministe et la théorie de la complexité pouvaient, avec profit, se nourrir l’une l’autre [1]. En général, on prétend répondre à la mal nommée « question de la femme » ou « intégration de la femme » par des mesures relevant de la superstructure : réformes juridiques, plans d’égalité, etc. Nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. Elles restent à la surface des choses qui, de ce fait, ne parviennent pas à trouver de solution. Penser l’armature socio-symbolique inhérente à l’organisation d’une société fondée sur la pertinence de la séparation des sexes en fonction de la biologie exige un regard théorique plus aigu. Bien plus, cette exigence veut d’autres regards, de multiples regards qui nous mènent sans aucun doute sur les sentiers moriniens de la transdisciplinarité.
3Le regard féministe rend visible le besoin impératif de briser nombre de dichotomies – privé/public, rôle féminin/rôle masculin – qui irradient et structurent notre société dans son ensemble : division dans le travail, la vie quotidienne, la création artistique, etc. En contrepoint de cette construction dichotomique, le féminisme théorique propose un regard interactif qui relie au lieu de séparer. Quelle est l’épistémologie capable d’étayer la critique de la structuration dichotomique de notre société ? Comment, d’autre part, modéliser les processus interactifs ? Edgar Morin offre une analyse théorique substantielle des fondements épistémologiques et logiques des dichotomies ainsi que de leur dépassement grâce à la notion de dialogique qui constitue, selon moi, une bonne base pour comprendre les processus interactifs. Très brièvement : dans l’œuvre d’Edgar Morin, la notion de dialogique naît de la nécessité de réunir des aspects considérés comme antagoniques (soit l’opposition féminin/masculin, rationnel/ irrationnel, genos/phenon et un long et cætera). À partir d’une logique binaire, on ne peut considérer ensemble des événements, des notions, des éléments d’un système dont les relations peuvent à la fois donner lieu à antagonisme et à complémentarité. La logique binaire fondée sur trois principes logiques classiques, celui d’identité (A=A), celui de non-contradiction (A n’est pas non-A) et celui du tiers exclu (ou A ou non-A) ne peut admettre les processus contradictoires pourtant présents dans tous les aspects de la vie quotidienne et dans la théorie. Accepter la contradiction aide à comprendre ce qui relève du processus, de la dynamique, du changement dans les choses. La meilleure manière de modéliser le processus, l’interaction – complémentaire, concurrente et antagoniste – des éléments d’un système, c’est de recourir à la notion, qu’avance Edgar Morin, de boucle rétroactive-récursive. La boucle est une spirale, mouvement infini qui dévoile la continuelle transformation des termes qui la composent. Ce caractère de processus pourrait expliquer pourquoi il est difficile d’établir une hiérarchie causale précise entre les différents éléments mis en relation dans un système. On a des dominances, lorsque l’un des éléments l’emporte sur les autres, mais cet état n’est que temporaire.
4Prenons un exemple anti-essentialiste. On n’est pas « femme », on est femme en situation, avec de multiples appartenances : âge, ethnie, classe sociale, genre, situation géopolitique, etc. L’interaction dynamique, infinie de ces variables est représentée de manière plus adéquate par une boucle. Voici quelques-unes de ces variables :

5Cette boucle aide à saisir la non-fixité de ces variables : à un instant déterminé, la variable « ethnie » peut prévaloir, à l’instant suivant, n’importe quelle autre variable peut se trouver en position dominante.
Quand et comment Edgar Morin a-t-il traité de l’unidualité féminin/masculin ?
6Examinons d’abord ses considérations exposées dans « La crise féminine » pour analyser ensuite l’approche plus théorique menée dans La Méthode sur l’unidualité cérébrale et l’unidualité genos/phenon.
7Dans les années 1970, Edgar Morin caractérise le mouvement des femmes comme l’un des éléments « de l’infratexture culturelle de notre société ». Nous ne pouvons que souligner sa perspicacité lorsque, dans L’Esprit du temps 2, Nécrose (1975), il identifie les trois brèches culturelles qui ont transformé la société. Selon lui, la brèche culturelle s’est nourrie de trois crises : la crise juvénile, la crise féminine et la crise écologique. Dans « La crise féminine », se trouvent déjà exposées des propositions transdisciplinaires liées à la recherche d’outils épistémologiques plus complexes.
8Bien que cet article démarre par une approche socio-politique, il introduit rapidement la question de la biologie. En effet, Edgar Morin souligne que la femme n’a pas été définie sociologiquement, mais biologiquement. Et il note un certain nombre de thèmes qui restent aujourd’hui fondamentaux : entre autres, l’injonction sociale persistante faite aux femmes de se vouer à la reproduction et aux soins.
9On trouve également dans cet article une ébauche de la notion d’unité des contraires qui le conduira plus tard à celle de dialogique.
De même, aujourd’hui, le mouvement féminin porte en lui, de façon conjointe et confuse, une revendication androïdienne et une revendication gynécoïde. Cette confusion est fondée, puisque la femme est aussi un homme, tout en étant femme.
11Cette seule proposition contient deux idées-clés : l’unidualité du féminin et du masculin, ouvrant la voie à une entrée épistémologique, à savoir, la reconnaissance des vertus épistémiques de la contradiction qu’Edgar Morin formula dans Le Vif du sujet :
Deux idées à la fois. Sortir de la pensée monorail, qui ne peut suivre qu’une idée à la fois, et aboutit à l’idée fixe. Opposer un contre-réflexe cumulatif au réflexe alternatif : au « ou… ou », tenter de substituer le « et… et » […].
13C’est l’époque où Edgar Morin ressent les insuffisances d’une dialectique incapable de conjuguer des tendances de signe opposé. Selon lui, le fait que deux notions qui devraient s’exclure logiquement coexistent dégage un principe épistémique qu’il systématisera avec la notion de dialogique.
14Edgar Morin remet en question un thème très en vogue à cette époque : les femmes constituent une classe sociale (la classe sociale renvoie aux rapports de production et la classe des femmes aux rapports de reproduction). Selon lui, de telles analogies avec l’ethnie ou la classe sociale ne peuvent être faites. Le problème féminin est présociologique, il réside dans un archaïsme fondamental :
L’inégalité de la relation homme-femme […] nous oblige à reconsidérer le système anthropo-sociologique. L’élimination de cette inégalité appellerait une transformation de la société beaucoup plus radicale que celle qui touche les rapports de production [2].
16Il souligne, par conséquent, que la différence entre homme et femme se situe au niveau bio-anthropologique bien qu’il affirme que les différences concernant le cerveau soient négligeables (nous reviendrons sur le cerveau). Comment apparaît la domination de la femme ? Il s’agit d’un héritage multiple qui exige, de ce fait, un regard transdisciplinaire : anthropologique, et, pourtant, évolutionniste.
17Plus avant dans « La crise féminine », Edgar Morin pointe une contradiction encore à l’œuvre entre le modèle de la femme que le féminisme avance (davantage tourné vers l’activité publique) et celui, marqué par le rôle féminin, de la culture populaire (qui reste comminatoire, vouant les femmes à la sphère du privé : érotisme, maternité, soin du foyer). Sur ce point également, il s’accorde avec le clivage que le féminisme pointa, il y a de nombreuses années, entre l’activité dans l’espace public et privé :
En effet, une dualité radicale, voire une opposition, coupe jusqu’à ces dernières années la culture féminine en deux parties imperméables l’une à l’autre. D’une part, la culture de la féminité ; d’autre part, l’idéologie féministe.
19Cette dualité commence à s’estomper avec l’osmose du féminisme et de la féminité dans les années 1967-1971 dans le prolongement des luttes menées en France par le Planning familial :
Et cet événement, qui est l’interaction active d’éléments qui commencent à constituer une unité globale nouvelle, est par là même un avènement : celui de la classe biosociale féminine. La femme […] entre dans la scène politico-sociale, elle devient acteur historique.
21Néanmoins, dans « La crise féminine » ainsi que dans Le Paradigme perdu (1973), il apparaît prisonnier de certaines idées réductionnistes sur le rôle des femmes dans la société ou dans le processus de l’évolution. Dans Le Paradigme perdu, il demeure imprégné au niveau théorique de la croyance, générale à cette époque, en l’importance fondamentale de la chasse dans le processus de l’hominisation. Point de vue qu’il modifiera, cependant, quelques années plus tard (selon ses propres termes, il fera son autocritique). Et, dans La Méthode 5, au chapitre intitulé « L’identité polymorphe », on peut lire :
Le rôle civilisateur du féminin continue à être sousestimé. Contrairement à l’idée encore dominante, les cultures archaïques se sont fondées sur la complémentarité du masculin-féminin ; avec l’homme chasseur a concordé la femme cueilleuse et ramasseuse, avec les arts martiaux ont concordé les arts domestiques, bref la civilisation a été fondamentalement bisexuée.
L’unidualité des hémisphères cérébraux
23La nature bi-hémisphérique du cerveau humain et la caractérisation du féminin et du masculin par des fonctionnalités différentes attribuées à l’hémisphère droit et à l’hémisphère gauche ont constitué le fondement d’explications déterministes concernant le caractère nécessaire et immuable des rôles des femmes et des hommes. Dans La Méthode 3, La connaissance de la connaissance, Edgar Morin s’emploie à réfléchir sur le cerveau hypercomplexe d’homo sapiens : l’analyse morinienne de la bi-hémisphéricité cérébrale admet la dissymétrie observée des spécialisations cérébrales chez les individus de sexe masculin et de sexe féminin. Mais Edgar Morin distingue le fait observé, la dominance de l’hémisphère droit chez la femme et du gauche chez l’homme, des diverses explications de ce fait. Et il en existe de toutes sortes : depuis le biologisme extrême jusqu’au culturalisme extrême. Pour Edgar Morin, il est nécessaire d’abandonner les modèles explicatifs dichotomiques tout en reconnaissant le rôle de la culture :
Il faut voir aussi que la sur-détermination culturelle apporte, en même temps que les rôles sociaux du masculin et du féminin, un type d’éducation dominant pour chaque sexe […] et par là inscrit sa marque profonde dans le fonctionnement intime de l’intelligence et de la connaissance […] une sur-détermination qui impose clôture, rupture, hiérarchie entre des rôles sociaux rigides tend à jouer un rôle atrophieur ou mutilant de l’intelligence et de la connaissance chez les deux sexes.
25Edgar Morin pose à nouveau la question de l’unidualité en recourant à la célèbre formule de Michelet : « J’ai les deux sexes de l’esprit. » En effet, on ne peut méconnaître que la dominance varie en fonction des individus, des cultures et des circonstances. La dominance, dans ses variations, est soumise à la stimulation, mais aussi à l’inhibition et aux jeux complexes sans fin entre les aptitudes et les capacités dites féminines et masculines. Il fait également appel à Jung :
De même que les deux sexes coexistent en chaque sexe, de même en chacun de nous coexistent un esprit masculin et un esprit féminin – Animus et Anima ; l’important est leur dialogue, le fruit de leur dialogue.
27Dans L’identité humaine, cinquième tome de La Méthode, il reprend la double notion jungienne animus/ anima :
[…] il faut insister sur l’unité au sein de la dualité masculin-féminin. Je ne veux pas dire simplement par là qu’homme et femme bénéficient l’un et l’autre de la plénitude des caractères humains. Je veux dire que le masculin est dans le féminin, et vice versa, génétiquement, anatomiquement, physiologiquement, psychologiquement, culturellement.
29Selon nous, toutefois, la position de l’auteur semble mettre trop l’accent sur la complémentarité masculinféminin au risque, entre autres choses, de soulever quelques difficultés théoriques pour penser les relations homosexuelles, même s’il reconnaît que « toute la gamme des bisexuels, homosexuels et transsexuels échappent à l’alternative simplifiante. Ces transdisciplinaires, si visibles aujourd’hui, ont toujours existé, en dépit des interdits et tabous qui les ont clandestinisés dans les cultures traditionnelles » (La Méthode, t. 5, 2001, p. 75).
L’unidualité genos/phenon, inné/acquis
30Examinons enfin la manière dont Edgar Morin résout le problème de la naturalisation des rôles féminin et masculin auquel une grande partie de la biologie déterministe et simplificatrice donne une solution fondée sur une vision de la génétique et sur une théorie de l’évolution non moins déterministe et simplificatrice. On sait que la sociobiologie ainsi que d’autres courants théoriques du champ de la biologie établissent une dichotomie entre biologie et culture en s’appuyant sur la seule biologie afin d’attribuer à l’homme et à la femme des aptitudes et des qualités immuables. Dans La Méthode 2, La vie de la vie, ainsi que dans un bref article intitulé « L’unidualité de l’homme », Edgar Morin explicite la méthode permettant de penser la diversité dans l’unité et de mettre en évidence le caractère inséparable du biologique et du culturel chez les êtres humains. Sa notion d’unidualité constitue le socle de la réflexion sur l’inextricabilité du genos et du phenon et, en définitive, de l’inné et de l’acquis. Un rapide rappel : le génotype est l’ensemble de l’information héritée et organisée, le phénotype se construit dans l’interaction avec l’environnement :
Le génotype est le patrimoine héréditaire inscrit dans les gènes […] Le phénotype correspond à l’expression, l’actualisation, l’inhibition ou la modification des traits héréditaires.
32Les inhibitions, les modifications, etc., qui ouvrent la voie de la liberté pour chacun, femme, homme ou intersexuel, sont assignables à l’ontogenèse de chaque individu dans un environnement donné.
33La spécificité des humains(e)s, puisque c’est d’eux dont il s’agit, réside dans la mise en place d’une dialogique inné-acquis. Edgar Morin formule la boucle innéacquis de la manière suivante : « L’aptitude à acquérir c’est donc l’aptitude innée à acquérir des aptitudes non innées » (La Méthode, t. 2, 1980, p. 135). La mise en place d’une dialogique inné-acquis est très particulière dans l’espèce humaine : Edgar Morin nous donne à penser ensemble et indissolublement l’omniprésence de la génétique, l’omniprésence de la culture et l’omniprésence des événements liés au développement individuel. Si bien que, dans ce jeu de concurrences, d’antagonismes, de complémentarités entre le génétique et le culturel, il s’avère impossible d’oublier un tiers exclu, l’individu, avec son développement propre et exclusif. Développement toujours original puisque, comme l’exprime justement Edgar Morin, les êtres humains ne sont pas seulement espèce (genos) et/ou société (phenon), ils forment un trio inséparable :

34C’est ainsi que chaque individu, en vertu de sa propre et complexe ontogenèse – dans le jeu entre génétique et culture – se révèle un être unique et irremplaçable.
35Dans ces quelques lignes, nous avons tenté de montrer que, dans le cadre de son projet d’anthropologie fondamentale, Edgar Morin a réfléchi de manière transdisciplinaire sur les dialogiques homme/femme et masculin/féminin. Et ce, dans plusieurs de ces livres et selon différentes perspectives théoriques.
36Dès Le Paradigme Perdu, décrivant le processus de l’hominisation, une réflexion s’amorce sur la notion générique d’« homme » [3] menée alors dans trois directions : génétique, socio-culturelle et cérébro-neuronale. Et du point de vue du triple prisme déjà mentionné : individu/espèce/société. La Méthode 2, La vie de la vie « biologise » l’individu : ce dernier est décrit présentant des caractéristiques identiques à celles des autres vivants jusqu’à ce que l’on se trouve face à la spécificité du cerveau hyper-complexe. J’aime cet individu-sujet qui acquiert ses vertigineuses virtualités dans le jeu entre biologie et culture et qui, de ce fait, possède d’aussi vastes possibilités d’échapper à tout déterminisme, qu’il soit génétique ou culturel…
37Pour finir, je fais miens les mots d’Edgar Morin dans La vie de la vie :
L’espèce humaine présente une unité génétique remarquable et tous les êtres humains […] disposent cérébralement des mêmes aptitudes […] Mais, en tout état de cause, les différences entre êtres humains peuvent et doivent être lues en termes de diversité […] aucune règle objective n’autorise à lire cette diversité/inégalité en termes de hiérarchie.
Notes
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[1]
Ma thèse de doctorat, soutenue en 1989, est précisément consacrée à l’Épistémologie féministe/Épistémologie de la complexité.
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[2]
Souligné dans le texte.
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[3]
Au fil des années, Edgar Morin abandonne le terme d’« homme » au profit de celui d’êtres humains. Dans L’identité humaine, il écrit : « Toutefois, le mot “homme” continue à renvoyer moins à sa neutralité générique qu’à sa masculinité (c’est pourquoi je l’emploie rarement dans ce livre). » (La Méthode, t. 5, 2001, p. 74). Dans un entretien que publie la revue Mètode (automne 2010) éditée par l’Université de Valence, je lui pose la question suivante : « Dans vos premiers textes, vous parliez de l’“homme”. Pour quelle raison préférez-vous aujourd’hui le terme « humain » ? ». Voici sa réponse : « Parce que j’ai compris que bien que le terme “homme” soit en principe neutre, il reste marqué du sceau du masculin. J’ai également découvert, en partie grâce à vous, que dans Le Paradigme perdu j’ai sous-estimé l’aspect culturel, civilisateur de la femme cueilleuse […] C’est pourquoi, à un moment déterminé, j’ai décidé d’employer dans mes textes le terme « êtres humains » » (p. 99).