1Les Malaisiens s’attendaient à un orage politique pour leur douzième élection générale, alors que la télévision – le plus achevé des « anciens médias » – présentait pour la première fois des débats politiques à l’américaine, et que les « nouveaux médias » venaient scandaliser politiciens et institutions sur YouTube et divers blogs. Même le gouvernement en place anticipait des problèmes lors de son défilé (Beh, 2008). Pourtant, personne ne s’attendait à une telle tempête.
2Le 8 mars 2008, la coalition au pouvoir, le Barisan Nasional (BN – Front National), perdit, pour la première fois depuis 1969, sa majorité parlementaire des deux tiers, ainsi que cinq États, au profit de l’opposition. Ce résultat, qualifié localement de « tsunami politique », fut attribué entre autres, à la montée des nouveaux médias.
3Cet article propose d’examiner l’influence des nouveaux médias (englobant Internet, SMS et emails) sur les résultats de la douzième élection générale de la fédération de Malaysia en 2008. Il s’interroge en particulier sur le rôle joué par ces nouveaux médias dans l’intensification d’un profond ressentiment chez les électeurs. Il compare ensuite – du point de vue de la capacité à atteindre les électeurs – l’exploitation des anciens médias par le BN et la stratégie d’utilisation des nouveaux médias par l’opposition. Il analyse enfin les implications de la technologie dans le processus démocratique, alors que le pays prévoit quatre millions de nouveaux électeurs lors de la prochaine élection générale prévue en 2013.
Les nouveaux médias durant la douzième élection générale
4En septembre 2007, l’ancien vice-Premier ministre et chef de l’opposition, Anwar Ibrahim, mit en ligne une vidéo explosive de huit minutes et demie qui mettait en cause les plus hauts niveaux des institutions judiciaires et gouvernementales. Cette dénonciation apparut sur son site Internet, ainsi que sur le portail populaire d’information en ligne, Malaysiakini (« Malaysia actuelle »), qui renvoyait à la vidéo sur YouTube et en publiait la transcription (Malaysiakini, 24 septembre 2007) [1].
5Cette vidéo de mauvaise qualité, enregistrée sur un téléphone portable en 2002, saisit une conversation téléphonique entre un avocat chevronné apparemment doté de bonnes relations, V. K. Lingam, et le Juge en chef de la Malaya, Ahmad Fairuz Abdul Halim [2]. Lingam est vu et entendu en train de discuter des processus de nomination des plus hauts magistrats, y compris de la promotion d’Ahmad Fairuz au poste de Juge en chef, promotion qui aura effectivement lieu en 2003. Étaient également incriminés un magnat des affaires, Vincent Tan, et l’ancien vice-ministre Tengku Adnan Tengku Mansor. Tous deux étaient considérés comme proches du Premier ministre de l’époque, Mahathir Mohamed.
6Cette vidéo sur Lingam indigna la nation et vint confirmer les suspicions entretenues de longue date par de nombreux Malaisiens sur la collusion entre pouvoirs politique et judiciaire [3]. En 2008, les électeurs manifestèrent leur rejet dans les sondages, l’inscrivirent sur le bulletin de vote et le déposèrent dans l’urne. Ils élurent comme député au Parlement la personne qui avait enregistré la vidéo, Loh Gwo Burne, qui figurait sur la liste de l’opposition en dépit de son manque complet d’expérience politique (The Star, 10 mars 2008). Loh gagna avec une majorité très honorable d’un peu plus de 5 000 voix. Les électeurs élurent également au Parlement un autre candidat de l’opposition, Wee Choo Keong, avec une mince majorité de 150 voix (The Star, 10 mars 2008). Durant l’enquête de la Commission, Wee avait été l’avocat du frère de Lingam, V. Thirunama Karasu, celui-ci fournissant des preuves contre Lingam qui révélaient la relation étroite de ce dernier avec un autre (et plus ancien) Juge en chef.
7En réalité, ce ressentiment contre la corruption, le copinage, ainsi que l’absence de transparence et d’obligation de rendre des comptes au sein du gouvernement s’était développé bien avant 2008. La victoire massive du BN lors de l’élection générale de 2004 peut ainsi s’expliquer par la grande lassitude des Malaisiens à l’égard d’une longue période marquée par le big business, le big power et le big government. Après vingt-deux années de règne de Mahatir Mohamed, le changement de personnalité incarné par Abdullah Ahmad Badawi, ainsi que les promesses de ce dernier en faveur d’une bonne gouvernance et d’une priorité donnée à l’économie furent bien accueillis par l’électorat. Sous la direction d’Abdullah, le BN surfa sur cette vague, obtenant de manière impressionnante 198 sièges parlementaires sur 219 et 453 sièges fédéraux sur 567 (The Star, 10 mars 2008). Ce fut, selon les propres mots d’Abdullah, « un moment exceptionnel… un moment de changement, un moment de grande espérance » (Beh, 2008). Mais, l’ouverture démocratique apparue au début de l’administration Abdullah se conjuguant avec les nouvelles technologies, les questions de gouvernance du passé revinrent hanter de plus belle le BN à l’approche de 2008.
8De manière ironique, alors même que l’administration Abdullah avait accordé aux anciens médias une plus grande liberté d’investigation, cette politique de transparence se retourna finalement contre elle durant les élections. L’impact des reportages de journaux sur des cas de corruption et d’abus de pouvoir fut décuplé sur les blogs et les forums en ligne, un nombre plus important de Malaisiens ordinaires commentant les informations, et donnant leurs avis et sentiments. Cela favorisa, encore plus rapidement et efficacement qu’aucune page de « courrier des lecteurs », la participation démocratique d’un plus grand nombre de citoyens. L’époque des discussions « au café » entre petits groupes d’hommes généralement âgés était désormais révolue, se transformant en un débat traversant toutes les générations.
9D’un côté, ce développement est le témoignage encourageant d’une démocratie qui gagne en maturité. De l’autre, ce phénomène a créé d’immenses pressions sur une machinerie gouvernementale devenue en 2008, aux yeux de son électorat, léthargique, distante et passive. Les formes instantanées des technologies de communication d’aujourd’hui (emails, SMS et discussions en ligne) et l’existence de cycles d’informations de 24 heures entraînent une plus grande attente publique en faveur de réponses gouvernementales rapides, efficaces et adéquates. Alors que le gouvernement pouvait autrefois se permettre d’ignorer les allégations de l’opposition, il ne peut plus agir ainsi dans une Malaysia connectée et exigeante. Pour rester en course, le gouvernement et sa bureaucratie doivent rattraper leur électorat, de plus en plus informé et expert en matière de nouveaux médias.
10Une « révolution numérique » n’est pourtant pas une nouveauté totale dans l’histoire politique de la Malaysia. En 1998, l’arrestation d’Anwar Ibrahim, les protestations publiques qu’elle déclencha et les lignes de bataille qu’elle dessina entre les supporters des deux camps (pro-Anwar et pro-gouvernement) révélèrent un vide dans la couverture médiatique qui eut pour résultat la multiplication de blogs et de forums en ligne. Cela accéléra de façon significative la montée des portails d’informations alternatifs, qui sont devenus aujourd’hui une source d’informations générales pour les Malaisiens connectés [4]. Malaysiakini, journal diffusé uniquement sur Internet et sur abonnement, fut un pionnier : il fut fondé en 1999 par deux personnes qui travaillaient dans les médias mais ne pouvaient obtenir de licence de publication. De quatre, l’équipe éditoriale grossit jusqu’à vingt-cinq aujourd’hui, les employés et contributeurs étant dans l’ensemble plutôt jeunes (AFP, 26 janvier 2009).
11Le portail a eu des différends avec le gouvernement (comme certains journaux traditionnels dans le passé) [5]. Il a toutefois survécu et a peut-être même prospéré en raison du soutien d’une fraction importante et croissante de Malaisiens – sceptiques, cyniques, désillusionnés et méfiants à l’égard des médias traditionnels qui, selon eux, diffusent essentiellement des reportages en faveur du gouvernement [6]. Malaysiakini a une moyenne de 100 000 à 200 000 clics par jour, mais lorsque les centres de sondage fermèrent le jour de l’élection en 2008, ce nombre monta jusqu’à 500 000 visiteurs par heure (Yong, 2008). Ce flot de connexions submergea tellement le site qu’il dut mettre en place plusieurs sites miroirs pour satisfaire ses visiteurs.
12Cela témoigne évidemment du niveau d’attente et de l’aspiration à un changement parmi les Malaisiens durant la douzième élection générale. Mais cela souligne aussi le fossé de crédibilité qui sépare les « médias alternatifs et nouveaux » et les « anciens médias », de même que la méfiance continue des Malaisiens à l’égard de ces derniers. Cette méfiance n’est peut-être pas totalement infondée.
13Le 8 mars 2008, après la fermeture des bureaux de vote, les Malaisiens allumèrent leurs postes de télévision et de radio pour connaître les résultats électoraux qui arrivaient petit à petit ; de même, ils consultèrent à de nombreuses reprises les sites Web sur leurs ordinateurs, leurs agendas électroniques et leurs téléphones mobiles. Tandis que la nuit avançait, ceux qui avaient accès en même temps à la télévision et à Internet commencèrent à remarquer une disparité dans les résultats annoncés par chacun des médias. Les chaînes de télévision dirigées par le gouvernement étaient notamment plus lentes à rapporter les pertes subies par la coalition au pouvoir alors que des sites comme Malaysiakini les publiaient déjà.
14Cela rappelait la façon dont avait été couvert par les médias le rassemblement Bersih, organisé en novembre 2007 par une coalition d’environ 70 organisations non gouvernementales et partis d’opposition pour réclamer des réformes électorales. Comme les médias dominants de la presse écrite et de l’audiovisuel avaient pour consigne de minimiser le rassemblement, de nombreuses personnes se tournèrent vers Internet. Malaysiakini enregistra un million de clics et les vidéos du rassemblement furent regardées par plus de 50 000 visiteurs en quelques jours. Ces vidéos furent aussi téléchargées sur YouTube afin d’éviter la saturation du réseau. Tandis que les médias malaisiens dominants signalaient un chiffre de participation au rassemblement de 4 000 personnes, les médias alternatifs locaux et internationaux annonçaient entre 30 000 et 50 000 personnes (Lee, 2007). Si la vérité est difficile à établir et se situe probablement entre les deux, cette disparité illustre le manque de crédibilité des anciens médias.
15La demande continue pour des reportages indépendants a récemment donné naissance à de nouveaux portails alternatifs, par exemple The Nut Graph et The Malaysian Insider. Complémentaires de cette montée des médias parallèles, les blogs politiques ont connu un remarquable développement durant la dernière décennie. Alors que le BN avait seulement deux sites Web et un blog en 2004, le nombre de blogueurs favorables à l’opposition augmenta de 50 % en 1999 (ils étaient au nombre de 45 en 1998) pour atteindre 7 500 à la mi-2004 (Bernama, 2008). À partir de 1999, Internet est devenu, par ordre d’importance, la troisième source d’information politique après les discussions entre proches et la télévision (Ezhar et Govindasamy, 2009).
16La prolifération des blogs politiques s’explique en partie par une nécessité. Disposant de ressources financières limitées comparées au BN et exclue de la plupart des médias dominants, l’opposition – de même que ses soutiens – a dû s’appuyer sur des moyens moins coûteux et plus créatifs afin de répandre ses messages auprès des masses. Des sites comme Malaysia Today, Rocky’s Bru, et Screenshots (dirigé par Jeff Ooi, un blogueur devenu élu politique) bénéficient tous d’un large public parmi les Malaisiens à la recherche d’informations et de perspectives alternatives.
17Ce qui a émergé est donc un nouveau média d’information plus interactif et centré sur les gens. L’aspect négatif de cette convergence entre technologie et espace démocratique est évidemment la diffusion massive d’informations non vérifiées. Dans un pays doté d’une structure sociale fragile d’un point de vue ethnique et religieux, la désinformation intentionnelle ou non, massive et rapide, menace la cohésion du pays. Si des rassemblements peuvent être organisés par SMS et si des textes de propagande sur des problèmes ethniques ou religieux peuvent être communiqués à des centaines de personnes par mails, la probabilité de voir éclater de violentes émeutes par l’intermédiaire de ces mêmes moyens menace également (Lee, 2007) [7].
18Déchiré entre sa politique de non-censure d’Internet et des impératifs de sécurité nationale, le gouvernement est dans une inconfortable position d’incertitude sur la manière de réguler le « journalisme citoyen » tout en préservant les libertés civiles. Il dispose néanmoins d’un ensemble de lois sur la sécurité publique afin de maintenir l’ordre et il n’a pas craint de les utiliser. Les membres du gouvernement ont par exemple déposé auprès de la police de nombreuses plaintes – notamment, pour diffamation et sédition – à l’encontre de l’homme derrière Malaysiakini, Raja Petra Kamarudin. En 2008, il fut détenu pendant deux mois sous le coup de la très controversée « Loi sur la sécurité intérieure », qui permet une détention indéterminée sans procès [8]. Fait révélateur, lorsque des sénateurs du BN se présentèrent au poste de police pour porter plainte, ils durent être assistés par des praticiens d’Internet afin d’accéder au site Web de Raja Petra et ils eurent même du mal à localiser les articles offensants (Tan, 2007).
Rattraper les nouveaux médias
19La coalition gouvernementale a été lente à s’adapter aux nouveaux médias. Fort de ses liens avec les médias dominants et d’un électorat surtout présent dans les campagnes profondes où la pénétration d’Internet est lente et les électeurs largement ignorants des nouvelles technologies, le BN avait peu de raison d’investir dans les nouveaux médias. À l’inverse, il s’est davantage appuyé sur les rassemblements politiques et les visites aux électeurs durant les périodes de campagne électorale. Comme l’a déclaré un ancien politicien de l’UMNO et blogueur, Shahrir Abdul Samad, « les élections dépendent des bulletins de vote et non des pages de Web » (Lee, 2008).
20Contrastant avec cette attitude, le DAP, parti de l’opposition, engagea le blogueur de Screenshots, Ooi, pour organiser une e-campagne à l’occasion de la douzième élection générale de 2008. Les candidats avaient également leurs propres sites Web et leurs blogs qui leur permettaient de rechercher des financements et de toucher des électeurs. Le DAP utilisa également une plate-forme de téléphonie mobile pour envoyer des SMS à des milliers d’électeurs et recevoir leurs messages. Le PAS, un autre parti d’opposition, avait disposé sur son site des « suites éditoriales pour du contenu en ligne », diffusait en direct les conférences de presse et avait une télé Internet (Yong, 2008) [9].
Capter les votes des jeunes à travers les nouveaux médias
21D’une manière tardive, le BN a reconnu lors de sa défaite à l’élection générale de 2008, qu’il devait rattraper son retard avec les nouveaux médias, en particulier pour courtiser les jeunes électeurs. L’ancien Premier ministre Abdullah concéda que sa « plus grosse erreur » fut d’ignorer la campagne sur Internet et l’UMNO, le parti à composante malaise du BN, promit de « trouver de nouveaux moyens pour impliquer les jeunes dans le cyberespace » (Bernama, 25 avril 2009).
22Presque 45 % des Malaisiens en droit de voter à la dernière élection générale avaient entre 21 et 35 ans. Si nombre d’entre eux manifestaient une apathie significative envers la politique dans une enquête réalisée en 2007 et financée par l’Asia Foundation (53 % devaient encore s’inscrire sur les registres électoraux et 52 % pensaient qu’ils ne pouvaient pas faire grand chose pour rendre le gouvernement responsable entre deux élections), une large majorité (93 %) considérait néanmoins le vote comme important (National Youth Survey, 2007).
23Selon la Commission électorale, il y a environ 4 à 5 millions d’électeurs non inscrits et 11 millions d’inscrits. Parmi les non-inscrits, beaucoup viennent d’atteindre l’âge minimal légal pour voter, c’est-à-dire 21 ans. Entre 25 et 30 % des électeurs malaisiens auront moins de 35 ans à la prochaine élection générale qui se tiendra en 2013 (Hong, 2009). Les tendances de vote des récentes élections partielles indiquant que le BN a perdu la plupart de ses soutiens dans cette fraction de la population, celui-ci a désormais des raisons de s’inquiéter. Alors que la Malaysia vote traditionnellement selon des lignes ethniques, étant donné la structure des partis politiques du pays, les tendances actuelles indiquent que les jeunes générations sont par exemple bien moins réfractaires à l’idée de voter pour le PAS, le parti d’opposition islamique, indépendamment de leur origine ethnique (Hog, 2009). Cela est une autre mauvaise nouvelle pour le BN, dominé par les trois partis qui représentent les trois principaux groupes ethniques de Malaysia.
24On peut cependant opposer l’argument suivant : l’influence d’Internet se limitant aux zones urbaines, son impact global sur les élections générales peut être limité. Après tout, l’usage d’Internet est le plus élevé dans la zone de Kuala Lumpur - Selangor, avec 60 % des utilisateurs âgés de moins de 40 ans (Tan, 2007). Des données de la Malaysian Communications and Multimedia Commission (MCMC) indiquent que fin 2008 le taux de pénétration des lignes fixes représentait moins de 50 % des foyers tandis que les connexions haut débit en concernaient 20 %. Si le nombre d’abonnés à Internet a grossi de 280 000 en 2000 à environ 11 millions aujourd’hui, il existe une forte superposition entre ces deux groupes qui vivent principalement dans les zones urbaines (Tan, 2007). Toutefois, au moins une étude révèle que 70 % des résultats de la douzième élection générale ont été influencés par les nouveaux médias, en particulier les blogs (Bernama, 1er avril 2008). La Malaysia a maintenant le plus grand nombre de blogueurs après l’Europe et l’Indonésie, environ 75 % d’entre eux étant âgés de 25 ans ou moins (Bernama, 1er avril 2008 ; Microsoft, 2006).
25Des signes indiquent que le BN a pris le train des nouveaux médias en marche. Ses politiciens ont leurs pages sur Facebook et certains d’entre eux bloguent sur leurs propres sites Web. Alors que la page Web de l’ancien Premier ministre offrait seulement la possibilité de lui envoyer un email, celle du nouveau Premier ministre Najib Abdul Razak semble séduire davantage les plus jeunes générations. Elle s’ouvre avec une introduction Flash, invite les visiteurs à choisir parmi trois langues – le malais (bahasa malaysia), l’anglais et le chinois. La page met ensuite à la disposition des visiteurs des photos de Flickr, des vidéos YouTube et des mises à jour Twitter de l’agenda du Premier ministre. Il y a aussi un sondage, un blog et une page interactive permettant aux Malaisiens de proposer leurs représentations photographiques du concept de « 1 Malaysia » [10]. Des réponses aux commentaires, des suggestions et des questions sont postées par le Premier ministre, ou plus vraisemblablement par quelqu’un écrivant en son nom.
Conclusion
26La question de savoir si les tentatives du BN de rattraper le retard avec les nouveaux médias auront un impact sur sa performance à la prochaine élection générale reste entière. Il est néanmoins évident qu’avec l’expansion démographique et une tendance croissante à l’urbanisation, les nouveaux médias joueront un rôle de plus en plus important dans la formation des opinions. Cela sera particulièrement vrai si les anciens médias demeurent passifs et continuent à être perçus comme favorables au gouvernement. À un autre niveau, cet écart de crédibilité révèle des problèmes de gouvernance plus sérieux, notamment sur la transparence et la responsabilité. Enfin, le politicien senior de l’UMNO a raison de souligner que ce sont les votes qui permettent de gagner une élection. Dans une démocratie, les votes se gagnent par une bonne gouvernance qui satisfait l’électorat. Si ni le BN ni l’opposition (qui contrôle maintenant quatre États) ne sont capables d’offrir cela aux prochaines élections, même une communication sophistiquée via les nouveaux médias sera incapable de tromper un électorat de plus en plus impatient, clairvoyant et jeune.
Notes
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[1]
La vidéo est disponible sur YouTube : <http://www.youtube.com/watch?v=nlrojcitfvy> (consulté le 29 avril 2009). Les liens pour la retranscription de la première partie et les vidéos des autres extraits sont aussi disponibles sur Malaysiakini.
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[2]
Le Juge en chef de la Malaya, ou, en termes exacts, le Juge en chef de la Haute Cour de la Malaya est le troisième poste judiciaire dans la hiérarchie, après le Juge en chef de la Cour fédérale et le Président de la Cour d’appel. Rappelons ici que la Malaya désigne l’ensemble des États fédérés de la péninsule malaise, distincts des États fédérés de Sarawak et Sabah (au nord de Bornéo et aussi membres de la Malaysia).
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[3]
Les découvertes de la commission d’enquête royale mise en place pour la vidéo ont permis d’identifier la conversation, son auteur et son contenu. La commission a observé que Tan et Tengku Adnan « ont eu une influence directe sur les revenus et la promotion des juges » et elle a réfuté leurs déclarations dans lesquelles ils niaient leur rôle en la matière. La publication des résultats a été rendue publique quand la commission a présenté son rapport à Yang Di-Pertuan Agong, le Premier ministre (et de facto ministre de la Justice) le 9 mai 2008, après les élections.
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[4]
Il est intéressant de noter que The Star, journal lié au gouvernement, fut le premier en Malaysia et le troisième en Asie à lancer une édition sur Internet.
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[5]
Le bureau du Malaysiakini a été attaqué en 2003 après des plaintes déposées par des membres de l’aile jeune du parti UMNO à propos de remarques séditieuses envoyées par un lecteur.
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[6]
Beaucoup de grands médias ont des liens étroits avec les partis politiques au gouvernement.
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[7]
Ces méthodes fonctionnent dans les deux sens. Pendant la rencontre du Berish organisée par une coalition d’environ 70 ONG et partis d’opposition pour demander des réformes électorales, des activistes ont signalé que des SMS d’un parti d’opposition faisaient du sabotage en annonçant l’annulation de la rencontre.
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[8]
La détention sous l’Internal Security Act est renouvelable tous les deux ans.
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[9]
PAS, un parti religieux a participé à une alliance avec le DAP et le parti d’Anwar Ibrahim, PKR, pour former la coalition du Pakatan Rakyat (le Pacte du Peuple) avant les élections de 2008.
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[10]
Le concept « 1 Malaysia » se centre sur l’idée d’unifier l’ensemble des Malaisiens dans leur diversité. Mais les détails doivent encore être précisés.