1Lors de la journée d’étude « Peinture et reproductibilité », coorganisée en juin 2009 à l’Université Rennes II par le laboratoire « L’Œuvre et l’image » et le festival Périscopages, le musicien et critique de bande dessinée Christian Rosset [*] justifiait la présence de la bande dessinée dans les musées d’art contemporain non par un besoin de légitimation mais plutôt par un désir de confrontation à un autre domaine.

2Dans les années 1990, après des flots de fanzines photocopiés et en parallèle d’une pratique du dessin de presse dans des supports déjà établis, je participe à plusieurs ovnis de bande dessinée diffusés en kiosque. Au festival d’Angoulême 2008, un jeune journaliste me sollicite pour participer au site d’information satirique qu’il a contribué à créer. Il affirme avoir « grandi avec L’Œil électrique », l’un de ces magazines indépendants auxquels j’ai collaboré durant les dix années précédentes. « Tu vieillis mon gars » me souffle la voix intérieure de la sagesse. Mais surtout – le constat est maintenant avéré – une génération déjà s’est baignée dans la vague alternative dès l’adolescence.

32009. Mes contacts avec ce même journaliste aboutissent à la publication d’un article traitant des manifestations consacrées à la bande dessinée dans Le Monde diplomatique. Peu de temps s’écoule avant de recevoir un appel à contribution pour la revue Hermès.

4La recherche universitaire, comme l’édition authentique attachée avant tout à la création, demeure – théoriquement au moins – dégagée des contraintes strictes du rendement et des lois du marketing. Toutes deux fonctionnent dans des réseaux professionnels assez circonscrits, mais leur croisement constitue une potentielle confrontation stimulante.