CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1« Résister c’est créer, créer c’est résister. » La formule de Stéphane Hessel est juste, Edgar Morin en est la preuve. La théorie de la complexité peut être, en effet, lue comme une création intellectuelle qui permet de résister à l’auto-destruction de notre « terrepatrie ». Penser le réel dans sa globalité afin de mieux le transformer, tel est le projet humaniste d’Edgar Morin. Ce double objectif n’est pas nouveau. Il traverse même, sans faire l’unanimité, toute la sociologie européenne de Marx à Latour, en passant par Durkheim et Boltanski. Il trouve, toutefois, une traduction singulière puisque, chez Edgar Morin, cet engagement est multiple : académique, comme la plupart des scientifiques, politique, comme nombre de sociologues, mais aussi médiatique, comme certains grands intellectuels et civique, comme trop peu de chercheurs. Un exemple de ce lien intime entre ce qu’il appelle le « bien penser » et le « bien agir » nous est donné par l’analyse et l’engagement d’Edgar Morin en faveur de la construction européenne.

Un engagement dialogique

2L’engagement civique d’Edgar Morin s’éclaire lorsque l’on procède à une analyse dialogique de ce qui pousse, mais aussi repousse, son militantisme politique. En effet, le principe dialogique unit deux notions antagonistes qui, apparemment, devraient se réfuter l’une l’autre, mais qui sont indissociables et indispensables pour comprendre une même réalité. Du côté du sujet Morin, la perte de sa mère, à 9 ans, l’a conduit à chercher dans le communisme « une famille nouvelle » et à développer une « forme de compassion pour la condition humaine » [1]. De même, la chaleur fraternelle de la Résistance est une expérience intime alimentant le désir d’engagement. D’un autre côté, sa rupture avec le communisme, sa soif libertaire, et son analyse désabusée de la politique – « La politique tient désormais du degré zéro de la pensée » (Morin, 2006) – sont des éléments poussant Morin à rester dans la sphère analytique. On retrouve cette même tension créatrice au sein de son œuvre scientifique. Sa critique résolue de l’objectivisme, son affirmation constante que la connaissance scientifique doit intégrer la connaissance de l’esprit humain à la connaissance de l’objet en reconnaissant l’inséparabilité de l’objet et du sujet [2] plaident pour l’explicitation publique des conceptions normatives du chercheur. De même, en rappelant que complexité vient du latin complexus, « ce qui est tissé ensemble », Edgar Morin ne peut que lier sa compréhension du monde à son action de citoyen. Pourtant, ce qu’il nomme l’écologie de l’action aurait pu le conduire, tout aussi logiquement, à l’inaction. En effet, dans L’Éthique, le sixième et dernier tome de sa Méthode, il montre que plus l’action interagit avec le milieu où elle intervient et plus elle échappe à son auteur. C’est pourquoi elle peut échouer, être détournée ou même conduire à l’effet exactement contraire à celui qui était désiré. La nécessité de s’engager et les dangers de le faire sont présents dans la vie et dans l’œuvre de Morin, ils éclairent son engagement et montrent la force de sa pensée : comme la nature, l’action politique n’est pas contrôlable, c’est donc un pari, celui de la créativité et de la déviance pour faire émerger un monde nouveau et un choix, celui de la vie :

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  • Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager et à résister ? interroge le journaliste.
  • J’avais 20 ans, je voulais connaître la vie, l’amour, l’aventure. Je voulais vivre intensément, répond Morin [3].

Penser l’Europe

4En 1987, Edgar Morin publie Penser l’Europe. Ce livre est le fruit d’une lente conversion intellectuelle, puisqu’il a longtemps été sceptique vis-à-vis de la construction européenne. Plus précisément, s’il était féru de culture européenne et dévorait Diderot, Tolstoï ou Cervantès, Morin dénonçait une Europe colonisatrice mettant au service de sa domination des moyens techniques inédits dans l’histoire de l’humanité. De même, l’utopie marxiste qui a guidé sa jeunesse pousse d’emblée à l’universel et ne réclame pas forcément l’union d’un nombre restreint d’États sur la base d’une identité géographique. D’autant plus que cette Union se fait délibérément – c’est la méthode prônée par Jean Monnet – sur une base technocratique et économique qui écarte la question culturelle. La plongée d’Edgar Morin au sein du mouvement hippie où il éprouve la force de la solidarité communautaire, l’achèvement du processus de décolonisation et, surtout, le choc pétrolier de 1974 mettant en lumière la fragilité des pays européens vont, peu à peu, le convertir à l’idée européenne (Pincas, 1998). Son livre est l’expression académique de cette conversion. L’Europe y est vue comme un moyen de ne plus reproduire les erreurs des États-nations (recherche de la pureté interne et domination externe), une première étape facilitant l’émergence d’une société-monde. En effet, bien des thèmes chers à Morin sont mis en lumière par la construction européenne. La reliance tout d’abord. L’Union européenne unit non seulement les États-nations qui étaient séparés, mais aussi des régimes politiques différents (république et monarchie constitutionnelle), des visions juridiques opposées (fédéralisme et confédéralisme), des cultures religieuses diverses et instaure une solidarité entre des pays qui sont en guerre économique. L’Union européenne est, effectivement, une construction humaine complexe qui ne peut qu’intéresser le penseur de la complexité. On retrouve aussi, dans celle-ci, la notion de système. Comme tout système, l’Union européenne est plus que la somme des parties qui la composent. De la volonté des États-nations émerge un système institutionnel complexe qui a sa propre logique de fonctionnement et qui ne peut pas se comprendre à partir des caractéristiques de chaque système institutionnel national. Mais si, comme tout système, l’Union européenne produit de l’additivité, elle provoque aussi de la soustractivité. Plus l’Union européenne exerce un poids politique et moins les parlements nationaux ont une influence législative. 60 % des lois votées au Parlement français ne sont que des transcriptions nationales de directives européennes. Enfin et surtout, le lecteur de Penser l’Europe y trouvera un troisième concept-clé, celui du principe dialogique.

5Au fond pour Morin, l’Europe est un bouillon de culture, une complémentarité antagoniste entre des héritages culturels différents : hellène, romain, judéo-chrétien, etc. L’unité de l’Europe n’est donc pas à rechercher dans une essence culturelle unique, mais dans sa diversité même. L’Union européenne est une ; une unité qui émerge de la diversité, une communauté qui n’est pas liée par l’histoire mais par un destin commun. Ni multiculturelle ni uniculturelle, l’Union européenne doit devenir interculturelle : se nourrir de la diversité pour engendrer une culture commune qui ne soit pas une culture unique : « La nouvelle identité est l’identité pluraliste de l’unitas mulitiplex » propose ainsi Morin une dizaine d’années avant que l’Union européenne n’adopte pour devise « Unie dans la diversité ».

Agir pour la construction européenne

6Celui que Jean-Louis Le Moigne nomme « le bon génie de la reliance [4] » conjugue pensée politique sur l’Europe et engagement en faveur de la construction européenne. Penser l’Europe (1987) a été salué par la presse et a donné l’occasion à Edgar Morin d’être interviewé ou cité par les journalistes à de nombreuses reprises, y compris lors du référendum de Maastricht. Ces incursions dans l’espace public médiatique se conjuguent à des engagements académiques, puisqu’il a été, en mai 1994, nommé président de l’Agence européenne de la Culture de l’Unesco et qu’il est actuellement membre de l’Académie européenne de la Fondation Yuste où il occupe la chaire Jean Monnet [5]. Ces engagements académiques et médiatiques sont complétés par un engagement civique. Il a ainsi fréquenté l’Association des citoyens d’Europe et a dirigé l’association Europe 99, projet de civilisation. C’est sur ce dernier point qu’il faut maintenant insister puisque le nom même de cette organisation incite à faire le lien entre son œuvre et son action militante. Et ce, d’autant plus que l’on retrouve, dans la brochure de présentation de cette structure militante, une citation qui reprend la thèse centrale de Penser l’Europe :

Ce qui est dans la culture européenne, ce ne sont pas seulement les idées maîtresses (christianisme humanisme, raison, science) ce sont ces idées et leur contraire. Le génie européen n’est pas seulement dans la pluralité et dans le changement, il est dans le dialogue des pluralités qui produit le changement [6].
C’est à cette tâche ? favoriser un dialogue interculturel pour créer une démocratie européenne participative ?, que s’est consacré, un temps, Edgar Morin à travers Europe 99. Pour rendre vivante cette expérience, nous nous concentrerons sur une année particulière, 1997, année européenne particulièrement chargée (quarante ans du traité de Rome et débats autour du traité d’Amsterdam) qui a vu l’association présidée par Edgar Morin résister à l’exclusion technocratique des conférences intergouvernementales par la création d’engagements civiques innovants.

Fiche d’identité d’Europe 99 en 1997

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  • Adresse : Le siège d’Europe 99 est « La Maison Grenelle [7] » qui rassemble huit associations [8] qui mettent en commun une partie de leurs ressources financières (loyers, secrétariat, etc.) et mutualisent leurs réflexions ; – Adhérents : Selon Marie-Élisabeth Lautrou, viceprésidente de l’association, rencontrée à l’époque pour une recherche publiée dans la revue Hermès (Dacheux, 1999), Europe 99 compte une centaine de membres. Parmi ceux-ci, on retrouve aussi bien des personnes morales que des intellectuels ;
  • Origine : Entre 1969 et 1976, une dizaine d’intellectuels (Henri Atlan, Jacques Attali, Jack Baillet, Robert Buron, Jean-François Boissel, Henri Laborit, Alain Laurent, Edgar Morin, René Passet, Michel Rocard, Annie Robin, Jacques Robin, Joël de Rosnay, Jacques Sauvan et Michel Serres) se sont réunis régulièrement. Un des prolongements de ce Groupe des dix (Chamak, 1997) fut la création d’Europe 93, qui vit le jour en 1988, à la suite d’un appel dénonçant les dangers d’une construction européenne axée sur les seuls objectifs économiques et monétaires. En 1992, après quatre ans de travail autour d’un projet européen alternatif, Europe 93 publie une brochure de synthèse et de réflexion et devient Europe 99, projet de civilisation. Son président est alors le député européen Michel Hervé, mais en 1997, c’est bien Edgar Morin qui assure la présidence de l’association ;
  • Positionnement : L’association ne fait pas mystère de son positionnement socialiste [9] ce qui ne l’empêche nullement de travailler avec des associations d’autres sensibilités de la « gauche plurielle » comme le Forum Alternatives européennes (présidé par l’ancien ministre communiste Charles Fiterman) ou le Réseau pour une économie alternative et solidaire (dont la présidente est A. Archambault, ancienne député européen, élue sur la liste des Verts).

Les actions nationales et internationales menées en 1997 par Europe 99

8En France, l’activité la plus originale et la plus régulière d’Europe 99 consiste en la tenue de « petits-déjeuners débats ». Europe 99 invite une personnalité à faire un exposé sur son champ de compétence et à répondre aux questions posées par des invités sélectionnés pour leurs connaissances en la matière. Le tout est enregistré, puis retranscrit dans des brochures qui sont ensuite distribuées aux membres d’Europe 99. À titre d’exemple, on peut citer deux brochures parues en 1997 : L’Identité européenne à l’heure de l’élargissement (invitée : Catherine Lalumière) et Vers un nouveau socle éthique européen (invité : Jean-Baptiste de Foucauld). Toujours dans l’Hexagone, Europe 99 participe souvent à des actions plus ponctuelles comme la signature d’un texte, paru le 25 mars 1997 – à l’occasion du quarantième anniversaire de la signature du Traité de Rome ?, intitulé « Pour une Europe civique et sociale ». Cet appel, qui s’appuie sur les travaux du « Comité des sages [10] » dresse « 13 propositions qui constituent le minimum que les citoyens sont en droit d’attendre de la Conférence intergouvernementale [11] ». Ces propositions furent signées par une centaine de personnalités représentant leur organisation, dont Martine Aubry alors présidente du mouvement Agir, Jean Bastide, président du très officiel Conseil national de la vie associative, Michel Deschamps, président de la Fédération syndicale unitaire (FSU), etc. Cependant, l’association présidée par Edgar Morin n’est pas une simple association franco-française dédiée à l’Europe. Elle cherche à nourrir sa réflexion par un dialogue fécond avec des associations de citoyenneté européenne siégeant dans différents pays. De la sorte, elle se forge une idée plus précise de ce que pourrait être une Europe interculturelle et contribue à faire vivre un espace public européen associatif. C’est pourquoi Europe 99 est l’une des chevilles ouvrières des Conférences inter-citoyennes (CIC). Le sigle CIC a été choisi en raison de sa proximité avec l’acronyme CIG : en effet, les Conférences intercitoyennes européennes se sont constituées pour faire contrepoids aux conférences intergouvernementales qui ont procédé à la révision du Traité de Maastricht :

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En 1996 et 1997, les traités de l’Union européenne doivent être révisés […]. Dès lors, cette révision est trop importante pour que les méthodes de négociation de Maastricht – secret des groupes d’experts, mises à l’écart des parlementaires nationaux et européens, usage contre productif du référendum… – soient reproduites à l’identique [12].

10Les CIC sont une initiative conjointe d’une trentaine d’associations européennes [13]. Elles veulent être « un jalon dans la construction d’une société civile européenne active, lieu de participation publique permanent, d’appropriation de la nouvelle “res publica” [14] ». Les CIC sont ouvertes à toutes les associations qui se reconnaissent dans les trois principes suivants :

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  • démocratie et citoyenneté […],
  • l’humain au cœur de notre civilisation […],
  • pour une Europe ouverte au monde [15].

12Les CIC ont décidé de se réunir tous les six mois, à l’occasion d’une manifestation organisée par l’un des partenaires. Ainsi, la quatrième Bi-Annual Transnational Assembly (BITA) s’est déroulée, en 1997 à Paris, lors d’un colloque (organisé par le Forum des alternatives européennes) intitulé Lutter contre le racisme en Europe.

13Les CIC ne sont donc pas une structure rigide disposant d’un local et d’un secrétariat permanent, mais un réseau d’associations reliées entre elles par l’intermédiaire d’un « info-centre ». Celui-ci est géré par Europe 99 et remplit deux grandes fonctions : tenir à jour un annuaire des partenaires de la CIC et faire circuler les informations entre tous les membres du réseau.

Europe 99, cheville ouvrière d’une construction européenne ouverte sur le monde

14Pour Morin, l’Europe n’est pas une fin, c’est un processus qui participe à l’avènement d’une sociétémonde.

15

L’enjeu aujourd’hui est planétaire et c’est la survie de l’humanité […]. L’enjeu c’est, tout en respectant les nations d’aller vers de grands ensembles, comme l’ensemble européen.
(Morin, 2002)

16Fidèle à cette volonté d’une Europe ouverte sur le monde, Europe 99 participe, avec les autres membres des CIC, à la promotion d’une Europe s’élargissant à l’Est (à l’époque beaucoup d’europhiles préconisaient pourtant d’approfondir l’Union européenne avant de l’élargir) et au Sud. En effet, les textes signés par l’association stipulent que l’Union européenne doit contribuer à la « promotion des droits civiques et sociaux dans les pays émergents et dans les pays à l’écart du développement [16] ». De plus, Europe 99 et les autres associations européennes civiques sont favorables aux votes des non nationaux dans les élections locales et européennes :

17

Quelle que soit leur nationalité, tous les citoyens européens ont le droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes et locales dans les pays de l’Union où ils résident [17].

18Le symbole le plus significatif de cette volonté d’ouverture est sans doute la « Marche européenne contre le chômage et la précarité » qui s’est achevée à Amsterdam au moment de la fin des CIG (juin 1997). Cette marche, soutenue par les membres des Conférences inter-citoyennes qui l’ont rejoint à Amsterdam, est partie de dix villes dont Tanger et Sarajevo…

Quelques enseignements pour le chercheur en communication politique

19Cet engagement académique et citoyen de Morin pour l’Europe invite à faire trois remarques. La première encourage tous les chercheurs à prendre en compte la complexité de l’espace public. Celui-ci est médiatique ? et Morin s’est engagé dans de nombreuses tribunes libres à défendre le « oui » à la constitution européenne ou l’adhésion à la Turquie [18] ?, mais aussi civique, son implication à la tête d’Europe 99 en témoigne. De même, si l’espace public possède bien la dimension symbolique soulignée par Habermas, il renferme également une dimension physique : comme l’illustrent l’engagement dans la résistance de Morin et les manifestations tragiques de la place Tianamen et celles euphoriques de la place Tahrir, la politique est aussi une expérience humaine intense qui s’incarne dans des lieux concrets. La seconde remarque porte sur la nécessité de penser le lien récursif entre écrit intellectuel et engagement politique, mais aussi de penser ce même lien avec le désengagement, puisque dans son dernier livre, La Voie (2011), Morin ne consacre aucun chapitre à l’Europe. Non pas que cette dernière ne l’intéresse plus – il exerce toujours des fonctions académiques et la mentionne dans ses réflexions sur le printemps démocratique des peuples arabes [19] –, mais qu’elle le déçoit : engluée dans ses égoïsmes nationaux, l’Europe n’est plus le chemin concret permettant de lier l’unité dans la diversité des cultures, taraudée par l’extrême-droite et la peur de l’autre, elle est incapable d’émettre un message universel de solidarité. La troisième remarque, enfin, conduit le chercheur à ne pas négliger sa citoyenneté, à relier action et pensée, à faire vivre, comme l’a fait Edgar Morin pour l’Europe, le précepte de Bergson : « Agir en homme de pensée, penser en homme d’action. »

Notes

  • [1]
    Edgar Morin, « J’ai élaboré une méthode sans nostalgie du pouvoir absolu », propos recueillis par Nicolas Truong, Philosophie Magazine, no 15, déc. 2007. En ligne sur <http://www.philomag.com/article,entretien,edgar-morin-j-ai-elaboreune-methode-sans-nostalgie-du-pouvoir-absolu,531.php>, consulté le 25/04/2011.
  • [2]
    Voir, par exemple, son intervention « Complexité restreinte, complexité générale », au colloque de Cerisy Intelligence de la complexité. Épistémologie et pragmatique (juin 2005), dont les actes ont été publiés deux ans plus tard (Le Moigne et Morin, 2007c).
  • [3]
    Edgar Morin, « J’ai élaboré une méthode sans nostalgie du pouvoir absolu », loc. cit.
  • [4]
    Au cours d’un hommage rendu à Edgar Morin, retranscrit dans Synergies Mondes (Cortès, Le Moigne et Avenier, 2009, p. 11).
  • [5]
    La fondation espagnole promeut à la fois la diversité des cultures et l’existence d’une culture européenne identifiable, elle a créé une académie où des personnalités reconnues occupent des chaires aux noms prestigieux : Alain Touraine occupe la chaire Vivaldi et Umberto Eco la chaire Platon.
  • [6]
    Monique Genelot, Synthèse de réflexions et propositions de l’association « Europe 99 », Paris, Europe 99, 1992.
  • [7]
    21, boulevard de Grenelle, 75015 Paris.
  • [8]
    Europe 99, Transversales Science Culture, Mouvement de la citoyenneté active, Charte de la citoyenneté, Observatoire de la décision publique, Les Rencontres de Partenay, Le Centre international Pierre Mendès-France (CIPMF), Veille européenne et citoyenne sur les autoroutes de l’information et le multimédia (VECAM).
  • [9]
    Parce que Michel Rocard participait parfois à certains « petits-déjeuners-débats », l’association s’est vue qualifiée de « rocardienne », étiquette que rejette catégoriquement Marie-Élisabeth Lautrou.
  • [10]
    Comité présidé par Maria de Lourdes Pintasilgo, qui fut mis en place en 1995 par la Commission pour examiner les suites susceptibles d’être réservées à la Charte communautaire des droits sociaux des travailleurs dans le cadre de la révision des traités de l’Union européenne.
  • [11]
    Selon les termes mêmes de cet appel.
  • [12]
    Extrait de la plaquette des CIC à destination d’éventuels futurs partenaires.
  • [13]
    La plupart sont des réseaux d’associations présents dans plusieurs pays. Néanmoins, si l’on prend en compte le siège social de la structure internationale de ces réseaux, on peut se faire une idée des pays représentés par ces organisations. Allemagne (4 associations), Autriche (2), Belgique (3), Espagne (1), France (10), Finlande (1), Italie (1), Irlande (1), Luxembourg (1), Suède (2), République tchèque (1).
  • [14]
    Extrait de la plaquette des CIC à destination d’éventuels futurs partenaires.
  • [15]
    Idem.
  • [16]
    Article 13 de la Déclaration pour une Europe civique et sociale.
  • [17]
    Extrait du préambule de la Charte des citoyennes et citoyens européens, rédigée par le Forum permanent de la société civile européenne. Cette proposition va donc bien plus loin que le traité actuel qui ne réserve cette possibilité qu’aux seuls citoyens de l’Union européenne résidant dans un autre État membre.
  • [18]
    Le 11 mai 2005, il publiait dans Le Monde, un plaidoyer pour le « oui », intitulé « À quand une Europe visionnaire ». Le 13 octobre 2009, dans le même journal, il écrivait une tribune au titre explicite « Turquie : ouvrir la porte ».
  • [19]
    Dans sa dernière tribune libre du journal Le Monde, il parle à trois reprises de l’Europe, pour évoquer le berceau du droit des peuples mais aussi pour stigmatiser les ténèbres mentales de l’Europe ou pour déplorer : « Déjà en France, en Europe et presque partout dans le monde, l’absence d’une pensée sur la complexité humaine, sur la société, sur le processus historique de mondialisation rend incapable de réagir à la course vers l’abîme où va la planète et d’envisager le changement d’orientation salvateur » (« Nuages sur le printemps arabe », Le Monde, 26 avr., 2011).
Français

Penser le réel dans sa globalité afin de mieux le transformer, tel est le projet humaniste d’Edgar Morin. Chez celui-ci, cet engagement est multiple : académique, comme la plupart des scientifiques ; politique, comme nombre de sociologues, mais aussi médiatique, comme certains grands intellectuels et civique, comme trop peu de chercheurs. Un exemple de ce lien intime entre ce qu’il appelle le « bien penser » et le « bien agir » nous est donné par son analyse de la construction européenne (Penser l’Europe, 1987) et sa présidence de l’association Europe 99, projet de civilisation.

Mots-clés

  • Europe
  • engagement
  • espace public

Références bibliographiques

  • Chamak, B., Le Groupe des dix, Paris, Éditions du Rocher, 1997.
  • Cortès, J., Le Moigne, J.-L. et Avenier, M.-J., « Hommage à Edgar Morin », Synergies Mondes, no 6, 2009, p. 15-14.
  • En ligneDacheux, É., « Un monde méconnu : les réseaux associatifs européens », Hermès, no 23-24, 1999, p. 123-130.
  • Pincas, É., « Edgar Morin, penseur de l’Europe », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, no 5, 1998. En ligne sur <http://ipr.univparis1.fr/spip.php?article35>, consulté le 25/04/2011.
Éric Dacheux
Clermont Université, LRL Groupe « Communication et solidarité »
Éric Dacheux est Professeur en sciences de l’information et de la communication (Clermont Université), directeur du groupe de recherche « Communication et solidarité », et également responsable de la collection « les Essentiels d’Hermès ». Le dernier ouvrage paru, sous sa direction, s’intitule La Communication (CNRS Éditions, 2011).
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2013
https://doi.org/10.3917/herm.060.0200
Pour citer cet article
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