CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Edgar Morin est en passe d’être élevé au rang de « vieux sage » dans un paysage intellectuel français à la recherche de figures crédibles. Pourtant, cette reconnaissance étonnamment tardive semble encore très partielle au sein même du milieu officiel où Morin a produit l’essentiel de son œuvre : celui des sciences sociales et plus particulièrement de la sociologie française. En effet, parmi mes professeurs, collègues sociologues ou chercheurs en sciences sociales français, j’ai presque systématiquement rencontré un certain étonnement lorsque j’ai fait référence aux écrits d’Edgar Morin comme l’une des inspirations fondamentales de mon travail. Cet étonnement relève de différents ordres : la plupart d’entre eux admettent mal connaître cet œuvre débordant trop des frontières du social, certains la dédaignent par réflexe corporatiste et/ou disciplinaire, d’autres enfin la connaissent et peuvent même l’admirer, mais la jugent souvent hermétique et difficilement mobilisable dans le cadre d’analyse sociologique. C’est peut-être essentiellement à ces derniers que s’adresse cet article s’attachant à montrer qu’au-delà de certaines de leurs aspérités, les travaux de Morin peuvent être très fructueux pour n’importe quel chercheur en sciences sociales. Il s’agit ainsi de répondre à deux questions assez simples et pratiques : en quoi la pensée d’Edgar Morin peut-elle être utile à un (jeune) chercheur en science sociale ? En quoi cette pensée peut-elle être particulièrement féconde pour un pan spécifique des sciences sociales qui s’intéresse aux questions environnementales ?

Une sociologie sans école, des sciences sociales sans disciplines

2La sociologie, telle que Morin la pratique, ne répond à aucun des courants qui ont structuré la discipline ces cinquante dernières années. Morin semble complètement l’assumer tout en regrettant que ses propositions sociologiques n’aient pas rencontré un plus large écho :

3

Évidemment, en sociologie, j’ai toujours été à la marge des tendances dominantes. Il y a eu la tendance dite de la sociologie américaine avec des questionnaires qui portaient sur des échantillons, j’ai fait tout à fait autre chose. Puis, il y a eu une domination bourdivine, avec un déterminisme strict qui évidemment ne me convenait pas. Puis, il y a eu un moment donné un marxisme dogmatique dont j’étais à la marge aussi. Touraine, c’est un peu différent, car on trouve dans son travail l’idée de mouvement social, de sujet, il y a quelque chose de dynamique. […] Mes partisans sont très disséminés et très marginaux.
(entretien personnel, 29 août 2007)

4Cette marginalité s’illustre dans la manière tardive et relativement fortuite dont j’ai découvert Morin et l’idée de complexité, en lisant un article d’une anthropologue mexicaine (Paz, 1996) pour mon mémoire de DEA (Master 2). Qu’un étudiant en sciences sociales fasse un détour du côté de l’Amérique Latine [1] et n’entende parler de Morin pour la première fois qu’après cinq ans d’études supérieures, en dit assez long sur la place qui lui est accordée dans les institutions d’enseignement supérieur françaises. En ne proposant pas une méthode sociologique « clé en main » autour de quelques concepts et d’une grille de lecture applicable à n’importe quel « objet sociologique », mais plutôt un changement de paradigme épistémologique, Morin semble ne pas faire vraiment partie du jeu des « écoles » si prégnant dans le paysage académique français. À propos de son rapport à la théorie sociologique, il explique d’ailleurs :

5

Je suis un peu comme une abeille qui va butiner des fleurs tout à fait différentes pour faire son miel. Je trouve toujours quelque chose, même dans les sociologies auxquelles je suis rétif, s’il y a des documents intéressants, je les prends.
(entretien personnel, 29 août 2007)

6Dans mon travail, je traduis concrètement cette approche pragmatique par un certain anarchisme théorique et méthodologique (Feyerabend, 1979) qui autorise à un « bricolage » scientifique, dans l’esprit de la logique de la pensée sauvage décrite par Lévi-Strauss. Autour de l’épistémologie de Morin, il ne me semble pas choquant de faire cohabiter dans des mêmes analyses des auteurs français comme Bourdieu, Latour, Touraine (pour ne citer qu’eux), réputés peu compatibles, probablement plus pour des raisons institutionnelles que strictement théoriques. Ainsi peut-on se permettre un emprunt variable à leurs grandes métaphores du social. Selon les aspects que l’on veut valoriser, on pourra parler aussi bien de « champs », de « réseaux », de « mouvements », de « collectifs » ou même de « système complexe » afin de souligner respectivement la relative autonomie d’un secteur social traversé de rapports de domination, de mettre en avant les effets de circulation entre éléments ontologiquement divers, d’insister sur certaines mobilisations dans leur historicité, de dépasser l’analyse des seuls humains ou enfin de qualifier les dynamiques d’interactions entre éléments. Un tel parti pris présente évidemment l’avantage de ses inconvénients, à savoir ? du côté des inconvénients ? l’absence de la garantie d’une certaine solidité qu’assure le recours aux grandes architectures, testées et approuvées par les normes de qualité sociologiques françaises. Du côté des avantages, on retiendra la souplesse et l’adaptabilité pragmatique du bricolage à des objets mouvants, avec surtout le plaisir d’assembler des éléments hétéroclites qui n’étaient pas forcément destinés à s’emboîter.

7Ce refus des écoles au sein même de la sociologie se situe logiquement en aval du refus beaucoup plus fondamental de tout enfermement disciplinaire. À la question de savoir dans quelle mesure il assume l’ancrage disciplinaire de la sociologie, Morin répond :

8

Cette étiquette de sociologue est tout à fait partielle. J’ai fait ma carrière au sein du CNRS au département de sociologie mais, dès le début, j’ai fait des choses qui ont intégré la sociologie tout en la débordant toujours, dans une vision que je dirais poly-disciplinaire ou transdisciplinaire, en fonction de l’objet de ma recherche. Pour mon premier livre important, L’Homme et la Mort, j’ai dû faire appel à l’ethnographie, à la sociologie des religions, à l’histoire, à la psychologie, à la psychanalyse et, bien entendu, à la biologie. […]. Je suis plutôt victime d’un monde où l’on a besoin d’être étiqueté socio-professionnellement.
(entretien personnel, 29 août 2007)

9La transdisciplinarité que propose Morin a largement été commentée et tend à faire de plus en plus consensus, au moins dans les déclarations, elle n’en reste pas moins loin d’être évidente à mettre en œuvre et extrêmement exigeante. Elle consiste à déplacer constamment son regard, à rendre son point de vue le plus mobile possible pour faire varier les éclairages autour d’un même objet. Il ne s’agit pas d’une simple succession de perspectives, puisque ces variations de regards contribuent à redessiner de manière dynamique les contours d’un objet dont la géométrie devient variable. Avec les OGM, j’ai tâché de comprendre les différentes perspectives biologiques, juridiques, économiques, sociologiques et anthropologiques qui pouvaient les éclairer, ceci pour mieux saisir les regards des différents acteurs qui prenaient part à la controverse sur cette évolution technologique (Foyer, 2008 ; 2010). Des acteurs opposés ou aux visions différentes peuvent avoir le sentiment de débattre d’une même problématique alors qu’ils parlent depuis des sphères de représentations si différentes qu’ils ne peuvent pas toujours vraiment se comprendre. Évidemment, ce type d’approche transdisciplinaire, mais aussi nécessairement multi-acteurs, multi-niveaux et multi-située, pose de sérieux problèmes pratiques dans sa mise en œuvre, que ce soit au stade de la collecte ou de celui du traitement des données. Il oblige à sélectionner drastiquement des sources très différentes, à multiplier les terrains et types d’informateurs (scientifiques, politiques, membres de la société civile…), à comprendre différents langages, parfois techniques, ou encore à articuler les niveaux d’analyses dans des synthèses transversales. Ce n’est donc qu’au prix d’un certain surcoût de travail que l’on peut plonger au cœur de la complexité mais là encore, l’épistémologie de la complexité proposée par Morin est une aide précieuse dans cette entreprise. La théorisation de la complexité, essentiellement présentée dans les différents tomes de La Méthode, représente très certainement la colonne vertébrale de l’œuvre de Morin. Ce sont ces réflexions qui permettent d’éviter les écueils d’une pensée simple, structurée autour des piliers d’ordre, de séparabilité, de réduction et de la raison inductive/déductive (Morin et Le Moigne, 1999b, p. 112-118). Si la pensée de Morin érode les césures disciplinaires, elle demande en retour une certaine discipline pour se départir des habitus de notre raison simple et adopter des automatismes de pensée complexe.

10Une sociologie sans école, des sciences sociales sans disciplines et une méthode qui serait en fait une a-méthode (La Méthode, t. 1, 1977, p. 15-16), Morin ne nous proposerait-il pas une lecture des sciences sociales critiques, libertaires et anarchistes, à la manière d’un Ivan Illich à propos des institutions médicales ou éducatives ? Comme toujours dans la pensée de Morin, les choses sont plus complexes : sa portée critique est radicale et profonde mais elle ne se limite pas à cette dimension. Elle propose de véritables alternatives théoriques et outils pratiques. Si la pensée de Morin libère, c’est des dogmes, des habitudes et des facilités de penser en ouvrant les différentes pièces et en abattant les principales cloisons de la maison des sciences sociales. Non content des résultats encore partiels de ces travaux de rénovation interne, Morin propose d’aérer également cette maison des sciences sociales en créant des ouvertures et des percées dans ses murs, en direction des autres sciences, notamment celles du vivant.

Écologiser les sciences sociales

11Que ce soit à partir de l’anthropologie de la nature (Descola, 2005), de la sociologie des sciences (Latour, 1991 ; 1999), de l’éthique de l’environnement (Larrère et Larrère, 1997) ou d’une sociologie plus générale s’interrogeant sur le sens social de la crise écologique (Beck, 2000), la problématique classique du clivage moderne entre nature et société tend à s’imposer comme une des interrogations les plus fondamentales, mais aussi théoriquement les plus fécondes, des sciences sociales ces dernières années. Penser la nature depuis les sciences sociales amène donc inévitablement à repenser radicalement ces dernières ; elles ne peuvent plus considérer l’environnement comme un simple décor inerte et passif, puisqu’il devient de plus en plus évident que la nature (rétro)agit constamment avec le social. Dès lors, comment faire entrer cette nature en sciences sociales et reconsidérer un des impensés majeurs de ces sciences sociales modernes ?

12Les pistes de réflexion pour répondre à ce problème sont nombreuses mais la contribution de Morin à ce débat est particulièrement ambitieuse et stimulante. Elle repose sur une ouverture aux différentes sciences du vivant, alors que la tradition des sciences sociales françaises se montre très rétive face au soupçon du moindre déterminisme biologique [2]. Pour Morin, la meilleure manière de s’opposer à ce type de doctrines et à leurs possibles dérives n’est certainement pas de nier une nature dont les effets de feed-back sont de plus en plus évidents, ni de se réfugier dans le constructivisme social abusif que les Science and Technology Studies ont pu parfois adopter en considérant la nature comme un simple construit social. Au contraire, c’est en essayant de se plonger dans les sciences du vivant, en tentant d’en comprendre les concepts fondamentaux et les logiques épistémiques pour mieux se les réapproprier que Morin cherche à retisser les liens coupés. Son séjour au Salk Institute de San Diego à la fin des années 1960 aux côtés des plus grands chercheurs des sciences du vivant, au moment où la biologie moléculaire constitue ses fondements théoriques et où la révolution culturelle hippie explose (Morin, 1970), est probablement déterminant dans la « biologisation » de la pensée de Morin. Les propriétés auto-organisatrices du vivant sont notamment au cœur de la pensée complexe qui, à l’opposé d’un structuralisme qui tendait à figer des objets dans des structures stables, est une pensée organique, au sens où elle est instable et animée, à la manière d’une entité vivante. Des molécules jusqu’à l’univers, en passant par les sociétés animales et humaines ou la biosphère, la capacité d’auto-production et d’auto-génération (autopoïesis) est omniprésente dans les idées de Morin. C’est notamment dans La vie de la vie (La Méthode, t. 2, 1980) que cette exploration de l’auto-organisation est la plus profonde. Morin prend bien soin d’éviter tout holisme radical en reconnaissant toujours une certaine autonomie aux différentes entités qu’il analyse. L’ADN dans la cellule, la cellule dans l’organisme, l’organisme dans l’individu, l’individu dans la société, la société humaine dans les sociétés animales et, plus largement, dans la biosphère, toutes ces entités fonctionnent, jusqu’à un certain point, de manière autonome. Du point de vue des sciences sociales et de leur objet ? la société et les hommes ?, cette vision a des implications bien évidemment drastiques. Tout d’abord, si la société humaine a bien des caractéristiques propres (notamment liée à la spécificité cérébrale de l’homo sapiens sapiens), elle n’en fonctionne pas moins selon les mêmes principes fondamentaux d’auto-organisation que les autres entités vivantes. Le social et l’humain se voient donc reconnectés dans le continuum vivant sans pour autant s’y réduire et par là même, les entités biologiques se retrouvent dotées d’une autonomie, voire d’une subjectivité propre. Dès lors, personnifier la biosphère dans l’hypothèse Gaïa (Lovelock, 1999) ou reconnaître un certain type de subjectivité et de sociabilité aux non humains (animaux, plantes…) comme le font depuis toujours les sociétés traditionnelles (Descola, 2005) n’apparaît plus impossible. L’organisation sociale, la culture ou la subjectivité ne sont donc plus forcément le monopole et le privilège des êtres humains. L’humain n’est pas réduit au biologique, mais bien réintroduit dans la sphère du vivant. Si cela rentre en collision avec notre anthropocentrisme moderne, Morin semble ouvrir la voie à des sciences sociales animistes, reconnaissant la spécificité humaine tout autant que son inscription dans un continuum biologique.

13L’indépendance relative de l’auto-organisation a pour pendant dialogique l’interdépendance éco-systémique. Les autonomies n’ont en effet de sens que par rapport aux interdépendances d’ensemble. La science écologique et son concept central d’écosystème trouvent donc une résonance particulière dans l’épistémologie (La Méthode, t. 2, 1980, p. 19-96) et la pensée du social (Morin, 1994 [1984a], p. 117-152 ; Morin et Hulot, 2007b) de Morin. Il retient de l’écologie scientifique le centrage sur les différents types d’interdépendances (parasitisme, symbiose, prédation, hiérarchie…), la relation entre les vivants (biocénose) et le milieu physique (biotope), la mobilisation de savoirs divers et, évidemment, l’approche systémique. Néanmoins, cette approche systémique ne se veut pas restreinte à une niche particulière, mais au contraire profondément ouverte. Morin perçoit ainsi les limites d’une écologie odumienne [3] classique qui tend à considérer l’homme comme un perturbateur et donc, à l’exclure, ainsi qu’à mythifier l’état de climax comme un état stable et optimum (Larrère et Larrère, 1997). Les socio-écosystèmes de Morin sont ouverts, à l’instar de l’écologie des paysages, et ils intègrent également les éléments humains. Loin de mythifier la stabilité, Morin prend en compte les événements et les désordres, comme dans l’écologie des perturbations.

14Des sciences sociales écologisées ne renvoient donc pas à une sociologie de l’environnement, comme il existe par exemple une sociologie du travail ou encore des médias, au sens où elle ne désigne pas seulement un objet particulier d’étude. Elle consiste à étudier écologiquement la société, c’est-à-dire selon une approche systémique et intégrale qui met l’accent sur les dynamiques de lien, en premier lieu entre les sphères sociale et naturelle. L’objet « environnement » a donc changé le regard sociologique en l’écologisant. Dès lors, caractériser et décrire finement les différents types de relations plutôt que les objets sociaux devient la tâche centrale du chercheur en sciences sociales.

15Ce retournement épistémologique s’accompagne, chez Morin, d’un bouleversement éthique et politique puisqu’avec force, il est fait appel à l’émergence d’une conscience écologique. Dès 1972, il écrit :

16

C’est toute l’idéologie occidentale de Descartes qui faisait l’homme sujet dans un monde d’objets, qu’il faut renverser. C’est l’idéologie de l’homme unité insulaire, monade close dans l’univers, contre quoi le romantisme n’a pu réagir que poétiquement, contre quoi le scientisme n’a pu réagir que mécaniquement en faisait de l’homme une chose, lui aussi. Le capitalisme et le marxisme ont continué à exalter « la victoire de l’homme sur la nature » comme si c’était l’exploit le plus épique que d’écrabouiller la nature. Cette idéologie des Cortés et Pizarro de l’écosystème conduit en fait au suicide, la nature vaincue, c’est l’autodestruction de l’homme.
(Morin et Hulot, 2007b, p. 15)

17Cette prise de conscience écologique se traduit au niveau politique par la mise en évidence de la gravité de la crise écologique, mais également par les critiques des idéologies du développement infini, du consumérisme, de la toute-puissance de la techno-science, de l’aveuglement économique ou encore du règne de la quantité sur la qualité. En cela, l’œuvre de Morin entre également en résonance avec celle des pionniers de l’écologie politique, comme Ellul, Illich, Dumont ou Gorz. L’écologie politique de Morin s’inscrit néanmoins dans une pensée politique plus large, en l’occurrence, en faveur d’une politique de civilisation qu’il appelle de ses vœux. Écologiser les sciences sociales et, plus largement la pensée, représente donc à la fois pour Morin un programme épistémologique et politique.

18Libérer des carcans académiques et disciplinaires, ouvrir à d’autres horizons théoriques, réanimer et faire bouger des sciences sociales figées et recluses dans leur territoire : tels sont les enseignements principaux que je retiens de mes lectures de Morin. La vertu première de celles-ci est de stimuler l’intuition à l’origine de la créativité scientifique. En guise de conclusion, je me permets donc de proposer une des intuitions inspirées par Morin, au cœur de mon travail ces dernières années (Foyer, 2008 ; 2010) et qui mériterait, pour être consolidée, de devenir un programme de travail à part entière pour les prochaines années. On peut la résumer ainsi : de la même manière que la méthode de Descartes correspondrait à l’ère moderne de la séparabilité (Modernité simple), on peut penser que celle de Morin correspond aux évolutions en cours de cette modernité, marquée par le phénomène de globalisation (Modernité globale). Il s’agit avec cette intuition d’essayer d’articuler les théories sur la complexité, la modernité « avancée » et la globalisation. Elle suppose de redéfinir la modernité essentiellement par sa méthode mais aussi d’élargir la définition de la globalisation, non plus entendue comme synonyme de mondialisation [4], mais comme un méta-processus d’intégration, un élan complexificateur où se multiplient les interactions de toutes sortes, notamment entre les sphères politiques, économiques, scientifiques, techniques et environnementales. Cette globalisation-complexification serait en quelque sorte une vision dynamique et historicisée de l’idée de complexité.

Notes

  • [1]
    L’œuvre de Morin est probablement plus reconnue dans les milieux universitaires latino-américains des sciences sociales qu’en France, probablement du fait d’une certaine compatibilité culturelle pour des pensées syncrétiques (Espaces Latinos, 2007).
  • [2]
    Le darwinisme social de Spencer, sa possible récupération politique dans des thèses eugénistes et racistes, et le moindre soupçon de retour du déterminisme biologique sous les formes, par exemple de la socio-biologie, semblent paralyser la très républicaine tradition sociologique française quant à la possibilité de parler d’un autre objet que la société.
  • [3]
    Si la notion d’écosystème a été définie par Tansley dans les années 1930, la synthèse de l’outillage conceptuel (écosystème, biocénose, biotope, réseau trophique…) des sciences écologiques a été réalisée par les frères Odum dans un ouvrage de 1953.
  • [4]
    Dans cette optique, la mondialisation n’est en fait que le versant territorial de la globalisation.
Français

Cet article revient sur certains apports fondamentaux d’Edgar Morin pour la sociologie et, plus largement, les sciences sociales. Morin propose en effet une vision des sciences sociales libérées des contraintes disciplinaires et des écoles de pensée. Cette vision contribue également à écologiser le regard des sciences sociales en proposant de se focaliser sur les interactions entre objets et les dynamiques d’auto-éco organisation.

Mots-clés

  • sciences sociales
  • sociologie
  • écologie
  • autonomie

Références bibliographiques

  • Beck, U., La Société du risque. Sur la voie dune autre modernité, Paris, Aubier, 2001.
  • Descola, P., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.
  • « Edgar Morin et l’Amérique Latine », Espaces Latinos, no 243, nov.-déc. 2007, p. 17-26.
  • Foyer, J., Diversité naturelle et culturelle face aux défis des biotechnologies : enjeux et controverses au Mexique, Thèse de doctorat de sociologie, Institut des hautes études de l’Amérique latine, Université Paris III Sorbonne Nouvelle, 2008. En ligne sur <http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00545542/fr/>, consulté le 19/04/2011.
  • En ligneFoyer, J., Il était une fois la bio-révolution : nature et savoirs dans la modernité globale, Paris, PUF, 2010.
  • En ligneLarrère, C. et Larrère, R., Du bon usage de la nature : Pour une philosophie de l’environnement, Paris, Aubier, 1997.
  • Latour, B., Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, coll. « Poche sciences humaines et sociales », 1991.
  • Latour, B., Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte, 1999.
  • Lovelock, J., La Terre est un être vivant : lhypothèse Gaïa, Paris, Flammarion, coll. « Champs » 1999.
  • Paz, M. F., « La Dimensión cultural de la problemática ambiental », Iztapalapa, vol. 16, no 40, 1996. p. 163-184.
Jean Foyer
Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC)
Jean Foyer est sociologue, chargé de recherche à l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC). Ses travaux portent sur les mouvements identitaires en Amérique latine, la gouvernance de l’environnement et les controverses socio-techniques. Il a récemment publié Il était une fois la bio-révolution (PUF, 2010) et ¿Desarrollo con identidad ? (IFEA, 2010).
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2013
https://doi.org/10.3917/herm.060.0182
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour CNRS Éditions © CNRS Éditions. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...