CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Dans le premier volume de « Traduction et Mondialisation » de la revue Hermès, on trouve peu de références aux traducteurs, à leurs conditions de travail, au marché dans lequel ils opèrent, à leur nombre, à la taille de leur secteur, à leurs institutions représentatives, que ce soit à l’échelle locale ou mondiale. Cet article se propose de fournir des informations complémentaires sur les dimensions non communicationnelles du travail des traducteurs et interprètes, qui sont fondamentales.

2En effet, dans la sociologie des professions, les traducteurs n’ont pratiquement pas été étudiés et, selon le pays, les statistiques et les informations sur la profession sont très éparses. Au cours de mes recherches, j’ai cependant découvert que deux importants rapports effectués dans l’Union européenne avaient été publiés récemment, en 2008 et en 2009. Voilà qui prouve que la question, autrefois considérée comme marginale, commence à être appréciée à sa juste valeur : cela tient au fait que la traduction, à l’heure de la mondialisation, acquiert un rôle et une importance de plus en plus considérables. Il ne faudrait cependant pas oublier, par conséquent, les traducteurs eux-mêmes, sans lesquels la traduction ne saurait exister.

Le marché des services linguistiques

3L’étude intitulée Study on the Size of the Language Industry in the EU (LTC, 2009) et commandée par la Direction générale de la traduction de la Commission européenne évalue l’importance du secteur des industries de la langue à pas moins de 9,3 milliards d’Euros en 2009 au sein des États membres. Sont inclus dans ce montant (LTC, 2009, p. 80) : la traduction, l’interprétation, la localisation et l’internationalisation (6,243 milliards €) ; l’enseignement des langues (1,737 milliard €) ; le sous-titrage et le doublage (696 millions €) ; le développement des outils de technologie linguistique (624 millions €) ; l’organisation de conférences multilingues (157 millions €). Selon cette étude, le secteur des langues affiche « le taux de croissance le plus élevé de toutes les industries européennes » (LTC, 2009, p. vi). En s’appuyant sur ce que les auteurs estiment être une prévision a minima de 10 % de croissance par an, on peut s’attendre à ce que ce secteur représente au bas mot un marché de 16,5 milliards € en 2015.

4Une autre étude, faite aux États-Unis, a calculé que l’Europe prendrait 43 % de part de marché sur l’ensemble des revenus générés par le secteur des langues à l’échelle mondiale en 2009-2013, devançant ainsi les États-Unis avec 40 %, alors que plus de la moitié de la population de la planète n’en détiendrait que moins de 20 % : 12 % pour l’Asie et 5 % seulement pour le reste du monde (Beninatto et Kelly, 2009, cité dans LTC, 2009, p. 80).

5Cette étude nord-américaine estime la valeur totale du marché mondial des services linguistiques à 15 milliards $ US en 2009 et à 25 milliards $ US en 2015. Les bases des calculs dans les deux études sont différentes : dans l’étude américaine, la base est moins ample (la valeur du marché européen est estimée à 6,468 milliards $ US – 4,531 milliards € [1] – pour 2009), et le taux de croissance plus élevé (13,6 %). La méthodologie de l’étude européenne me paraît mieux formulée, ce qui m’amène à réévaluer la valeur du marché mondial fournie par l’étude américaine (15 milliards $ US) en fonction des critères de l’étude européenne, ce qui aboutit à une estimation de 30,8 milliards $ US pour l’année 2009 (21,6 milliards €). Pour donner un ordre de grandeur, la valeur avancée par l’étude américaine est équivalente au PIB de l’économie bolivienne ou jamaïcaine, tandis que cette valeur recalculée par nous équivaut à l’économie d’un pays comme le Kenya ou le Liban.

Le marché du travail des traducteurs

6Selon le pays et les activités, on observe que certains segments du marché du travail des traducteurs sont protégés par des barrières à l’entrée. En Allemagne, en Italie et en France, il existe des réglementations pour protéger le travail du doublage, et en Suède la tâche du sous-titrage est effectuée dans des conditions favorables grâce au pouvoir des syndicats (LTC, 2009, p. 40-41).

7De son côté, une étude du Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL, 2008, p. 67) sur le marché du travail des traducteurs européens constate : « C’est un fait marquant que les revenus des traducteurs littéraires sont en général plus stables et plus élevés dans les pays où existent des accords ou une entente entre traducteurs et éditeurs sur la rémunération et les pourcentages. » Autrement dit, là où des facteurs politiques ou institutionnels structurent le marché du travail, des protections sont créées qui le rendent plus stable. De telles mesures sont accompagnées par la mise en place de processus qui garantissent l’accès au marché à ceux dont la qualification est reconnue. Une telle condition constitue une protection essentielle pour le marché du travail : l’existence de ce type de mécanisme est considérée comme une des caractéristiques sociologiques fondamentales de la définition d’une profession. À l’inverse, les personnes dépourvues de l’accréditation nécessaire (ou dont la rémunération n’est qu’en partie garantie par elle) doivent se tourner vers le marché de l’offre et de la demande.

8Il faut souligner que le manque de protections dont jouissent les traducteurs soumis aux seules lois du marché entraîne une concurrence « brutale et parfois injuste » qui va de pair avec une diminution des rémunérations versées et de la qualité des travaux effectués (LTC, 2009, p. V), ce que confirme l’étude du CEATL (2008, p. 68) : « Surtout dans les pays qui ne disposent pas d’un droit d’auteur bien établi ou dans lesquels le droit d’auteur est plutôt faible ou encore mal respecté (Catalogne, Croatie, Espagne, Grèce, Italie, Lituanie, Tchéquie, Slovaquie), les écarts entre les revenus minimum et maximum sont béants. »

9Comment survivre dans une telle situation ? On constate que même les traducteurs indépendants renommés se trouvent parfois dans l’obligation de pratiquer plusieurs formes de traduction, d’interprétation, d’écriture voire d’autres tâches encore pour pouvoir gagner leur vie. Le contraste avec ceux qui travaillent à temps plein dans les entreprises ou dans la fonction publique est frappant. « Ce constat objectif se traduit par des cris du cœur : “Je suis payé autant qu’une femme de ménage, voire moins, alors que j’ai un doctorat”, s’indigne un interprète interrogé au cours d’une séance de formation » (Larchet et Pélisse, 2010, p. 12).

10Le sondage effectué par le CEATL dans les pays et régions membres fait apparaître deux traits marquants du travail des traducteurs littéraires européens : cette spécialité est, dans un grand nombre de cas, une activité à temps partiel ; en général, les rémunérations sont relativement basses. Ce n’est que dans quatre pays que leurs revenus moyens bruts dépassent la barre des 70 % des revenus des personnes employées dans l’industrie et les services (France – 83 % –, Suède, Grande-Bretagne et Irlande). Dans trois autres pays, leurs revenus dépassent ceux de 60 % de ces salariés (Belgique de langue français, Norvège, Pays-Bas). « En Italie, la situation est catastrophique. En Grèce, en Allemagne, en Finlande, en Autriche, au Danemark et en Suisse, la situation matérielle des traducteurs est extrêmement critique, les traducteurs littéraires professionnels vivent dans la précarité, voire à la limite du minimum vital. » (CEATL, 2008, p. 69).

11Même si la grande diversité des situations rencontrées d’un pays à l’autre rend difficile la formulation de conclusions générales, les auteurs se risquent à en tirer quelques-unes : « Toutefois, la présente étude montre clairement que les traducteurs littéraires ne peuvent subsister dans les conditions que leur impose “le marché”. C’est un très grave problème social dans un continent qui se veut développé, multilinguistique, multiculturel ; mais c’est aussi et surtout un très grave problème artistique et culturel. Que dire en effet de la qualité des échanges littéraires entre nos sociétés, si les traducteurs littéraires sont obligés de bâcler leur travail pour pouvoir manger ? Les objectifs tracés par l’Unesco dans sa Recommandation de Nairobi de 1976 sont loin d’être réalisés, c’est le moins que l’on puisse dire. » (CEATL, 2010, p. 71).

La Fédération internationale des traducteurs (FIT) et sa représentativité

12Il existe des associations de traducteurs dans de très nombreux pays, mais très peu d’entre elles ont été fondées avant la Seconde Guerre mondiale, et beaucoup ont été créées au cours des vingt dernières années. Fondée en 1953 et associée à l’Unesco, la FIT est la plus importante. Elle a notamment pour buts : « a. de rassembler les associations de traducteurs existant dans les divers pays ; b. de susciter et de favoriser la constitution de telles associations dans les pays où il n’en existe pas encore ; c. de fournir aux associations membres les informations et les conseils susceptibles de leur être utiles ; d. d’établir et de maintenir, entre toutes les associations membres, la bonne entente favorable aux intérêts des traducteurs ; e. de défendre les droits moraux et matériels des traducteurs dans le monde, de faire connaître et apprécier la traduction en tant que profession, d’améliorer le statut de traducteur dans la société et d’éclairer l’opinion publique à l’égard de la traduction considérée comme une science et un art [2]. »

13La FIT dit représenter les intérêts matériels et moraux de plus de 100 000 traducteurs dans le monde (cf. <www.fit-ift.org/fr/faq.php>), alors que dans une autre page du site on dit qu’elle ne représente plus que 60 000 traducteurs inscrits dans les associations membres (cf. <www.fit-ift.org/fr/apropos.php>). La question est par conséquent ici d’essayer d’arriver à une idée plus précise du nombre des traducteurs dans le monde. Pour répondre, nous avons trouvé deux sources fiables : l’étude européenne de la LTC (2009), et les informations complémentaires sur les sites des membres de la FIT.

14En 2009 les 103 associations qui font partie de la FIT sont réparties sur les cinq continents de la manière suivante : Europe, 58 ; Océanie, 2 ; Amérique du Nord, 8 ; Amérique latine, 14 ; Afrique, 4 ; Asie, 17. On constate que la plupart des grandes économies mondiales sont représentées (à part le Nigeria et l’Arabie Saoudite), mais que parmi les vingt pays les plus peuplés au monde, six ne figurent pas : le Pakistan, le Bangladesh, le Nigeria, les Philippines, le Vietnam et la Thaïlande. Par conséquent, il y a certainement dans chacun de ces pays un grand nombre de traducteurs que nos calculs vont ignorer.

15En ajoutant à ces pays les membres de la FIT pour lesquels je n’ai pas pu recueillir les données, je signale également les éléments suivants (où l’astérisque indique tout pays parmi les vingt les plus peuplés au monde) :

  • Certaines pages étaient hors ligne ou inexistantes quand j’ai fait mes recherches [3]. Exemples : l’Inde*, l’Indonésie*, l’Éthiopie*, la République démocratique du Congo*, l’Iran*, la Corée du Sud, le Panama, la Jordanie, Cuba.
  • Certaines pages étaient certes accessibles, mais dans des langues que je ne domine pas. Exemples : celles sur la Tchéquie ; les trois associations danoises, trois des associations allemandes, deux des trois associations autrichiennes ; celle de la Russie*, de la Pologne, de la Slovaquie, du Japan Society of Translators – le site d’une autre société japonaise était en ligne –, de l’Égypte*.
  • Certaines pages ne présentaient pas d’informations suffisantes sur les activités des membres. Exemples : l’ASETrad d’Espagne, le chapitre sur la traduction du syndicat des écrivains suédois, la Translators’Society britannique, l’Association of Translation turque*, le SINTRA brésilien*, le CTTIC canadien, l’UNIETICA et la SFT françaises.
  • J’ai décidé d’exclure les informations ayant trait aux pays qui avaient des associations aux effectifs très réduits (Guatemala, Costa Rica, Pérou, etc.), y compris le Mexique*, pourtant l’un des pays les plus peuplés au monde, car celui-ci ne possède qu’une association membre de la FIT, très peu représentative, avec moins d’une centaine de membres.
Les seize des vingt pays les plus peuplés du monde pour lesquels je n’ai pas pu trouver de statistiques dignes de ce nom représentent presque la moitié de la population mondiale, soit environ trois milliards d’habitants. Il faut aussi se rappeler qu’il y a encore une centaine de pays pour lesquels on ne dispose d’aucune donnée : un nombre sans doute considérable de traducteurs n’a donc pas pu entrer en ligne de compte dans nos calculs.

16L’étude du LTC (2009) a répertorié les données disponibles dans les 27 pays membres de l’UE, mais les auteurs n’ont pas pu calculer le nombre de traducteurs dans 14 de ces pays (y compris le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne). Si l’on fait la somme des nombres recueillis, on arrive à un total de près de 50 000 traducteurs, sans séparer les traducteurs indépendants des permanents.

17Si l’on se réfère aux pages Internet des plus grandes associations membres de la FIT pour lesquelles on dispose de données et qui n’ont pas été incluses dans l’étude européenne, on dénombre 16 650 traducteurs associés.

18Sur le site de la TAC chinoise, on voit un chiffre officiel émanant du ministère de la Fonction publique évaluant à 60 000 le nombre de traducteurs travaillant dans les ministères, les grandes entreprises d’État et les autres institutions publiques [4]. L’Association irakienne des traducteurs dit avoir 15 000 associés (cf. <www.irtrans.org>) [5]. Il faut traiter cette information (en dépit du fait qu’une guerre demande des traducteurs), ainsi qu’une estimation d’un total de 500 000 traducteurs pour la Chine, avec de sérieuses réserves.

19Par conséquent, si l’on ajoute au nombre indiqué par l’étude de la LTC (2009) la somme des membres des associations faisant partie de la FIT qui n’ont pas été inclus dans l’étude de la LTC et le chiffre officiel chinois, on arrive à un total de plus de 120 000 traducteurs dans le monde, dont la moitié en Chine.

20En tout état de cause, les calculs présentés dans le présent article, ainsi que le fait que nous n’ayons pas pu inclure un grand nombre de pays pour lesquelles nous n’avions pas de données, nous amènent à penser que le nombre des traducteurs à l’échelle mondiale doit être largement supérieur à celui de 100 000 que recense la FIT. Il serait donc intéressant, pour ne pas dire essentiel, d’avoir des estimations plus précises sur le nombre de traducteurs dans le monde, compte tenu de l’importance du secteur des industries de la langue en pleine expansion.

21La FIT a deux publications régulières : Translatio, lettre d’information, et Babel, revue scientifique qui publie des articles théoriques rédigés par des praticiens et des universitaires du monde entier. Le Conseil de rédaction de Babel fait apparaître une forte participation européenne, qui inclut le rédacteur en chef et onze membres ; l’Asie compte trois membres, l’Océanie deux, l’Amérique du Nord et l’Afrique un membre chacun. Quant à l’Amérique latine, on n’en dénombre aucun membre.

22Des sept conseillers honoraires (les « sages ») de la FIT, cinq sont d’Europe occidentale, un vient de l’Europe orientale et le dernier d’Amérique du Nord. Parmi les dix-sept membres de l’actuelle direction de la FIT, neuf sont européens, trois sont asiatiques, deux nord-américains ; il y a un représentant par région pour l’Océanie et l’Amérique latine, ainsi que pour l’Afrique qui occupe la présidence.

23L’hégémonie européenne au sein de l’organisation est manifeste, mais il faut également y ajouter les directeurs issus des pays « néo-européens » de l’Océanie et de l’Afrique. Il est probable que la fédération, qui aujourd’hui réunit l’écrasante majorité des pays les plus peuplés et les plus riches, ainsi que les plus grandes économies du monde, ne peut maintenir une domination européenne qu’au prix de grandes tensions structurelles. La présidente, Marion Boers, Sud-Africaine élue au dernier congrès à Shanghai, a déclaré : « La démarche de planification stratégique entreprise par l’ancien Conseil a souligné la nécessité d’améliorer la communication au sein de la FIT » (cf. <www.fit-ift.org/download/translatio2009_n1-2.pdf>). Les structures de pouvoir et de domination que l’on a observées au sein de la FIT ne seraient-elles pas en train d’être considérées comme des problèmes de communication ? Telle est la question que l’on est en droit de se poser.

Conclusion

24Il ressort de ce qui précède que dans les pays les plus développés la traduction est désormais un enjeu économique considérable, et dont le marché ne fait que s’étendre et se diversifier à l’heure de la mondialisation. Si nous ne disposons de très peu d’études suffisamment détaillées sur les conditions de travail des traducteurs ou comment celles-ci influent sur la qualité de leur travail comme de leur vie dans les pays développés, nous en savons encore moins, sinon rien, en ce qui concerne leur situation dans les pays en voie de développement.

25« Les traducteurs, et notamment les traducteurs littéraires, se retrouvent toujours au point d’interface de tous les échanges. La Convention de l’Unesco pour la protection des expressions culturelles montre la reconnaissance que la langue et la culture ont acquis comme facteurs essentiels de développement. » (Lee, 2008). Rien de ce que nous avons eu l’occasion de passer en revue ici nous aide véritablement à développer une compréhension systématique de comment, et dans quelles conditions, la traduction joue un rôle déterminant dans la compréhension interculturelle qui accompagne la mondialisation. En revanche, ce que nous avons pu voir, ce sont les résultats d’une recherche européenne récente qui trace une image très négative des conditions de travail, notamment, des traducteurs littéraires, ce qui suggère que leur capacité d’action est réduite. Des recherches sont très certainement à mener sur cette question, qui est très loin d’avoir été suffisamment explorée.

26On a souligné dans le numéro 49 d’Hermès (Nowicki et Oustinoff, 2007) que l’anglais domine le monde comme langue-source des traductions répertoriées dans l’Index translationum, mais qu’elle n’est que la quatrième langue-cible, vers laquelle on traduit (Calvet, 2007, p. 52-53). Demain, avec la montée en puissance de la Chine et de l’Inde, la position (aujourd’hui très faible) du chinois et du hindi sur le marché des traductions changera. Il faut par conséquent se demander dans quelle mesure les structures de pouvoir qui dominent les processus professionnels et organisationnels des traducteurs dans leurs pays et à l’échelle mondiale sont prêtes à répondre aux changements en cours. Les analyses présentées ici ne conduisent pas à des conclusions optimistes, mais l’avenir de la mondialisation dépend de la capacité des traducteurs à aider ceux qui pensent depuis tellement longtemps que seule la culture occidentale est universelle, à comprendre les cultures et concepts très anciens qui sont associés aux nouvelles forces entrant aujourd’hui en scène.

Notes

  • [1]
    Au taux de change du 8 janvier 2010 (100 $ US = 70,06 €).
  • [2]
  • [3]
    Fin décembre 2009.
  • [4]
    Voir <www.tac-online.org.cn/en/tran/2009-10/13/content_3182787.htm>.
  • [5]
    Rappelons que les traducteurs irakiens voient souvent leurs vies menacées, quand ils ne sont pas victimes de meurtres.
Français

Cet article porte sur les aspects non communicationnels du métier des professionnels de la traduction. Les différents métiers de la traduction exigent des compétences linguistiques en réalité très diversifiées. Des données récentes, notamment d’Europe et d’Amérique du Nord, démontrent l’importance du « secteur des services linguistiques ». Si l’on dispose assez largement de statistiques fiables sur l’ampleur du marché de la traduction dans les pays développés, on n’en a pratiquement aucune pour les pays en voie de développement, même les plus grands. Nous savons très peu de choses des conditions de travail des traducteurs, mais une récente étude européenne montre qu’en général les traducteurs littéraires sont mal payés et souvent soumis à de lourdes charges de travail, ce qui nuit à la qualité. D’autres études sont manifestement nécessaires. La Fédération internationale des traducteurs (FIT) vise à promouvoir le professionnalisme des métiers de la traduction et l’amélioration des conditions de travail des traducteurs en rassemblant les diverses associations nationales. Néanmoins, les instances dirigeantes de cette fédération sont dominées par l’Europe et les États-Unis alors même que l’on assiste à l’émergence de nouvelles puissances sur la scène mondiale et que les besoins en traduction ne cessent d’augmenter : ce sont de tels déséquilibres que l’article entend également aborder.

Mots-clés

  • FIT, Fédération internationale des traducteurs
  • marché de la traduction
  • secteur des services linguistiques
  • conditions de travail des traducteurs

Références bibliographiques

  • Beninatto, R. S., Kelly, N., Ranking of Top 30 Language Service Companies, Common Sense Advisory Inc., 2009.
  • En ligneCalvet, L.-J., « La mondialisation au filtre des traductions », Hermès, n° 49, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 45-57.
  • CEATL, Revenus comparés des traducteurs littéraires en Europe, 2008. En ligne sur <www.ceatl.org/docs/surveyfr.pdf>.
  • En ligneLarchet, K., Pélisse, J., « Une professionnalisation problématique : les experts judiciaires interprètes-traducteurs », Formation Emploi, n° 108, 2010.
  • Lee, M., Les liens entre l’Unesco et la FIT, 2008. En ligne sur <www.fit-ift.org/download/translatio2008_n1-2.pdf>.
  • LTC (Language Technology Centre), Study on the Size of the Language Industry in the EU, Prepared for the Directorate General of Translation, European Commission, Contract ML-Studies-08, 2009. En ligne sur <http://ec.europa.eu/dgs/translation/publications/studies/size_of_language_industry_en.pdf>.
  • En ligneNowicki, J., Oustinoff, M., Introduction, Hermès, n° 49, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 9-17.
  • Recommandation sur la protection juridique des traducteurs et des traductions et sur les moyens pratiques d’améliorer la condition des traducteurs (« Recommandation de Nairobi »), Unesco, Paris, 1976. En ligne sur <www.fit-ift.org/download/referencebil.pdf>.
Tom Dwyer
Tom Dwyer est professeur de sociologie à l’Université de Campinas (Unicamp) à São Paulo et directeur du laboratoire interdisciplinaire « Informatique et Société » du Conseil national pour le développement scientifique et technologique du Brésil (CNPq). Il a été président de la Société brésilienne de sociologie entre 2005 et 2009. Ses recherches actuelles portent sur les jeunes et leur utilisation des technologies de l’information, ainsi que sur la sociologie de la communication.
Courriel : <tom@unicamp.br>
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 12/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/37397
Pour citer cet article
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