CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Après avoir été appelée en politique par le dernier gouverneur britannique de Hong Kong en 1992, Christine Loh fut par la suite, et par deux fois, élue députée au LegCo, le parlement de Hong Kong. Figure emblématique du combat pour la démocratie, architecte de plusieurs textes de loi fondamentaux, c’est à la surprise générale que cette avocate très populaire ne se représente pas pour un nouveau mandat en 2000 et qu’elle fonde « Civic Exchange », en collaboration avec Lisa Hopkinson, afin de continuer son combat politique dans une arène parallèle – la société civile – et suivant une grammaire qui lui est propre – un think tank non partisan s’occupant de définir et d’examiner les politiques publiques. La recherche est au cœur du travail de Civic Exchange : une recherche dont les résultats dans les domaines sociaux, politiques, économiques, et environnementaux servent autant à éveiller la conscience civique des Hongkongais qu’à participer au débat public visant à l’examen et à la formulation de nouvelles politiques publiques. Animé par une petite quinzaine de membres et doté d’un budget annuel d’environ 550 000 €, ce think tank est connu du public grâce à ses rapports largement médiatisés en chinois et en anglais.

2Ces rapports sur des sujets politiques (Reflections of Leadership : Tung Chee Hwa and Donald Tsang, 1997-2007 et From Nowhere to Nowhere : A Review of Constitutional Development-Hong Kong 1997-2007) et économico-environnementaux (Still Holding our Breath : A Review of Air Quality Policy in Hong Kong 1997-2007 ou le plus récent Climate Change Negotiations : An Asian Stir Fry of Options) constituent l’axe fondamental donnant son identité à l’organisation. Internet et en particulier le site Web <www.civic-exchange.org/> ont été amenés à jouer un rôle cardinal dans la dissémination des rapports et la médiatisation des idées et des activités de Civic Exchange. Totalisant en moyenne 300 pages vues par jour, majoritairement dans leur version anglaise, la vitrine virtuelle de Civic Exchange est en pleine expansion, et c’est à ce propos que nous avons rencontré Christine Loh dans ses bureaux à peine climatisés – développement durable oblige – de Wyndham Street, au-dessus de Central.

3Éric Sautedé : Tout d’abord, qu’est-ce qu’est et qu’est-ce que n’est pas Civic Exchange ?

4Christine Loh : Nous nous concevons avant tout comme un think tank s’occupant de politiques publiques. Les gens nous prennent souvent pour des activistes, confondant ainsi l’engagement de certains, en tant qu’individus, avec le travail de Civic Exchange. Nous faisons des recherches sur les politiques publiques et leurs capacités transformatrices, et ce travail nous fait forcément accepter le statu quo. En ce sens, nous ne sommes ni des académiques, ni des organisateurs de marches, de manifestations ou de tout autre action de soutien à telle ou telle cause. Je crois qu’il y une nette distinction, et la ligne s’arrête justement pour nous au moment où nos idées, nos convictions servent à l’organisation de manifestations publiques, de marches, etc. Nous avons le statut d’institution de bienfaisance, et il est hors de question pour nous de perdre ce statut parce que nous aurions mis à mal notre vocation et notre charte. Rien ne nous empêche cependant de nous joindre aux marches et aux manifs en tant qu’individus.

5Quels sont vos principaux axes de recherche ? J’ai remarqué que le politique, l’environnement et la défense du patrimoine occupaient une place importante, mais quelles sont vos priorités ?

6Nous tenons avant tout compte des talents que nous avons à notre disposition. Ensuite, nous essayons de nous engager sur des terrains neufs, qui n’ont pas été couverts par d’autres organisations. Nous voulons vraiment que dans chacune de nos études, il y ait une plus-value intellectuelle évidente s’agissant des politiques publiques. Même sur l’environnement, nous sommes surtout forts sur les questions relatives à la qualité de l’air, la santé publique et l’énergie, mais nous ne faisons par exemple rien sur le traitement des déchets. Nous avons aussi engagé plus récemment une réflexion sur l’eau, et cela surtout en raison d’individus qui nous ont rejoint, des personnes susceptibles d’apporter un vrai plus intellectuel et scientifique, d’autant que nous essayons toujours d’être les plus pluridisciplinaires possibles et d’approcher chaque question sous plusieurs angles. Cela dépend vraiment de nos ressources humaines, et aujourd’hui nous ne couvrons pas certains sujets – ou pas encore – parce que nous n’en avons pas les moyens intellectuels.

7Notre récent travail sur la protection du patrimoine, et en particulier sur la gestion des registres et des archives, résulte d’une commande émanant de l’Association des archives de Hong Kong, une ONG rassemblant les archivistes. Nous avons accepté le projet car il nous semblait possible de regarder ce qui se faisait ailleurs en matière juridique, mais nous avons aussi posé comme condition de pouvoir interviewer les membres de l’Association, en tant qu’archivistes professionnels. Au final, au-delà de moi-même, trois autres personnes ont participé à l’élaboration structurelle du rapport : une stagiaire pour les données et deux autres avocats pour l’environnement légal. S’agissant des enjeux « professionnels », il était impératif de nous entretenir avec plusieurs archivistes. Et le plus intéressant c’est qu’au-delà de la valeur intrinsèque de l’étude, notre cercle de relations s’est trouvé singulièrement agrandi. Cela donne un peu une idée du mode de fonctionnement d’une ONG.

8En retour, et absolument pas pour des questions financières mais pour des raisons d’empathie avec ces archivistes, nous nous sommes mis à faire la promotion du rapport à travers notre propre réseau, et ces archivistes ont ainsi pu démultiplier l’impact de leur réflexion, mise en forme par nos soins. Cela a d’autant mieux fonctionné que la population de Hong Kong est depuis quelques années très sensible aux enjeux de patrimoine. Pour nous, l’enjeu allait bien au-delà de tel ou tel bâtiment (la mort annoncée du Star Ferry, par exemple), puisqu’il s’agissait de savoir comment conserver le plus complètement possible les différentes sources et archives se rapportant à un aspect donné du patrimoine. Plus récemment, nous avons trouvé des financements pour organiser plusieurs séries de séminaires sur la protection du patrimoine, et cela nous a permis d’étendre encore la problématique.

9Où s’arrête votre travail dès lors ?

10Si vous prenez par exemple les quatre années de recherche que nous avons consacrées aux « circonscriptions professionnelles » [groupements professionnels jouant un rôle important dans le cadre des élections législatives à Hong Kong et Macao] et les implications que cela a pour le mode de gouvernance à Hong Kong mais également la nature du capitalisme que nous avons ici (moins libéral qu’on le croit souvent), eh bien la limite est assez simple : le gouvernement n’est pas encore prêt à entamer une vraie discussion qui conduirait à une réforme du système politique, et donc continuer pour nous, c’est d’une certaine façon faire de la recherche pour la recherche, en perdant de vue les attentes du public. Tout ce travail pour moi a été passionnant puisqu’il m’a largement éclairé sur la nature du système politique en Chine continentale, d’autant que je suis persuadé que celui-ci pourrait connaître une évolution s’inspirant de Hong Kong.

11La plupart de vos études, communications et interventions sont accessibles sur le site de Civic Exchange, y compris une réponse en forme de substitut du discours de politique générale (« policy address ») prononcé chaque année par le Chef de l’exécutif à Hong Kong. En quoi l’impact s’est-il élargi ?

12La réponse au discours de politique générale, je dois admettre que j’en ai eu marre [rires]. D’une certaine façon, la situation politique ici est dans l’impasse. Le pouvoir en place ne s’est pas doté des mécanismes nécessaires pour recueillir des idées neuves. La façon de fonctionner du gouvernement est simple : « vous parlez, et j’écoute » ; mais il n’y a en réalité aucune place pour le débat ou la discussion. Donc, cette année, j’ai décidé de me concentrer sur quelque chose de plus spécifique : le budget. En fait, c’est la deuxième fois que nous épluchons le budget et je pense que c’est une des meilleures entrées sur les coulisses des politiques publiques et sur la façon dont le gouvernement alloue certaines sommes d’argent. S’agissant d’Internet, je crois que nous avons tenté à plusieurs reprises et de plusieurs façons d’utiliser au mieux ce nouveau média. Au moment des élections législatives de 2004, par exemple, nous avons réussi à lever des fonds et à créer un site Web spécialement consacré à ce rendez-vous électoral.

13Certaines des fonctionnalités du site se sont révélées extrêmement populaires : après s’être identifié, par exemple, chaque utilisateur inscrit voyait s’afficher en temps réel les performances des partis et des candidats, et d’un point de vue graphique cela était très attractif. Le site a ainsi connu un taux de fréquentation record sur quelques mois. À l’heure actuelle, nous travaillons sur un nouveau projet multimédia s’appuyant également sur le Web : nous sommes en train d’extraire de nos rapports et écrits les plus « intellectuels », des fragments susceptibles de plaire à un plus large public, plus généraliste si vous voulez. Cela résulte d’un constat simple : pour toucher le plus grand nombre aujourd’hui, il faut se concentrer sur quelques idées fondamentales, et laisser de côté les détails ; mais pour cela il faut également solliciter toutes les ressources du Net, à savoir la partie texte, mais aussi réaliser des vidéos, que l’on peut voir sur YouTube, etc., et donc enrichir le côté multimédia.

14Pour moi, c’est la continuation logique de ce que nous faisons : rendre plus attractif des rapports déjà écrits, intégrer également les nombreuses présentations orales que nous enregistrons via la vidéo (20/30mn), ainsi que les ateliers et les discussions que nous organisons autour de certains thèmes, et tout cela est relié via nos pages Web. Mais il nous faut vraiment viser un public plus large. Si je prends des sujets aussi cruciaux que l’acidification des océans et la mise à mal de la biodiversité, l’idée est pour nous de réaliser des présentations vidéos de 20 mn en suivant le modèle Al Gore ou TEDTalks. Le problème, ce sont les finances ; donc nous nous concentrons pour le moment sur des calibrages Powerpoint, d’autant que nous savons que ceux-là seront utilisés par les profs comme ressource pédagogique. Mais nous voulons aussi aller plus loin en terme d’impact populaire. Ce projet en particulier s’appelle The Voice of the Planet (La voix de la planète). Comment se faire entendre sur le thème de la biodiversité quand les matériaux téléchargeables en ligne sont pléthore ? Comment faire la différence et avec quels moyens ?

15Quel est le public visé ? Et en êtes-vous au-delà du caractère expérimental ?

16Tout d’abord, il s’agit pour nous de trouver des exemples « asiatiques ». Avant tout parce que cela permettra de compléter les perspectives américaine et européenne déjà existantes, et puis nous avons conscience que si nous ne le faisons pas, personne d’autre ne le fera à notre place. De nombreuses recherches de qualité sont entreprises, mais nous avons de grandes difficultés à trouver des gens susceptibles d’utiliser au mieux des ressources multimédia. Al Gore a ouvert la voie, au sens où il a à jamais rendu disponible un superbe document pédagogique. En ce sens, cela a un impact « viral » beaucoup plus puissant. En proposant l’Asie comme un exemple, cela nous permet d’aller plus loin de façon à ce que chacun puisse puiser dans l’exemple. Il y a un plus large public à conquérir en simplifiant notre message, sans forcément l’appauvrir.

17Dans l’enquête que nous avons réalisée sur la pollution de l’air (The Air We Breathe, A Public Health Dialogue, accessible sur <http://air.dialogue.org.hk/web/eng/index.php>), nous nous sommes aperçus que si un grand nombre de gens s’inquiétaient de la dégradation de la qualité de notre air à Hong Kong, bien peu en réalité faisaient quelque chose pour y remédier – soit parce qu’ils ne pensaient pas pouvoir influencer le cours des choses, soit parce qu’ils ne connaissaient pas les moyens pour agir. Les voix « civiques », d’une certaine façon, ne s’expriment pas et donc le gouvernement ne peut pas les entendre en dépit des inquiétudes réelles. Pour la plupart des gens qui nous gouvernent, ce qui n’apparaît pas dans la presse tous les jours ne constitue pas vraiment un problème et encore moins une priorité. L’expression civique est donc occultée car elle est apparemment inexistante et les médias traditionnels autant que les sociétés de sondage ont bien du mal à capter cela. Même si la presse est très développée à Hong Kong, elle passe à côté de nombre d’enjeux, bien plus qu’Internet dans tous les cas.

18Si vous prenez un autre exemple, celui de la conservation du patrimoine, un enjeu qui n’a jamais vraiment figuré traditionnellement dans les priorités des craintes de la population, et bien cela a changé extrêmement rapidement. La plupart des médias se sont longtemps interrogés sur la provenance de cette nouvelle inquiétude : en regardant d’un peu plus près la structure démographique de Hong Kong, vous vous apercevez que tout est là, ou presque. La grande majorité des gens sont nés à Hong Kong maintenant, ce n’est plus un lieu qui se renouvelle par l’immigration. Les médias traditionnels sont d’une certaine façon trop occupés à batailler sur des questions financières, et leur propre crise les obsède. Il arrive de plus en plus souvent que certaines choses fassent irruption sur le Net d’abord, et qu’ensuite seulement les médias traditionnels reprennent l’histoire. L’affaire du Bus Uncle à Hong Kong est en cela exemplaire [un enregistrement vidéo sur téléphone portable de 6 mn d’une altercation verbale dans un bus hongkongais qui devint la vidéo la plus regardée de YouTube en mai 2006]. Internet est donc en cela un pourvoyeur de nouvelles formes d’information à la fois plus percutant et plus rapide que les médias traditionnels.

19L’un des reproches que l’on fait souvent à Internet est que dans ce foisonnement d’informations en temps réel, il faut que de l’ordre soit mis et qu’il y a donc un nécessaire processus de validation ?

20C’est notre rôle que de donner un sens à tout cela, en tant qu’« éveilleur d’opinion » (opinion shaper). Si l’on reprend l’exemple de la pollution atmosphérique, il nous faut comprendre quels sont les messages qui vont aider le public à y voir plus clair. Il faut donc faire se rencontrer l’inquiétude légitime des gens par rapport à la santé publique et des travaux scientifiques susceptibles de faire sens pour le plus grand nombre. De la sélection appropriée de l’information scientifique dépend le passage à l’action ! Quand nous faisons une enquête en ligne comme celle de The Air We Breathe, que doit-on en retenir pour nos recherches à venir ? Comment explique-t-on au public qu’il n’a en réalité pas voix au chapitre ? Sur ce sujet précis, nous avons été à même de lever de nouveaux fonds plus importants, et c’est certainement également le sujet sur lequel nous travaillons depuis le plus longtemps. Donc, la priorité est pour nous de passer à l’étape suivant, en créant une autre organisation, plus orientée vers le lobbying public, laquelle serait également un centre de ressources pour quiconque voudrait s’engager dans des actions plus concrètes. Dans cette perspective, Internet est pour nous le lieu par excellence dans la création de cette plate-forme publique.

21Nous sommes également partie prenante dans la création du Hedley Environmental Index (<http://hedleyindex.sph.hku.hk/>). Nous avons trouvé les fonds nécessaires afin de permettre à la faculté de santé publique de l’Université de Hong Kong de donner vie à quelque chose qu’ils voulaient réaliser de longue date : prendre toutes les données qu’ils collectent s’agissant de la pollution atmosphérique et indiquer le coût humain et financier de cette pollution. L’intérêt c’est que cet index propose plusieurs séries de compteurs en temps réel ! Toutes les secondes, vous pouvez savoir combien de lits d’hôpitaux, de décès ou de prestations médicales sont liés à la pollution atmosphérique. Nous rencontrons ici un succès international, car c’est une première. L’interface graphique est extrêmement importante pour augmenter la résonance de la parole scientifique. Quelle est l’étape suivante ? Comment rendre ces indicateurs encore plus populaires tout en restant informatifs ? Nous sommes précisément en train d’essayer de mesurer comment d’autres organisations ou de simples individus se sont emparés de ces données, en les intégrant à leur propre site ou en y faisant référence.

22Internet, c’est aussi une plate-forme de discussion et de débat, or votre site ne comporte pas vraiment de forum. Avez-vous une stratégie à cet égard ? Est-ce une priorité pour vous ?

23Oui, bien sûr, mais il y a un vrai défi linguistique, car nous voulons vraiment conserver les deux langues, l’anglais et le chinois, et pour qu’aucune idée ne soit perdue par aucune des parties, il nous faut résumer les idées des uns et des autres et les traduire, dans les deux sens. Pour cela, il faut des ressources humaines, et les personnes combinant des talents linguistiques avec une bonne capacité de synthèse ne sont pas si nombreuses. Par ailleurs, ce que l’on appelle la « communauté » des internautes (et des usagers) n’est pas « une » : elle est diverse et variée. Si l’on reprend le cas de la pollution atmosphérique, nous sommes en train de créer des forums pour 18 districts distincts de la ville, correspondant à autant de mesures différentes. Nous voulons que les gens prennent conscience du problème près de chez eux, mais nous voulons aussi qu’ils prennent part à des discussions plus larges et il nous faut mettre tous ces districts en rapport les uns avec les autres, et ensuite mettre Hong Kong en rapport avec son environnement régional, et bien sûr tenir compte du contexte plus global. Il nous faire le lien entre ce qui est scientifiquement établi – notre force – avec ce qui est publiquement utile. Rien n’est jamais donné d’avance quand il s’agit de s’adresser à un plus large public.

24Votre volonté d’expansion est-elle motivée avant tout par « le blocage politique » que vous mentionniez initialement ou une sorte d’insatisfaction à ne parler qu’aux happy few, que ce soit la communauté scientifique d’un côté ou les professions intellectuelles supérieures de l’autre ?

25Je crois que tout arrive un peu au même moment. Le gouvernement est effectivement dans une situation de blocage, et on a vraiment l’impression qu’il est pour le moment incapable d’imaginer un changement de cap. S’agissant de la pollution atmosphérique, nous croyons vraiment savoir ce que le gouvernement devrait faire, mais ses représentants ont toujours des milliers d’excuses pour ne rien entreprendre. Notre constat est également beaucoup plus alarmiste que le leur. L’une des idées reçues, par exemple, est que l’essentiel de la pollution atmosphérique vient de Chine, de la province limitrophe du Guangdong, et que par conséquent il n’y a rien ou peu à faire à Hong Kong même. Malheureusement c’est faux ! Les deux postes qui contribuent le plus à la pollution atmosphérique à Hong Kong sont les véhicules et les bateaux ! L’absence de ciel bleu, cela correspond à la pollution générale du delta de la rivière des Perles, mais les émanations les plus toxiques à Hong Kong sont celles des voitures quand vous vous promenez dans la rue ! La plupart des gens s’en doutent quand ils sont pris d’une quinte de toux en attendant leur bus, mais ils ne le savent pas ! C’est à nous de faire cette connexion, c’est à nous de faire un inventaire de ce qui affecte vraiment les gens et de ce que le gouvernement entreprend.

26La mise aux normes des centrales électriques n’est à l’évidence qu’un premier pas. Il nous faut aussi faire des comparaisons avec ce qui a été mis en place dans d’autres villes, que ce soit en Europe ou ailleurs. La raison qui préside à la création de zones piétonnes est assez simple : quand les voitures et les passants sont en compétition sur un même espace, ce sont toujours les passants qui perdent ! Aujourd’hui, les zones piétonnes en Europe sont considérées comme l’une des meilleures solutions. Pour Hong Kong, nous faisons régulièrement des simulations sur le thème : si vous laissez construire cette immense tour à cet endroit, la circulation de l’air en sera profondément affectée et donc la pollution atmosphérique deviendra plus concentrée. Les études mesurant l’impact sur la circulation des masses d’air effectuées avant toute construction d’un nouvel édifice sont maintenant courantes, et nous y avons largement contribué par notre travail pionnier de modélisation. Notre souci est toujours double : imposer les critères d’exigence les plus sophistiqués tout en sensibilisant le public le plus large. Comme nos moyens sont limités, Internet a déjà été et sera encore d’avantage amené à jouer un rôle central dans notre façon de communiquer avec le public, et cela autant pour l’information que pour la mobilisation.

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Créé en 2000, l’ONG hongkongaise « Civic Exchange » est un think tank non partisan s’occupant de définir et d’examiner les politiques publiques. Au cœur de ses thématiques : la gouvernance et le développement durable. Dans cet entretien, Christine Loh, ancienne députée de Hong Kong et l’une des deux fondatrices de l’ONG, montre en quoi les ressources du Net ont abondamment profité aux efforts de l’association, tant pour l’information que pour la mobilisation d’un public citoyen de plus en plus large.

Mots-clés

  • ONG
  • Civic Exchange
  • Hong Kong
  • Christine Loh
Entretien de 
Éric Sautedé
Éric Sautedé est diplômé de l’IEP de Paris et vit en Asie depuis 1994. Ancien rédacteur en chef de Perspectives chinoises (CEFC, Hong Kong), il a également été le rédacteur en chef de la revue bilingue anglais – chinois de l’Institut Ricci de Macao, Chinese Cross Currents. Il est depuis 2003 coordinateur du programme de science politique de l’Institut inter-universitaire de Macao. Ses recherches et publications s’intéressent tout particulièrement au développement de l’Internet dans le monde chinois et aux transformations du politique en Asie.
Courriel : <esautede@iium.edu.mo>.
avec 
Christine Loh
à propos de son site « Civic Exchange »
Christine Loh est la présidente de « Civic Exchange », un think tank non partisan basé à Hong Kong s’occupant de définir et d’examiner les politiques publiques. Ancien trader et ancien député à Hong Kong, Christine Loh s’est depuis l’année 2000 orientée vers des activités de recherche. Ses articles et rapports sur l’environnement et le changement climatique ont eu un fort retentissement, et ses analyses sont souvent sollicitées dans les domaines des politiques publiques, de l’économie politique, de la planification urbaine et du renforcement de la société civile.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2013
https://doi.org/10.4267/2042/31506
Pour citer cet article
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